René Schérer
148 pages
Français

René Schérer , livre ebook

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148 pages
Français

Description

De tous les professeurs ayant participé à l'expérience vincennoise, René Schérer apparaît comme le philosophe hospitalier par excellence, c'est-à-dire celui qui invite à philosopher ensemble dans une communauté de réflexion et de discussion. Mais ce recueil rappelle que la communauté homogène est impossible, fantasmatique du seul fait que l'homogène est la destruction de la communauté. C'est pourquoi le philosophe hospitalier convie à une "communauté de singularités" constituée par la diversité et la pluralité.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 45
EAN13 9782296538092
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Sous la direction de BRUNO CANY ET YOLANDE ROBVEILLE
RENÉ SCHÉRER
ou LA PAROLE HOSPITALIÈRE
Bruno CA N Y et Yolande ROBV EILLE
RENÉ SCHÉRER
OU LA PAROLE HOSPITALIÈRE
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren  Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.  Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.  Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Pierre BILLOUET (dir.),Herméneutique et dialectique. Hommage à André Stanguennec, 2012. Laura LLEVADOT,La philosophie seconde de Kierkegaard. Écriture et répétition, 2012. Lucie REY,Les enjeux de l’histoire de la philosophie en France au XXe siècle. Pierre Leroux contre Victor Cousin, 2012. Flora BASTIANI,La conversion éthique. Introduction à la philosophie d’Emmanuel Levinas, 2012. Maria KAKOGIANNI,De la victimisation, 2012.
Sous la direction de Bruno CANY et Yolande ROBVEILLE RENÉ SCHÉRER
OU LA PAROLE HOSPITALIÈRE
Publié avec le soutien du Laboratoire d’études et de recherches sur les Logiques Contemporaines de la Philosophie (LLCP) de Paris 8. Ce recueil est issu d’une journée d’études philosophiques tenue autour de René Schérer, le 19 octobre 2011, à l’Université Paris 8 « Saint-Denis à Vincennes ». © L’HARMATTAN, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-29899-3 EAN : 9782336298993
Préface de Bruno CANYPolyphonique Philosophie Ce recueil est issu d’une journée d’études, tenue autour de René Schérer, le 19 octobre 2011, à l’Université Paris 8 « Saint-Denis à Vincennes ». Rencontrer la pensée de René Schérer, plusieurs intervenants y reviennent, c’est faire la rencontre d’un homme et d’une parole. Pas de philosophie sans philosophe, donc, et pas davantage de d’« homme philosophe » sans parole philosophique. La question du lieu de déploiement est ainsi essentielle ; et c’est pourquoi le centre expérimental de Vincennes a marqué ceux qui y ont participé. Mais, la postérité est souvent injuste avec les créateurs de Lieux philosophiques (je pense, ici, à François Châtelet, qui est celui dont Schérer était le plus proche, parmi ceux qui constituaient la tribu initiale de notre département de philosophie, et à la création de ce dépar-tement, bien entendu, mais également à celle du Collège international de philosophie), comme si les concepts étaient plus importants que les lieux, où se déploient des pratiques nouvelles et plurielles ! De même, René Schérer est, de tous les professeurs ayant participé à l’expérience vincennoise, celui qui a
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déployé le plus obstinément une pratique de l’ensei-gnement de la philosophie en tant qu’« invitation à philosopher », faisant de lui, pour reprendre une idée chère à Yolande Robveille, le Philosophe hospitalier par excellence. Le philosophe hospitalier est celui qui invite – c’est rappeler, ici et là, dans les pages qui suivent –, à philosopher ensemble, dans une communauté de réflexion et de discussion. Nous pouvons dire qu’Héraclite est celui qui, au seuil de la culture écrite, refuse que la parole écrite soit uniquement l’image de la parole orale et qu’il fait apparaître lelógos philosophique comme parole écrite révélant la contre-tension des oppositions dans cette finalité harmonique que la parole orale ne saurait percevoir ; alors que Schérer, à l’inverse, est celui qui, par sa pratique plurielle de l’oralité, dynamite les codes de l’écriture philosophique académique actuelle. La vocalité philosophique est pour lui l’outil qui refuse cette finalité d’une communauté homogène rassemblée autour de thèses, d’objets ou de pratiques communes. Cette journée d’études, ainsi que ce livre à sa suite, rappelle que la communauté homogène est une commu-nauté impossible, fantasmatique, du seul fait que l’homo-gène est destruction de la communauté. C’est pourquoi la communauté à laquelle nous convie le philosophe hospi-talier est une « communauté de singularités », constituée par la diversité et la pluralité. Si ce petit ouvrage peut faire entendre cette note si difficile à percevoir aujourd’hui, où la communauté dite scientifique se pense en termes de semblables, alors nous serons, Yolande Robveille et moi-même, heureux de faire partager à chacun, aujourd’hui encore, cette dimension si profondément vincennoise de la pratique de la philosophie schérerienne qu’est la « communauté de singularité ».
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Un mot encore : Dans un article, de sesUtopies nomadesDeleuze éducateur , intitulé « », René Schérer explique que sa fidélité à Deleuze ne passe pas tant par une lecture érudite – laquelle transforme en chose morte son objet d’étude –, mais en une reprise et un déplacement des outils deleuziens sur ses propres territoires de pensée (en l’occurrence l’hospitalité et l’utopie). Autrement dit, que « la compréhension philosophique est toujours pragmatique », et que les déformations que cette réception multiple fait subir à la pensée émettrice est la condition de ses métamorphoses et de ses devenirs, c’est-à-dire de sa postérité accomplie. Qu’il me soit donc permis d’ajouter une distorsion à la distorsion : c’est que cet acte pragmatique ne doit pas se limiter à un travail créatif sur le seul concept, mais qu’il doit emprunter également, parmi bien d’autres, ceux de la phrasede la (Lyotard), narration (Faye), ou encore de l’image métaphorique (Nietzsche),picturale (Chirico), cinématographique(Eisenstein)… Que la philosophie, si elle veut rester vive, doit s’ouvrir et aux autres sciences, pour renouveler les concepts, et aux autres pratiques du penser, pour en renouveler les logiques.
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Jean-Paul THOMASDe Husserl à Fourier : un tournant dans l’œuvre de René Schérer ? Permettez-moi de commencer en évoquant deux souvenirs qui m’ont semblé significatifs de la posture philosophique de René Schérer. Le premier remonte au milieu des années quatre-vingt. Une revue, leDoctrinal de Sapience, à laquelle j’apportais ma contribution, et qui était animée par Stéphane Douail-ler et Patrice Vermeren, avait choisi d’interroger René Schérer sur le « système de l’enfance », notamment parce qu’il avait consacré à l’enfance un « album systéma-tique », publié en 1976 dans le numéro 22 de la revue Recherche, album qu’il avait rédigé avec Guy Hocquen-ghem. Stéphane Douailler et moi nous l’avions interviewé à son domicile, dans l’épaisse fumée des nombreuses cigarettes qu’il allumait régulièrement. Les inspirations profondes rythmèrent ses propos pendant une heure trente. Après, il fallut décrypter l’enregistrement. C’est là que nous fûmes surpris. Ordinairement, le décryptage d’un enregistrement au magnétophone est un exercice long et d’autant plus fastidieux que la langue orale, comme on sait, diffère de la langue écrite. Phrases inachevées, répétitions, retours en arrière, redondances abondent et rendent l’exercice assez fastidieux. Il faut tout reprendre et
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