L idée de paix perpétuelle au risque de la sélection naturelle
252 pages
Français

L'idée de paix perpétuelle au risque de la sélection naturelle , livre ebook

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252 pages
Français

Description

Selon Tort, Darwin est un penseur de la paix universelle. Par la sélection naturelle, il expliquerait mieux que les philosophes du contrat social le passage de l'état de guerre à l'état de paix. Ce livre fait dialoguer Darwin et Kant sur les conditions de la paix cosmopolitique. Il explicite l'opposition de Darwin à Kant, l'existence chez Kant d'une version du concept darwinien d' « effet réversif de l'évolution », et défend l'idée de paix comme tâche de l'humanité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782336327235
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Wilfrid Kibanda
L’idée de paix perpétuelle au risque de la sélection naturelle
Discussion des déterminants de la paix
Chez Darwin la tendance de remplacer le contrat social par
une explication naturaliste, à la suite de Hume, est devenue
une évidence dans sa défense par Patrick Tort contre des
idéologies sociopolitiques. En fait, selon Tort, Darwin n’est pas
un promoteur de la guerre mais plutôt un penseur naturaliste
de la paix universelle. Par la sélection naturelle, il expliquerait L’idée
mieux que les contractualistes (dont Kant) le passage de l’état
de nature guerrière à l’état de civilisation pacifque.
Mettre en dialogue Darwin et Kant concernant les
déterminants de la paix (sympathie ou volonté) est l’objet
de ce livre. Wilfrid Kibanda y révèle les sources kantiennes de paixde l’anthropologie darwinienne et l’existence chez Kant
d’une version développementale du concept variationnel de
« l’effet réversif de l’évolution » de Darwin. Face aux limites de
l’explication par sélection de la sympathie, il défend la vertu
d’envisager la réalisation de l’idée de paix perpétuelle comme perpétuelle
tâche de l’humanité.
Wilfrid K. Kibanda est docteur en philosophie de l’Université au risque
catholique de Louvain. Prêtre assomptionniste, il enseigne la
philosophie à l’Institut Supérieur Emmanuel d’Alzon de Butembo
(ISEAB) et à l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) d’Oïcha au
NordKivu, en R.D. du Congo. de la sélection
naturelle
Discussion des déterminants de la paix
ISBN : 978-2-8061-0128-0
28 € - 30 € hors Belgique et France
L’idée de paix perpétuelle au risque de la sélectionnaturelle
Wilfrid Kibanda
Discussion des déterminants de la paix





L’idée de paix perpétuelle
au risque de la sélection naturelle





Wilfrid K. Kibanda




L’idée de paix perpétuelle
au risque de la sélection naturelle

Discussion des déterminants de la paix








































D/2013/4910/44 ISBN : 978-2-8061-0128-0


© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve


Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que
ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
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Remerciements
L’aboutissement de cette étude n’a été possible que grâce à la
sollicitude manifeste et discrète de plusieurs personnes ; je ne
saurais les nommer toutes. Qu’il me soit permis d’exprimer ma
déférente gratitude à Mark Hunyadi, professeur de philosophie
pratique à l’Université catholique de Louvain (UCL). En lui
parlant de mes préoccupations concernant la construction de la paix
durable, notamment dans la Région des Grands Lac, il a vite
perçu l’importance que j’accordais au pouvoir mobilisateur des
valeurs des acteurs collectifs. Je lui reste en dette pour tous les
conseils et les encouragements à discuter cette question du point
de vue de l’anthropologie de Darwin et de Kant.
En tant que philosophe novice en biologie et en anthropologie,
j’avais besoin de ceux qui en ont plus d’expérience et d’expertise.
Pour cela, je salue les conseils stimulants et constructifs du
biologiste et philosophe Bernard Feltz et de l’anthropologue
PierreJoseph Laurent, tous professeurs à l’UCL. Les débats avec
Bernard Feltz m’ont ouvert l’esprit sur les aspects théoriques et
sociaux de la question de la spécificité humaine. Quant à
PierreJoseph Laurent, son expérience de terrain m’a permis de garder
les deux pieds sur terre dans une passionnante exploration du
pouvoir de la culture et des idéaux.
Je ne saurais passer sous silence l’engagement distingué et
bénévole du père Alain Thomasset, professeur de théologie à
Assumption College de Worcester (USA). Il a réussi à me trouver
du temps pour relire l’épreuve de ce livre à côté de ses
obligations académiques. Qu’il trouve ici l’expression de ma gratitude
pour son amical soutien.
Abréviations et sigles
des ouvrages fréquemment cités
La Filiation Darwin, La filiation de l’homme et la sélection liée
au sexe
L’Origine Darwin, L’Origine des espèces
CRP Kant, Critique de la raison pure
CRPr Kant, Critique de la raison pratique
Idée Kant, Idée pour une histoire universelle au point
de vue cosmopolitique
FMM Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs
MM Kant, Métaphysique des mœurs
PPP Kant, Projet de paix perpétuelle
Introduction générale
1. Le Darwinisme, une théorie de la paix universelle ?
Pour prouver la modification des espèces, alors déjà affirmée
par ses prédécesseurs, dont Lamarck, Charles Darwin
(18091882) avait soutenu une thèse transformiste basée sur le
mécanisme de la sélection naturelle. Celle-ci est caractérisée par
l’élimination des individus et des espèces les moins aptes au
cours de leur lutte pour la survie devant la rareté de nourriture et
l’insuffisance de l’espace, conformément à la théorie
malthusienne de la population. Cette hypothèse, vérifiée sur les plantes
et les animaux en 1859 dans L’Origine, fut étendue à l’homme,
1douze ans après (1871), dans La Filiation . Là, il soutient une
ascendance commune à l’homme et aux animaux. Selon Patrick
Tort, cette extension à l’homme de l’explication de l’évolution
par la sélection a été perçue par l’opinion comme le fondement
de certaines dérives sociopolitiques, notamment le « darwinisme
social ». Darwin a alors été pris pour le promoteur d’une société
belliqueuse, raciste, inégalitaire, eugéniste, esclavagiste,
impérialiste, sexiste, etc.
Mais, selon Tort, Darwin aurait constaté plutôt un paradoxe :
la sélection naturelle n’agit pas dans le règne humain autant que
dans les deux précédents. La sélection naturelle y est limitée,

1 La traduction utilisée est la nouvelle traduction française (2000) de The
Descent of Man and Selection in relation to sex sous la direction de Patrick Tort,
plutôt que les traductions pionnières de J.-J. Moulinié et d’Edmond Barbier
(1873-1874) : La descendance de l’homme et la sélection sexuelle. Introduction générale
voire renversée. Selon Tort, cette différence n’aurait pas été
perçue par les lecteurs enthousiasmés ou contrariés dans leurs
conceptions d’origine. Le darwinisme aurait eu des partisans et
des adversaires sur la base d’un malentendu, d’un conflit
d’interprétations de l’œuvre de Darwin, notamment de son
anthropologie. Cette conviction motive Tort à plaider pour une
meilleure interprétation du darwinisme, qui, en tant que théorie
scientifique, ne saurait, selon lui, engendrer une quelconque
idéologie éliminatrice des faibles de la société humaine. À partir
d’une interprétation immanente du darwinisme, Tort estime que
Darwin n’aurait rien à voir avec le « darwinisme social » de
Spencer et Haeckel, l’eugénisme de Galton et la sociobiologie
d’Edward O. Wilson.
Alors que Tort cherche ses arguments dans La Filiation,
d’après l’idée qu’elle ne serait pas lue, voire ignorée, Michaël
2Ruse estime au contraire que les éléments trahissant Darwin
dans ce « procès » se trouvent dans cette œuvre plus que dans
L’Origine. Selon Marcel Blanc, cependant, le titre alternatif de
cette dernière – la préservation des races favorisées dans la lutte
3pour la vie –, (Blanc 1990 : 164), est assez éloquent . D’où une
distinction paradoxale selon Tort entre un premier et un
deuxième Darwin : celui de la guerre de l’état de nature et celui de la
paix de l’état de civilisation.
Cette étrange démarcation entre état de nature guerrière et état
de civilisation pacifique par un naturaliste retient l’attention du
philosophe social. Elle présuppose une nouvelle philosophie de la

2 « Dans L'Origine des espèces, on trouve peu de motifs de considérer Darwin
comme un défenseur du darwinisme social ;

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