Les philosophies environnementales européennes
186 pages
Français

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Les philosophies environnementales européennes , livre ebook

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Description

Peut-on parler d'une philosophie environnementale européenne ? Peut-on unifier, sous ce concept, un corpus hétérogène et beaucoup plus diversifié que celui que l'on peut trouver à propos de la philosophie de l'environnement dans la société nord-américaine ? Est-ce qu'une unité géographique, celle de l'Europe, peut suffire pour garantir un dénominateur commun à des conceptions philosophiques aussi diverses, voire divergentes, que celles qui existent sur le "vieux continent" ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2015
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336397856
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Fondateur et Rédacteur en chef : GAO Xuanyang (KHA Saen Yang)
Rédacteurs en chef exécutifs : JI Zhe, Michel MAZOYER
Comité de rédaction :
Guillaume DUTOURNIER, LI Wenjie, YANG Yang
Conseil scientifique :
Jean-Michel DE WAELE, Valérie FARANTON,
Alan FORREST, Axel HONNETH,
Paulos HUANG, Anna KRASTEVA,
Julia KRISTEVA, Tanguy L’AMINOT, Jean-Pierre LEVET,
Gilles LHUILIER, Theodoros PAPATHEODOROU,
Patrick PASTURE, Xavier RICHET,
Susan Stedman JONES, Jean-Philippe PIERRON,
Alexander THOMAS, Heiner TIMMERMANN,
Raymond TROUSSON, Yves Charles ZARKA
© Institut d’études avancées sur la culture européenne
Université Jiao Tong de Shanghai
© Centre de Recherche Europe Asie, Paris
© Association KUBABA, Paris
Contact :
Association KUBABA, Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne
12, Place du Panthéon, 75231 Paris CEDEX 05
Titre
Collection KUBABA
Série Europe & Asie






EUROPEANA
Numéro 6



Institut d’études avancées sur la culture européenne,
Université Jiao Tong de Shanghai

Centre de Recherche Europe Asie

Association KUBABA
Copyright
















Illustration de couverture :
Collage 137 de Jean-Michel LARTIGAUD
www.lartigaud.com

© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris
www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-74796-5
ISSN : 2269-0441
EUROPEANA
Numéro 6









Les philosophies environnementales européennes

préparé par

Jean-Philippe PIERRON








2015
Paris • Shanghai
Introduction
Philosophies environnementales européennes ?
J EAN -P HILIPPE PIERRON
Peut-on, sans se payer de mots, parler de philosophie environnementale européenne, unifiant sous ce « label » un corpus bien plus éparse que celui que l’on trouverait dans l’idée, bien identifiée quant à elle, de philosophie de l’environnement nord-américaine ? Est-ce qu’une unité géographique, celle de l’Europe, peut, à elle seule, suffire pour garantir un dénominateur commun à des entreprises philosophiques aussi diverses, voire divergentes, que celles qui existent sur ce continent ? 1 Quel sens peut-il y avoir à vouloir développer une telle entreprise qui ne soit pas la promotion d’une sorte de régionalisme philosophique, aux limites de la folklorisation et de la mauvaise conscience, d’une Europe qui serait, sur ce terrain, « en retard » sur l’Amérique ?
Se centrer sur la manière dont le moment écologique s’élabore philosophiquement en Europe en parlant de « philosophie environnementale européenne » est une entreprise à l’égard de laquelle on peut avoir des doutes. Le projet peut, certes, avoir une légitimité. Il s’agirait de questionner comment après le dualisme homme-nature, les philosophies européennes ont travaillé à préciser en quel sens on peut faire de la nature l’objet d’une responsabilité morale et politique. Plus encore, on examinerait comment ce dépassement du dualisme, et de l’acosmisme anthropologique qu’il engendra, pourrait être fondé sur une ontologie relationnelle retrouvant dans l’expérience du milieu naturel, une nouvelle manière d’habiter la Terre. Si l’acte de naissance de la modernité occidentale s’est posé dans la volonté de manipuler le monde et la nature de l’extérieur, son moment écologique chercherait, au-delà de leur manipulation, à les habiter. En ce sens, cette phénoménologie de l’habiter explicite une idée qu’on trouve, sur un autre plan discursif, dans la réflexion écologique scientifique ou militante. La Terre, en tant que communauté, voilà l’idée de base de l’écologie, mais l’idée qu’il faut aussi l’aimer et la respecter, c’est une extension de l’éthique écrivait ainsi l’écologue nord-américain Aldo Leopold dans son Sand country almanach (Leopold, 1948). Mais il peut y avoir un doute, car quel sens peut avoir une cartographie des philosophies qui soit non pas conceptuelle mais géographique ? Peut-on unifier des philosophies en partant du seul point commun qu’elles pourraient avoir en partage, à savoir leur implantation géographique ? La philosophie n’est-elle pas, par nature, rétive aux assignations à résidence, dans des territoires, des terroirs ou des identités nationales ? Une philosophie du milieu n’est pas nécessairement la philosophie d’un lieu. Une philosophie de la maison – du grec « oikos » qui donnera écologie et économie – est une philosophie du milieu, de l’habiter, pour la maison mais non d’une maison ! On pressent d’ailleurs ce qu’il y aurait d’inquiétant dans cette exaltation du lieu propre. Le sol convoqué par une apologie de l’enracinement a d’ailleurs longtemps rendu la préoccupation écologique suspecte de n’être qu’un archaïque culte du sol. Cette inquiétude, surtout en une Europe marquée à vif au XX e siècle par l’exaltation nationaliste, y a pris la forme d’une suspicion à l’égard des cultes de la nature et des forces du « sol » toujours susceptibles de préparer un écofascisme. Mais peut-être qu’une spécificité des « philosophies environnementales européennes » se tiendrait là, dans le fait qu’elles ne sont pas oublieuses du tragique de l’histoire, dans le mouvement duquel les relations à la nature, parfois brisées, se trouvent emportées ?

Ces questions et ces perplexités peuvent être levées si l’on pose que l’universalité de problèmes environnementaux, désormais planétaires, n’appelle pas une uniformité des réponses. Le pluralisme des répliques à la crise écologique n’est pas que technique mais est également culturel et social, convoquant les ressources de traditions philosophiques de différents lieux et temps. Il est trop court d’envelopper et d’enfermer toute la philosophie dite européenne dans la rubrique d’une ontologie naturaliste qui aurait été la caution d’un usage prédateur et dévastateur de la nature. Il serait trop simple d’imputer à Descartes et à sa théorie épistémique de la nature-machine la responsabilité d’un anthropocentrisme moral cautionnant une prédation exacerbée de la nature. Il serait trop rapide d’enfermer en un geste paresseux toute l’histoire de la métaphysique occidentale dans un oubli de l’être et de la nature. Si nous parlons de philosophies environnementales européennes c’est donc au nom d’un éloge de la diversité culturelle et de la pluralité des réponses qu’elle promeut.
Dans un monde qui connait une cohésion technologique globale et une activité économique mondiale, il est un mot d’ordre qui oriente les analyses et les pratiques en vue d’une transition écologique. Il s’est concentré dans le slogan « penser global, agir local » symptomatique de notre moment écologique. Cette idée est l’expression d’une forme de maturation majeure. Elle est liée à ce que l’on pourrait appeler un nouveau cosmopolitisme où les deux mots de cosmos et de polis s’articulent à nouveaux frais. L’humanité apprend à se penser comme une, en initiant une nouvelle pratique de la relation au milieu. Dans cette perspective, le cosmos n’est plus tant un support indifférent qu’une réalité relationnelle (systémique), donnant l’occasion d’épeler une appartenance commune à une terre nourricière. Certes, les réponses culturelles et politiques à ces enjeux sont délicates à inventer et à initier en raison du fait que si les problèmes environnementaux sont globaux et transnationaux, nos institutions politiques ne sont pas globales mais adossées à des territoires. Pourtant c’est bien cette réarticulation du global et du territorial, du cosmos et de la polis qu’il s’agit de travailler.
Si l’humanité n’est une espèce que dans la mesure où elle a une histoire, elle ne prend la mesure de son unité que dans le travail d’une histoire superbe et douloureuse. Cette histoire se déchiffre comme telle dans des fraternités difficiles entretenues avec les humains, les non-humains et les milieux. Elle apprend – le mot est-il excessif ? – à en élargir toujours plus la portée

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