Philosophie et kénose chez Simone Weil
274 pages
Français

Philosophie et kénose chez Simone Weil , livre ebook

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274 pages
Français

Description

L'auteur tend à démontrer l'influence majeure, suite à la lecture de l'Hymne aux Philippiens de saint Paul, du principe de la kénose divine sur le travail de la philosophe Simone Weil. Après cette rencontre scripturaire, elle n'aura alors de cesse d'actualiser, dans ses écrits et ses engagements, cette invitation à l'imitatio Christi dont l'objet est de réaliser le détachement et le don de soi.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2016
Nombre de lectures 63
EAN13 9782140003806
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Christine Hof
PHILOSOPHIE ET KÉNOSE
CHEZ SIMONE WEIL
De l’amour du monde à l’Imitatio Christi
Préface d’Emmanuel Gabellieri
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Philosophie et kénose chez Simone Weil De l’amour du monde à l’Imitatio Christi
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Mahamadé SAVADOGO,Théorie de la création, Philosophie et créativité, 2016. Marc LEBIEZ,Œdipe athée, Les hommes abandonnés des dieux, 2016. Philippe FLEURY,Nicolas de Cues et Giordano Bruno, philosophes de la Renaissance, 2016. Christian SALOMON,La Condition corporelle, 2015. Edmundo MORIM de CARVALHO,Paradoxes et peinture I : Escher, Klee, Kandinsky, Matisse, Picasso, 2015. Edmundo MORIM de CARVALHO,Paradoxes et peinture II : Monochrome, Hyperréalisme, expressionnisme abstrait et pop art, 2015. Lenka STRANSKA, Hervé ZÉNOUDA (dir.),Son – image – geste. Une interaction illusoire ?, 2015. Jean-Luc EVARD,Du sensible au sensé, 2015. Philippe FLEURY,Philosophie de l’histoire et cosmopolitisme, 2015. Aouichaoui Mohamed KARRAY,Thomas Hobbes et l’idée de puissance, 2015. Jalal BADLEH,De Derrida à Lévinas, La dette et l’envoi, Le temps de l’autre, La déconstruction et l’invention du futur, 2015. Lilia BACHA,Le Regard en-péché, Réflexion sur le regard porté sur le corps féminin, 2015. Andreas WILMES, Johan-Antoine MALLET (eds),Figures philosophiques du conflit, 2015. Adrien DIAKIODI,Le combat philosophique de Maurice Blondel contre la double ignorance des masses,2015. Samir MESTIRI,L’ironie de Socrate. Essai sur l’ironie philosophique, 2015.
Christine Hof Philosophie et kénose chez Simone Weil De l’amour du monde à l’Imitatio Christi Préface d’Emmanuel Gabellieri
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08367-4 EAN : 9782343083674
À Jeanne et André, mes grands-parents
PRÉFACE L’exceptionnelle unité de la pensée et de la vie chez Simone Weil a été soulignée de plusieurs manières. Pensée de l’unité entre contradiction et médiation, philosophie du travail, spiritualité de l’attention, éthique de la compassion et de l’action, métaphysique de la « plénitude de l’être » comme don et amour...autant de traits constants traversant toute l’œuvre, des années de jeunesse à celles de la maturité (si l’on peut parler ainsi pour un auteur disparu à 34 ans, mais dont les premiers textes de génie sont écrits à 16 ans !). Ainsi a pu s’imposer peu à peu, non sans débats, et par-delà les « ruptures » qu’on a longtemps cru indépassables (comme si la « seconde » Simone Weil, mystique, n’avait rien à voir avec la « première », révolutionnaire et agnostique), la compréhension d’une continuité profonde de l’inspiration weilienne.  L’évidence de la continuité étant acquise, un autre risque peut néanmoins avoir lieu, consistant, en sens inverse, à minimiser la nouveauté issue de l’expérience mystique de la fin des années 30. Ainsi, pour prendre ces exemples, si le sens du sacrifice de soi pour autrui est déjà présent tout entier dans la célèbre dissertation sur « le beau et le bien » présentée à Alain à l’âge de 16 ans, ou bien si le schème de la « décréation » est déjà présent dans la philosophie de la « perception-travail » du début des années 30, qu’y a-t-il de vraiment nouveau dans les références ultimes au christianisme, lesquelles seraient en fait déjà là dans ce qui était autant d’« Intuitions-préchrétiennes » ?  L’ouvrage que l’on va lire peut être vu comme une réponse à cette question. Peu en effet, jusqu’ici, ont présenté avec autant de conviction la continuité d’inspiration de Simone Weil dans la pensée
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et dans l’action. Mais aucun n’a, simultanément, souligné avec autant de force une des nouveautés les plus remarquables qui apparaît dans les Cahiers de Marseille, nouveauté à partir de laquelle Simone Weil n’a cessé jusqu’à sa mort de repenser ses expériences antérieures -mais aussi celle des autres traditions spirituelles- à la lumière de l’expérience chrétienne. Cette nouveauté est en effet celle de la fulgurance avec laquelle, lors de sa lecture intégrale du Nouveau Testament effectuée en 1941-42, Simone Weil se focalise sur la kénose du Christ, et particulièrement sur « l’Hymne aux Philippiens » de Saint Paul. Jamais n’avait été ainsi mise en pleine lumière, parallèlement à la lecture des Évangiles, et notamment de Saint Jean, l’importance de la lecture weilienne de Saint Paul. Mais le plus essentiel est encore ailleurs, et réside dans le fait que la lecture de l’hymne aux Philippiens est à l’origine directe du concept de « décréation » forgé par Simone Weil. Or, il faut avouer que dans la philosophie contemporaine, peu de concepts ont été objet de contresens aussi profonds. Comprenant la « dé-création » comme une négation pure et simple de la création, aveugle au fait que Simone Weil emploie pourtant de manière graduée « dé-création », « re-création », « nouvelle naissance » et même « résurrection », on a voulu y découvrir, soit une preuve du « gnosticisme » ou du « nihilisme » de Simone Weil, soit l’expression d’une « haine de soi » dont une vie aussi dévorée par la volonté de sacrifice ne pouvait être que le signe. L’immense mérite de l’ouvrage de Christine Hof, s’appuyant sur l’édition critique des Cahiers de Marseille dans les Oeuvres complètes, est d’en finir avec ces mésinterprétations et ces errements. Comme le montre en effet la manière avec laquelle le terme « décréation » surgit sous la plume de Simone Weil dans le prolongement direct des citations de l’Hymne aux Philippiens et de l’interrogation « comment devons-nous l’imiter ? », le sens profond de la décréation est d’être, de manière consciente ou inconsciente, une participation à la kénose du Christ. L’imitatio Christi de Simone Weil est une « imitatio kenosis » dont l’objet est de réaliser le détachement et le don de soi jusqu’à la mort, à l’image du Christ.  Une telle mise en lumière fait justice, d’une manière qu’on aimerait définitive, de toutes les mésinterprétations nihilistes de Simone Weil. Elle souligne aussi non pas seulement le christianisme, mais le christocentrisme de Simone Weil, un christocentrisme qui est la véritable clef de voûte de la pensée weilienne, à partir duquel
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Christine Hof peut relire l’ensemble de la vie et de l’œuvre weilienne. A la lumière de la lecture de l’Hymne aux Philippiens, le schème kénotique apparaît en effet comme la révélation en plénitude du sens de l’appel au détachement et au don de soi qui n’a cessé d’habiter Simone Weil depuis son adolescence (partie I). Mais c’est aussi à partir de lui que s’opère la lecture universelle des « formes de l’amour implicite de Dieu » en 1942 (partie III). La mise en perspective ainsi dégagée, dans le faisceau de convergences qu’elle révèle, fait preuve par elle-même, et l’on s’étonne qu’elle n’ait pas davantage été perçue jusqu’ici.  Comment apprécier un tel christocentrisme ? La fascination exercée par la radicalité weilienne a trop souvent conduit à vouloir repérer et analyser une idiosyncrasie psychologique, spirituelle qui lui serait tellement propre qu’elle ne révélerait que sa singularité, et rien de véritablement universalisable. Cet ouvrage montre l’exact contraire. Tout en reconnaissant ce qu’il y a d’inimitable et d’absolument singulier chez Simone Weil, il montre comment sa pensée cherche à exprimer à nouveaux frais l’intelligibilité universelle du christianisme. Ce que l’on a appelé « intuitions pré-chrétiennes » chez Simone Weil, qu’elle étend jusqu’aux pressen-timents de la kénose divine dans d’autres religions et spiritualités, ne signifie pas en effet une appropriation chrétienne de ce qui ne le serait pas, mais pas davantage une « dilution » de la révélation chrétienne dans ce qui ne serait pas elle. Reprochera-t-on à Simone Weil, retrouvant l’antique doctrine des « semences du verbe », de trop voir ces « semences » en toutes choses et toutes cultures ? Mais c’est pour elle la vérification de ce que, par l’Incarnation, le Christ s’est uni à tout homme, la certitude de la présence du Verbe en toute chose, car « en lui tout a été fait ». Faut-il reprocher à l’Évangile d’être « trop » christocentrique ? Mais Simone Weil rompt avec un christianisme étroit qui, s’étant replié sur le déclin de sa puissance occidentale, a trop souvent oublié l’universalité de la Croix.  Simone Weil est-elle philosophe ? Est-elle théologienne ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, Simone Weil semble ignorer ce partage, tournant si facilement à la séparation et à l’opposition, et auquel non seulement le rationalisme occidental mais aussi une grande part de la pensée chrétienne s’est habituée. Non pas qu’elle n’ait pas été une philosophe de profession aussi rigoureuse que son maître Alain. Non pas que bien des pages qu’elle a écrites ne pourraient parfois rendre jaloux les théologiens professionnels. Mais
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