Cameroun, les orphelins de la  République
320 pages
Français

Cameroun, les orphelins de la République , livre ebook

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320 pages
Français

Description

Ce livre est une diatribe contre les élites dirigeantes du Cameroun, dont l'action égoïste a conduit, non pas à l'émergence d'un pays auquel la nature a tout donné, mais à celle d'une classe sans cesse croissante de laissés-pour-compte, les orphelins de la République, qu'il faut considérer comme une véritable bombe à retardement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 janvier 2015
Nombre de lectures 105
EAN13 9782336368030
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

pas à le qualifier de chien édenté) usées par d’interminables années de
de conscience, à se régénérer, ou à prendre un repos mérité. Enfin, il en
dans la Région du Centre. Officier de l’ordre de la Valeur, il se passionne
Antoine Marie NGONO
Cameroun, les orphelins de la République ou la trahison des héritiers
Cameroun, les orphelins de la République ou la trahison des héritiers
Antoine Marie NGONOCameroun, les orphelins de la République ou la trahison des héritiers
Du même auteur Souvenirs d’un chevalier du micro, Presses Universitaires d’Afrique, 2008 © L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04468-2 EAN : 9782343044682
« En politique on n’est le père de personne…On a quelques amis,  parfois deux ou trois disciples, mais des enfants jamais » François Mitterrand, cité parJeune AfriqueN°2758 du 17 au 23 novembre 2013
Avant-propos « BIDUDU » Ce livre est une diatribe contre les élites dirigeantes du Cameroun (à la périphérie desquelles j’ai évolué) pour l’égoïsme dont beaucoup d’entre elles font montre, d’une part à l’endroit d’un pays qui leur a tout donné, et d’autre part à l’endroit de leurs compatriotes. Après un quart de siècle d’observation et d’analyse des actes posés par la classe dirigeante camerounaise, j’en suis arrivé au constat désolant qu’au lieu d’œuvrer à l’élévation du niveau de vie 1 des populations, les élites passent le temps à «manger avec le pouvoir » qu’elles détiennent et à se livrer à de féroces combats fratricides à l’effet, soit d’accéder au pouvoir et de s’y maintenir en éliminant les concurrents potentiels, soit tout simplement de sauvegarder les privilèges exorbitants que leur procure l’appartenance aux cercles du pouvoir. Plus grave elles donnent l’impression d’être encore au stade de la satisfaction des besoins primaires. Témoin privilégié, observateur averti et acteur occasionnel, et m’inspirant du prophète Isaïe, je ne pouvais continuer de me taire face à ce qui s’apparente à un crime contre le peuple. C’eût été de ma part un silence complice et coupable.Cameroun, les orphelins de la République,s’apparente à une oxygénothérapie dont la finalité est de m’éviter de mourir 2 de chagrin (edudu).En langue Béti , «mourir d’edudu», est une expression pour traduire un état d’impuissance, face à une situation mal gérée alors qu’il existe des solutions au problème qui se pose. J’ai adressé plusieurs notes à diverses hiérarchies pour attirer leur attention sur ces situations corrosives. Elles sont restées sans suite. Je n’ai même pas reçu les « accusé de réception » qui procèdent de la simple courtoisie administrative. Cette absence de retour m’a parfois donné le sentiment que je criais dans le désert ou que j’agaçais. J’imaginais les destinataires de mes courriers en train de se demander de quoi je me mêlais. Las d’exprimer mon courroux en petit comité, j’ai décidé, après moult hésitations, de franchir le rubicond à mes risques et périls et de livrer au public le fruit de mes constats ainsi que mes clés de lecture et de décryptage
1 Expression camerounaise signifiant qu’on jouit des bienfaits du pouvoir 2 La langue Béti est l’une des langues dominantes du Cameroun 7
des situations qui m’étonnaient et me rendaient triste. A la manière de l’évangéliste Luc s’adressant à Théophile en ces termes, « puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous…j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as 3 reçus », j’ai moi aussi effectué le saut. Ne dit-on pas de Luc qu’il a écrit son évangile à la manière d’un historien ou d’une chronique journalistique ? Ne dit-on pas que lesActes des Apôtresécrits par le même disciplepréfigurent le genre « grand reportage » ? Ma démarche qui se veut journalistique pour une large part, se déploie à chaque fois en trois mouvements : description de la situation (choses vues et entendues), commentaire et analyse, et en troisième lieu, prise de position éditoriale. Ce troisième mouvement vise à m’éviter le reproche de m’être lancé dans une critique stérile du système que j’ai servi trente cinq ans durant. Afin que nul n’en ignore et pour lever toute équivoque, je tiens à préciser que fidèle aux usages de la profession journalistique, je ne m’intéresserai pas aux « trains qui arrivent à l’heure », mais plutôt aux « hommes qui mordent des chiens».Il s’agit bel bien d’un livre critique, mais une critique constructive. Un hasard heureux a voulu que le présent ouvrage soit rédigé quelques mois après le Message du président Paul Biya à la nation camerounaise, le 31 décembre 2013. Dans cette adresse particulièrement musclée et tonique, Paul Biya avait peint un tableau sans complaisance de la situation camerounaise : « Serions nous incapables de faire ce que d’autres pays comparables au nôtre ont fait ou sont en train de faire ? (…) Nous avons des hommes, des femmes et des jeunes talentueux, ingénieux, bien formés et entreprenants (…) Nous avons des ressources naturelles abondantes et variées. Notre pays connaît la paix et la stabilité. Alors que nous manque t-il », s’interrogeait le président camerounais sur un ton où se mêlaient la colère et le pathétique. Quelques lignes plus loin, Paul Biya apportait la réponse à son questionnement : « Nous sommes un peuple d’individualistes plus préoccupés de réussite individuelle que d’intérêt général ! » Le président Camerounais dénonçait cette dérive qu’on ne pouvait tolérer dans un Etat moderne.
3 Luc, 1, 1-4
8
En réalité, le chef de l’Etat camerounais avait dans son viseur les élites, dont Charles Consigny, éditorialiste au journal français Le Pointécrit qu’elles souffrent de « l’ivresse des sommets ». « A un certain niveau de pouvoir, de petits marquis se laissent gagner par l’ivresse des sommets. Ils se servent de l’Etat et ne pensent qu’à leurs intérêts », écrit le jeune essayiste âgé seulement de…25 ans dans une chronique qui dénonce les élites au pouvoir en France. Comme quoi les élites camerounaises, qui ont été 4 formées dans une large proportion en France, ont de qui tenir... Par leur boulimie de pouvoir, de biens matériels, d’honneurs et de reconnaissance sociale, les élites camerounaises donnent l’impression d’être encore, en grande partie, en plein processus de « quête phallique », d’où leur propension à vouloir « toujours plus ». Selon le psychanalyste François Lacan en effet, « notre Graal ultime c’est le phallus, dont la possession nous mettrait à l’abri du manque et de l’insatisfaction ». Des plumes mieux indiquées pourront si elles le jugent nécessaire approfondir ce constat en procédant à la psychanalyse de nos élites politiques. Pour revenir au Message à la nation du 31décembre 2014, j’ai cru écouter avec beaucoup de nostalgie le Paul Biya des premières années du Renouveau, celui-là même qui avait fait rêver des centaines de milliers de ses compatriotes. Et du coup je me suis convaincu à nouveau que nous ne sommes pas condamnés par la fatalité. La preuve en est qu’après les réprimandes du président de la République, on a le sentiment que les choses se sont remises en marche, preuve qu’il faut de temps en temps élever le ton. 5 Dans mon premier ouvrage , j’avais fait mention d’une conversation entre feu l’archevêque de Yaoundé, Mgr Jean Zoa (de vénérée mémoire) et le président Paul Biya, enregistrée par les reporters de la Crtv à la cathédrale de Yaoundé, lors de la cérémonie de proclamation de l’Exhortation ApostoliqueEcclésia in Africapar le Pape Jean Paul II. Au chef de l’Etat, l’ordinaire des lieux, dont on se souvient qu’il n’avait pas sa langue dans sa poche durant ses dernières années pastorales, et tirant avantage de son âge canonique et de sa posture, disait ceci en substance : « Vous voyez, monsieur le président de la République, cela a été un succès, parce que vous vous êtes personnellement impliqué ! » Et alors que Paul Biya levait les mains au ciel, l’archevêque de Yaoundé enfonçait le clou : « Si vous vous impliquiez comme cela tout le temps, les choses marcheraient très bien ! » 4 Charles Consigny, inLe Point.frdu 22 avril 2014 5 In Souvenirs d’un chevalier du micro 9
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