Le musée imaginaire de Malraux et Hegel
194 pages
Français

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Le musée imaginaire de Malraux et Hegel , livre ebook

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Description

Le but de cet essai est d'essayer de comprendre en quoi les écrits sur l'art de Malraux (Les Voix du silence, Le Musée imaginaire et La Métamorphose des dieux) peuvent être considérés comme la "progéniture" de la vaste réflexion qu'a pu mener Hegel dans l'Esthétique. Cette confrontation inédite propose une lecture croisée des textes des deux auteurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 88
EAN13 9782296467590
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MUSÉE IMAGINAIRE
DE
MALRAUX ET HEGEL
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions

Daniel ARNAUD, La République a-t-elle encore un sens ? , 2011.
A. QUINTILIANO, Imagination, espace et temps , 2011.
A. QUINTILIANO, La perception , 2011.
Gilles R. CADRIN, L’animal autoréférent. Esquisse d’un modèle transdisciplinaire de l’humain , 2011.
Aimberê QUINTILIANO, Imagination, espace et temps , 2011.
Aimberê QUINTILIANO, La perception , 2011.
Pascal GAUDET, Kant et la fondation architectonique de l’existence , 2011.
Camille Laura VILLET, Voir un tableau : entendre le monde. Essai sur l’abstraction du sujet à partir de l’expérience picturale , 2011.
Jan-Ivar LINDEN, L’animalité. Six interprétations , 2011.
Christophe Rouard, La vérité chez Alasdair MacIntyre , 2011.
Salvatore Grandone, Lectures phénoménologiques de Mallarmé, 2011.
Franck ROBERT, Merleau-Ponty, Whitehead. Le procès sensible, 2011.
Nicolas ROBERTI, Raymond Abellio ( 1944-1986 ) . La structure et le miroir , 2011.
Nicolas ROBERTI, Raymond Abellio ( 1907-0944 ) . Un gauchiste mystique , 2011.
Dominique CHATEAU et Pere SALABERT, Figures de la passion et de l’amour, 2011.
T itle


HENRI DE MONVALLIER


LE MUSÉE IMAGINAIRE
DE
MALRAUX ET HEGEL


E SSAI DE LECTURE CROISÉE


Préface de Jean-Louis Vieillard-Baron


L’Harmattan
C opyright


© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-560680
EAN : 9782296560680

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À Joël Loehr,
cette modeste « variation » sur Hegel et Malraux.
En témoignage d’amitié
et de reconnaissance intellectuelle.
PRÉFACE
Comparer l’esthétique d’André Malraux avec celle de Hegel est une tâche qui s’impose. Les deux penseurs, en effet, ont proposé une lecture philosophique des œuvres d’art, dans des textes fascinants. Henri de Monvallier met en parallèle les analyses de l’un et de l’autre au sujet de la pyramide, de la statuaire, de la cathédrale gothique, de la peinture de Giotto, qui marque la fin de Moyen Âge et le début de la Renaissance. Hegel est le premier à avoir produit des analyses philosophiques d’œuvres d’art d’une façon systématique. Assurément la critique d’art existait avant lui et exista après lui. Mais Hegel comprend l’art et les œuvres d’art en philosophe, à partir de sa théorie de l’Esprit absolu dont l’art est la première manifestation. Les œuvres d’art sont éternelles par essence ; elles échappent à l’histoire, en ce qu’elles ne perdent rien de leur beauté avec le temps. Certes nous ne plions plus le genou devant la statue de la jeune fille grecque, mais nous admirons sa beauté, et sans doute d’autant mieux qu’elle n’est plus pour nous un objet de culte religieux. L’art a pris son indépendance par rapport à la religion. André Malraux date la conception moderne de l’art, compris comme un domaine sui generis , de la publication du William Shakespeare de Victor Hugo, gros traité qui retrace la succession des génies créateurs et montre l’indépendance des valeurs esthétiques par rapport à tout le reste. En effet, ni pour les Anciens, ni pour les hommes du Moyen Âge, l’art n’était une valeur en soi ; il convenait de célébrer les dieux ou Dieu dans la beauté par un travail de fabrication conçu de façon artisanale, en somme par un travail de métier. L’art était alors inconscient de lui-même. Du point de vue théorique, l’importance du transcendantal esthétique dans la théologie chrétienne (en particulier médiévale) a bien été démontrée et illustrée par Hans Urs von Balthasar dans son œuvre monumentale La Gloire et la Croix , en allemand Herrlichkeit.
Ce qui rapproche Malraux de son prédécesseur Hegel, c’est le souci de mettre les œuvres d’art, dans toute leur diversité, et même surtout dans la singularité de chaque chef-d’œuvre, en relation avec la civilisation qui les porte et leur donne sens. L’idée que l’art a une signification est commune à Hegel et à Malraux ; elle justifie une lecture philosophique des œuvres d’art. Mais cette signification n’est pas la même pour chacun d’eux. Pour Hegel, l’œuvre d’art est une manifestation de l’absolu ; l’artiste et la civilisation où il vit ne sont que des médiations qui permettent la souveraineté de l’art en lui-même. Le rapport entre art et religion est un rapport de connaturalité : ils expriment le même esprit absolu, l’un dans la forme de l’intuition (les œuvres qui sont des objets d’intuition), l’autre dans la forme de la représentation (les récits et les rites). Malraux est si conscient de cette connaturalité que son grand tryptique historique s’intitule La Métamorphose des dieux , dont les trois volets sont Le Surnaturel (antiquité et christianisme médiéval), L’Irréel (la Renaissance et ses suites), L’Intemporel (la vision contemporaine de l’art). L’anthropologie malrucienne du sacré qui se métamorphose est bien différente de la conception hégélienne de l’absolu divin. C’est la liberté humaine face au Destin qui est ici au cœur de l’interprétation de l’art que nous donne Malraux. On pourrait dire que notre penseur part de la conception que Proust avait exposée à la fin de la Recherche du Temps perdu : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature. Cette vie qui, en un sens, habite à chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez l’artiste. Mais ils ne la voient pas, parce qu’ils ne cherchent pas à l’éclaircir » {1} Pour Malraux, c’est sa réflexion théorique qui doit éclairer le sens de l’art, non pas d’une façon intime, mais d’une façon historique. La vérité de l’art n’est plus la vérité de l’ ego , c’est la vérité de l’histoire. Quelle est cette vérité ? En fait, c’est la libération progressive de l’homme face à la fatalité du monde et de l’histoire. L’art de la Renaissance est anthropocentrique : l’homme s’y prend en main dans sa solitude et dans sa nudité ; il n’est plus englobé dans un cosmos hiérarchisé. Le Prince de Machiavel et le Condottiere, symbolisés dans la statue équestre du Gattamelata par Donatello (1447-1453), sont les manifestations d’un monde nouveau {2} , qui prétend rivaliser avec l’empire romain et le dépasser en force et en majesté. Puis, avec l’art du dix-neuvième et du vingtième siècle, l’homme affirme sa liberté en élargissant le champ de l’art aux dimensions du monde. Dès lors la comparaison polymorphe (qui pour Malraux est la condition de la réflexion sur l’art) devient possible ; les limites de l’art ne sont plus celles d’une école (où le disciple reçoit du maître les préceptes et les recettes qu’il devra prolonger, comme Raphaël les a reçus de son maître le Pérugin), elles ne sont plus celles d’une vision du monde localisée, elles vont des arts premiers, et de l’art des fous, aux créations contemporaines.
André Malraux n’est pas philosophe ; mais il relève d’un genre précis, qu’il n’a pas inventé, celui des « écrivains d’art », qu’on doit distinguer des « historiens de l’art ». Si l’on en croit Eléonore Assante di Panzillo {3} , l’écrivain d’art cherche à « unir l’objectivité d’un historien ou d’un critique d’art à la subjectivi

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