Solidarité
318 pages
Français

Solidarité , livre ebook

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Description

Il nous semble qu'une éthique et une philosophie sociale idéalistes, bâties sur les principes du droit, aident à former des hypothèses plausibles, notamment celle d'une solidarité inconsciente. L'expérience moniste d'unité entre notre représentation et notre volonté peut plaider pour une compréhension du monde. Réexaminons l'utilité et l'inconvénient d'élargir la reconnaissance réciproque des sujets, vers un don de soi au monde.

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Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 14
EAN13 9782296488915
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

La Solidarité chez Hegel, von Hartmann, Tocqueville et Mill
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96966-7 EAN : 9782296969667
Ignace HAAZLa Solidarité chez Hegel, von Hartmann, Tocqueville et Mill
COMMENTAIRES PHILOSOPHIQUESCollection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra Monique CHARLES, Lettres d’amour au philosophe de ma vie. Monique CHARLES, Kierkegaard. Atmosphère d’angoisse et de passion. Walter DUSSAUZE, Essai sur la religion d‘après Auguste Comte. Angèle KREMER-MARIETTI, Nietzsche et la rhétorique. Michèle PICHON, Vivre la philosophie. Lucien LEVY-BRUHL, Correspondance de John Stuart Mill et d’Auguste Comte. Khadija KSOURI BEN HASSINE, Question de l’homme et théorie de la culture chez Ernst Cassirer. Khadija KSOURI BEN HASSINE, La Laïcité. Guy-François DELAPORTE, Physiques d’Aristote. Commentaires de Thomas d’Aquin, 2 tomes. Stamatios TZITZIS, Nietzsche et les hiérarchies. Christina CHALANOULI, Kant et Dworkin. De l'autonomie individuelle à l'autonomie privée et publique. Martin KUOLT, Thomas d’Aquin, Du Mal. Elvis Steeve ELLA, Emmanuel Levinas, Des droits de l’homme à l’homme. Jean-Jacques ROUSSEAU, Essai sur l’origine des langues. Jean-Jacques ROUSSEAU, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Angèle KREMER-MARIETTI, Nietzsche ou les enjeux de la fiction. Abdelaziz AYADI, Philosophie nomade. Stéphanie BÉLANGER, Guerres, sacrifices et persécutions. Constantin SALAVASTRU, Essai sur la problématique philosophique. Hichem GHORBEL, L’idée de guerre chez Rousseau. Volume 1, La guerre dans l‘histoire. Hichem GHORBEL, L’idée de guerre chez Rousseau. Volume II, Paix intérieure et politique étrangère. Edmundo MORIM de CARVALHO, Poésie et science chez Bachelard. Mohamed JAOUA, Phénoménologie et ontologie dans la première philosophie de Sartre. Abdelaziz AYADI, La philosophie claudicante. Jean LEFRANC, La philosophie en France au XIXe siècle. Naima RIHAI, Michel Foucault, Subjectivité, Pouvoir, Éthique. Anna-Teresa TYMIENIECKA, La Plénitude du Logos dans le registre de la vie. Emmanuelle CHARLES, Petit traité de manipulation amoureuse. Monique CHARLES, Apologie du doute. Réflexions sur les temps passés et actuels. Angèle KREMER-MARIETTI, Les ressorts du symbolique. Babatte BABICH, La fin de la pensée ?
Avant-propos
Nous regroupons ici les résultats de différentes études qui convergent autour de la question si la solidarité devrait être considérée comme un remède philosophique au mal. Notre usage du terme « solidarité » sera parcimonieux afin de rester fidèle au vocabulaire des auteurs que nous avons choisis pour traiter d’un ensemble de thèmes fondamentaux, en rapport avec une compréhension de la solidarité telle qu’elle est véhiculée par le langage ordinaire. Il y a d’une part, l’aboutissement d’un travail de recherche issu d’une collaboration postdoctorale à l’Université de Fribourg. Il porte sur le thème de l’éthique pénale et de la censure de certains comportements dans une société, sujet que dès le départ nous avons associé à D. Hume et à la tradition philosophique et politiques du libéralisme anglo-1 saxon . D’autre part, avec G.W.F. Hegel, A. Schopenhauer, E. v. Hartmann, nous avons voulu aussi suivre une ligne communautariste, une manière d’appréhender la philosophie politique dite « continentale », de lui redonner la parole dans un contexte de supposée domination libérale. Ceci nous a permis de rassembler le matériel de la première partie de ce livre, qui traite des fondements d’une légitimation de l’ordre social parla reconnaissance réciproque, qui est axée sur une critique des notions de blâme et de honte. Nous nous sommes rapidement confrontés avec la pensée contemporaine du moralisme légal, dont A. v. Hirsch et A. Duff sont les représentants, non pas parce que ces auteurs se basent sur un grand système, à la manière dont le font ceux ordinairement classés comme idéalistes allemands, mais parce qu’un caractère néoclassique de traiter du blâme et de la sanction, rend la comparaison avec 2 la doctrine hégélienne utile . Dans le contexte de la réception de l’idéalisme allemand, quant à la manière de lui assigner un univers d’interprétation relativement clos, nous faisons le choix méthodologique de lire Hegel, non pas comme un système d’interprétation typiquement hégélienne, mais au regard d’une 1 Cf. Haaz, (2009), 235 et suiv., cf. aussi : Haaz (2010). 2 Cf. Seelmann (2011), 84.
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tradition de confrontation schopenhauerienne, grâce à E. v. Hartmann, qui reconnaît explicitement une double paternité à sa pensée éthique et politique. Le matériel de cette première partie est donc formé d’une réflexion sur la signification de la censure dans une communauté, car c’est un point de départ partagé par Hegel, Hartmann et le moralisme légal d’aujourd’hui. Cette réflexion se veut d’abord une présentation des grandes lignes de la philosophie du droit de Hegel, qui présente une forme classique de légitimation par la reconnaissance réciproque, et qui garde une signification actuelle. Cette approche est tout de suite facile à saisir et porteuse d’un espoir normatif important, elle permet à la fois de s’éloigner d’un formalisme de la loi morale, par la présentation d’une vie éthique propre à une communauté, à la fois présente-t-elle la peine sur différents niveaux de fondation, comme une restauration de l’équilibre de droits humains, après des souffrances causées par une volonté peu équilibrée. Comment introduire une sanction dans un système de reconnaissances réciproques, sans déséquilibrer la règle même que nous fixons pour mesurer une balance harmonieuse des rapports humains ?
E. v. Hartmann voit l’explication de cette aporie de la reconnaissance réciproque dans un ensemble de principes rationnels de la vie éthique, imbriqués dans la notion de justice. Appliquée à la sanction et au blâme, l’originalité de son éthique pénale est de situer la reconnaissance réciproque en relation à une structuration axiologique de l’expérience, vers une compréhension pessimiste de l’existence qui aboutit à deux postures éthiques. Postulant un optimisme éthique et religieux, Hartmann présente une métaphysique de l’expérience éthique qui repose sur un principe absolu qui devrait, premièrement, être entendu comme une éthique de la fuite du monde, l’abandon des choses extérieures, afin que l’esprit se tourne vers la vie intérieure, et poursuive l’unité de l’expérience qui organise les choses. Il s’agit, deuxièmement, de prendre en considération que les principes éthiques de Hartmann convergent vers l’hypothèse d’un don, d’unesolidarité. Celle-ci s’adresse à tous êtres vivants, par-delà la sanction et le moralisme, par une sorte de débordement, une communication
LA SOLIDARITÉ CHEZ HEGEL, VON HARTMANN, TOCQUEVILLE ET MILL
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du bien, c’est-à-dire par la sympathie et par un mouvement d’assimilation vers la transcendance et l’exemple de la vertu. La seconde partie de ce livre prolonge des discussions motivantes que j’ai eues avec mes élèves, lors d’un séminaire sur Tocqueville, au sujet de la notion emblématique d’association, à travers un auteur qui a pensé le libéralisme français comme ayant des spécificités, à côté des modèles anglais et américain. A. de Tocqueville manifeste une curiosité intéressée en direction de solidarités de groupes d’individus dans la société civile, qu’il décrit par toutes sortes de pseudocommunautés, pointant avec prémonition comment celles-ci devraient permettre aux minorités d’obtenir les moyens d’une expression démocratique efficace. Appartenir à un groupe et ceci va de n’importe quel club sportif jusqu’à l’association au sens plus noble du terme, celle plus véritablement spirituelle et politique que constitue la collaboration avec un éditeur et un journal permettent d’élargir un contractualisme très individualiste, hérité de la doctrine de J. J. Rousseau. En effet, Tocqueville souhaite prévenir contre un glissement du pouvoir de la majorité vers la tyrannie, c’est pourquoi il remet en question la distinction entre « la volonté générale » et « la volonté de tous », chère à Rousseau. Tocqueville apparaît comme annonciateur d’un libéralisme démocratique contemporain, et d’une liberté de la presse qui entre souvent en conflit avec une liberté de la pensée. Tocqueville est empreint de vives craintes que la légitimation politique démocratique ne suffise pas pour garantir un espace de progrès et de dynamisme social, ainsi que le montre son dialogue avec J. S. Mill. Notre interprétation de la pensée politique et des principes de justice du philosophe français revient sur des termes clés comme « l’intérêt bien entendu », dont nous proposons une lecture axiologique, celle d’une recherche d’un bonheur sans excès. Le voyage en Amérique de Tocqueville l’invite à considérer une expérience positive de la religion, entendue comme une sorte de processus d’abstraction des opinions et de formation d’une autonomie de l’individu. « L’esprit légiste » et le contrôle de constitutionnalité des lois sont peut-être les
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éléments les plus significatifs, du moins dans l’usage contemporain parmi les juristes, qui voient là une garantie de sauvegarde des libertés comparable, quant à la pratique continentale, au principe libéral de J. S. Mill dans le monde anglo-saxon. Enfin Tocqueville est précurseur au sujet de la liberté d’expression, comme mode de délibération démocratique collective, il propose une idée qui trouvera un retentissement important chez J. Habermas. La troisième partie de notre livre puise dans le matériel que j’ai préparé pour une conférence organisée par le Prof. A. von Hirsch, autour du thème d’un principe de solidarité en droit pénal. Nous traitons cette question à partir d’un angle précis : la criminalisation de l’omission de prêter secours, dont nous proposons une interprétation que nous avons voulue aussi proche que possible du principe libéral de J. S. Mill. Pour Mill, seule la prévention d’un dommage à autrui (Harm Principle) justifie l’immixtion de l’État dans les affaires des individus. Qu’en est-il dans ce cadre de légitimation de l’omission d’aider, lorsqu’il existe des conditions dommageables, comme lorsqu’un petit enfant tombe dans une piscine, après avoir trompé la vigilance de ses parents ? Littéralement, le principe de Mill n’autorise pas à pénaliser un comportement d’omission, car c’est le hasard qui met en relation une personne inconnue avec la victime, dans une situation très limitée, que nous venons de décrire. Devrait-on au nom de limites à une ingérence parfois envahissante de l’État garder cette ligne d’argumentation classique, ou bien, avec J. Feinberg montrer que certaines omissions peuvent être comparables à des actes délibérés ? Telle est la question que nous soulevons dans notre troisième partie, qui se veut un hommage à la fois au principe libéral de J. S. Mill, à la fois une mise en abîme au moyen de la proposition de J. Feinberg d’élargir ce principe dans certaines circonstances, lorsqu’on peut parler de conditions dommageables.
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