Les dynamiques territoriales des régions côtières de l Equateur au XXe siècle
436 pages
Français

Les dynamiques territoriales des régions côtières de l'Equateur au XXe siècle , livre ebook

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Description

Dans les années 70, l'Equateur a connu des changements profonds qui ont transformé son organisation territoriale, économique et démographique. La région occidentale, entre le littoral et la Cordillère des Andes, connaît un développement rapide lié à l'essor des exportations des produits tropicaux et la modernisation du pays facilitée par les premières exportations de pétrole venues d'Amazonie. En quelques années, le poids démographique de la région s'accroît jusqu'à représenter en 1982, 52% de la population nationale. Cet ouvrage met en évidence les dynamiques qui organisèrent le développement territorial de cette région.

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Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140055058
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

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Extrait

Anne COLLINDELAVAUD
LES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES RÉGIONS CÔTIÈRES DE L’ÉQUATEUR e AU XX SIÈCLE
LES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES RÉGIONS CÔTIÈRES DE L’ÉQUATEUR e AU XX SIÈCLE
Recherches Amériques latines Collection dirigée par Denis Rolland et Joëlle Chassin La collectionRecherches Amériques latinespublie des travaux de recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s’étend du Mexique et des Caraïbes à l’Argentine et au Chili. Dernières parutions Jean-Pierre TARDIEU,Esclaves et affranchis dans la vice-royauté du Pérou. L’impossible vie affective et sexuelle (XVIe-XVIIIe s.), 2017. Denis ROBERGE,Signification et fonction des jeux dans le Pérou préhispanique et colonial, 2017. Marianne BOSCHER-GONTIER, Mathieu VICENS,Paroles d’exil. Treize auteurs latino-américains témoignent, 2017. Daniel Emilio ROJAS,Amérique latine globale. Histoire connectée, globale et internationale, 2017. Céline GEFFROY,Jeux de mort. Ivresse et rites funéraires dans les Andes boliviennes, 2017. Danielle CAVALERI,Traditions textiles maya du Yucatán (Mexique XXIe siècle). Usages rituels et codes symboliques, 2017. Charlotte PUJOL, Emilie DORÉ, Félicie DROUILLEAU, Susana VILLAFUERTE,Les Amériques créatives. Regards croisés sur les discours et les pratiques, 2017. Maria Luiza TUCCI CARNEIRO,Le Brésil face à l’holocauste et aux réfugiés juifs (1933-1948), 2016. Charles LANCHA,L’Argentine des Kirchner (2003-2015). Une décennie gagnée ?, 2016. Antoine FAURE, Franck GAUDICHAUD, Maria Cosette GODOY H.,Chili actuel : gouverner et résister dans une société néolibérale, 2016. Charlie DAMOUR,La mort et le désir d’immortalité dans l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez, 2016. e Eliott MOURIER,État et Églises dans le Brésil du XXI siècle. Les partenariats Public-Religieux, 2016. Julieta QUIROS,La politique vécue. Péronisme et mouvements sociaux dans l’Argentine contemporaine, 2016. Beatriz PALAZUELOS,Acapulco et le galion de Manille. La réalité e quotidienne d’un port au XVII siècle, 2016.
Anne COLLINDELAVAUDLES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES RÉGIONS CÔTIÈRES DE L’ÉQUATEUR e AU XX SIÈCLE
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13361-4 EAN : 9782343133614
INTRODUCTION e Au cours du milieu duXX siècle, mettant à profit des changements profonds et rapides, l’Équateur a pris rang, parmi les pays exportateurs les mieux placés de l’Amérique latine, pour le pétrole et pour certaines productions tropicales. Ce démarrage économique est le résultat de la mise en valeur de vastes régions productrices situées dans le secteur occidental. La Côte délaissée jusqu’ici parce que marginale à la vie de la Sierra et hostile aux établissements humains permanents par son insalubrité, présente brusquement des avantages incomparables par rapport aux rêves amazoniens. Grâce à sa position en bordure de la voie maritime du Pacifique, elle permet de répondre aux besoins nationaux et surtout à la très forte demande internationale en produits tropicaux. La rapidité avec laquelle cette région a été défrichée et peuplée pour produire en vue du commerce spéculatif a dépassé tous les efforts précédents de colonisation de terres chaudes. La Sierra ne reste pas à l’écart du développement général et profite de l’effort côtier. Mais les facteurs du dynamisme sont plus vigoureux et plus prometteurs sur la Côte, et ce, malgré le retard initial. Planteurs traditionnels et colons pionniers vont transformer une grande partie de la forêt côtière en plantations commerciales à destination du marché international. C’est, en effet, la demande extérieure par l’intermédiaire des compagnies d’exportation qui va faire et défaire les nouveaux secteurs de production à peine établis. Le dynamisme de la demande extérieure a donc créé de véritables zones de production tournées uniquement vers l’exportation. La Côte offre les avantages exceptionnels d’un milieu neuf, situé à proximité de la mer et dépourvu de contraintes sociales héritées d’un passé agraire comme dans le système andin. Premier fournisseur de cacao vers 1920, l’Équateur est devenu un grand producteur de café avant de prendre une place exceptionnelle, depuis 1950, dans la production bananière mondiale. La plus grande partie des plaines et collines occidentales au centre et au sud ont été encadrées par le secteur mercantile de Guayaquil. Le grand port de l’Équateur abrite une classe beaucoup plus cosmopolite que la capitale Quito, et les activités commerciales d’exportation d’une bourgeoisie active ont exercé un effet d’entraînement sur la production commerciale sur les marchés extérieurs. Guayaquil dirige tout un système économique régional en fonction de l’étranger. Chaque ouverture d’un marché extérieur déclenche soit une modification du système de culture, soit la colonisation agricole de nouvelles terres, physiquement mieux adaptées mais aussi parfois juridiquement ou socialement disponibles.
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L’histoire du développement général de la Côte se juxtapose avec celle de Guayaquil. La migration des Indiens du Manabí vers les plaines du Guayas en lents glissements vers l’amont des fleuves du bassin, puis celle plus récente des Indiens de la Sierra vers le sud et le centre-nord des régions côtières se calquent sur l’occupation agricole du sol. Or cette dernière répond beaucoup moins à la nécessité de trouver des terres en système micro-foncier d’autosubsistance qu’à celle de fournir une production commercialisable par Guayaquil. La situation de ce port, au départ excellente par rapport à la pénétration fluviale, cessera-t-elle d’être un avantage quand les terres mises en exploitation déborderont le bassin du Guayas ? La puissance commerciale de Guayaquil maintiendra-t-elle intacte son système exportation-production-occupation du sol autour de la métropole ? Les profits de l’import-export vont étayer le premier système financier privé de l’Équateur. Les investissements se tourneront vers l’industrie dont les plus-values consolideront plus qu’elles ne concurrenceront le système guayaquilénien initial. En effet, l’industrie intégrera en partie la production agricole avant de se substituer à l’importation des biens de consommation. Mais Guayaquil, cependant, va faire croître et diversifier ses activités. Avec plus de 1 200 000 habitants la ville portuaire est une métropole complexe qui attire les émigrants des campagnes côtières et mêmes andines. Le marché intérieur urbain, le commerce local et l’industrie, les transports, et naturellement la construction font que la ville dépasse le seuil où elle trouve son entraînement dans sa propre dynamique démographique. Le système exportation-colonisation agricole n’en continue pas moins à fonctionner. La maîtrise financière, au contraire, permet de mieux suivre les pulsations, voire les emballements du marché extérieur. Quant à l’industrie, elle est doublement concernée ; d’abord par la mise en valeur, ses équipements et la capacité de production agricole, mais aussi par la hausse des revenus d’une population plus nombreuse et mieux rémunérée. En revanche et parallèlement à cette évolution, Quito qui s’appuie sur la Sierra, la société andine foncière mais aussi urbaine, et donc la classe dirigeante nationale traditionnelle, met à profit la possession des leviers de commande de l’État et les nouvelles ressources du budget, liées au pétrole, pour répondre régionalement et sectoriellement à Guayaquil. Des réformes, même partielles, de l’État s’ajoutant aux nouvelles ressources du budget permettent de redéployer le système des grands équipements, en débloquant la Sierra, mais aussi le nord de la Côte. L’industrialisation de Quito et la progression démographique puis économique le long des axes Quito-Manta et Quito-Esmeraldas marquent le début de l’établissement d’un réseau régional septentrional complémentaire entre la Sierra et la Côte, puis de l’Amazonie. En effet, jusqu’en 1972, la Côte ou Costa, en assurant plus de 85 % des exportations du pays, apportait à l’économie nationale une rentrée en devises d’une importance considérable qui profitait au développement de la Sierra. Cependant, à partir de 1972, l’apparition du pétrole amazonien dans les exportations retire une partie du monopole d’exportation à la Côte. Néanmoins,
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ce produit actuellement décisif pour la nation entière n’intervient que pour renforcer les bases de développement déjà implantées sinon solides. Le pétrole, par l’ampleur des possibilités nouvelles qu’il autorise, va entraîner le pays dans un nouveau bond comme jamais auparavant. La mise en valeur du littoral a apporté non seulement un souffle dynamique dans l’économie nationale, mais a considérablement agrandi l’espace occupé équatorien. Cette croissance s’est donc réalisée de façon très indépendante de la Sierra, essentiellement à partir de Guayaquil. En effet, le port a commandé les fronts pionniers, leur localisation en fonction d’une communication rapide par les fleuves, puis par la route. Les deux grandes régions équatoriennes (Sierra-Costa) commencent seulement à s’organiser pour profiter de leur complémentarité après avoir vécu plusieurs siècles côte à côte. Les efforts les plus récents tentent, en effet, de réaliser une véritable intégration régionale et nationale pour former un nouvel espace enrichi et fort. De simples traversées de la zone côtière d’est en ouest, ou du sud vers le nord, font découvrir une variété extrême de paysages et de types d’occupation du sol. Sans parcourir de grandes distances, on passe d’un littoral aride et vide où s’échelonnent de petites communautés de pêcheurs à une vallée irriguée et prospère, ou de collines désertes et sèches à des collines intensément défrichées et peuplées. Ailleurs, la forêt dense, intacte parfois sur les piémonts, cédera la place à des petits secteurs de colonisation ou même à de vastes zones de mosaïques de forêts et clairières de plantations. La plaine centrale offrira, elle aussi, ces contrastes entre les terrasses livrées aux grandes plantations et les savanes d’interfluves abandonnées à l’élevage extensif en saison sèche. La Côte se découpe en un grand nombre d’unités naturelles et humaines à des stades d’évolution très variables en fonction de leur dynamisme propre. La recherche des limites de ces unités, l’analyse des facteurs et l’étude du dynamisme particulier de chacune d’entre elles constituent l’essentiel de cette géographie du changement que propose l’observation de la Côte équatorienne. Rares sont les régions dans le monde tropical à offrir un découpage régional aussi varié. En effet, dans une région tropicale d’étendue relativement faible on pouvait s’attendre à une certaine homogénéité des données du milieu naturel, au moins dans ces conditions climatiques. Il n’en est rien, en raison d’éléments décisifs qui font de la Côte équatorienne une zone de transition très courte entre le désert côtier chilien-péruvien aride et les forêts équatoriales de la Colombie pacifique. Les petites cordillères côtières, la dépression de la plaine centrale et le versant andin ont également échelonné d’ouest en est toute une succession de conditions très variées. Jusqu’à maintenant, le milieu physique par ses contraintes et tout autant par ses dispositions favorables ici ou là explique, en grande partie, chacun des découpages régionaux qui se dessinent sur la Côte, l’intervention humaine façonnant des cellules d’activité sur des micro-écosystèmes. Les difficultés imposées par le milieu expliquent le désintérêt séculaire pour une région dont
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