Conception afro-chrétienne de l éducation
236 pages
Français

Conception afro-chrétienne de l'éducation , livre ebook

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236 pages
Français

Description

Le doute plane sur la qualité et l'efficacité de l'éducation à l'occidental imposée à l'Afrique. Dans cette situation, revisiter et interroger la culture africaine à travers un de ses vieux rites, le so des Pahouins, s'avère nécessaire. Le but étant de dégager des éléments d'ordre pédagogique, philosophique et psychologique qui permettraient une éducation efficiente et intégrale de l'homme africain. Un homme capable d'assumer son existence sur le triple plan humain, socio-économique et spirituel.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296433847
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

PREFACE
La situation dans laquelle se trouve l’Afrique aujourd’hui oblige à jeter un regard interrogateur sur l’éducation telle qu’elle est pratiquée dans ce continent. Cette éducation dans le temps formait des hommes équipés humainement, moralement et religieusement ; des hommes de valeur. C’était une éducation responsabilisante. Aujourd’hui, elle semble ne porter que son nom. L’aberration atteint son paroxysme dans les politiques pédagogiques de « la promotion collective » et l’introduction dela méthode globaledans l’apprentissage de la lecture au détriment de celle dite « syllabique ». Cette dernière permettait à l’élève en fin du cours élémentaire I de lire couramment n’importe quel texte en français. Et c’est grâce à cette méthode que tous ceux qui ont fait leur enseignement de base avant sa suppression ont appris la lecture. Change ton l’équipe qui gagne, la méthode qui réussit ? Avec la méthode globale importée de l’occident, l’enfant n’apprend pas à lire, mais à réciter de e mémoire, à telle enseigne qu’il arrive au cours moyen II et même en 6 sans savoir lire. Or, la base de tout processus enseignementapprentissage est la lecture. Il y a donc une crise de l’éducation scolaire. Au nom des droits de l’enfant et de sa liberté, on ne doit plus lui imposer quoi que se soit ni le punir par le fouet. Ces nouvelles dispositions concernant l’enfant veulentelles nous faire comprendre que les adultes d’hier et d’aujourd’hui sont devenus ce qu’ils sont maintenant parce qu’ils n’avaient pas des droits et qu’on les corrigeait avec le fouet ? Ces dispositions venant de l’extérieur et appliquées sans discernement en Afrique ne peuvent produire que les fruits voulus par leurs initiateurs. Ici c’est la politique de la germination spontanée qui est adoptée et pratiquée. On fait confiance à la nature et non à l’éducation avec ses exigences. Celleci est d’ailleurs jetée pardessus bord, aussi bien par les familles que par l’école. Or on sait bien qu’on ne peut faire entièrement confiance à la nature en matière d’éducation en disant qu’elle fera de l’enfant ce qu’elle voudra. On éduque l’individu pour luimême et pour la société. Dans cette perspective, rien ne dit qu’en laissant la nature agir seule, elle permettra à l’enfant d’être ce qu’il souhaite être et favorisera son intégration harmonieuse dans la société.
Parce que rien ne rassure qu’un tel développement spontané suivra nécessairement la voie qui, pour les membres de sa société, est la meilleure. Il faut dire que renoncer à ce rôle d’éduquer, sous prétexte de respect et des droits de l’enfant, c’est contester l’éducation. L’Afrique se situe aujourd’hui dans cette voie de la contestation de l’éducation, vers sa refondation. L’Afrique souffre d’un manque d’éducation socioculturelle et intégrale. Avant qu’elle ne soit victime de la crise économique, infrastructurelle et autre, il nous semble qu’elle souffre d’abord d’une crise d’éducation et partant, d’une crise identitaire de l’homme africain. Cet homme a perdu le sens de luimême. Il n’a plus sa culture, son éducation, son identité. Tout est importé. Il ne devient qu’un consommateur des produits importés. Et le résultat de tout cela est visible à nos yeux. Dans cette situation, un constat se dégage, qu’on veuille l’admettre ou non, l’éducation occidentale actuelle échoue en Afrique. C’est alors que le Dr Samba Edou Mathurin se demande à qui ou à quoi se référer pour penser une éducation qui permettra à l’homme de se développer intégralement, une éducation qui n’est pas conçue ailleurs, qui n’est pas fait qu’avec des éléments d’emprunt, une éducation typiquement africaine parce que pensée par les africains euxmêmes et fondée dans leur culture. Il trouve une voie dans cette culture à travers un rite et une légende : le riteSola légende de Ndun des Pahouins du Sud et Cameroun. Ce retour, mieux, ce recours aux sources est rendu possible grâce à l’invitation de voix autorisées. En effet, le christianisme a pensé et émis le principe selon lequel il faut être Grec avec les Grecs et Romain avec les Romains. C’est la colonisation qui est venue perturber cette exigence en imposant aux peuples d’Afrique la culture occidentale. Le Concile Vatican II, Le Pape Jean Paul II dansEcclésia inAfrica etle professeur Jean Marc Ela, de regretté mémoire, dansMa Foi d’Africain, dans leur souci d’une évangélisation en profondeur et intégrale, soulignent à maintes reprises l’importance et la nécessité de l’inculturation. De leur côté, les Etats Généraux camerounais de la Culture, de l’Education et la Loi d’Orientation insistent sur la formation d’un Camerounais enraciner dans sa culture. Toutes ces voies militent en faveur de cette démarche, de
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ce retour aux sources qui en définitive devient, dans ce contexte une exigence. L’analyse de ces deux supports : le rite sola légende de Ndun et permet à l’auteur de dégager non seulement le type d’homme africain qu’il faut aujourd’hui et qu’on doit former : le« Nyia modo mvié », mais aussi les éléments psychopédagogiques nécessaires pour sa formation. Il s’agit d’une éducation qui ne considère pas que l’intellect, mais celle qui prend l’homme dans toutes ses dimensions ; car pour le Dr Samba Edou M., l’éducation n’a de sens qu’intégrale. On comprend qu’il porte une attention particulière sur la formation humaine et spirituelle – domaine presque oubliés dans l’éducation occidentale telle qu’elle est appliquée en Afrique aujourd’hui – et considère la catéchèse comme le lieu privilégié de la formation de cette dernière dimension de l’homme. Il pense d’ailleurs à une catéchèse de l’Incarnation, celle qui s’intéresserait à l’homme dans toutes ses dimensions. Elle sera le lieu où celuici pourra apprendre que tout peut permettre d’approcher Dieu, le temporel comme le spirituel. Car, pour l’auteur, la vérité de l’Incarnation du Jésus Christ n’est pas une abstraction, elle est concrète et pratique. Son souhait est que l’éducation en Afrique soit repensée à partir de la culture africaine et de la pédagogie initiatique et des problèmes de l’Afrique ; une éducation qui ne distingue plus le temporel et le spirituel et qui de ce fait permet à l’homme d’être à l’aise avec luimême, avec son environnement et avec son Créateur. Il s’agit pour lui, en définitive, de penser et d’élaborer des systèmes éducatifs qui auront pour but fondamental la formation des « benyia bodo mvié », des adultes selon la conception pahouine, une éducation andragogique. Prof. Gille Ntebe Bomba Université de Yaoundé I
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AVANTPROPOS
Le présent ouvrage se situe à l’intérieur d’une aire culturelle et géographique déterminée, celle du peuple pahouin. Il concerne plus particulièrement les pahouin du SudCameroun. Dès lors, une question se pose : qui sont les les pahouins ? L’Afrique est habitée par cinq races différentes les unes des autres, par leur culture, l’aspect physique, psychologique et linguistique. Ce sont les Asch antis, les Bantou, les Boschimans, les Hottentots et les Zoulous. Les pahouins appartiennent à la race Bantou. Le groupe pahouin comprend trois sousgroupes : Béti, Bulu et Fang. Le groupe habitait primitivement une région située quelque part vers l’Est du plateau de l ‘Adamaoua. Chassé de son territoire par les guerres de Conquête entreprises par les foulbés musulmans, il commença, dès la fin du XVIIe siècle, une migration qui le conduisit vers le Sudouest. Il s’installa d’abord, avant 1790, dans la région du confluent du Mbam et de la Sanaga. Bousculé à nouveau par les contrecoups de ces guerres, le groupe traversa la Sanaga par vagues successives en chassant à son tour, ou en les absorbant, toutes les populations qu’il trouvait sur son chemin. Ainsi, peu à peu, il s’enfonça dans la forêt équatoriale et se fixa sur son actuel territoire d’habitat, c’estàdire une grande partie du Sud Cameroun, le Nord du Gabon, de la Guinée Equatoriale et une partie du MoyenCongo. D’autres informations circonstancielles sur les pahouins s’ajouteront tout au long de ce travail. Déjà la carte qui suivra indique les différentes tribus composant chacun des trois sousgroupes Béti, Bulu et Fang.
Leso présente la synthèse de la culture pahouine. Ce rite qui constitue la principale source de cet ouvrage a déjà fait l’objet de plus d’un écrit. Mentionnons les articles de Tesmann : le so des Yaoundé, 1 Traduction Boumard, (1907) ; d’Atangana : « Aken So chez les yaoundéBané », Anthropos (19421945) ; celui de Stoll dans « La tonétique des langues bantu et semibantu du Cameroun », IFAN (1955) ; de Tsala dans « Mœurs et coutumes des Ewondo », Etudes
1 Les références complètes de ces documents se trouvent dans la bibliographie.
Camerounaises, (1958) et celui de Ngoa ; « Le rite So, essai de synthèse ethnographique », Abbia (1975). Quatre auteurs réservent au rite So, soit un chapitre entier, soit quelques notes dans leur ouvrage. Ce sont: Bertaut,Le droit coutumier des Bulu, DormatMontchrestient (1935) Alexandre et Binet,Le groupe dit pahouin, P.U.F., (1958) RapondaWalker et Sillans,Rites et croyances des peuples du Gabon, Présence Africaine, (1962). Mviena,Univers Culturel et religieux du peuple Béti, s. e., 1970. Mvogo, dans sa thèse surSavoir et existenceconsacre un (1981), long chapitre auSo. Il y esquisse une analyse et une interprétation de quelques cérémonies de ce rite. Dans la thèse de LaburtheTolra, intituléeMinlaba, on trouve quelques notes sur leSo. Enfin, la thèse d’Azombo:Séquence et signification des cérémonies d’initiation So (1970), est entièrement consacrée au rite So. Cette étude est certainement la plus fouillée et, partant, la plus riche en enseignements. Outre nos propres informations recueillies sur le terrain, la plupart des travaux dont nous venons de faire état nous ont été d’une grande utilité pour l’élaboration de cet ouvrage. QUELQUES CLEFS POUR LA LECTURE DE L’EWONDO Le texte de la présente étude est parsemé de nombreux mots, expressions et phrases entièrement en Ewondo dont le déchiffrage risque de poser quelques difficultés aux lecteurs non pahouin. Les indications cidessous sont destinées à en faciliter l’accès. I – ALPHABET EWONDO 1 Lettres simples : A, b, d, e, f, g, h, i, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, v, w, y, z; 2 Lettres composées:
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