Déjouer la mort en Afrique
167 pages
Français

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Déjouer la mort en Afrique , livre ebook

167 pages
Français

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Description

"Les morts ne sont pas morts". Dans cet ouvrage, cinq jeunes anthropologues font écho à ce vers célèbre du poète sénégalais Birago Diop à partir de leurs propres recherches ethnographiques au Burkina Faso, au Niger, au Bénin et au Mali. Comment déjouer la mort, en inverser l'inéluctable cours, rendre la vie à ceux qui, tous règnes confondus, furent exposés à ses flèches empoisonnées ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2008
Nombre de lectures 71
EAN13 9782336277691
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Etudes Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa
Dernières parutions
Aimé Félix AVENOT, La décentralisation territoriale au Gabon, 2008.
Jean-Claude OLOMBI, La profession d’Huissier de Justice au Congo , 2008.
Dominique DIETERLE, Ani Sara, Lettres aux enfants du Togo, 2008.
Mamadou KOULIBALY, Leadership et développement africain ; les défis, les modèles et les principes, 2008.
Sylvie BREDELOUP, Brigitte BERTONCELLO, Jérôme LOMBARD (éds), Abidjan, Dakar : des villes à vendre ? La privatisation made in Africa des services urbains, 2008.
Gansa NDOMBASI, Le cinéma du Congo démocratique. Petitesse d’un géant, 2008.
René MANIRAKIZA, Population et développement au Burundi, 2008.
Appolinaire NGOLONGOLO, L’immigration est-elle une menace pour la France ?, 2008.
Lydie Akibodé POGNON, Valeurs du travail et processus psychologiques de l’absentéisme. Revue de la question et perspectives africaines, 2008.
C. DILI PALAI, K. DINA TAÏWE (dir.), Culture et identité au Nord-Cameroun, 2008.
Graham CONNAH, Afrique oubliée. Une introduction à l’archéologie du continent, 2008.
Ghislaine N. H. SATHOUD, L’Art de la maternité chez les Lumbu du Congo . Musonfi, 2008.
Seyni MOUMOUNI, Vie et œuvre du Cheik Uthmân Dan Fodio (1754-1817). De l’islam au soufisme , 2008.
Boubacar BA, Agriculture et sécurité alimentaire au Sénégal, 2008.
Pierre KAMDEM, Le Mouvement associatif de la diaspora camerounaise. Enjeux et perspectives , 2008.
C. DILI PALAI, D. PARE (sous la dir.), Littératures et déchirures, 2008.
Déjouer la mort en Afrique
Or, orphelins, fantômes, trophées et fétiches

Michèle Cros
Julien Bonhomme
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296063181
EAN : 9782296063181
Sommaire
Etudes Africaines Page de titre Page de Copyright Remerciements En guise d’introduction : 1 - L’or « mort ou vif » L’orpaillage en pays lobi burkinabé 2 - Cendrillon chez les Hausa Les imaginaires de l’orphelin à Zinder (Niger) entre fiction et réalité 3 - La mort célébrée Le « vieux Békouli » et les fous qui dansent chez les Lyéla du Burkina 4 - Décentrer la mort Trophées et safari de chasse au Bénin 5 - Mort de l’objet et vif du sujet Des fétiches au Musée National du Mali Postface - « Les morts ne sont pas morts » BIBLIOGRAPHIE
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier tout particulièrement Lucie Buffavand, Christian Mayisse, Sophie Mollin et Bertrand Royer membres de l’atelier « Afrique » du département d’anthropologie de l’Université Lumière Lyon-2 pour leurs commentaires avisés sur les premières versions des articles, Annie Paul du CREA pour son remarquable travail éditorial sur le manuscrit, ainsi que Pauline Guedj et Olivier Leservoisier pour leurs relectures attentives, sans oublier Denis Pryen qui a accepté avec enthousiasme l’idée de cet ouvrage alors qu’il n’était encore qu’un vague projet. Merci enfin à Justin — l’un des nombreux petits-fils de Désiré Tiatouré Pooda — dont le portrait illustre la couverture de ce livre.
En guise d’introduction :
Bander son arc
Michèle CROS
Un : je - te - flèche.
Deux : tu - es - mort.
Trois : je - te - fais - revivre.
Quatre : tu - me - tues.
Cinq - et ainsi de suite, dans ce monde, de comptine en comptine. Ailleurs, on ne sait mais on peut l’imaginer. En France, au siècle dernier, aux enfants partis trop vite vers d’autres cieux, l’on donnait quelques billes à emporter afin qu’ils puissent rejouer encore et encore au paradis. Les enfants jouent pour de vrai, à la mort et à la vie tout à la fois. En Afrique noire, en pays lobi burkinabé, une simple branche d’arbre, une tige de mil, une vieille corde et les voici armés, prêts à décocher, au cas où... Sur la photo de couverture de cet ouvrage, l’arc de notre jeune héros est bandé. Son couvre chef de fortune, un haut de pagne qu’il vient d’emprunter à sa mère, lui donne une belle prestance. Il est prêt, enfin presque, le geste est encore mal assuré, le mouvement des lèvres incertain, la moue douce-amère et ses yeux trop rieurs pour inspirer une indéniable frayeur. La trajectoire de sa flèche s’annonce chaotique. Et pourtant, sous la houlette des garçons de son groupe d’âge qu’il fixe du regard — je m’en souviens fort bien — il s’initie à la gestuelle virile par excellence. Demain, ensemble, ils seront grands.

Un - deux - trois - quatre - cinq chapitres. Cinq doctorants de l’Université Lyon 2, acteurs de l’« Atelier Afrique » qu’ils ont fondé avec leurs deux enseignants, Julien Bonhomme et moi-même, ont écrit ces textes sur les représentations de la mort, un sujet de réflexion anthropologique canonique et qu’ils traitent à la lumière spécifique de leurs terrains ethnographiques. Aucune redite ou presque, ils empruntent des chemins singuliers sur cette voie de réflexion jadis défrichée par celui qui fut mon directeur de thèse, Louis-Vincent Thomas, auquel cet ouvrage rend une sorte d’hommage transgénérationnel. Dans son bureau orange de la rue Saint-Mandé, à Paris, ses propres petits-enfants l’avaient dessiné en squelette riant, se délectant de la bonne chair qu’il avait finit par offrir à des vers de terre affamés. « Ainsi va la vie, on ne cesse de déjouer la mort », m’expliquait-il alors!

Un : Je te flèche .
L’arc et la flèche, tout comme le lance-pierre permettent aux enfants du pays lobi dès l’âge de quatre ou cinq ans de tuer de petits animaux : des oiseaux, des margouillats, quelques rats voleurs. C’est un « jeu » de mort bien souvent utile, un passe-temps alimentaire qui permet d’améliorer la ration quotidienne du gâteau de mil préparé par les mamans ou les grandes sœurs. Les enfants allument leurs propres feux et font griller leurs proies. Certains s’illustrent par leur habilité, des frères plus âgés confectionnent des cibles d’entraînement et lorsque le soir tombe, entre deux parties de foot, on améliore sa technique.

Or.
Nous sommes en juillet 2005, en pays lobi toujours, je retrouve ma grande famille en plein émoi. Des chercheurs d’or venus d’on ne sait où s’approchent de notre village. Il faut leur barrer la route. Et à ma grande surprise, deux grands collégiens enfourchent leurs bicyclettes, armés de leurs arcs et flèches empoisonnées... Des échanges de paroles suffiront finalement à apaiser la situation, pour un temps au moins.
Quentin Mégret, dans le premier chapitre de cet ouvrage, rend compte de l’impact mortifère de cette ruée vers l’or dans cette région frontalière avec la Côte d’Ivoire et le Ghana. Il évoque les vertus combatives de ces nouveaux « guerriers - chercheurs d’or ». Mais l’or vivant ne se laisse pas ainsi capturer sans réagir avec violence. Des Lobi précisent et argumentent : « Ils sont en train de tuer l’or et de se tuer eux-mêmes. L’or prend le sang pour se nourrir ».

Deux  : Tu es mort.
Les enfants lobi ont usé et abusé de leurs armes de fortune. Un peu de sang a coulé, celui d’un garçonnet. lls ne chassaient plus les rats voleurs. Deux bandes s’étaient constituées. La guerre avait été déclarée. Arcs et flèches n’ont pas tardé à être confisqués. On a procédé à un rite collectif d’apaisement. Tous les membres de la grande famille y ont participé et l’un des petits protagonistes de ce jeu dangereux a été confié, pour la saison des pluies, à un oncle lointain, habitant en ville.

Or, orphelins.
Elise Guillermet, dans le second chapitre, met en parallèle le destin de l’enfant terrible qui « se fait lui-même » à celui d’abord craint, puis espéré ou imaginé pour l’orphelin à Zinder, au Niger, en contexte musulman. L’orphelin est considéré comme une victime pourtant promise à un avenir radieux. Ce dernier se trouve dépeint dans nombre de fictions qui tout à la fois « illustrent les transgressions des règles officielles » et les réaffirment. Dans la pratique, d’autres normes sont adoptées suite à l’action des travailleurs sociaux et humanitaires d’aujourd’hui particulièrement désireux d’inverser la trajectoire de vie de ces orphelins.

Trois : Je te fais revivre.
Les enfants du lobi ne restent pas désarmés très longtemps. L’arc et la flèche peuvent être remplacés par un petit casse-tête qu’ils portent sur l’épaule. Combien de fois ne les ai-je pas surpris, partant ainsi armés, à la tombée de la nuit, en file indienne. Ils se rendent à une « danse », ils n’y resteront pas toute la nuit, mais ils tiennent à participer aux f

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