Qu est-ce qu une crise ?
104 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Qu'est-ce qu'une crise ? , livre ebook

-

104 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet essai aborde un thème encore non traité dans une perspective méthodologique. En général, le concept de crise est accompagné soit d'un adjectif ou d'une préposition, en ce que toute crise est toujours crise de… Mais on n'étudie pas le concept de crise en soi. D'où l'originalité et la nouveauté de cette réflexion. Ce texte succinct suggère un cadre théorique critique pour l'analyse d'une crise quelconque, à partir de la méthode dialectique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 40
EAN13 9782336356235
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique

Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
Dernières parutions
Vincent Davy KACOU, Paul Ricœur. Le cogito blessé et sa réception africaine , 2014.
Jean-Louis BISCHOFF, Pascal et la pop culture , 2014.
Vincent TROVATO, Lecture symbolique du livre de l’Apocalypse, 2014.
Pierre CHARLES, Pensée antique et science contemporaine , 2014.
Miklos VETÖ, La métaphysique religieuse de Simone Weil , 2014.
Cyril IASCI, Le corps qui reste. Travestir, danser, résister ! , 2014.
Jean-Michel CHARRUE, Néoplatonisme. De l’existence et de la destinée humaine , 2014.
Sylvie PAILLAT, Métaphysique du rire , 2014. Michel FATTAL, Paul de Tarse et le logos, 2014.
Miklos VETO, Gabriel Marcel. Les grands thèmes de sa philosophie , 2014.
Miguel ESPINOZA, Repenser le naturalisme , 2014. NDZIMBA GANYANAD, Essai sur la détermination et les implications philosophiques du concept de « Liberté humaine » , 2014.
Auguste Nsonsissa et Michel Wilfrid Nzaba, Réflexions épistémologiques sur la crisologie , 2014.
Titre


Glodel Mezilas







Qu’est-ce qu’une crise ?
Eléments d’une théorie critique
Copyright























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70634-4
Citations

L’être est mouvement.
Héraclite
Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières, mais il s’agit de le transformer.
Karl Marx
La totalité concrète est donc la catégorie fondamentale de la réalité.
György Lukács
Dèyè mòn gen mòn (il y a montagne derrière la montagne).
Proverbe haïtien
Si nous ne changeons pas nos modèles mentaux, nous ne pouvons pas résoudre les problèmes que nous avons créés avec ces mêmes modèles mentaux.
Albert Einstein
Sommaire
Sommaire Couverture 4e de couverture Ouverture philosophique Titre Copyright Citations Sommaire Introduction 1. L’idée de crise 2. Crise et temporalité 3. Crise et spatialité 4. Crise et ordre social 5. Crise comme totalité 6. Crise et théorie Conclusion : Crise et imagination Philosophie aux éditions L'Harmattan Adresse
Introduction
Pourquoi surgit une crise ? Quel est le rapport entre sa temporalité conjoncturelle et sa temporalité structurelle ? La crise est-elle la manifestation de la totalité du concret ? Quel est le rapport entre l’objectivité de la crise et la subjectivité qui l’interprète ? Comment capter conceptuellement les déterminations immanentes de son être ? Défie-t-elle l’imagination politique et utopique ? Une crise est-elle aussi une crise des théories et des catégories qui lui sont antérieures ? Telles sont les questions auxquelles cette analyse tente de fournir des éléments de réponse.
La crise est un phénomène complexe, total, contradictoire, en mouvement et problématique. Ce qui implique qu’il faut en produire un concept abstrait formel, en en fournissant une représentation critique, laquelle permettra de saisir son mouvement interne, sa complexité phénoménale, son caractère inédit et irréductible au statut quo ante. La crise se présente comme un évènement, un phénomène inouï, radicalement nouveau, dont la signification ne dépend pas du déjà existant. Elle s’apparente à l’idée de supplément dont parle Jacques Derrida 1 , en ce qu’elle dépasse l’ordre existant. Sa signification est hors système, hors totalité. Le supplément n’est pas complément, mais pure extériorité. Cette extériorité met en question la totalité fermée du statu quo. Aussi, la crise est porteuse d’une utopie non encore reconnue ou identifiée par la raison théorique. Seul l’imaginaire est capable de concevoir le potentiel qui l’accompagne. La crise est donc un défi à la raison instrumentale et un appel au déploiement de l’imaginaire rebelle à l’ordre routinier. Aussi, la crise comme évènement implique l’avènement d’une décision critique permettant de dépasser la logique du statu quo.
Etymologiquement, le terme de crise vient du grec krisis et renvoie – dans son sens médical – au moment nécessaire de prendre une décision qui va soit vers l’amélioration, soit vers la détérioration d’une situation. Sur le plan juridique, elle est le moment où le juge doit décider. Au Moyen Age, le terme se limite au niveau médical. Au XVIII e siècle, on mentionne des crises dans l’Eglise et dans l’Etat. Au XIX e siècle, le terme désigne toute période de tension et de trouble 2 .
La crise s’apparente au dieu romain appelé Janus : il a deux têtes dont l’une tourne vers le passé et l’autre vers l’avenir. Cette ambivalence de la crise implique à la fois une phénoménologie – une description dense de son essence interne –, une psychanalyse – une exploration en profondeur de son inconscient, son non-dit, son invisible à travers ses manifestations visibles, et une herméneutique – une interprétation qui suppose un projet de transformation du réel concret. Ces moments phénoménologique, psychanalytique et herméneutique permettent de capter la nature complexe, hétérogène, occulte, rusée, problématique et projective de toute crise. Cette imbrication interdisciplinaire dépasse toute vision partielle et partiale de l’analyse d’une crise.
Toute crise se présente donc soit sous forme de l’imprévu ou de l’imprévisible, en venant bouleverser la normalité des choses. Dans ce sens, elle suppose la dialectique de la conjoncture, de la rupture et de la décision. Autrement dit, elle oblige à mettre en relation la rupture conjoncturelle et la décision structurelle. Il y a donc un champ de possibilités pour l’action, et cette action se trouve dans le « pas-encore », le possible de la crise ; dans ce sens, elle est porteuse d’une « ontologie du possible » ou du « principe d’espérance », pour utiliser une expression chère à Ernst Bloch. La crise se présente comme l’opportunité de penser les différentes possibilités alternatives du réel, lesquelles n’avaient pas été expérimentées antérieurement. Au sein de la crise, il y a implicitement une théorie des virtualités objectivement réelles, mais elles ne sont possibles que par la subjectivité animée du désir de découvrir l’inconnu, en sortant des sentiers battus et des formes de raisonnement sclérosées voire fossilisées. La nécessité de sortir des lieux communs résulte aussi de la conjoncture dans laquelle surgit la crise.
L’intensité conjoncturelle de la crise est liée à une sorte de densité temporelle. La crise a une mémoire temporelle plurielle, en ce que le moment conjoncturel sous-tend la dimension structurelle. Ce qui veut dire qu’elle met en relation le temps de la conjoncture et le temps de la structure. Ces deux temps forment un tissu de relations internes qu’il faut déchiffrer dialectiquement pour saisir la nature complexe de la crise. Celle-ci est ouverte, indéfinie, indéterminée, contingente, problématique. Ces caractéristiques de la crise invitent donc à la créativité conceptuelle en vue de capter ses richesses inouïes. Cette inventivité conceptuelle résulte de la captation de la réalité concrète et d’une utopie transformatrice du statu quo.
Dans ce sens, la captation de la crise dans son essence interne suppose un penser épistémique et non un penser théorique. Le premier signifie qu’il ne faut pas s’armer de catégories toutes faites pour saisir la nature de la crise. Le deuxième réfère à un ensemble d’affirmations dogmatiques sur le réel bien avant de s’y ouvrir. Le penser épistémique reconnait la nature complexe, indéterminée, ouverte et hétérogène de la crise et cherche à traduire par une conceptualisation a posteriori sa nature interne 3 .
L’idée de crise est avant tout la manifestation d’un ensemble de possibilités qui s’offre

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents