Des figures de la violence
154 pages
Français

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Des figures de la violence , livre ebook

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Description

La violence, c'est tout ce qui défait, détruit. Il s'agit de ce que Girard nomme la "violence indifférenciatrice" qui entraîne la société dans le tourbillon de son propre anéantissement par la perte de ses repères et de ses valeurs. La violence, c'est ensuite ce qui oblige, contraint pour faire bonne figure. Cette "violence différenciatrice" est celle des forces de l'ordre, des interdits, des institutions, du symbolique. Ces deux formes de violence s'opposent, s'affrontent même. Pourtant ce sont les deux faces de la figure centrale de la pensée de Girard.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2005
Nombre de lectures 222
EAN13 9782336282381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Crise et Anthropologie de la relation
Collection dirigée par Marie-Louise Martinez
Une situation actuelle de crise diffuse, insidieuse ou paroxystique est observable dans différents champs et domaines de la culture (famille, éducation, médecine et thérapie, entreprise, médias, sport, art, droit, politique, religion, etc.). Elle est envisagée selon diverses perspectives (littérature, sciences humaines : psychologie, sociologie, anthropologie, philosophie, etc.) et bien souvent selon des approches interdisciplinaires, pluridisciplinaires et transdisciplinaires. Ces recherches et travaux donnent lieu à un véritable paradigme qui pourrait bien contribuer à définir un nouvel humanisme. Il paraît utile de les rassembler, pour rendre plus perceptibles leur cohésion et leur convergence malgré les diversités ou grâce à elles.
Cette collection se propose de publier en langue française des ouvrages (inédits ou traductions) dont les traits communs sont :
– décrire, analyser et déconstruire la crise et la violence qui se manifestent par des dysfonctionnements intrasubjectif, intersubjectif, institutionnel, civil,
– dévoiler la relation et le lien dans ses perturbations comme ses ruptures : désir, mimétisme, indifférenciation, exclusion...,
– décrire et analyser afin de substituer à certaines règles relationnelles une communication intersubjective, institutionnelle, civile, de respect de la personne et d’ouverture à l’Altérité.

Déjà parus
Federica CASINI, Bibliographie des études girardiennes en France et en Italie , 2004.
Olivier MAUREL, Essais sur le mimétisme , 2002.
Bernard LASSABLIERE, Ils sont fous ces humains ! Détritus , la bonne conscience d’Astérix, 2002.
Marie-Louise MARTINEZ (éd.) L’émergence de la personne , 2002. M.L. MARTINEZ, J. SEKNADJE-ASKENAZI, Violence et éducation, 2001.
Jean-Paul MUGNIER, L’enfance meurtrie de Louis-Ferdinand Céline, 2000.
Francis JACQUES, Écrits anthropologiques , 2000.
Gérard LUROL, Emmanuel MOUNIER ; Genèse de la personne, 2000.
Des figures de la violence
Introduction à la pensée de René Girard

Eric Haeussler
© L’HARMATTAN, 2005
9782747578257
EAN : 9782747578257
Remerciements
L’auteur remercie Mme Marie-Louise Martinez et M. Denis Pryen de leur accueil favorable de cet essai dans la collection, Martine et Patrick Pfirsch, ainsi qu’Evelyne Isinger, de leur précieuse aide ; et tout particulièrement ma sœur Clarisse de son constant soutien.
Sommaire
Crise et Anthropologie de la relation - Collection dirigée par Marie-Louise Martinez Page de titre Page de Copyright Remerciements Introduction Chapitre premier - Le désir mimétique Chapitre II - Le schème mimétique dans les sociétés primitives Chapitre III - La société moderne et le christianisme Conclusion Bibliographie
Introduction
René Girard est né en 1923 dans le sud de la France à Avignon. De 1943 à 1947 il étudie à l’École des Chartes de Paris où il obtient un diplôme d’Archiviste-paléographe (thèse sur La vie privée à Avignon dans la seconde moitié du XV e siècle ). Puis il émigre aux États-Unis. En 1950 il soutient une Thèse de Doctorat d’histoire à l’Université d’Indiana sur l’opinion des Américains à l’égard de la France pendant la Seconde Guerre mondiale : American Opinion of France, 1940-1943 .
Sa première œuvre importante, Mensonge romantique et vérité romanesque, paraît en 1961. Elle relève principalement de la critique littéraire et introduit la notion de désir mimétique comme clef de lecture de plusieurs grands romanciers (Cervantès, Stendhal, Flaubert, Dostoïevski et Proust). Critique dans un souterrain (1976, recueil de textes parus de 1963 à 1972) semble entériner cette orientation. Cependant une discussion avec la psychanalyse s’y précise, notamment dans la « présentation » de ce livre.
Mais La Violence et le sacré , éditée en 1972, est un essai plus ambitieux. Il met en jeu la notion de victime émissaire en liaison avec celle du désir mimétique. Ces notions, selon Girard, permettent de formuler une nouvelle théorie de la culture : la théorie mimétique. Cette dernière serait notamment en mesure : 1) d’unifier et d’expliquer une grande part des données ethnographiques relatives aux rites, aux interdits et aux mythes ; 2) d’interpréter les tragédies grecques ; 3) de critiquer certains textes de Freud et de l’anthropologie structuraliste de Lévi-Strauss.
Puis un essai volumineux, Des Choses cachées depuis la fondation du monde (1978, présentées sous la forme d’entretiens avec deux psychiatres dont les noms apparaissent dans le sous-titre : Recherches avec Jean-Michel Oughourlian et Guy Lefort ), aborde hardiment des questions anthropologiques et psychologiques, mais aussi « exégétiques ». René Girard explicite ici les relations essentielles entre la théorie mimétique et certains textes de la Bible : selon lui cette théorie se fonde en effet sur la Révélation judéo-chrétienne. Cependant Girard ne renonce pas pour autant à qualifier son hypothèse de scientifique.
Les ouvrages qui suivent confirment le caractère interdisciplinaire de la pensée de Girard et renforcent la place qu’y occupe la Bible : Le Bouc émissaire (1982, sur les quinze chapitres, les sept derniers sont explicitement en rapport avec les textes judéo-chrétiens ; par ailleurs, Girard insiste sur le caractère historique de l’hypothèse mimétique) ; La Route antique des hommes pervers (1985, est un commentaire du livre biblique « Job ») ; Je vois Satan tomber comme l’éclair (1999, est une sorte d’« apologie » du christianisme).
Mais le lieu de naissance de cette théorie — la critique littéraire — n’est pas désavoué pour autant. En effet, l’un des derniers essais de Girard, Shakespeare, les feux de l’envie (1990), consolide les liens entre la théorie mimétique et la grande littérature. Ainsi, en plus de la notion du désir mimétique, Girard pense que certaines pièces de Shakespeare montrent que cet auteur avait aussi compris la fonction de la victime émissaire.
Les plus récentes publications de Girard ne modifient en rien d’essentiel ces orientations. Elles précisent néanmoins certains points. Par exemple dans Celui par qui le scandale arrive (2001) Girard relativise son interprétation antérieure du caractère non sacrificiel du christianisme, et par ailleurs il rapproche sa pensée du darwinisme (la théorie mimétique est « compatible » avec la théorie de l’évolution). Puis, La Voix méconnue du réel. Une théorie des mythes archaïques et modernes (2002) est un recueil de textes d’abord écrits en anglais (parus de 1978 à 1997). En 2003 paraît Le Sacrifice , petit livre constitué des textes de trois conférences données par Girard à la Bibliothèque Nationale de France en octobre 2002, où il confronte la tradition religieuse de l’Inde védique à la théorie mimétique. Enfin, Les Origines de la culture (2004, entretiens avec Pierpaolo Antonello et Joao Cezar de Castro Rocha) retracent les grandes lignes de la théorie mimétique et donnent quelques précisions sur la genèse de l’œuvre et sur une « méthode » mimétique qui n’est pas encore entièrement définie.

La théorie mimétique a donc pour berceau la critique littéraire. Mais tout se passe comme si cette dernière discipline n’était pas assez ample pour permettre le développement de toutes les implications du désir mimétique. Ainsi la pensée de Girard utilise aussi des données de disciplines telles que l’ethnographie ou la psychiatrie, en sorte qu’elle est devenue une théorie qui concurrence la psychanalyse. Comme l’œuvre de Freud, celle de Girard prétend donner une explication globale du phénomène de la culture, et à ce titre, on peut dire que la théorie mimétique est une anthropologie fondamentale.
Cependant, à l’époque de la publication de Mensonge romantique et vérité romanesque , Girard pensait vraiment qu’il était critique littéraire. Quel chemin peut donc mener de l’étude des fictions romanesques à l’élaboration d’une science de l’homme ? Certes, le caractère multidisciplinaire de cette pensée s’explique en partie par le fait que son auteur est autodidacte ; il n’a donc pas fait ces recherches dans le cadre d’une discipline donnée. Ainsi on pourrait essayer de rendre compte du passage d’une discipline à une autre par des éléments biographique

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