La sagesse et le féminin
306 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La sagesse et le féminin , livre ebook

-

306 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Sagesse et féminité ne sont pas réputées faire bon ménage; ce sentiment domine la pensée classique occidentale. Pour que la vie politique soit possible, Léo Strauss pense que la sagesse, traditionnellement réputée masculine, doit composer avec son contraire, le féminin. Alexandre Kojève, quant à lui, pense que la sagesse n'a pas de sexe: les femmes en sont autant capables que les hommes, et la vertu masculine consiste précisément à reconnaître la sagesse féminine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 84
EAN13 9782336266923
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouverture Philosophique
Collection dirigée par Bruno Péquignot, Dominique Chateau et Agnès Lontrade

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes “professionnels” ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Déjà parus
Marie-Noëlle AGNIAU, La philosophie à l’épreuve du quotidien , 2005.
Jean C. BAUDET, Mathématique et vérité. Une philosophie du nombre , 2005.
Olivier ABITEBOUL, Fragments d’un discours philosophique , 2005.
Paul DUBOUCHET, Philosophie et doctrine du droit chez Kant, Fichte et Hegel , 2005.
Pierre V. ZIMA, L’indifférence romanesque , 2005.
Marc DURAND, Agôn dans les tragédies d’Eschyle , 2005.
Odette BARBERO, Le thème de l’enfance dans la philosophie de Descartes , 2005.
Alain PANERO, Introduction aux Ennéades. L’ontologie subversive de Plotin, 2005.
Hans COVA, Art et politique : les aléas d’un projet esthétique , 2005.
Alain TIRZI, Génie et criticisme , 2005.
Vincent TROVATO, L’enfant philosophe. Essai philopédagogique , 2004.
Jacques DUCOL, La philosophie matérialiste de Paul Valéry. Essai, 2004.
Bernard ILUNGA KAYOMBO, Paul Ricœur. De l’attestation du soi, 2004.
Julien DUGNOILLE, Le désir d’anonymat chez Blanchot, Nietzsche et Rilke , 2004.
Sommaire
Ouverture Philosophique Page de titre Page de Copyright Préface La Sagesse et le Féminin Première partie : De la Tyrannie
Chapitre premier : La lecture straussienne du Hiéron de Xénophon Chapitre 2 : La réponse de Kojève : plaidoyer pour la tyrannie Chapitre 3 : Les difficultés des amitiés philosophiques
Deuxième partie : De la Féminité
Introduction Chapitre premier : Strauss et Aristophane Chapitre 2 : L’Economique de Xénophon Chapitre 3 : Kojève et l’intention de Sagan Chapitre 4 : Féminité et négativité
La sagesse et le féminin
Science, politique et religion selon Kojève et Strauss

Laurent Bibard
© L’Harmattan, 2005
9782747581295
EAN : 9782747581295
Préface
En amont de l’introduction d’un livre, la préface a pour objet d’esquisser le paysage que le livre constitue et représente. Celui-ci fut d’abord le résultat d’une étude sur Alexandre Kojève et Léo Strauss 1 . Cette étude prenait son point de départ dans un examen du dialogue qu’entretinrent ces deux auteurs sur la tyrannie, à partir d’un commentaire du Hiéron de Xénophon par le premier, et à son initiative 2 . L’une des affirmations centrales de celui-ci est que les « modernes » ont perdu les moyens d’anticiper et prévenir l’avènement des tyrannies, car les sciences politiques contemporaines n’enseignent pas ce qu’est la tyrannie, ou la puissance de la force en regard du langage raisonnable. Le langage raisonnable moderne accorde une confiance excessive au langage raisonnable tout court, en oubliant que la force impersonnelle ne se préoccupe nullement des raisons ni de la légitimité de l’affirmation de sa puissance. La décision de 1938, à Munich, de ne pas arrêter Hitler témoigne éminemment d’une telle excessive confiance selon Strauss.
Alexandre Kojève se tient aux antipodes d’une telle affirmation, estimant même les événements de la Seconde guerre mondiale comme secondaires en regard de la dynamique qui conduit l’humanité à la fin de son histoire, dynamique qui s’inaugure par la dialectique vectorisante qui lie d’abord maîtres et esclaves, et qui conduit irréductiblement à la libération définitive de ceux-ci fonction, et corrélative, de la disparition tout aussi irréductible de ceux-là. Les affres du XX° siècle dont les tyrannies qu’il a connues sont, du point de vue de Kojève, les derniers soubresauts d’une Histoire qui se clôt.
Rigoureusement entendue, la fin de l’histoire au sens de Kojève revient à l’avènement d’un Etat mondial définitif car censé satisfaire tous ses citoyens, dont le système juridique décrit et prescrit tout à la fois la justice ultime, une justice de l’équité étendue au niveau mondial. Cet Etat est caractérisé par la reconnaissance universelle a priori de l’individualité de chacune et chacun indépendamment de ses caractères et différences d’origine ethnique, historique, géographique, sexuelle, etc. Ce que, plus de cinquante ans après la description par Kojève du système juridique ultime et définitif 3 , il est convenu d’appeler « mondialisation », revient à la dynamique par quoi le système juridique de l’équité s’étend, et trouve sur le chemin de son extension des résistances par construction caduques, donc destinées à disparaître.
Pour Strauss, ces résistances ne sont pas caduques, et ne peuvent, par construction, être totalement éliminées : la « mondialisation » est destinée à demeurer une dynamique en tension sans relâche. Ontologiquement, cela revient à affirmer qu’il n’y a pas de « genre commun » de toutes choses selon Strauss, quand, à la faveur d’un échange de courrier au sujet de Platon avec lui, Kojève affirme qu’il y en a, ou que philosopher en direction de la sagesse n’a pas de sens 4 .
Ce livre a pour objet de montrer que ce dialogue qu’entretinrent Kojève et Strauss au sujet de la tyrannie est en son contenu fondamental un dialogue sur le rapport des sexes. On peut abruptement camper la différence entre Kojève et Strauss de la manière suivante. Sagesse et féminité ne sont traditionnellement pas réputées faire bon ménage : la première est traditionnellement réputée masculine, et la seconde, ravalée au rang de ce qu’il faut maîtriser pour qu’une vie collective (pour qu’une vie politique) soit possible. Ce sentiment au sujet des rapports entre vie sage et féminité domine la pensée classique occidentale à laquelle, pour que les hommes soient de nouveau capables de prévenir les tyrannies, Strauss consacre l’essentiel de son œuvre. Kojève. pense au contraire que la vérité de l’histoire est que la sagesse n’a pas de sexe, voire que la vertu et le courage masculins consistent désormais à admettre que les femmes sont autant que les hommes capables de sagesse. Autrement dit : si Kojève a raison contre Strauss, la mondialisation du Droit de l’Etat final de l’Histoire, politiquement universel et socialement homogène, revient à l’extension mondiale de la reconnaissance universelle de l’individualité asexuée de chacune et chacun, au détriment des traditions toujours locales donc particulières, qui à la fois résultèrent des religions et les firent. Si c’est l’inverse, les particularités ethniques, religieuses et culturelles qui sont d’une manière ou d’une autre fonctions de la différence sexuelle des humains sont irréductibles, et conditionnent à jamais les dynamiques et les tensions qui font et défont leurs mondes.
Si l’on ne peut être ni exclusivement straussien, ni exclusivement kojévien pour comprendre tout à fait ce qui se joue de nos jours au travers de la « mondialisation », il faut en revanche être a minima les deux : Kojève et Strauss sont chacun à sa façon suffisamment complets et cohérents et, à eux deux, complémentaires et opposés dans l’exercice de la pensée, pour couvrir l’ensemble des problématiques comme des pensées qu’a rencontré un XX° siècle pour le moins douloureux — soit, l’ensemble des problématiques économiques, politiques, religieuses et culturelles sur fond de quoi s’élance notre monde. En traitant des rapports entre science, religion et politique à partir de leur dialogue au sujet de la question politique par excellence qu’est celle de la tyrannie, et en décelant le thème fondamental de leur dialogue qu’est le rapport des sexes, on se prépare à une compréhension relativement complète du monde où nous vivons, pensons et agissons. L’on se prépare à une réelle prise de responsabilité à l’égard de soi-même, de la vie, et des autres, passés, présents et à venir.
Nous proposo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents