CONSTRUCTION IDENTITAIRE CHEZ LES JEUNES AFRO-PORTUGAIS À LISBONNE
289 pages
Français

CONSTRUCTION IDENTITAIRE CHEZ LES JEUNES AFRO-PORTUGAIS À LISBONNE , livre ebook

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289 pages
Français

Description

Le présent ouvrage est le résultat d'une recherche menée durant six ans dans les banlieues et bidonvilles de Lisbonne. Il met en avant les difficultés que rencontrent les Afro-Portugais à s'identifier à la société d'accueil, et aussi les compétences dont ils font preuve pour construire une identité valorisée face à une société qui les rejette. Cet ouvrage éclaire ainsi divers aspects du processus de construction identitaire dans les milieux défavorisés : la sociabilité de quartier, les dynamiques familiales, l'ethnicité et l'intervention dans les quartiers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2002
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296284791
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CONSTRUCTION IDENTIT AIRE
CHEZ LES JEUNES AFRO-PORTUGAIS
A LISBONNECollection Logiques Sociales
fondée par Dominique Desjeux
et dirigée par Bruno Péquignot
En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si
la dominante reste universitaire, la collection Logiques Sociales entend
favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale.
En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à
promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une
expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes
sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique,
voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels
classiques.
Dernières parutions
AMOUROUS Charles, BLANC Alain (dir.), Erving Goffman et les
Institutions totales, 2001.
Collectif, Pratiques professionnelles et usages des écrits électroniques,
2001.
LE BOT Jean-Michel, Aux fondements du « lien social» : introduction à
une sociologie de la personne, 2001.
ENJOLRAS Bernard, L'économie solidaire et le marché, 2001.
LE BOT Jean-Michel, Du développement durable au bien public: essai
anthropologique sur l'environnement et l'économie, 2002.
BILGER Nathalie, Anomie vampirique, anémie sociale: pour une
sociologie du vampire au cinéma, 2002.
LASSALLE Didier, Les relations interethniques et l'intégration des
minorités au Royaume-Uni, 2002.
LOJKINE Jean et MALETRAS Jean-Luc, La guerre du temps, le travail
en quête de mesure, 2002.
JONAS Stéphane et WEIDMANN Francis, Compétitions ferroviares
transfrontières et conflits d'acteurs dans le Rhin Supérieur (1830-1870),
2002.
CARON Louise Jeanne, La métaphore du service à la clientèle ou la
construction des systèmes informatiques intégrés, 2002.DIMITRI SUDAN
CONSTRUCTION IDENTITAIRE
CHEZ LES JEUNES AFRO-PORTUGAIS
A LISBONNE
de l'autre côté de la cité
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
France HONGRIE ITALIE@L'Hannatmn,2002
ISBN: 2-7475-2278-4A mon père
Remerciements:
Une recherche n'est jamais le résultats des efforts d'une seule
personne, bien au contraire. Je tiens en premier lieu à remercier
tous les protagonistes de cette étude pour la confiance qu'ils m'ont
témoignée en me livrant des récits parfois très émouvants. Ces
remerciements s'adressent aussi tout particulièrement à mon
directeur de thèse, Prof. Riccardo Lucchini, pour son soutien et
son engagement sans cesse renouvelés. Ils vont aussi à mes
collègues avec lesquels j'ai eu de longs échanges et qui ont
considérablement enrichi ma perspective. Il faut encore évoquer le
Fonds National pour la Recherche Scientifique qui a financé mon
séjour de recherche. Finalement, je tiens à témoigner ma
reconnaissance à ma compagne pour sa patience et son soutien
durant les phases difficiles qui inévitablement accompagnent un
projet de longue haleine et dont l'issue est toujours incertaine.1
INTRODUCTION
Le visiteur qui se rend à Lisbonne ne pourra être qu'ébloui par la beauté
du site, l'hétérogénéité architecturale, l'héritage historique de la grandeur
passée du Portugal. Dans cette ville aux sept collines, ouverte sur
l'estuaire et sur la mer, règne une ambiance unique. Le charme des vieux
quartiers populaires qui a inspiré A. Tanner pour sa ville blanche est
saisissant. On y déambule volontiers se laissant imprégner des couleurs,
des odeurs, bref de la vie qui y règne. Pour celui qui se laisse prendre,
cette ville, débordant de charme et inspirant une certaine nonchalance, est
bien réelle. En revanche, le visiteur aura moins l'occasion de contempler
les quartiers dits dégradés, que ce soient les immenses cités construites à
partir des années 1980 ou alors les bidonvilles dont l'existence remonte,
pour certains d'entre eux, aux années 1950. C'est la face cachée de la cité.
Tout est fait pour que le visiteur soit épargné de son contact. Tout au plus,
peut-il soupçonner leur existence à travers la lecture de journaux qui
relatent les faits divers qui semblent scander le rythme de la vie dans ces
lieux de relégation. Et pourtant, là aussi il y a des personnes qui vivent,
travaillent, s'amusent et meurent. Rien d'exceptionnel à tout cela.
Néanmoins, on n'arrive pas à se détacher de l'impression qu'il existe un
monde à part dans la ville, une face honteuse que l'on s'empresse de
dissimuler aux curieux. Bien sûr, Lisbonne ne fait pas exception en la
matière. En témoigne le numéro de la revue Esprit de novembre 1999 qui
porte pour titre « Quand la ville se défait» et qui invite à repenser, face à
la fragmentation urbaine, la capacité politique de la ville à «faire
société ». J. Donzelot, dans ce même numéro, affirme que la noùvelle
question urbaine se caractérise par deux processus convergents: la
montée des incivilités et le développement de 1'« urbanisme affinitaire ».
Selon lui, le repli spatial des couches aisées fait largement écho à la
menace, à la sécession sur place des habitants des banlieues pauvres.
Parlant des couches aisées, il observe qu'il «y entre aussi le désir deIntroduction
choisir sa société, le sentiment de n'avoir rien à faire avec les habitants
des cités d'habitat social, de ne rien leur devoir parce qu'ils ne
produisent pas ou très peu, parce qu'ils n'entrent pas directement en
compte dans la production de leur richesse, parce qu'ils ne respectent les
règles et les valeurs qui font sa force. Ils n'aiment guère exprimer une
solidarité qui ne signifie, à leurs yeux, que leur peur de la violence des
pauvres, qui leur paraît surtout le fruit d'un chantage stérile »1.
Phénomène d'ampleur mondiale, l'urbanisme affinitaire se développe un
peu partout, plus soucieux de protéger ses membres que d'intégrer la
marge.
C'est donc de cette autre ville dont il va être question dans cet ouvrage
ou, pour être plus précis, de certains aspects de cette face cachée qui, nous
nous empressons de le dire, participe néanmoins pleinement à la vie de la
cité. Notre enquête qui a duré quinze mois (dont douze en continu) porte,
pour l'essentiel, sur deux quartiers dégradés. Nous reviendrons sur les
aspects plus techniques de l'enquête aux points 1.1 à 1.3 de cette
introduction. Dans ces deux quartiers, vit principalement une population
issue des anciennes colonies du Portugal. À côté des personnes originaires
du Cap-Vert, qui sont majoritaires, on trouve aussi des familles angolaises
et mozambicaines. La recherche que nous y avons menée pourrait avoir
pour thème très général l'intégration des jeunes issus de l'immigration
africaine2. Cependant, la notion même d'intégration est à manier avec
précaution. Elle suppose en effet que la société forme un tout cohérent,
intégré autour de valeurs centrales. Dans sa version fonctionnaliste, la
notion d'intégration appréhende l'acteur et le système comme deux faces
de la même réalité. Le cœur de la théorie de l'action du fonctionnalisme
repose sur un principe d'intériorisation de la structure sociale par les
individus. «La société existe, écrit F. Dubet, comme un système intégré
identifié à la modernité, à un État-nation et à une division du travail
élaborée et rationnelle. Elle existe aussi parce qu'elle produit des
individus qui en intériorisent les valeurs et en réalisent les différentes
fonctions »3. L'articulation entre l'acteur et le système se produit par le
DONZELOT J., «La nouvelle question urbaine»; dans Esprit, vol. Il, n° 258,
novembre 1999, p. 111.
Pour une discussion des dénominations courantes pour désigner les jeunes issus de
l'immigration telles que «deuxième génération» ou «jeunes luso-africains », voir
chapitre 4.2. et en particulier le point 4.2.1.
DUBET F., La sociologie de l'expérience. Seuil, Paris, 1994, p. 21.
8Introduction
biais de l'intériorisation des rôles, rattachés à un ou plusieurs statuts et qui
définissent une position sociale. Dans cette logique, l'int

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