Dépression nerveuse
111 pages
Français

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Dépression nerveuse , livre ebook

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Description

La dépression nerveuse a été pendant longtemps sous-évaluée et peu diagnostiquée en Afrique. Elle l'est encore aujourd'hui, mais à un degré bien moindre. Cependant les transformations sociales et culturelles ont contribué à en accroître considérablement le nombre. Que l'on accepte ou que l'on refuse le diagnostic, la maladie est en constante expansion. Inéluctablement. Il importe donc d'apprendre à la reconnaître et à la soigner correctement, car elle est hautement récidivante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2014
Nombre de lectures 31
EAN13 9782336698458
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright
© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-69845-8
Titre
Du même auteur
– Psychiatre en Afrique. L’Expérience camerounaise
– L’Exclusion Sociale au Cameroun
INTRODUCTION
Pour traiter de la dépression, nous avons jugé d’en parler à partir des cas concrets.

La première partie de cet ouvrage décrit brièvement le parcours de ceux que nous avons traités dans notre service ; en respectant l’histoire et la chronologie des faits de chaque cas. Seuls les noms, et parfois les dates, ont été modifiés pour respecter l’anonymat de chacun.

La deuxième partie décrit la symptomatologie clinique de la dépression en Occident chrétien où est né le concept ; puis les dépressions telles que rencontrées en Afrique : avant 1975 et aujourd’hui en 2013. Y a-t-il une spécificité de la dépression en Afrique ? Y est-elle fréquente ?

La troisième partie traite des causes (ou facteurs étiopathogéniques) de la dépression dans un monde en pleine transformation : culturelle, scientifique, et technologique.

La quatrième partie enfin, examine les traitements appliqués aux dépressions, dont l’importance et la progression paraissent inéluctables dans une Afrique en pleine mutation.
I ère PARTIE DES PERSONNES DEPRESSIVES
PRÉSENTATION DES OBSERVATIONS
Des personnes dépressives. Ce sont des femmes, des hommes, des enfants et des vieillards. Nous en présentons ici 44.

Les résumés des cas rassemblés proviennent de la consultation du Centre de Neuropsychiatrie Sainte Jeanne à Douala. C’est un centre de consultation, sans hospitalisation de nuit. La consultation est faite par un seul médecin psychiatre, Docteur Léon FODZO. Le centre, ouvert le 02 janvier 1997, a 16 ans½ d’âge au moment de la rédaction de cet ouvrage.

Dès l’ouverture du centre, le médecin a choisi de relever tous les états dépressifs dont le diagnostic est fait à l’issue de la première consultation, à l’exclusion de tous ceux dont le diagnostic sera affirmé dans un second temps, et de ceux dont l’état dépressif est lié à une maladie organique ou à un autre trouble psychiatrique. Ne sont donc pas pris en compte ici les dépressions associées à d’autres troubles psychiatriques ( psychoses délirantes, troubles phobiques… ) ou à des maladies organiques : cancéreuses, cardiovasculaires, neurologiques (parkinson, démence), infectieuse (SIDA).Cependant, au cours de l’évolution de sa dépression, le patient peut voir surgir une de ces affections. Ainsi au 31 décembre 2012, les chiffres obtenus durant les 16 ans de fonctionnement sont les suivants : 656 états dépressifs diagnostiqués d’emblée sur un total de 6135 nouveaux consultants.

Ce choix a été dicté par l’expérience précédente du médecin, qui a d’abord exercé pendant 18 ans à l’hôpital public dans la même ville (avril 1979-janvier1997), et qui avait constaté la réticence des patients dépressifs à se faire consulter au service de neuropsychiatrie, parce qu’ils craignaient d’être pris pour fous. Tous les dépressifs admis en hospitalisation l’étaient en urgence ou dans un état de désinsertion sociale complète.

Le choix des 44 observations présentées ici, sur un total de 656, est arbitraire, mais il est sous-tendu par une arrière-pensée didactique.
Cathérine 15 ans n°1
Sa mère amène en consultation Cathérine cette fille de 15 ans, pour des troubles de conduite évoluant depuis 10 jours. On lui reproche une perplexité d’attitude, des réponses inappropriées aux questions posées. On est à quelques jours de la rentrée scolaire d’octobre. Elle s’est rendue dans le bureau d’un service où elle venait d’effectuer un stage de vacances de deux semaines, et elle s’est mise à tout casser : mobilier, vitres, machines, etc. Le chef du service concerné l’a fait aussitôt conduire dans le commissariat le plus proche où elle a été enfermée pendant deux jours. Rentrée chez elle après sa libération, elle est demeurée muette et insomniaque pendant trois jours.

A l’examen, cette jeune fille tendue et anxieuse, présente une profonde tristesse et un mutisme partiel : elle ne répond que par des gestes, si l’on insiste, mais consent à sortir une phrase unique, plusieurs fois répétée : « On a beaucoup bagarré ».

Une seule chose est notée dans les antécédents fournis par la mère : ses premières menstruations sont apparues il y a seulement huit mois, suivies 5 mois après, d’une interruption de deux mois. Elles ont réapparu avec une importante anémie, rapidement corrigée par le gynécologue.

Mise sous traitement : Clomipramine et Prazépam, la patiente est revenue le lendemain plutôt agitée, et toujours insomniaque. Moins triste et plus ouverte, elle commence à parler : elle ne dort pas, n’a pas faim. Elle accepte notre proposition d’hospitalisation. L’hospitalisation, que nous avions voulu éviter le premier jour, nous apparaît maintenant nécessaire.

Le médecin demande à la voir seule au neuvième et dernier jour de son hospitalisation en clinique. Elle s’exprime parfaitement bien et sans réticence. Son sommeil et son alimentation sont bien satisfaisants. Elle redevient un peu triste lorsqu’elle parle de sa tante morte récemment, celle dont elle porte le nom et à laquelle elle se sentait très attachée. Elle était très gentille, dit-elle.

La dernière consultation a lieu trois semaines après (car elle ne reviendra plus après celle-là). Elle est franchement gaie, plutôt expansive, comparée à sa nature dite de timide. Elle parle de conflit familial et d’un viol subi :

A 10 ans, elle a été violée par un gendarme ami de la famille. Sans conséquences pour le violeur. La famille a étouffé l’affaire. Née de mère célibataire, elle n’a pas été reconnue par son père. Sa mère s’est mariée quand elle avait cinq ans.

Un enfant est décédé récemment dans la famille, il y a 2 mois ; on a accusé sa tante dont elle porte le nom d’en être l’auteur (par sorcellerie). Alors, une bagarre a éclaté (on a beaucoup bagarré disait-elle lors de sa première consultation). Peu de temps après cette bagarre impliquant sa tante, celle-ci est décédée. Cathérine en était profondément affectée.

La famille nous a maintenu dans l’ignorance de tous les événements successifs dont souffrait en silence Cathérine (le viol, la garde à vue, la bagarre).L’accusation portée contre son homonyme et tante bien aimée, la bagarre, le décès, ont fait éclater la colère renfermée de cathérine, avec une réaction destructrice sur les objets de son lieu de stage, l’éclosion de la dépression et la résurgence du souvenir du viol dont elle n’en avait jamais parlé.

L’accumulation de ces facteurs agressifs, destructeurs, dont les derniers sont précipitants, ont eu raison de l’équilibre mental de la jeune Cathérine.
Brigitte 16 ans n°2
Cette jeune fille élève de seconde, vient consulter seule. Personne d’allure intelligente, elle se raconte aisément. Elle éprouve le dégoût de la vie, tout l’énerve. « Chaque fois que je me réveille le matin, c’est comme un nouveau calvaire qui commence ; j’ai de la haine envers moi-même ». En plus, elle ne dort que difficilement et de courte durée. Elle est boulimique et c’est tout ce qu’elle fait : « C’est dans la nourriture que je me refugie : Je mange jusqu’à 10 fois par jour ».

Ce calvaire dure depuis 3 ans, et en plus, depuis 1 an, il s’y ajoute une sensation d’asphyxie.

Dans ses antécédents scolaires, on note une instabilité majeure : Pour être en classe de seconde à 16 ans, elle a fait 4 établissements scolaires à Douala, et deux internats hors de Douala, de nombreuses fugues. L’échec scolaire lui est familier. Elle a fait le BEPC 3 années de suite sans succès.

Sur le plan familial, Brigitte est la benjamine de cinq enfants, sa mère est décédée depuis 7 ans. Elle porte des cicatrices de nombreuses blessures enfantines et celle d’une appendicectomie à l’âge de 15 ans.

Elle s’exprime sans retenue, dans une humeur légèrement tris

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