Naturalistes oubliés, savants méconnus
320 pages
Français

Naturalistes oubliés, savants méconnus , livre ebook

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320 pages
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Description


Collection : Acteurs de la Science

Ce livre rassemble onze notices biographiques de scientifiques dont l'aventure a jalonné l'histoire des Sciences naturelles au XIX et XXe siècles. Il ne s'agit pas d'une histoire de la biologie française mais d'un choix de biographies de savants, majoritairement botanistes, dont les noms sont peu restés dans la mémoire : Nodier, Duchartre, Fabre, Marcou, Therry, Magnin, Bonnier, Virieux, Plantefol, Gaussen, Humbert.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2013
Nombre de lectures 45
EAN13 9782336332789
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Richard Moreau(sous la direction de), Yves Delange et Paul Ozenda
Naturalistes oubliés, savants méconnus
Naturalistes oubliés, savants méconnus
Acteurs de la Science collection dirigée par Richard Moreau, professeur émérite à l’Université de Paris XII, Claude Brezinski, professeur émérite à l’Université de Lille I, La collection Acteurs de la Science comprend des études sur les acteurs de l’épopée scientifique humaine, des inédits et des réimpressions de textes écrits par les savants qui firent la Science, des débats et des évaluations sur les découvertes les plus marquantes et sur la pratique de la Science. Derniers titres parus Roger Teyssou,Paul Sollier contre Sigmund Freud, l’hystérie démasquée, 2013. Gérard Braganti,L’invention de l’exploration cardiaque moderne, 2013. Jean Louis,Mémoires d’un enfant de Colbert, 2013. Elie Volf,Michel-Eugène Chevreul (1786-1889). Préface de Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de Chimie. Réflexions sur la chimie et l’art par Hervé This, 2013. Roger Teyssou,Gabriel Andral, pionnier de l’hématologie, 2012. Yvon Michel-Briand,Aspects de la résistance bactérienne aux antibiotiques, 2012. Roger Teyssou,Charcot, Freud et l’hystérie, 2012. Djillali Hadjouis,Camille Arambourg, un paléontologue de l’Algérie à l’Afrique profonde. Préface d’Yves Coppens, 2012. Jacques Marc,Comment l’homme quitta la terre, 2012. Georges Mathieu,La Sorbonne en guerre (1940-1944), suivi deJournal de la libération de Versailles. Préface de Jean-Marie Mathieu, 2011. Norbert Gualde,L’épidémie et la démorésilience, 2011. e Rana ben Azzouna et Ridha Hamdane,Histoire de la pharmacie en Tunisie (VIII siècle – 1976), 2011. Jean-Pierre Aymard,Karl Landsteiner, l’homme des groupes sanguins, 2011. e Pierre Pageot,siècleLa santé des Limousins et des Périgourdins au XIX , 2011. Yves Delange,Jean-Henri Fabre et Louis Pasteur, conversation au bord de la Sorgue.Préface de Richard Moreau, 2011. André Audoynaud,Chroniques d’un médecin colonial. Préface de Richard Moreau, 2011. Roger Teyssou,L’aigle et le caducée. Médecins et chirurgiens de la Révolution et de l’Empire, 2011. Daniel Dufour,Sur les traces de Georges Lommel, 2011. Jacky Thouin,Une autre façon de concevoir la maladie, 2011. Henri Delorna,Les tribulations d’Henri en Pologne occupée (1941-1945), 2010. Jean Boulaine, Richard Moreau et Pierre Zert,Eléments d’histoire agricole et forestière, 2010. Jean Céa,Une vie de mathématicien. Mes émerveillements, 2010. Anne-Claire Déré,La science pour le meilleur et contre le pire. Maurice Javillier, 1875-1855. Note de l’édition, par Richard Moreau. - Préface de Philippe Kourilsky, 2010.
Richard MOREAU(sous la direction de), Yves DELANGEet Paul OZENDANaturalistes oubliés, savants méconnus
Les auteurs remercient Gilles-Marie Moreau qui a mené à bien la mise en page et la réalisation de ce livre. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02287-1 EAN : 9782343022871
Aux naturalistes inconnus
1 Introduction Le Panthéon des Savants retient des grands noms dont, à tort ou à raison, on considère qu’ils ont fait la Science. On leur attribue des rues ou des places. Les politiques les offrent comme modèles à l’admiration des enfants des écoles à condition que les éléments de leur biographie en fassent des gens présentables, pas tellement pour leur valeur scientifique qu’à cause de l’exemplarité de leurs vertus républicaines, celles qui conviennent aux maîtres de l’heure en fonction de l’air du temps. Les mânes d’Alexis Carrel (1873-1944, prix Nobel de Physiologie ou Médecine 1912) en savent quelque chose. A côté de Louis Pasteur (1822-1895) génie incontestable et l’une des gloires nationales qui ont le plus servi depuis le XIXème siècle, d’autres, grands ou petits, connus (rares) ou inconnus (les plus nombreux) ont fait aussi la Science, dont l’histoire, écrivait 2 Jean Rostand ,nous révèle la dignité du plus humble effort, car il n’est point d’éclatante découverte qui n’ait été précédée et préparée par d’obscures tentatives. Dans son apologue sur la 3 hêtraie sans hêtre, le professeur Henri Gaussen semblait aller en sens inverse :L’arbre a une dignité particulière et on n’a pas à le 1  Par Richard Moreau, professeur émérite de Microbiologie à l’Université de Paris XII. 2 J. Rostand (1970)Le courrier d’un biologiste. Gallimard, Paris. « Sur l’histoire des sciences », p. 217. 3  H. Gaussen (1953) « La Hêtraie sans Hêtre ».Rev. for. franç., n° 10, pp. 650-652. - Considérant que certaines plantes herbacées, notamment l’Aspérule odorante (Asperula odorata L.) étaient caractéristiques des hêtraies, l’école phytosociologique donna le nom defagetum (hêtraie) à des associations botaniques où ces plantes étaient représentées, mais pas forcément le Hêtre, voulant signifier par là que les conditions écologiques pouvaient permettre à cet arbre de vivre dans ce biotope puisque ses plantes dites compagnes y étaient. C’était oublier l’importance fondamentale de l’arbre sur son milieu. La Lysimaque et le Pain de Coucou, herbacées, ne font pas partie de l’entourage habituel du Hêtre, mais Henri Gaussen (notice 10), homme plein d’humour, ne résista pas à utiliser ces noms poétiques, drôle pour le second, pour mieux marquer sa pensée.
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traiter comme une Lysimache ou un Pain de Coucou (...) L’arbre crée le milieu. L’inégalité est une loi de la nature. Malgré nos idées démocratiques, si les divers hommes ont la même dignité, ils n’ont pas la même importance. Ces deux textes se complètent en fait. Dans la nature, des rapports biotiques, positifs ou négatifs, interviennent entre les composants des écosystèmes, des plus grands aux plus petits, avec pour résultat l’organisation harmonieuse des biocénoses. Il en va de même pour la Science : la compétition y existe aussi comme partout, au point que des sociologues ont vu une« guerre » dans la discussion sur les générations dites spontanées au XIXème siècle. Mais ils ont oublié (ont-ils su ?) que, lors des controverses de Pasteur avec Félix-4 Archimède Pouchet ou avec le médecin anglais Charlton Bastian , il y eut des discussions animées, certes, mais, à terme, la synthèse consacra l’importance relative de chacun : le Hêtre et le Pain de coucou.On ne veut pas dire que les adversaires n’aient pas joué, 5 eux aussi, un rôle positif dans l’aventure, observait Jean Rostand . En contraignant, par leur entêtement, par leur obstination, les antispontanistes(Pasteur et ses collaborateurs)à mieux clarifier et définir les conditions de leurs expériences, en les poussant dans leurs retranchements, en les forçant à resserrer toujours davantage les mailles de leur filet,(les spontanistes, partisans de la génération spontanée des organismes vivants)ont sûrement concouru, pour leur part, au progrès du savoir. Même si les
4  Félix-Archimède Pouchet (1800-1872) fut un bon naturaliste qui dirigea le Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen qu’il avait créé en 1828. Ses travaux de Botanique et de Zoologie en firent un correspondant de l’Académie des Sciences (1849). Alors que rien ne le prédisposait à cela, en 1858, il présenta à l’Académie ses expériences sur les générations spontanées, et, en 1859, il publiaHétérogénie ou Traité de la Génération Spontanée, où il soutenait l’existence de l’apparition spontanée de la vie dans la nature actuelle. Il s’ensuivit une controverse avec Pasteur qui eut l’avantage car son expérimentation était la plus rigoureuse. Cf. R. Moreau (1992) Les expériences de Pasteur sur les générations spontanées. Le point de vue d’un microbiologiste. Première partie : la fin d’un mythe.La Vie des Sciences. Comptes Rendus de l’Académie des Sciences, série générale,9, n° 3, pp. 231-260. Deuxième partie : les conséquences.Ibid.,9, n° 4, pp. 287-321. - Ch. Bastian (1837-1915) était professeur de Clinique médicale à l’University College de Londres. 5 J. Rostand,Le courrier d’un biologiste…, « Histoire des idées sur l’origine de la vie », p. 189.
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6 erreurs de Bastian furent patentes, écrit Emile Duclaux ,toute notre technique actuelle est fille de (ses)objections au travail de Pasteur sur les générations spontanées (…)parce que les deux adversaires, sans être d’égale force, avaient le même culte et la même foi(…)Bastian a fouetté la science du mauvais côté, mais il 7 l’a contrainte à avancer. Retenonsculte et foila plume de sous l’agnostique Duclaux : la Science, affaire de vocation, est un sacerdoce avant d’être un gagne-pain. Chacun y a sa place pourvu qu’il ne soit pas dogmatique. A défaut, elle ressort d’un univers 8 stalinien à la Lyssenko , qui mène à tous les délires et elle n’est plus la Science. 6  E. Duclaux (1896)Pasteur, Histoire d’un esprit. Imprimerie Charaire, Sceaux. Citation : pp. 146-152. - Emile Duclaux (1840-1904) Agrégé-préparateur de Pasteur à l’Ecole normale supérieure, professeur de Chimie à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, de Physique à celle de Lyon et enfin professeur de Chimie Biologique à la Sorbonne et professeur à l’Institut national agronomique (en Météorologie !), titulaire du service de Microbie générale à l’Institut Pasteur (1888), dont il prit la direction à la mort de son fondateur. Académie des Sciences : 1888 ; Académie d’Agriculture : 1890 ; Académie de Médecine : 1890. 7  De cette discussion datent en effet l’emploi de l’autoclave pour chauffer les liquides au-delà de l’ébullition et la pratique de la stérilisation par flambage des objets solides, essentielles en Microbiologie. Quant à Pouchet, il construisit le premier appareil qui permit d’obtenir des spécimens fidèles des poussières de l’air. 8  Trofym Denissovitch Lyssenko (1898-1976), technicien agricole caucasien, trouva lavernalisation, découverte importante dont découla une méthode qui consiste à traiter les graines de céréales d’hiver par le froid, ce qui autorise des semailles au printemps. Elle a fourni d’incontestables améliorations de productivité. Ayant reçu l’appui public de Staline, Lyssenko ne se sentant pas de limites, voulut redéfinir toute la Biologie, opposant à celle reconnue sa conception personnelle, dite« mitchourinienne », de l’hérédité, du nom d’Ivan Vladimirovitch Mitchourine (1855-1935), arboriculteur renommé, dont le gouvernement soviétique avait encouragé les recherches sur l’hérédité et dont Lyssenko s’annexa le prestige. Organisée autour d’une idée assez obscure de relations entre les organismes et leur environnement, Lyssenko opposa sa « vision »à la génétique classique. Autoritaire, ignorant le doute et bénéficiant de l’appui du dictateur, il élabora à partir de 1937 des théories aberrantes, produisit des résultats douteux, émit des considérations philosophiques confuses et dirigea une répression féroce contre les vrais généticiens accusés de représenter la « science bourgeoise ». L’enseignement de la génétique fut interdit, les généticiens incarcérés, tel Nicolay Ivanovitch Vavilov (1887-1943), internationalement connu, qui mourut au goulag. Perdant toute mesure, Lyssenko s’affirma capable de changer le Blé en Seigle, l’Orge en Avoine, le Pin en Sapin. Il nia la concurrence intraspécifique, idée malthusienne selon lui, etc. Malgré des
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