La sécurité alimentaire mondiale
177 pages
Français

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La sécurité alimentaire mondiale , livre ebook

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Description

La quête de la sécurité alimentaire est aussi vieille que l'humanité. Toutes les civilisations ont dû répondre au souci d'approvisionner les populations, au risque de conflits. Longtemps mesurée par la quantité, ce facteur a pris une dimension qualitative depuis les pandémies des années 1990, telle la crise de la vache folle. Ces 34 contributions s'efforcent de caractériser les paramètres politiques, institutionnels, économiques, sociaux et technologiques afin de poser un diagnostic à l'échelle mondiale par grandes filières agricoles et agroalimentaires.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2017
Nombre de lectures 59
EAN13 9782336797991
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de
Jean-Louis Rastoin et Christian Ferault





La sécurité alimentaire mondiale

État des lieux et prospectives




Préface de Patrick Caron,
Cirad, président du Groupe d’experts de haut niveau (HLPE)
du Comité des Nations Unies sur la Sécurité alimentaire mondiale (CSA)









© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

EAN Epbub : 978-2-336-79799-1A V E R T I S S E M E N T
Les auteurs des chapitres de cet ouvrage s’expriment à titre personnel et leurs propos
n’engagent ni leurs institutions, ni l’Académie d’agriculture de France.P R É F A C E
Le bilan des Objectifs du Millénaire met en évidence une bonne nouvelle : la
majorité des pays, 73 des 129 concernés, ont atteint les objectifs fixés pour combattre
la sous-nutrition chronique, en réduisant sa prévalence par deux en 25 ans ou en la
ramenant au-dessous du seuil de 5 %. De même, la prévalence au niveau mondial, qui
frappait 30 % de la population mondiale en 1930, est passée de 18,6 % en 1990-92 à
10,0 % en 2014-2016 selon les évaluations de la FAO. Mais que ces chiffres ne nous
réjouissent pas trop vite   ! Ces améliorations sont effectivement le fait des pays
émergents qui ont connu une croissance exceptionnelle pendant la période. Dans le
même temps, le nombre de personnes affectées est resté le même, environ 800
millions, et ce constat est d’autant plus désolant que l’humanité dispose aujourd’hui
d’aliments en quantité suffisante pour satisfaire les besoins de tous. C’est intolérable :
un enfant meurt toutes les 30 secondes des conséquences de la sous-nutrition. Et
dans le même temps, les carences en micronutriments d’un côté, affectant aujourd’hui
2 milliards de personnes, le surpoids et l’obésité de l’autre, concernant 1,4 milliard, ont
pris une importance considérable et leur expansion, extrêmement rapide et
préoccupante, en font des problèmes majeurs de santé publique. Que la question de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle reste l’un des thèmes premiers de l’agenda
international n’a donc rien de surprenant. Que l’un des 17 Objectifs du Développement
durable soit consacré au triple fardeau imposé par cette question hautement prioritaire
ne doit faire l’objet d’aucun doute.
Cet ouvrage est donc bienvenu. Saluons à cet égard l’initiative prise par l’Académie
d’agriculture de France. Parce que le problème reste entier, mais surtout parce qu’il se
déplace et change de nature. À l’instar de l’Agenda 2030 adopté à New York en
septembre 2015, il revêt aujourd’hui une nature globale et n’est plus uniquement une
question du Sud. Il suffit, s’il en était besoin, de flâner dans le métro parisien pour s’en
convaincre. Le Comité de la sécurité alimentaire ne s’y était pas trompé en affirmant
juste avant la fin du dernier millénaire qu’il ne s’agissait plus uniquement de garantir au
niveau global les apports énergétiques de l’humanité, et que le défi recouvrait de
nombreuses dimensions liées à l’accès, à la stabilité dans le temps, au lien entre diète
et santé, et ce pour chaque individu.
L’initiative de cet ouvrage est opportune, en ce qu’elle s’attache à revoir et actualiser
les images anciennes, parfois dépassées. A commencer par détricoter les destins
intimement liés de l’agriculture et de l’alimentation. Ceci est d’autant plus nécessaire
que nous ne parvenons pas, presque logiquement, à nous défaire du regard porté sur
eces liens au cours du XX siècle. Si d’énormes progrès ont été réalisés en matière de
production et de productivité agricoles en moins d’un siècle, permettant fort
heureusement de déjouer les projections et prédictions malthusiennes, il convient
aujourd’hui de reformuler la question à traiter. Il ne s’agit plus de dire comment
alimenter une population croissante, alors que nous savons par ailleurs que le croît
démographique n’est plus, sauf en Afrique sub-saharienne, le moteur premier de
transformation des systèmes alimentaires. L’enjeu est plutôt de définir et mettre en
œuvre les trajectoires et modalités permettant d’alimenter la planète en tenant compte
de leurs conséquences. En effet, il nous faudra, pour alimenter le monde et chacun de
manière saine et durable, prendre soin des ressources renouvelables, atténuer les
changements climatiques, générer emplois et revenus, renouer avec la fonction
énergétique assignée à l’agriculture après l’exception historique d’une productionquasi-exclusivement dédiée à l’alimentation, et ce dans un contexte de perturbations
politiques et de retour du protectionnisme, de perturbations environnementales,
d’intenses transitions alimentaires et nutritionnelles liées à un processus d’urbanisation
violent, de risques climatiques, sanitaires et énergétiques. Il était logique, alors que
l’humanité vient de passer d’un à sept milliards d’individus en deux siècles, de nous
ecentrer ainsi au XX siècle sur la capacité de production de l’agriculture pour que cette
dernière surpasse un croît démographique inédit. Les révolutions qu’elle a connues ont
en partie limité famines et guerres catastrophiques. Quitte à en oublier le reste. Elles
ont dans le même temps généré une empreinte environnementale et sociale posant
question. Et c’est aujourd’hui aux systèmes alimentaires dans leur globalité, compris
comme l’ensemble des acteurs, institutions et interactions impliqués dans
l’alimentation d’une population, comme dans leur diversité et leur pluralité qu’il faut
s’intéresser. En repositionnant l’agriculture dans les mouvements en cours comme
dans ceux à inventer, et en revisitant la place de la ville tant celle-ci est déterminante
et fait peur par sa capacité à innover.
Réintégrer dans l’analyse comme dans l’action la prise en compte des
conséquences environnementales des modes de production ou encore de la
concentration liée à l’industrialisation de l’agriculture ne sera pas chose facile. Ceci
nous amène, comme le montre l’ouvrage, à nous réoutiller : nouveaux regards,
nouveaux paradigmes comme nous y invite Jean-Louis Rastoin, nouveaux concepts et
outils. Il est à cet égard intéressant de constater, et l’ouvrage le montre fort bien,
comment contextes et concepts évoluent concomitamment, au gré des oscillations
entre oublis et crises, et comment se met en place, progressivement et parfois trop
timidement, une gouvernance mondiale des systèmes alimentaires. Il est fondamental
que l’ensemble des disciplines scientifiques y contribuent ; il l’est tout autant d’adosser
et construire ces avancées à partir d’une confrontation de points de vue et d’expertises
multiples, et parfois contradictoires, à l’exemple de la controverse concernant le
« produire plus ». Sur ce point également, l’ouvrage nous montre la voie.
Produire de nouvelles images représente une noble et ardente obligation de la
science en ces temps d’intenses mutations. Savoir d’où l’on vient et comment nous
projeter est essentiel. Nous inscrire dans l’histoire tout en en modifiant le cours, en
réconciliant les temps passés, présents et futurs, n’est-ce pas là l’essence même du
développement durable   ? Mais il faut pour cela nous défaire des lunettes anciennes,
capter les signaux et ajuster nos regards et visions. Et peut être quelque peu échapper
à l’aphorisme d’Auguste Comte rappelé par Jean-Louis Rastoin dans cet ouvrage :
« Savoir pour prévoir afin de pouvoir » ; le futur est aussi rupture, comme le montrent
les éclairages prospectifs présentés ici et il nous appartiendra d’imaginer et inventer
ces futurs possibles. Il nous appartiendra également d’écrire une route qui ne peut se
dessiner uniquement par projection, mais que les contributions rassemblées dans cet
ouvrage permettent d’éclairer.
A cet égard, l’innovation, en affirmant l’enchâssement de ses différentes
dimensions, techniques comme organisationnelles, représente un enjeu majeur. En se
fondant sur la proximité entre acteurs, producteurs et consommateurs, sur les
solidarités et apprentissages qui en résultent, sur la spécificité de chaque contexte et
situation, l’échelle infra-étatique territoriale est essentielle. Elle peut et doit contribuer
au renforcement des capacités et aux démocraties. Elle est ainsi appelée à participer
aux changements que nous appelons de nos vœux, dans chaque situation comme à
l’échelle globale.

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