Philosophie de l éducation
214 pages
Français

Philosophie de l'éducation , livre ebook

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214 pages
Français

Description

En présentant quelques aspects des philosophies qui, aux Etats-Unis, s'attachent à penser l'éducation, ce livre prend le risque de s'affronter à deux difficultés : caractériser une philosophie par son appartenance nationale ne va pas de soi ; définir la philosophie par son champ de réflexion pose la question des frontières conceptuelles. A travers six textes, le lecteur est invité à suivre quelques itinéraires de la philosophie américaine de l'éducation, qui est aussi une philosophie de l'éducation américaine.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 137
EAN13 9782296488649
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

PHILOSOPHIE DE L’ÉDUCATION: ITINÉRAIRESAMÉRICAINS
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique. Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie. Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Alicia Noemí FARINATI,Hegel démocrate, 2012. Diogo SARDINHA,Ordre et temps dans la philosophie de Foucault,2011. Alain ELLOUE-ENGOUNE,Albert Schweitzer et l’histoire du Gabon, 2011. Marie BARDET,Penser et mouvoir, Une rencontre entre danse
Textes rassemblés par Anne-Marie DROUIN-HANSPHILOSOPHIE DE L’ÉDUCATION: ITINÉRAIRESAMÉRICAINSL’HARMATTAN
Anne-Marie DROUIN-HANSL’Éducation, une question philosophique, Paris, Anthropos, 1998.– Éducation et utopies, Paris, Vrin, 2004. (Dir.)Relativisme et éducation,Paris, L’Harmattan, 2008. Joëlle ZASKL'opinion publique et son double (vol.1.L'opinion sondée; vol.2,John Dewey, philosophe du public.) Paris, L’Harmattan, 1999.Art et démocratie. Peuples de l’art. Paris, PUF, 2003. Participer : Essais sur les formes démocratiques de la participation, Lormont, Editions le Bord de l’eau, 2011. Pierre STATIUSDe l'éducation des modernes, Paris, L'Harmattan, 2009.François Furet, Révolution, grande guerre et communisme, Paris, Cerf, 2011. Laurent DESSBERGDewey, Durkheim : la discipline scolaire et le(Avec Denis Meuret), « politique »,Penser l’éducation, 27, 2010.– « La notion de croissance chez Dewey et Rorty »,Télémaque Le , 37, Mai 2010, pp. 47-60.– “Henri Bergson and The Moral Conditions of Marranism”, in A.-N. Ludewig, H. Lund & P. Ferruta,Concealed faith or double identity? "Marranism" in the 19th and 20thcenturies, Hildesheim, Olms Verlag, 2011. Alain PIERROTGrammaire française de l’intégration ou jeux de langage et mythologie, Paris, Fabert, 2002.– « Rorty et le réalisme ordinaire »,Raison présente, 113, 1995. – « La philosophie fascinée par son passé »,Esprit,117-118, 1986. Denise EGÉA-KUEHNELevinas and Education: At the Intersection of Faith and Reason. Paperback edition. London: Routledge, 2011.– (avec Gert Biesta, J.J.),Derrida & Education. Routledge, 2011 – “Serres’s New Landscape for Knowledge,” in G. Bottà and M. Harmanmaa (éds.),Language and the Scientific Imagination, Helsinki, 2010http://hdl.handle.net/10138/15210 © L'HARM ATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96366-5 EAN : 9782296963665
INTRODUCTION: LAMERICANTOUCH
1 Anne-Marie DROUIN-HANS
Prendre la philosophie de l’éducation aux États-Unis comme objet d’étude repose sur un triple pari : 1) il existe une philosophiedel’éducation, ou tout au moins une philosophie spécifiquement orientée vers ce qui touche à l’éducation ; 2) l’éducation peut être un objet philosophique sur lequel l’entente, ou au moins le débat, est possible (ou encore, il n’y a pas incommensurabilité entre les divers discours traitant d’éducation) ; 3) cela a un sens de définir un champ de recherche, un domaine de pensée, en fonction d’une localisation géographique (ici les États-Unis), associés alors à une tradition historique.
Quant à l’expression elle-même de « philosophie de l’éducation aux États-Unis », elle peut être prise en deux sens : soit philosophie del’éducation américaine,soitphilosophie de l’éducationaméricaine. Le premier sens suggère que l’on se penche sur la particularité nationale d’une éducation, le second, que l’on se centre sur la particularité nationale d’une 2 philosophie . Le problème reste de savoir quel type de relations ces deux sens entretiennent.
1  Présidente de la SOFPHIED (Société francophone de philosophie de l’éducation) de 2006 à 2012. 2  La revueLe Télémaquepublié il y a dix ans, sous la responsabilité de a Pierre Statius et Hervé Touboul, un dossier, dont le titre,Éducations américaines ?, avec son point d’interrogation, souligne aussi la difficulté de penser à la fois l’éducation et la philosophie de l’éducation d’un point de vue national, et néanmoins son intérêt. VoirLe Télémaque, n°20, Presses universitaires de Caen, 2001.
8Philosophie de l’éducation : itinéraires américains
« Philosophie de l’éducation aux États-Unis » : une formule simple pour une question complexe
L’une des questions classiques de la philosophie est de s’interroger sur elle-même. Dans son opuscule « Qu’est-ce que la philosophie ? » Heidegger donne à cette question toute sa légitimité et sa valeur, en en faisant la question philosophique par excellence, à laquelle la seule réponse est de questionner encore.
Se demander ce qu’est la philosophie de l’éducation est une façon d’entrer dans le débat par une porte un peu plus étroite, spécifiant un domaine particulier parmi l’infinité de tous les objets possibles de la philosophie. Mais cette porte une fois ouverte, l’horizon s’épanouit en de multiples paysages, où se côtoient, s’opposent, s’interpénètrent… des concepts et des pratiques, des techniques et des valeurs, des critiques et des objectifs, bref, des lieux traversés par des questions proprement philosophiques, où les résultats de recherche offerts par les diverses disciplines scientifiques se penchant sur l’éducation offrent quelques repères. Si les objets de la philosophie sont infiniment nombreux, ceux de la philosophie de l’éducation le sont eux aussi, un peu à la façon dont les nombres pairs ne sont pas moins nombreux que l’ensemble des nombres entiers, bien qu’ils n’en soient qu’une partie…
Prendre la philosophie de l’éducation aux États-Unis comme objet d’étude particularise encore davantage la réflexion tout en s’engouffrant dans un autre type d’infinité. À ce titre il est certainement impossible de prétendre faire le tour d’un tel objet. Et ce, d’autant plus que « la philosophie de l’éducation aux États-Unis », comme tout phénomène culturel et intellectuel, n’est pas une entité close sur elle-même : elle reçoit des influences et influence à son tour, à des degrés et des rythmes divers.
Introduction : l’American Touch 9
Les cinq articles qui composent ce volume invitent à faire connaissance avec quelques modes de pensée différents de ceux habituellement développés dans la tradition française. Le choix des auteurs de référence présents dans ces textes met en lumière une part de l’environnement théorique au sein duquel s’élabore, aux États-Unis, la philosophie en général et en particulier la philosophie de l’éducation : le souci de la nature et des valeurs de la démocratie, l’alliance de l’éthique et de l’affectif, une épistémologie à coloration métaphysique et politique, l’attention portée à l’expérience et aux rapports interpersonnels.
Les problèmes évoqués montrent toutefois que d’un lieu à l’autre, d’un passé à l’autre (ceux de la France et des États-Unis), on retrouve des préoccupations convergentes sur le statut et les finalités de l’éducation, ainsi que sur la légitimité et l’identité de ce domaine spécifique qu’est laphilosophie de l’éducation: le besoin d’une réelle reconnaissance philosophique, associé à une interrogation inquiète sur la pertinence possible de ce champ de recherche auprès des 3 praticiens .
Les auteurspharessont pas nécessairement des ne philosophesdemais, ici où là dans leur œuvre, ils l’éducation, parlent d’éducation, et la philosophie de l’éducation s’y réfère comme source de réflexion et lieu propice au déploiement de la pensée.
Si John Dewey reste le plus central et le plus largement cité, il est précédé, en amont, par Ralph Waldo Emerson, Henry David Thoreau, Charles Sanders Peirce ou William James, et suivi, en aval, par Richard Rorty, John Rawls, Allan Bloom, Charles Taylor, Michael Walzer, ou encore Stanley Cavell, sans qu’aucun parmi ces divers auteurs ne soit unanimement invoqué.
Loin d’être inconnus en France, leur présence dans les textes offre un horizon de pensée qui fait contraste avec les 3  Le texte de Denise Egéa-Kuehne dans ce recueil est très éclairant sur ce point.
10Philosophie de l’éducation : itinéraires américains
interrogations récurrentes sur l’école républicaine et l’égalité des chances, sur le rapport au savoir et les problèmes des banlieues, sur la question de la laïcité ou de la culture…
La nature, partenaire de la philosophie
La référence à Emerson peut traduire le souci de reconnaître un droit de cité au sentiment de la nature dans son sens le plus communément utilisé. On a pu voir ainsi dans la philosophie d’Emerson une « subversion des catégories de la philosophie traditionnelle venue d’Europe, au profit d’une 4 philosophie de l’ordinaire » . Dans son essai intitulé « Nature » (publié anonymement en 1836), Emerson se propose de conduire les lecteurs à « entretenir » (le terme anglais,enjoy, est 5 plus fort) « une relation originale avec l’univers » .
Emerson développe aussi dans cet esprit des idées éducatives dans l’un des textes rassemblés après sa mort, 6 Education. Dansen 1863 et 1864)  (écrit Nature Emerson s’attachait à montrer la beauté du ciel et de la lumière, des arbres mêmes dépourvus de feuilles, du « calice en étoiles des fleurs mortes », des « tribus d’oiseaux et d’insectes », ou de la rivière qui « est une fête continuelle qui se pare tous les mois 7 d’un nouveau décor » . Cette philosophie poétique et très
4 Voir Sandra LAUGIER, « Emerson, père fondateur refoulé ? »,Raisons politiques, 4, 2006, n° 24, pp. 9-31. 5 Ralph Waldo EMERSON,LaNature,traduit de l’américain par Patrice Oliette Loscos, Paris, Allia, 2004, p. 7. (Texte anglais : « Why should not we also enjoy an original relation to the universe? », R.W. Emerson,Nature[1836], in Selected writings,with an introduction by Charles Johnson, New York, Signet Classic, New American Library (Penguin Group USA) [1965], Edited by William H. Gilman, Introduction by Dr. Charles Johnson, 2003, pp. 181-224 [citation : p. 181]). 6  Voir EMERSON,Education[1863, 1864], inSelected Writings, op. cit., pp. 475-485 (seule la deuxième moitié de cet essai est publiée dans ce recueil, mais on peut prendre connaissance de l’ensemble à l’adresse suivante : http://www.vcu.edu/engweb/transcendentalism/authors/emerson/essays/educat ion.html#crit). 7  EMERSON,La Nature, trad. Loscos,op. cit., pp. 22 et 23. Voir aussi dans Selected Writings,op. cit., pp. 189 et 190.
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