"Agathe est dans les fleurs"
198 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

"Agathe est dans les fleurs" , livre ebook

-

198 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

A travers une perspective d'espoir et de réelle solidarité, ce livre nous convie à partager avec respect et dignité l'intimité du deuil de parents, ainsi que l'accompagnement humain de professionnels de santé, autour de la mort d'un enfant. Plus qu'un manuel de psychologie, cet ouvrage cherche à rendre hommage à ces enfants décédés et à leurs parents, ainsi qu'à faire reconnaître aux familles et à la société, la réalité de cette douleur si profonde de la perte d'un enfant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 50
EAN13 9782336363554
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Erika Lavroff-Teissiere







« Agathe est dans les fleurs »

Accompagner et soutenir
les parents et leurs familles dans le deuil périnatal
Copyright

© L’HARMATTAN, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-71366-3
Dédicace

A Antoine et à sa famille…
La Mort n’est rien
« La mort n’est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait, n’employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre.
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. »

Charles Péguy
Préambule
Il y a maintenant plusieurs années, psychologue-clinicienne nouvellement diplômée, je découvrais avec joie et enchantement l’univers de la périnatalité à l’hôpital de Poissy-St-Germain. Par un beau jour de fin d’été, je rencontre, sur la demande des sages-femmes, un couple encore installé en salle de naissance. Devant l’état de tension de l’équipe, je comprends que quelque chose de grave vient de se produire. On m’annonce que ce couple vient de mettre au monde son premier enfant, en « état de mort apparente ». Alerté par l’absence de mouvement chez leur bébé depuis près de 2 jours, le couple venait consulter aux urgences, afin d’être rassuré. Le diagnostic est sans appel à l’échographie : « Mort fœtale in utero », à 37 semaines d’aménorrhée.

Commence alors ma première confrontation avec la mort d’un enfant attendu.

Si la plupart des grossesses semblent évoluer de manière naturelle, voire presque parfaite, d’autres au contraire sont marquées par la difficulté, la pathologie fœtale ou maternelle, et d’autres, par la mort elle-même. Je prends alors conscience que la mort peut aussi s’immiscer dans ce temps de vie si intime et si particulier, qu’est celui de porter et de mettre au monde un enfant.

Depuis cet été de l’année 1999, j’accompagne au quotidien des femmes et des couples autour de leur maternité. J’accueille et soutiens des mères et des pères en proie à la mort annoncée ou toute juste survenue, de leur bébé. La mort prend ici toutes sortes de définitions, IVG 1 , IMG, 2 mort in utero, ou encore mort après la naissance.

Si je choisis aujourd’hui d’écrire ce livre après plusieurs années de réflexion, c’est pour différentes raisons :

Avant toute chose, je souhaite rendre hommage à tous ces parents que j’ai accompagnés, rencontrés individuellement, en couple ou en groupe de parole, ainsi qu’à tous les autres, qui, au plus profond de la violence de leur chagrin, ont su trouver la force de continuer sur le chemin.

Je remercie très sincèrement les parents qui, par leur confiance et par leur témoignage si intime, ont activement participé à l’élaboration de ce livre. Je souhaite naturellement rendre hommage à leurs bébés décédés. Enfants que j’ai eu la chance de rencontrer à travers les yeux, les mots et le cœur de leurs parents.

Merci à toi Laure, mon amie, d’avoir accepté, dans ta souffrance encore si présente, de préfacer ce livre et de partager avec tous ces autres parents, le décès d’Antoine, ton fils, mort il y a tout juste quelques mois, le jour même de ses 10 ans !

J’espère très sincèrement que ce livre saura apporter soutien et réconfort aux parents fauchés par cet inconcevable, qui est de perdre son enfant avant même, parfois, qu’il ait pu connaître la vie à l’extérieur du ventre maternel.

Ce livre s’adresse aussi aux familles, entourages, amis et collègues des parents endeuillés, afin de vous aider à les soutenir, sans tomber trop vite dans les écueils bien connus que sont la dédramatisation, l’évitement et le non-dit.

Enfin, c’est aussi avec beaucoup de gratitude que je remercie les équipes médicales et soignantes de l’hôpital de Poissy-St-Germain qui, elles aussi, ont accepté de s’ouvrir et de nous faire part de leurs ressentis intimes.
1 IVG : Interruption volontaire de grossesse
2 IMG : Interruption médicale de grossesse
A Joseph
« C’était un dimanche, le 7 mai 2012. Certains dimanches, nous nous retrouvons en famille autour d’un bon repas chez mes parents. Ce jour-là, après le déjeuner, j’avais des douleurs dans le bas-ventre, je pensais que c’était le bébé qui appuyait sur mon utérus qui se tendait afin de s’agrandir et de laisser plus de place au bébé. C’était en fait le début de notre cauchemar, nous avons perdu notre premier petit enfant.

J’ai vécu quatre beaux mois de grossesse, quatre mois durant lesquels nous avons pu faire beaucoup de projets avec notre bébé, quatre mois durant lesquels nous avons déménagé, nous avons mis des petites affaires de côté pour pouvoir l’accueillir, quatre mois durant lesquels j’ai commencé à coudre deux petites turbulettes dans lesquelles je voyais déjà notre enfant.

Nous sommes mariés depuis deux ans, mon mari a 24 ans, j’en ai 23. Cela fait plusieurs années que je désire plus que tout devenir mère et rendre heureux mon mari à travers la venue d’un enfant.
Nous essayions depuis plus d’un an d’en avoir un, nous avons mis beaucoup de temps pour avoir ce premier enfant, enfin, il paraît que c’est une attente d’une durée tout à fait normale mais cela a été très long pour nous.
Le jour où j’ai su que j’étais enceinte, j’ai pleuré de joie, je n’en revenais pas, c’était ma plus belle victoire. Nous étions très heureux avec mon mari, c’était un très beau cadeau.
Durant l’échographie de datation, à un mois et demi, nous voyions déjà son cœur battre, il avait une forme de petit haricot, quelle joie nous avons ressentie lorsque nous l’avons vu.
Durant l’échographie des trois mois, quelques jours avant sa mort, il était blotti tout contre moi. Je me rappelle les mots de l’échographiste : « regardez-le, il est blotti tout contre sa mère ! »
A ce moment-là, je me suis rendu compte que j’étais en train de devenir mère, je l’étais déjà même.
Ensuite, il s’est retourné et a commencé à sauter sur ses petites fesses, il était heureux. Certains ne croiraient pas et diraient : à ce terme-là ce n’est pas encore un enfant, il est considéré comme tel à partir de six mois par le corps médical.
J’aimerais leur répondre que c’était mon enfant, que je voulais la vie, qu’il soit manchot ou non, aveugle ou non, je voulais lui donner la vie et l’avoir à mes côtés le plus longtemps possible.
Toujours est-il qu’il était plein de vie lorsque nous l’avions vu à trois mois de grossesse, son cœur battait parfaitement bien, nous étions tellement heureux de le rencontrer comme cela.
Mon rêve était en train de se réaliser, je devenais épanouie. Mon ventre s’arrondissait de jour en jour, on me disait que je « rayonnais », je devenais ce que j’avais toujours rêvé d’être : une mère.
Lors de cet après-midi, chez mes parents, j’ai commencé à saigner, j’ai tout de suite compris.
Je me suis effondrée dans les bras de mon mari qui ne croyait pas du tout en la perte de notre enfant. Nous sommes partis aux urgences, un premier monitorage a été fait pour écouter les battements du cœur de notre enfant, la sage-femme nous disait que c’était un vieil appareil et que nous n’allions pas forcément entendre son cœur.
Je savais, je savais que nous l’avions perdu même si l’équipe soignante se voulait rassurante.
Je suis ensu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents