La philosophie transcendantale de Gilles Deleuze
266 pages
Français

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La philosophie transcendantale de Gilles Deleuze , livre ebook

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Description

Parce qu'avec Nietzsche, Deleuze met en question l'idée même de vérité, il se voit accusé de relativisme. Se réclamant de Spinoza, on le soupçonne d'un retour dogmatique à la métaphysique et à l'ontologie ; Deleuze apparaît alors comme une sorte de penseur précritique perdu au milieu du XXe siècle. L'ambition de ce livre est de montrer que le projet le plus général de la philosophie de Deleuze est celui de son achèvement, mais en restant sur le terrain transcendantal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296468665
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La philosophie transcendantale
de Gilles Deleuze
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes’‘ professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

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Aimberê QUINTILIANO, La perception , 2011.
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Stéphane Lleres


La philosophie transcendantale
de Gilles Deleuze
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56146-5
EAN : 9782296561465

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
A Sandrine, Guillaume et Lucile.
Introduction LA CRITIQUE
La philosophie doit être comprise, selon Gilles Deleuze, comme une entreprise de démystification. La philosophie n’apparaît en effet dans la Grèce des VII e et VI e avant J.-C. qu’en rupture avec le mythe. Celui-ci, d’essence religieuse, explique le monde ou la condition humaine en les faisant dériver de l’action de dieux ou de personnages surnaturels, tous transcendants au monde. Rompre avec le mythe signifie donc : cesser tout recours à des principes transcendants. C’est dans cette perspective que la philosophie se distingue de la religion {1} , et que le philosophe s’oppose au sage ou au prêtre {2} . Ainsi la philosophie se joue-t-elle dans l’élément de l’immanence. Par conséquent, si la philosophie doit commencer par la création de concepts, elle présuppose toujours l’instauration d’un plan d’immanence que les concepts viennent peupler :
« Le concept est le commencement de la philosophie, mais le plan en est l’instauration. » {3}
Que chaque philosophe instaure un plan d’immanence rend compréhensible qu’il y ait des philosophies. Ainsi le logos est le plan instauré par les stoïciens, la nature celui des épicuriens, mais aussi le champ de conscience, à partir de Descartes, Kant ou Husserl. Mais si toute philosophie présuppose l’instauration d’un plan d’immanence, reste à comprendre pourquoi nombre de philosophes, et parmi les plus grands, finissent par retrouver une forme de transcendance. Retrouver une forme de transcendance signifie ici : quitter l’élément propre de la philosophie – l’immanence – pour retrouver celui du mythe. Il s’agit donc de comprendre ce qui fait que l’on ne se tienne pas jusqu’au bout sur la plan instauré. Or, on ne peut en chercher la raison en dehors du plan d’immanence lui-même car ce serait lui supposer un dehors, c’est-à-dire déjà une transcendance et donc commettre une pétition de principe. La raison doit être cherchée dans le plan lui-même, elle doit être immanente. C’est la raison pour laquelle Deleuze et Guattari invoquent des illusions engendrées par le plan lui-même plutôt que des erreurs. Le propre de l’erreur est justement d’être produite de l’extérieur, du dehors {4} , alors que l’illusion est immanente , produite par le plan lui-même :
« Il faut bien, pour une part au moins, que les illusions montent du plan lui-même, comme les vapeurs d’un étang, comme les exhalaisons présocratiques qui se dégagent de la transformation des éléments toujours en œuvre sur le plan. » {5}
Ce sont ces illusions qui nous font sortir du plan d’immanence. Leur liste est infinie, mais la plus courante ou la première d’entre elles consiste à rendre l’immanence immanente à un quelque chose , qui du même coup se retrouve transcendant : l’Un platonicien, la subjectivité de Kant ou de Husserl. C’est donc le plan lui-même qui produit les illusions qui nous conduisent dehors et nous ramènent à l’élément mythique ou religieux de la transcendance. Aussi la philosophie risque-t-elle à tout moment de retomber pour s’y dissoudre dans le mythe, en rupture avec lequel elle apparaît pourtant.
Une critique de la philosophie est donc nécessaire, qui démasquerait et dénoncerait les illusions sous lesquelles se réintroduit une transcendance, une critique comprise comme entreprise de démystification. Cependant, de la même manière qu’il ne faut pas chercher hors du plan d’immanence les raisons qui font qu’on ne s’y tient pas jusqu’au bout, on ne peut opérer la critique de l’extérieur sans présupposer la transcendance dont on cherchait justement à éviter le retour. La critique doit être immanente, c’est la philosophie elle-même qui doit être critique, et dénoncer ses propres illusions , c’est la philosophie elle-même qu’il faut concevoir comme entreprise de démystification {6} .
Une critique immanente des illusions immanentes à l’exercice même de la philosophie, c’est justement de cette manière que se formule la critique de Kant. En effet, ce qui rend la critique nécessaire, c’est l’échec de la métaphysique à se constituer comme science. La métaphysique se définissant comme une connaissance rationnelle procédant par purs concepts, le constat de son échec impose d’examiner si une telle connaissance est seulement possible, autrement dit, s’il peut exister des objets de connaissance au-delà du champ de l’expérience possible (Dieu, le monde comme totalité, l’âme comme substance immortelle) – et donc, par définition, transcendants. Et il faut bien comprendre que si de tels objets se révèlent impossibles , il ne faudra pas y voir une erreur commise sous la pression de quelque chose d’extérieur : l’histoire de la philosophie montre au contraire que la raison ne peut s’empêcher de les poser , alors même qu’un scepticisme naît et croît quant à leur possibilité. Il faut donc les considérer comme des illusions, dues au fonctionnement même de la raison. La critique kantienne se formule donc comme un examen de la prétention de la raison à une connaissance par purs concepts pour en déterminer la légitimité. Or, la légitimité est la conformité à une norme. A quelle norme faut-il mesurer les prétentions de la raison ?
Puisqu’il s’agit d’examiner la possibilité d’une connaissance d’objets transcendants, on ne commencera pas par en présupposer l’existence en se référant à une norme transcendante (Dieu, l’Idée platonicienne, par exemple), comme le font les dogmatiques. Mais pour autant, la critique ne sera pas empiriste. Une critique empiriste comme celle de Hume considère que, puisque la raison n’a jamais rien pu affirmer de certain au-delà de l’expérience, c’est que toute connaissance en dérive, et de ce fait, doit s’y cantonner. La critique emp

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