Aspects linguistiques du texte politique
282 pages
Français

Aspects linguistiques du texte politique , livre ebook

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Description

Les traits linguistiques du discours politique sont étudiés dans ces articles qui concernent le français, l'anglais, et, dans une moindre mesure, l'allemand et l'espagnol. Sont notamment analysés la présentation des candidats aux élections présidentielles françaises de 2012 et aux primaires socialistes de 2011, ainsi que les tracts des partis. Un article porte sur la campagne d'Obama de 2008 et deux sur son discours d'investiture...

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Date de parution 15 novembre 2014
Nombre de lectures 22
EAN13 9782336362274
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

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Extrait

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Aspects linguisIques du texte poliIque
Te x t e s r é u n i s p a r D a v i d B a n k s
Aspects linguisIques du texte poliIque
Aspects linguistiques du texte politique
© L'HARM ATTAN, 2014 5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04-EAN : 978234304
Textes réunis par David Banks
Aspects linguistiques du texte politique
E R L A EQUIPEDERECHERCHEENLINGUISTIQUEAPPLIQUÉE
Direction : Joanna Thornborrow
Equipe d’Accueil EA4249 HCTI « Héritages & Constructions dans le Texte et l’Image » Faculté des Lettres et Sciences humainesVictor-Segalen 20, rue Duquesne – CS 93837 29238 Brest Cedex 03
Introduction
Les décisions que prennent les hommes politiques qui nous gouvernent nous concernent tous, encadrent nos vies, contrôlent nos actions. Par conséquent l’étude du discours politique est, pour le linguiste, d’une importance primor-diale et d’un intérêt maximal. Les contributions réunies dans ce volume font suite au colloque, les Nouvelles Journées de l’ERLA No.12, intitulé "Aspects linguistiques du texte politique", qui s’est tenu à l’Université de Bretagne Occidentale, Brest les 18 et 19 novembre 2011. A ce moment-là, la classe politique se trouvait, en France, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, fait qui n’a pas échappé à l’attention de certains contributeurs. De plus, l’élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis en 2009 était encore relativement récente, et cet événement aussi a, également, attiré l’intérêt des chercheurs. Néanmoins bien d’autres phénomènes sont traités couvrant les quatre langues majeures que sont le français, l’anglais, l’allemand et l’espagnol. C. et D. Labbé posent la question tout à fait pertinente de savoir s’il existe XQ ODQJDJH SURSUH j OD SROLWLTXH ,OV XWLOLVHQW GHV RXWLOV GH OD OH[LFRPpWULH D¿Q d’analyser un corpus étendu de discours politique francophone (français et canadien). Ils démontrent que le discours politique possède bien des traits propres qui le distinguent du français général. L’élection présidentielle française, qui se préparait à ce moment-là, a retenu l’attention de G. Rolland-Lozachmeur ; elle étudie la dénomination et la description des hommes politiques, alors perçus comme candidats éventuels, dans la presse française. Cette même période préélectorale est évidente dans ma propre contribu-tion (D. Banks) où j’analyse le document "Spécial Primaires" émis par le Parti Socialiste. Une étude des pronoms, des types de procès, des nominalisations, GH OD WKpPDWLVDWLRQ HW GHV SKUDVHV DYHUEDOHV IDLW pPHUJHU OHV SUR¿OV OLQJXLVWLTXHV des candidats aux primaires du parti. $ 3DVFX SUpVHQWH O¶DQDO\VH GH FRQFHSWV IRUPHOV HW PRQWUH O¶HI¿FDFLWp GH son application au discours politique. H. Pichard traite de l’usage de l’émotion dans des tracts de trois partis français, le FN, l’UMP, et le PS. Qui aurait pensé qu’il y avait des rapprochements à faire entre le Général de Gaulle et l’écrivain allemand Thomas Mann ? C’est précisément ce que fait F. Mengard, en étudiant les discours radiophoniques de ces deux personnages
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pendant la deuxième guerre mondiale. A travers une étude de la phraséologie, elle découvre une orientation éthique chez C. De Gaulle, mais une orientation esthétique chez T. Mann. Avec M. Bendinelli, nous traversons l’Atlantique. Elle analyse l’usage des expressions modales comportant le segmenthave todans les discours des candidats à la présidence des Etats-Unis, de 1960 à 2008. La relativement récente élection présidentielle américaine est le sujet de la contribution de M. Ranieri. Elle considère les discours de campagne de B. Obama, et y découvre une richesse stylistique et des emprunts à la culture noire. M. Saki, pour sa part analyse le discours d’investiture de B. Obama, et notamment son utilisation des pronoms dans la construction de son auditoire. Ce même discours d’investiture de B. Obama est comparé au discours de victoire de D. Cameron en Grande-Bretagne dans la contribution de B. Le Lann. L’usage des pronoms personnels prend ici aussi une place importante. K. Rivière De Franco regarde aussi la situation politique en Grande-Bretagne. Elle étudie des textes politiques, manifestes et discours donnés lors des congrès des partis dans la période 1979 à 2010. Si K. Rivière De Franco regarde ces phénomènes sur une échelle plus grande, P. Labrosse fait l’inverse, focalisant sur une seule année, et une seule circonscription britannique. En effet, il étudie les tracts politiques distribués en 2010, dans la circonscription d’Oxford East. Il considère notamment les pronoms personnels, les auxiliaires de modalité, et les conjonctions. Dans la contribution qui clôt le volume, nous passons, avec H. Hernández Bayter, au monde hispanophone. Il considère la phraséologie de l’ex-président colombien Alvaro Uribe Velez. Le champ d’étude que représente le texte politique est tellement vaste qu’aucune étude ne pourrait prétendre à une exhaustivité ; néanmoins, ce volume présente un ensemble d’articles qui constitue une addition réelle et VLJQL¿FDWLYH j FHW pGL¿FH 1RXV HVSpURQV TXH OHV FRQWULEXWLRQV SUpVHQWpHV LFL aideront tous ceux qui s’intéressent au discours politique à mieux comprendre sa structure et son fonctionnement. Dans la préparation d’un tel volume, il y a beaucoup de personnes qui méritent des remerciements. J’espère qu’elles m’excuseront de ne pas les citer toutes, la liste étant très longue. Néanmoins, il me semble qu’il faut mentionner nominativement, les co-organisatrices du colloque qui est à l’origine de ce livre, Ghislaine Rolland-Lozachmeur et Anca Pascu, ainsi que Françoise Dourfer, pour la mise en pages, et Gaïd Girard, directrice de l’EA4249 HCTI, pour son soutien et ses encouragements constants. D. Banks
Existe-t-il un langage propre à la politique ?
Cyril LABBÉ Laboratoire d’Informatique de Grenoble - Université Joseph Fourier
Dominique LABBÉ Laboratoire PACTE (CNRS - Institut d’Etudes Politiques de Grenoble)
Le thème choisi pour ce volume amène à se poser une question préalable : Existe-t-il un langage propre à la politique? C’est en examinant cette première question que l’on pourra mettre en évidence les éventuels aspects linguis-tiques singuliers du texte politique. Certes, il existe des professionnels de la politique, des lieux, des institutions propres à cette activité. Logiquement, ils devraient avoir développé un langage particulier. Mais peut-on s’en tenir à cette simple intuition ? On pourrait tout aussi bien soutenir que, gouvernant au nom de la population française toute entière et condamnés à solliciter régulièrement les suffrages de leurs électeurs, les hommes politiques sont, au contraire, condamnés à parler "comme tout le monde". Pour apporter une réponse sûre, il faudrait disposer d’une collection de textes émis par un grand nombre d’hommes politiques et, comme étalon de comparaison, d’un vaste échantillon représentatif du français "général", c’est-à-dire commun à toute la population. Cette communication présente une expérience qui simule cette compa-raison. Les résultats apportent quelques éléments en faveur de l’existence pro-bable d’un discours propre à la politique et mettent en lumière ses singularités.
Des textes aux corpus
/D VHXOH HQTXrWH VFLHQWL¿TXH VXU O¶XVDJH GX IUDQoDLV GDWH GH SOXV G¶XQ demi-siècle. Elle a été pilotée par G. Gougenheim (1900-1972). Au début des années 1950, lui et sa petite équipe ont enregistré des locuteurs de tous les milieux, à propos de leur vie quotidienne, de leur travail, de leurs loisirs, etc., puis ils ont saisi ces enregistrements et en ont réalisé un traitement statis-tique qui a abouti à une grammaire élémentaire du français et à un vocabulaire fondamental contenant les 3 500 mots les plus utilisés du français accompa-gnés des phrases canoniques (Gougenheim 1956,1958). Avec les moyens de
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Cyril LABBÉ & Dominique LABBÉ
l’époque, c’était un travail remarquable, malheureusement resté sans suite, de telle sorte que le français est la seule grande langue de culture pour laquelle on ne dispose d’aucun corpus représentatif des usages, constitué sur le modèle du British National Corpus. Depuis 30 ans, nous avons constitué une "bibliothèque électronique du français contemporain" (annexe 1). Cette bibliothèque – qui compte, à l’au-tomne 2011, 23 millions de mots – a été constituée au gré des collaborations avec des littéraires, des politistes, des spécialistes des médias (pour la presse), des sociologues et des psychologues (pour le français oral) et des informa-ticiens (pour l’écriture des programmes). Elle n’a pas les dimensions ni la représentativité d’un véritable corpus de langue mais, grâce à sa diversité et à son étendue, elle permettra tout de même d’apporter une première réponse à la question de départ. On utilisera d’abord la section "discours politique" de cette bibliothèque soit 3.130 discours prononcés par plus d’une centaine d’hommes politiques e du XX siècle, non seulement Français mais aussi Québécois et Canadiens. Cette section comprend au total plus de 8,8 millions de mots étiquetés. Elle sera comparée aux autres sections de la bibliothèque, notamment la littérature et le français oral.
Traitements préalables
Avant son entrée dans la bibliothèque, chaque texte subit une série de traitements (décrits dans Labbé 1990b). En premier lieu, des balises sont ajoutées pour indiquer les sources du texte (auteur, titre, lieu, date, etc. comme dans un catalogue), pour délimi-ter les séquences, isoler le texte du "para-texte" – pour les textes politiques : GpEXW HW ¿Q GHV SURSRV GHV RUDWHXUV LQWHUUXSWLRQV TXHVWLRQV HW UpSRQVHV SRXU les interviews, etc. Ce travail est indispensable pour ne pas confondre les pro-pos de l’homme politique – qui font seuls l’objet des analyses présentées ici – avec ceux des autres participants qu’il est pourtant essentiel de conserver pour la bonne compréhension du texte. En second lieu, l’orthographe a été soigneusement corrigée et les graphies multiples ont été standardisées. Par exemple, "événement" et "évènement" ne sont qu’un même mot écrit de deux manières différentes, de même que "puis" et "peux", etc. Cela concerne particulièrement les sigles, les abréviations, les QRPV SURSUHV OHV FKLIIUHV HW OHV GDWHV GRQW OD WUDQVFULSWLRQ HVW G¶XQH LQ¿QLH variété. Prenons un exemple d’actualité. Dans les textes politiques depuis OHV DQQpHV  RQ UHQFRQWUH OHV SHUVRQQHV VXLYDQWHV  .KDGD¿ .DGKD¿ *DGKD¿ *DGGD¿ DO*DGGD¿ ,O \ D SUREDEOHPHQW G¶DXWUHV PDQLqUHV HQFRUH GH transcrire ce nom. Pour Mao, dans les textes qui ont alimenté notre modeste
Existe-t-il un langage propre à la politique ?
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base, il y a 8 graphies différentes. Si l’usager de la bibliothèque électronique UHFKHUFKH WRXV OHV WH[WHV TXL SDUOHQW GH .DGKD¿ RX GH 0DR TXH GRLWLO IDLUH " La réponse est double. Premièrement, dans l’index – qui sert de porte d’entrée à la bibliothèque – toutes ces graphies sont ramenées à une seule : la graphie standard (ou acceptée par la majorité des lexicographes). Deuxièmement, si l’usager demande une graphie non conventionnelle, il faut lui suggérer la conventionnelle. (Q¿Q SRXU WRXWHV OHV VWDWLVWLTXHV OH SULQFLSH HVW OH PrPH TX¶HQ GpPR-cratie : chaque individu compte pour un dans le vocabulaire ! Sinon, la base serait encombrée de fantômes et elle serait impropre à la recherche lexicogra-phique, linguistique ou statistique. Ces tâches sont partiellement effectuées par des automates, mais les inter-ventions manuelles sont nombreuses et suivent des règles précises. Il en est de même pour la seconde opération : l’étiquetage des mots.
Etiquetage des mots
En français, beaucoup de mots sont ambigus. Par exemple, puisque l’on s’intéresse au discours politique, voici quelques exemples d’ambiguïtés gênantes (avec le nombre de fois que le mot apparaît dans la bibliothèque).
est(verbe être) : 123 252 est(substantif masculin singulier) : 624 (…) devoir YHUEH LQ¿QLWLI   devoir(substantif masculin singulier) : 1905 (…) pouvoir YHUEH j O¶LQ¿QLWLI   pouvoir(substantif masculin singulier) : 2595 (…) savoir YHUEH LQ¿QLWLI   savoir(substantif masculin singulier) : 718 (…) suis(verbe être) : 8057 suis(verbe suivre) : 50
Faut-il demander au chercheur en science politique de lire des milliers de lignes de "concordances" en écartant manuellement les verbespouvoir à O¶LQ¿QLWLI ± TXL QH O¶LQWpUHVVHQW SDV ± SRXU UHWURXYHU OH VXEVWDQWLI KRPRJUDSKH qui est au cœur de ses études ? De même pour ledevoirou lesavoir. Or, dans tout texte en langue française, en moyenne un tiers des mots sont des homographes et ce sont souvent les mots les plus fréquents. A cela,
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