De la folie à deux à l hystérie et autres états
176 pages
Français

De la folie à deux à l'hystérie et autres états , livre ebook

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176 pages
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Description

De tous les psychiatres français du XIXe siècle qui devaient s'efforcer de jeter les bases d'une authentique médecine mentale, Charles Lasègue est, sinon l'un des plus profonds, du moins le plus original. Esprit brillant, imprégné d'humanisme, se gardant des dogmatismes et des fanatismes, il tenta, un des premiers, d'associer étroitement à l'observation clinique minutieuse une psychologie résolument objective.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1998
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296356603
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DE LA FOLIE À DEUX À L'HYSTÉRIE
ET AUTRES ÉTATSCollection Psychanalyse et Civilisations
Série Trouvailles et Retrouvailles
dirigée par Jacques Chazaud
Renouer avec les grandes oeuvres, les grands thèmes, les grands
moments, les grands débats de la Psychopathologie, de la Psychologie, de
la Psychanalyse, telle est la finalité de cette série qui entend maintenir
l'exigence de préserver, dans ces provinces de la Culture et des Sciences
Humaines, la trace des origines. Mais place sera également donnée à des
Essais montrant, dans leur perspective historique, l'impact d'ouverture
et le potentiel de développement des grandes doctrines qui, pour faire
date, continuent de nous faire signe et nous donnent la ressource
nécessaire pour affronter les problèmes présents et à venir.
Au-delà du rationalisme morbide, Eugène MINKOWSKI, 1997.
Des idées de Jackson à un modèle organo-dynamique en psychiatrie,
Henri EY, 1997.
Du délire des négations aux idées d'énormité, J. Cotard, M. Camuset,
J. SEGLAS, 1997.
Leçons cliniques sur la démence précoce et la psychose
maniaco-dépressive, E. KRAEPELIN, 1997.
D'abord paru en 1971, chez Privat,
sous le titre Écrits psychiatriques.
~ L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384-6249-9Charles Lasègue
DE LA FOLIE À DEUX
À L'HYSTÉRIE
ET AUTRES ÉTATS
L'Harmattan L 'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École Polytechnique 55. rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK9INTRODUCTION
De tous les psychiatres français du XIXe siècle qui, dans l'éIlan
de Pinel, devaient s'efforcer de jeter les bases d'une authentique
médecine mentale, Charles Lasègue est, si non l'un des plus
profonds, du moins le plus original. Au travers de recherches
sémiologiques étendues il conserve le souci et de ne pas rompre avec
rhomme, dont la déchéance mentale reste une des expressions, et
de conserver le lien avec le personnage du médecin, dont la
formation et la méthode autant que la présence et le rôle lui paraissent
mériter questions et réflexions. Esprit brillant,. dont le style
incisif se prête tout naturellement aux aphorismes, imprégné
d'humanisme, se gardant des dogmatismes et des fanatismes, il tenta, un
des premiers, d'associer étroitement à l'observation clinique
minutieuse une psychologie résolument objective.
Il ouvre son œuvre par des articles qu'il consacre à ce qu'il
appelle «l'Ecole psychique allemande» et qui portent aussi bien
sur Stahl que sur Heinroth, Ideler et Langermann. Tous ces
travaux 'lui semblent participer à une même attitude médicale. C'est
pourquoi je pense que l'important n'est pas d'établir ce que
Lasègue doit à ces écrits mais de chercher à savoir comment, les
ayant rencontrés, il a décidé de s'y arrêter et surtout d'être
attentif à la façon dont, à leur contact, il a finalement réagi. Il ne me
paraît 'Pas douteux qu'il y a vu essentiellement matière à réflexion
et non simplement. connaissance à assimiller: «Sans. accepter
toutes 'les idées d'Heinroth, nous les trouvons assez SOUVeIltvraies
pour qu'elles soient toujours respectables» (I, p. 13)1. Certes, et
la suite nous montrera que cette respectabilité laissera intacts
les droits de la vérité scientifique.
1. Ch. Lasègue: «Etudes médicales », 2 vol. (Asselin, 1884). L'essentiel
des travaux de Lasègue a été recueilli dans ces deux gros ouvrages.
Mes citations, sauf réser\>'e explicite, vont renvoyer à cette édition.ECRITS PSYCHIATRIQUES8
Du vitalisme Lasègue gardera toujours la préoccupation
essentielle à ilaquelle cette doctrine ~ui paraît devoir son existence: la
reIation originelle entre le médecin, le malade et sa maladie. De
l'école psychiatrique a}lemande qu'il a analysée i[ conservera,
d'une part le souci d'intégrer à l'observation des maladies
mentales des concepts psychologiques mais rigoureux et
opérationnels2, d'autre part la permanente nécessité de l"attitude réflexive
susceptible de situer, à chaque instant, la pensée médicale par
rapport aux canons de 'la logique et aux normes de l'éthique. Mais
en tout cela je vois, davantage qu'une dette à l'égard d'une
pensée étrangère, l'expression d'une destinée qui, philosophique à
son origine, avait parfaitement conscience des exigences
imposées au sujet par la rigueur de sa démarche. Le « point de départ
exclusivement philosophique» (I, p. 16) d'Heinroth qui, inversant
le sens de la démarche habituelle, «prétendit constituer la
médecine en vertu des principes de sa philosophie» (I, p. 15), ne sera
jamais pour Lasègue un exemple à suivre et un modèle d'abord
des problèmes médicaux, au contraire, mais il se gardera bien
d'abandonner la réflexion philosophique aux niais ou aux
métaphysiciens de profession.
Le vitalisme ne reste pas pour Lasègue un dogme
philosophique mais une exigence impérative de la pensée médicale et,
beaucoup plus encore, la raison de l'eJrercice de l'art du praticien, un
postuJIat de sa raison pratique au sens kantien. En effet, si le
postulat vitalis te était rejeté 'la pratique médicale cesserait tout
aussitôt ,d'avoir un but en même temps qu'elle serait privée des
moyens d'y parvenir. «La vie réelle, celle qui n'est pas inventée
pour les usages des philosophes contemplatifs, mais qui tombe
sous l'expérience du médecin, n'est donc pas l'expression unique
de la force vitale» (I, p. 381) : l'article sur le vitalisme, écrit en
1860, voit dans la vie une lutte entre deux forces de sens contraire,
à l'égard desquelles le médecin ne peut rester neutre, parce que
l'art ne peut ,s'en tenir à l'objectivité de la science théorique.
Alors le médecin «prend parti contre un des antagonistes; il
applaudit au succès et dissimule les défaillances... les doctrines
vitalis tes ont... des mouvements qui 'sentent la passion... et ne
retiennent rien ou presque rien du calme impassible de la
2. J'entends opérationnel au sens bien entendu de Bridgman et non au
sens « hexagonal JO.INTRODUCTION 9
science» (l, p. 382). C'est que dans son effort thérapeutique le
médecin recherche l'aide de cet élément au but duquel il
identifie le sien: «La vie, qui a pour eble tous les droits, qui s'ingénie
à réparer tous 'les désastres, qui n'a d'autre souci que de
préserver le patient, lui apparaît comme un mystérieux auxiliaire sur
lequel on lui a appris à compter »(1, p. 382). Et c'est cette foi
que le thérapeute a le devoir de communiquer au malade: «Le
médecin a des. oboligations morales et... toute. illusion qui donne
)) (l, p.383).la force d'accomplir un devoir mérite d'être respectée
Postulat de la raison pratique ou vérité pragmatique? Sans doute
l'un et l'autre car «où la nature renonce, la médecine n'a plus de
raison d'être» (I, p. 373).
Dans un cours sur le sommeil qui nous est resté, Lasègue
éprouve le besoin de rappeler la spécificité de la réfilexion
médicale: «La téléologie. . . ne peut exister dans la science pure, dans
les mathématiques par exemple. .. au contraire, jamais ne
médecin ne pourra se passer de la téléologie: si la structure du cil ne
l'intéresse que médiocrement, il lui est très important de savoir
que l'individu privé de ses cils recevra des poussières dans l'œil.
Le médecin qui est un pratiquant fera toujours de la télléologie»
(l, p. 433). Si fait, le médecin est un pratiquant mais ill ne saurait
oublier les exigences de la connaissance biologique qui ne
pourrait, sans être définitivement condamnée, lier ses lois au
jugement téléologique. Dans une conférence faite en 1865 sur l'Ecole
de Halle, Lasègue nous donne Œalumineuse évidence d'une
pensée aussi nuancée que celle de Claude Bernard qui, la même
année, est aux prises avec le même problème: «A force de nier
le monde extérieur et de le traiter si non en ennemi, du moins en
étranger, le vitalisme, qu'il sorte de l'Ecole de Montpelllier ou de
la petite Université de Halle, exclut peu à peu d

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