Philosophes à la fenêtre
279 pages
Français

Philosophes à la fenêtre , livre ebook

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279 pages
Français

Description

Jean Lefranc est un grand connaisseur de la pensée des XVIIIe et XIXe siècles français et allemand. Ces articles ici réédités témoignent de la vigueur et de la modernité d'un rationalisme critique. Montesquieu et Rousseau ouvrent cette voie, mais c'est Kant qui formule la nature de ce rationalisme. Schopenhauer, Nietzsche ou Freud poursuivent cet effort critique : c'est une invitation à rechercher la vérité, à l'oser.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 9
EAN13 9782140054433
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanLEFRANC
PHILOSOPHES À LA FENÊTRE Philosophie et rationalité Une sélection d’articles
Avantpropos et sélection des articles Bernard FISCHER
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Philosophesàla fenêtre
Ouverture philosophique Collection dirigée par, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Auguste NSONSISSA,La dynamique de la nature, Étude sur le thème du vide dans l’histoire de la philosophie des sciences, 2017. Paul DUBOUCHET,Paganisme, christianisme et catholicismechez René Girard,2017. Paul DUBOUCHET,René Girard, « cowboy texan », Au fil de ses exploits, 2017. Fallander KALTCHAREL, Le dualisme antiréaliste et semi-empirique de Bernard Vidal,2017. Jean-Louis BISCHOFF,Penser la notion de rencontre, 2017. HyeJeong SEO, Paul Ricœur,Image de Dieu: Rédemption et Eschatologie, Tome 2, 2017. HyeJeong SEO, Paul Ricœur,Image de Dieu: Origine et déchéance, Tome 1, 2017. Dimitra PANOPOULOS,L’hypothèse platonicienne, 2017. Hans COVA,Pour une approche stratégique des espaces politiques, Essai de philosophie politique, 2017. Tristan VELARDO,Georges Palante, La révolte pessimiste, 2017. Robert TIRVAUDEY,Apprendre à penser avec Marc Aurèle,2017. Xavier LAMBERT (dir.),Action, énaction. L’émergence de l’œuvre d’art, 2017. Alessia J. MAGLIACANE,Zéro. Révolution et critique de la raison. De Sade et Kierkegaard à Adorno et Cavell, 2017.
Jean LEFRANC Philosophesàla fenêtre Philosophie et rationalité Une sélection d’articles Avant-propos et sélection des articles Bernard FISCHER
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13605-9 EAN : 9782343136059
AVANT-PROPOS Les articles de Jean Lefranc repris par cette publication portent sur e e des auteurs majeurs des XVIII et XIX siècles, période dont Jean Lefranc était grand connaisseur et spécialiste. La publication reprend le titre du premier de ces articles,Philosophes à la fenêtre: il souligne l’engagement dans le réel des figures philosophiques évoquées, et, plus largement, le fait que la philosophie se caractérise par un tel engagement. Jean Lefranc est lui-même l’une de ces figures, il est lui-même un philosophe à la fenêtre.Le corpus d’articles porte sur de grandes œuvres philosophiques. Le point de vue de l’auteur peut se faire polémique, mais il est toujours instructif et invite de ce fait à la relecture des textes. Il peut porter sur une œuvre entière pour en dégager un axe de lecture essentiel : les articles sur Auguste Comte reprennent et précisent la notion de positivisme et rétablissent, contre des mésinterprétations nombreuses et persistantes, le sens que l’auteur a donné à ce concept. L’article sur Nietzsche sur la notion de surhomme a la même inspiration : reprendre un concept central, celui de surhomme, pour autoriser une lecture sensée de l’œuvre et éviter les contresens. D’autres articles portent sur un point plus particulier mais significatif : la guerre dansL’Esprit des lois, la question de savoir si leContrat socialRousseau peut fonder l’esclavage, interrogation pour le de moins étonnante pour qui s’est contenté d’une lecture trop rapide. Les articles sur Freud posent la question de savoir si la psychanalyse ne relève que d’une science psychologique ou si elle n’entretient pas un lien avec la recherche philosophique. L’article intitulé «Explication d’un texte de Kant» propose l’analyse d’un passage célèbre de la préface de la première édition de laCritique de la raison purevaut comme modèle d’explication de et texte pour élèves de terminale ou étudiants. Kant y expose le concept decritiqueau sens où ce concept figure dans le titre même de l’œuvre qui l’expose. La « critique » désigne le travail que la raison exerce sur elle-même, non plus travail sur les connaissances extérieures, mais sur 5
soi-même, critique de la raison « au nom de la raison et de ses lois éternelles et immuables » pour établir les limites au-delà desquelles il lui est impossible de s’aventurer. La pensée accomplira ainsi, dit Kant, la plus difficile des tâches, « celle de la connaissance de soi-même ». Le texte permet de cerner la nature de la démarche philosophique qui tient, selon Kant, dans un rationalisme critique aussi éloigné du dogmatisme que du scepticisme. Rejet en effet de tout dogmatisme : ce serait, sans ce refus, accréditer des thèses qui n’ont pas soutenu l’examen critique de la raison. Rejet aussi du scepticisme : ce serait, si la position sceptique était retenue, exprimer une défiance à l’égard de la raison, lui dénier le pouvoir de juger et de s’exprimer « au nom de ses lois immuables et éternelles ». Si Jean Lefranc s’est intéressé aux auteurs ou aux œuvres évoqués dans ces articles, c’est qu’ils s’inscrivent tous dans le droit-fil de ce rationalisme critique. Lui-même se reconnaît dans cette démarche et il en précise même le sens et la portée. Il fait siennes les critiques de Schopenhauer à l’égard de Kant. Schopenhauer reconnaît à Kant l’immense mérite d’avoir reconnu, dans l’édition de 1 781 de la Critique de la raison pure, la force et la pertinence de ce rationalisme critique en philosophie, de l’avoir conceptualisé, mais il lui reproche sévèrement de ne pas s’être tenu à lui lorsqu’il s’appuie implicitement, dans la Dialectique transcendantale par exemple, sur des thèses théistes issues d’une tradition d’inspiration chrétienne. Pour bien préciser la nature de ce rationalisme critique, Jean Lefranc reprend méticuleusement, par exemple dans l’article sur le temps intituléLa roue du temps, les critiques de Schopenhauer à l’égard de Kant. Jean Lefranc insiste à de multiples reprises sur l’inactualité de certaines œuvres comme celles de Schopenhauer ou de Nietzsche. Si ces dernières s’inscrivent dans une chronologie et un siècle, elles ne se réduisent pas à ce temps relatif et historique, elles le dépassent parce qu’elles épousent une problématique de vérité. Il en est de même pour les œuvres évoquées dans les articles que nous republions : elles sont certes de leur temps, mais le dépassent parce qu’elles portent un regard de vérité sur des problèmes propres à l’existence humaine. Leur inactualité interdit toute forme d’historicisme. Le choix d’articles proposé renvoie non seulement à l’idée que Jean Lefranc se fait de la démarche philosophique, un rationalisme 6
critique, mais illustre en même temps la nature de la relation que la philosophie entretient, selon lui, avec le monde : « L’art de répéter le monde en un discours rationnel est une science du déchiffrement ; le philosophe est un Champollion qui épelle les idéogrammes de la 1 volonté . » Le dernier article de cette publication,Labyrinthes vénitiens, illustre particulièrement cet art de répéter le monde en un discours rationnel.  Bernard FISCHER
1 Comprendre Schopenhauer, Armand Colin, col. Cursus, 2002, p. 178. 7
1 PHILOSOPHES À LA FENÊTRE Dans un passage célèbre de la deuxièmeMéditation, Descartes regarde par une fenêtre (fenestra) de son « poêle », qui reste cependant un endroit clos, car il ne semble pas que cette fenêtre ait été ouverte ; il fait froid sans doute : le philosophe est en robe de chambre auprès du feu. Nul bruit ni son de voix ne viennent troubler la tranquillité de sa méditation (securum otium). Nous sommes à la fin de l'exemple du 2 morceau de cire que l’on vient d’approcher du feu . « Les paroles toutefois m'arrêtent, et je suis presque trompé par les termes du langage ordinaire [...] d’où je voudrais presque conclure que l’on connaît la cire par la vision des yeux et non par la seule inspection de l’esprit si par hasard (forte) je ne regardais d’une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ; et cependant que vois-je de cette fenêtre, sinon des chapeaux et des manteaux, qui peuvent couvrir des spectres ou des hommes feints qui ne se remuent que par ressorts ? Mais je juge que ce sont de vrais hommes, et ainsi je comprends, par la seule puissance de juger qui réside en mon esprit, ce que je croyais voir de mes yeux. » Le texte latin dit : « Quid autem video praeter pileos et vestes, sub quibus latere possent automata ? » Nul spectre, nul fantôme platonicien (les 3 phantasmata) ; l'hypothèse n’est pas d’un jeu d’optiquemais d’automates. Ce monde du dehors qui entoure le poêle pourrait être un 4 monde complètement déshumanisé. Dans une lettre de 1 638 Descartes avait déjà fait l’hypothèse d’un monde peuplé d’automates,
1 e Article publié dans laRevue de l’enseignement philosophique,année, n° 2, 29 décembre 1978 – janvier 1979, p. 1-6. 2 « Mais voici que cependant que je parle, on l’approche du feu ». Descartes n’est donc pas seul. Ce n’est pas lui qui approche la cire du feu, et à qui parle-t-il ? 3  Platon,LaRépublique. 4 Lettre A Renieri pour Pollot, avril ou mai 1638, éd. de F. Alquié, Garnier, 1967, t. II, p. 55. 9
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