Le désir-temps
120 pages
Français

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Le désir-temps , livre ebook

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Description

Le temps suspendu comme moment heureux est à juste titre considéré comme extrêmement précieux. Mais on peut se demander : par quoi donc peut-il bien être suspendu ? L'hypothèse que l'auteur examine consiste dans l'idée que le temps est suspendu par le désir s'assouvissant. Ou que le temps suspendu n'est rien d'autre que du désir-temps : ni désir de temps, ni temps du désir ; il relève de leur unité profonde. Il s'agira d'élucider cette hypothèse notamment avec Rousseau, les épicuriens et les stoïciens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 73
EAN13 9782296532298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.

Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Norbert HILLAIRE, La fin de la modernité sans fin , 2013.
Jean-Pierre GRES, La démocratie et le vivant. Un système à l’épreuve des hommes , 2012.
François HEIDSIECK, L’Ontologie de Merleau-Ponty (réédition), 2012.
María PUIG de la BELLACASA, Politiques féministes et construction des savoirs , 2012.
Pascal KOLESNORE, Histoire et liberté : éclairages kantiens , 2012.
Mahamadé SAVADOGO, Penser l’engagement , 2012
Françoise KLELTZ-DRAPEAU, Une dette à l’égard de la culture grecque. La juste mesure d’Aristote , 2012.
Julien GARGANI, Poincaré, le Hasard et l’étude des Systèmes Complexes , 2012.
Jean-Pascal COLLEGIA, Spinoza, la matrice , 2012.
Miklos VETÖ, Explorations métaphysiques , 2012.
Marcel NGUIMBI, Penser l’épistémologie de Karl Popper , 2012.
Titre
Thierry Giraud






Le désir-temps

Essai sur le temps suspendu








L’Harmattan
Du même auteur
Uns spiritualité athée est-elle possible ? , L’Harmattan, 2011.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66197-1
Dédicace

À Lulle
Remerciements

Je tiens à remercier les étudiantes et les étudiants de l’I.U.T.A. de l’année 2011/2012.
Introduction
« Matin de printemps – mon ombre aussi déborde de vie ! 1 »

Il est des moments étranges où le temps semble comme suspendu. Parmi de nombreuses évocations de ceci, deux exemples. « il y a des cas d’absorption profonde dans une pensée ou un sentiment, d’extase même où le temps disparaît de la conscience. 2 » Ou encore, dans une tout autre perspective philosophique : « La vraie vie est dans ce suspens du temps... 3 » Mais par quoi le temps est-il donc suspendu ? Comment s’opère ce suspens du temps ?
L’hypothèse que je vais examiner consiste dans l’idée que le temps est suspendu par le désir s’assouvissant. Plus précisément, la réflexion qui va suivre a pour objectif de montrer que le temps suspendu n’est rien d’autre que du désir-temps. Le désir-temps, c’est-à-dire, ni le temps du désir, ni le désir de temps, mais, ce qu’on appellera pour l’instant, l’unité du désir et du temps, en certains moments privilégiés. Le désir-temps est l’accomplissement d’un désir ou l’effectuation d’une activité désirée d’un seul tenant, comme un maintenant 4 qui dure. Le désir-temps appartient à ces moments, ces rondeurs accomplies, en raison de désirs qui leur étaient vitalement et nécessairement adjoints, ou mieux, qui n’en étaient que l’autre face. Extinction du désir, et c’est l’extinction du moment, moment défunt. Ces moments sont des sphères, gorgées de plénitude, non décomposées par les dieux (comme dans le mythe d’Aristophane), mais composées par nous en coordination avec les autres et le monde.
Plénitude du désir assouvi donc, mais selon sa propre durée, et pas seulement assouvi dans le temps. Ce qui signifie que : ni sous la forme d’une durée quantifiée, ni sous la forme d’un début et d’une fin, le temps serait là indépendant et dominant l’activité. C’est au contraire l’activité désirée, son rythme et son souffle qui déterminent la durée. Par exemple, lire un livre d’une seule traite 5 . Ce qui suppose certaines conditions dont, au minimum, une neutralisation du temps social, puisque celui-ci est essentiellement discontinu et fauteur de discontinuité.
Par exemple encore dans le poème ci-dessus. Il y est question du commencement à un double titre : commencement du printemps et du matin. Double commencement journalier et saisonnier donc, du « Matin de printemps » ou commencement au second degré. Celui-ci déborde de vie, comme il est dit explicitement, tout comme moi-même, au point que « mon ombre aussi déborde de vie ». Or, ce débordement de la vie par elle-même, qu’est-ce d’autre que le désir ? Désir lui-même, pouvant donc être compris comme « Matin de printemps ». Le commencement comme désir, le désir comme commencement.
Cette réflexion est d’ordre existentiel. Car réfléchir au désir-temps n’est rien d’autre que s’efforcer de penser cette question : qu’est-ce qu’exister ? Du moins, à certains moments, où ces deux axes du désir et du temps ne semblent n’en former qu’un. Là tient toute la problématique, si on veut bien accorder qu’il n’y a pas de truc rhétorique dans l’expression de désir-temps. Cette dernière, pour inhabituelle qu’elle soit, désigne cependant une évidence pour qui la vit, et s’oppose au paradoxe qu’il y a vraisemblablement à la penser. Or une évidence paradoxale est une contradiction.
Il s’agira d’éprouver cette hypothèse du désir-temps, de savoir comment penser cette expérience. Les analyses se dérouleront donc en deux moments : d’élucidation puis d’évaluation.
Une première partie s’intéressera aux descriptions directes du désir-temps chez Rousseau, les épicuriens et les stoïciens. Elle se poursuivra en s’interrogeant sur le type d’unité formé par le désir-temps. Est-ce le désir qui est à l’origine de l’unité ? Est-ce le temps qui est responsable de l’unité ? Ou encore, est-on en présence d’une unité habituellement recouverte et qui apparaîtrait exceptionnellement découverte ? L’enjeu étant ici proprement ontologique puisque la question est de savoir quel est le « bon » découpage de la réalité de ce que nous vivons. Viendra alors le moment de rechercher ce qui est compatible ou incompatible du désir et du temps avec le désir-temps, mais aussi ce qui est impliqué ou présupposé du désir et du temps dans le désir-temps. De façon à saisir le positionnement, l’inscription théorique du désir-temps dans le monde de quelques conceptions, ou, peut-être même, le monde qu’il forme lui-même.
La seconde partie recherchera les justifications et les objections à l’affirmation du désir-temps, ainsi que la possibilité ou non de répondre à ces objections. N’était-ce finalement qu’un mirage, ce désir-temps ? Si c’était le cas, pourrions-nous quand même gagner quelque chose à l’intérieur même de cette défaite ? Ou au contraire, l’existence du désir-temps peut-elle être étendue au-delà des moments de bonheur ? Et si c’est le cas, en quel sens ?
1 Poème de Kobayashi Issa, Haiku, anthologie du poème court japonais , Gallimard, 2002, p. 27.
2 A. Fouillée, introduction à La genèse de l’idée de temps de J. M Guyau, L’Harmattan, 1998, p. XII.
3 P. Zaoui, La traversée des catastrophes , Seuil, 2010, p. 372.
4 Du latin manu tenendo signifiant : pendant que l’on tient quelque chose dans la main. Cf Dictionnaire historique de la langue française , Le Robert, 2006.
5 Le mot « traite » en ce sens, provient de l’ancien sens de « traire » signifiant : marcher, se rendre quelque part. Idem.
1. Élucidation du désir-temps.
« Moi, le temps me passait. » 6
1.1. De Rousseau aux stoïciens.
1.1.1. Le désir-temps dans Les rêveries du promeneur solitaire de Rousseau : présent insulaire et présent continental.
Dans la cinquième promenade, Rousseau décrit et analyse son séjour sur l’île de Saint-Pierre, au milieu du lac de Bienne, où il trouve refuge après ce qu’il appelle la « lapidation de Môtiers ». La symbol

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