Enfance et sacrifice au Sénégal, Mali, Gabon
201 pages
Français

Enfance et sacrifice au Sénégal, Mali, Gabon , livre ebook

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201 pages
Français

Description

Ce livre se compose de deux sections, anthropologicojuridique et socio-éducative. D'un côté, le thème de l'enfance sacrifiée en Afrique a fait l'objet d'une approche culturelle (ethnologique) et légale (droits de l'homme), visant à décrire ce phénomène complexe, dans les réalités de chacun des pays. De l'autre, une réflexion est entamée sur les modèles éducatifs proposés – ou, le plus souvent, imposés – aux enfants, et les contextes familiaux, notamment religieux, d'insertion...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336335858
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

collana - collection“Africultura”
ultimi titoli pubblicati - dernières parutions
Cheikh Anta Diop e l’Africa nella storia del mondo, Pathé Diagne Partiti politici, elezioni e gestione del potere in Africa. Racconto togolese, Sosthène de Vogan Parlare cantando. Edizione bilingue francese-italiano delle opere “La Vedova Diyilèm (dilemma)”, “Il Bambino Mbénè”, Werewere-Liking Gnepo (ediz. ital. a cura di N. Raschi) L’arte contemporanea africana, Joëlle Busca Istruzione, educazione familiare e condizione giovanile in Africa, Pierre Erny Il cinema africano. Lo sguardo in questione, Olivier Barlet Le radici del pensiero africano. Il dialogo tra la filosofia della storia e la teologia in Engelbert Mveng, Filomeno Lopes Il Magistero della Chiesa in Africa e il ruolo dei laici. Dal processo di Kisubi (1953) ad oggi, Philippe Ezin Dantodji Inculturation et évangélisation dans le Code de droit canonique, Paul Mambe Shamba Y’Okasa L’albero che nasconde la foresta: i segreti della (nuova crisi) nella Repubblica Democratica del Congo, Mughanda Muhindo L’evangelizzazione in Kä Mana, teologo congolese. Luogo e fermento per la costruzione di un’Africa nuova, Sébastien Sasa Nganomo Babisayone La dignité humaine. La réinsertion socio-juridique des “démunis” au Togo. Une contribution des Sœurs Missionnaires de la Miséricorde Divine à la lumière du magistère de l’Église, Akouawavi Mbonè Agnon L’éclipse (roman burkinabé), Kouka Ouédraogo L’assaut des “nouvelles” religions au Pays Dogon: islam, protestantisme et catholicisme face aux croyances traditionnelles, Amadou Kizito Togo L’évangélisation en Afrique. Approche théologico-spirituelle de l’image de l’Eglise - Famille de Dieu, Léon Sirabahebda La transmission du savoir islamique traditionnel au Mali entre soufisme tijani et écoles coraniques, Elisa Pelizzari, Omar Sylla (sous la dir.) L’Oubangui-Chari et son évangélisation dans le contexte de la politique coloniale française en Afrique Centrale (1889-1960), Célestin Doyari Dongombe Lo stupro come arma di guerra in Africa, Pauline Aweto Eze Custodi del tempo. Archivi, storie, memorie del Pays dogon (Mali),Fabrizio Magnani Violences sexuelles, régime juridique et limites à la répression de ces crimes en République Démocratique du Congo, Joël Mapatano Karume Manifeste de la renaissance africaine. Entre la mémoire et la prophétie, Giscard Kevin Dessinga Et si l’Afrique n’aimait pas la démocratie?, Giscard Kevin Dessinga Quand la démocratie fait ses naufragés et que Dieu semble se taire. Recueil de poèmes (République Démocratique du Congo),Jean-Pierre Bah’ogwerhe Cirimwami La construction du bien commun dans une société africaine et la doctrine pastorale de l’Église catholique. Le cas de la République du Congo, Destin Mouene Nzorombe Corpus du Magistère Romain sur les Communications Sociales. Du Concile Vatican II à nos jours, Kouka Ouédraogo
Elisa PELIZZARI, Omar SYLLA (sous la dir.)
ENFANCE ET SACRIFICE AU SÉNÉGAL, MALI, GABON
Écoles coraniques. Pratiques d’initiation. Abus et crimes rituels
L’Harmattan Italia via degli Artisti 15 - 10124 Torino
L’Harmattan 5-7 rue de l’École Polytechnique - 75005 Paris
Tropique Éditions 2 rue René Clément - 93130 Noisy-le-Sec
L’Harmattan en Afrique
Harmattan Bénin - ISOR Quartier Gbèdjromèdé - Rue Agbélenco, Lot 1247 I 01 - Cotonou-RP (01 BP 359) - christian_dablaka123@yahoo.fr Harmattan Burkina Faso Av. Mohamar Kadhafi 12 BP 226 - Ouagadougou / harmattanburkina@yahoo.fr Harmattan Cameroun Immeuble Don Bosco - BP 11486 - Yaoundé / harmattancam@yahoo.fr Harmattan Congo 67 Av. E. Patrice Lumumba BP 2874 - Brazzaville / harmattan.congo@yahoo.fr Harmattan Côte-d’Ivoire Rés. Karl - Cité des Art 03 BP 1588 - Abidjan / etien_nda@yahoo.fr Harmattan Guinée Almamya Rue Ka 028 BP 3470 - Conakry / harmattanguinee@yahoo.fr Harmattan Rép. Démocratique du Congo c/o Faculté des sciences sociales, pol. et admin. BP 243 - Université de Kinshasa (XI) / matangilamusadila@yahoo.fr Harmattan Mali Rue 58, Porte 203 (face au Palais de la Culture) Badalabougou-Bamako / poudiougopaul@yahoo.fr Harmattan Mauritanie Espace El Kettab - 472 Av. Palais des Congrès BP 316 - Nouakchott / mdlemkettab@yahoo.com Harmattan RSD Maison d'édition installée dans les campements de réfugiés sahraouis de la Hamada de Tindouf (Algérie) - nana_rachidtdf@yahoo.fr Harmattan Sénégal Ville Rose - Rue Diourbel X - Rue G, Point E BP 45034 - Dakar-Fann / senharmattan@gmail.com Harmattan Togo 1771, Boulevard du 13 Janvier BP 414- Lomé / gerry@taama.net
www.editions-harmattan.fr harmattan.italia@agora.it - harmattan.italia@gmail.com
© L’Harmattan Italia, Torino, 2014
Introduction, Elisa Pelizzari
SOMMAIRE
I.SECTION ANTHROPOLOGICO-JURIDIQUE
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Un drame silencieux : les talibés mendiants entre crise sociale et perte de valeurs (Sénégal et Mali), Elisa Pelizzari 9 Le droit entre laïcité et croyance : le cas des écoles coraniques au Sénégal et au Mali. Réflexions d’un juriste occidental, Marcello Monteleone 42 Les talibés sénégalais et les enfants soldats au Mali. Une perspective d’analyse juridique, Maria Stefania Cataleta 59 Droits humains et enfants sacrifiés au Gabon, Jean Elvis Ebang Ondo 73 « Ces enquêtes restées sans suite ». Une analyse anthropologique des crimes rituels à travers les articles de la presse gabonaise, Javier González Díez 89
II.SECTION SOCIO-ÉDUCATIVE
Sur les traces des soufis au Mali, Omar Sylla 112 L’éducation traditionnelle au Mali et sa nécessaire adéquation à la réalité d’aujourd’hui, Alberto Rovelli 127 De la tradition à la rue, cheminement vers la rupture, Youssouph Badji, Isabelle de Guillebon, Ngor Ndour 139 Pratiques religieuses et sorcellerie : une problématique qui suit les jeunes migrants africains par-delà de leurs terres d’origine, Rita Finco 164
Conclusion, Omar Sylla
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.
Introduction
ELISAPELIZZARI (anthropologue)
Cet ouvrage aborde avec humilité et passion un sujet haute-ment délicat, en raison de ses implications parfois drama-tiques : l’enfant africain comme catalyseur de la crise qui frap-pe son milieu socioculturel d’insertion. À travers l’analyse ponctuelle de réalités aux caractères exemplaires, propres à trois pays de la région occidentale (Sénégal, Mali et Gabon), les auteurs des articles ici réunis se sont efforcés d’approfondir la difficile condition des mineurs en Afrique, dans leur univers familial, éducatif, religieux et juridique. Au carrefour de toute une série de changements et de pro-cessus dynamiques des sociétés contemporaines, l’enfant devient la victime désignée d’une remise en question des modalités traditionnelles d’existence et de croissance. En effet, l’envahissement brutal d’une mondialisation caractérisée par la quête de réussite économique, se traduit trop souvent par l’é-chec ou, du moins, par l’inégalité des richesses et des chances. De ce bouleversement, qui pèse de façon si lourde sur la col-lectivité des adultes, les mineurs en portent les stigmates et leur présence dans les foyers les plus démunis finit par représenter un fardeau ingérable : l’enfant perd sa connotation coutumière de capital symbolique, voire d’espoir tangible en un futur meilleur. C’est donc la « rupture » qui est au centre des réflexions des éducateurs, anthropologues et juristes qui ont contribué à ce travail d’enquête, conduit sur la réalité des écoles coraniques itinérantes et sur les pratiques d’initiation des jeunes à l’âge adulte, en pointant du doigt les abus de plusieurs natures qui y sont, de nos jours, liés. Dans ce contexte, il nous a donc été inévitable de passer du thème de la violence à celui de l’analy-se des crimes rituels, car ces homicides se présentent comme
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des sacrifices humains dont font surtout l’objet des enfants, soit des êtres purs, innocents et en position d’extrême précarité. La crise de valeurs du monde des adultes – qui, par défini-tion, serait censé éduquer et protéger les mineurs – semble produire une sorte de tumeur que la logique de la sorcellerie reprend à son compte, en la développant de manière exponen-tielle et aberrante. Du phénomène destalibésmendiants au Sénégal et au Mali (réduits à un état de servitude aliénée entre les mains de mara-bouts exploiteurs), à celui, plus spécifique, desfakhmansde Dakar (enfants de la rue) ; mais également du cas des petits sacrifiés au Sénégal, Mali et Gabon (pour extraire le sang de leurs cadavres et pour fabriquer des amulettes/fétiches à partir de leurs organes), à celui des jeunes migrants de l’Afrique à l’Europe, portant sur eux les marques de l’exclusion sociale… voilà la tragique panoplie d’une descente aux enfers, subie par des mineurs dont les législations nationales et internationales se sont formellement engagées à sauvegarder les droits fonda-mentaux.
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ANT
I.SECTION HROPOLOGICO-JURIDIQUE
Un drame silencieux : les talibés mendiants entre crise sociale et perte de valeurs (Sénégal et Mali)
ELISAPELIZZARI (anthropologue)
Introduction
Par milliers les « talibés mendiants » (les élèves des écoles coraniques) circulent dans les rues des principaux centres urbains des états musulmans de l’Afrique de l’Ouest, dont le Sénégal et le Mali, pays analysés au cours de notre enquête de terrain. À la main, une boîte vide de conserve, une sébile en plastique ou, encore, une simple canette, ces enfants, âgés de 5 à 15 ans, quémandent quelques pièces, mais aussi du riz et du sucre qu’ils apporteront par la suite à leur marabout (maître coranique). Comme une marque de fabrique, ces menus objets signalent le passage des talibés près des endroits les plus ani-més des villes, à des heures plus ou moins fixées. Toutefois, dans l’accomplissement d’une forme mal interprétée du pré-cepte religieux prévoyant l’obligation de l’aumône (zakat) pour les fidèles, personne ne semble se soucier du sort de ces gosses en détresse, aux habits en haillons, aux visages émaciés et pieds nus. Il s’agit de créatures rendues paradoxalement invisibles, à la pitié des passants qui les esquivent, par leur condition d’élèves desdaara(Sénégal) oukuttab(Mali). Dans ces centres voués à la mémorisation du Coran et à l’ap-prentissage des rituels de base de la foi, les talibés sont soumis à l’autorité absolue des marabouts (appelés aussimobbo, kara-
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moko, serigneouthierno; termes qui, souvent, ont une origi-ne peul) (1). e Au XX siècle, dès la fin des années soixante-dix, période correspondant à un rapide processus d’urbanisation, de nais-sance de quartiers informels et de monétarisation de l’existen-ce quotidienne (qui n’est plus organisée selon les critères de la pure subsistance ou du troc, propres de la vie de village), l’ins-titution des écoles coraniques a connu une dégradation irréver-sible. De lieux consacrés au savoir islamique, en mesure de fournir une alphabétisation de base, en arabe, aux enfants de tous les milieux sociaux, lesdaaraoukuttab– qui ont poussé un peu partout et sans aucune inspection, ni de la part de l’état, ni des confréries musulmanes – se sont transformées en un véritable business pour beaucoup (trop) de marabouts, dépour-vus d’une quelconque compétence pédagogique et religieuse. Les familles confient (on pourrait presque dire « abandon-nent ») leurs petits en très bas âge (3-4 ans) à des personnages qui se prétendent « enseignants d’école coranique », sans leur demander compte du traitement imposé aux enfants. Pendant très longtemps, les parents n’auront plus de nouvelles de leurs fils – des garçons exclusivement, car les filles ne quittent pas le foyer domestique. À noter en outre que les gosses sont trans-férés de manière arbitraire, par les marabouts, d’un endroit à l’autre. En suivant des yeux la journée des talibés (dans les idiomes autochtones, on les nomme de préférencenjàngaanau Sénégal etgaribououmorikalanderau Mali), on remarque que peu de temps est réservé à la récitation des versets cora-niques et à leur transcription sur des tablettes en ardoise. La mendicité forcée, les travaux massacrants dans les champs du maître, dans les ateliers des artisans ou dans les marchés occu-pent les élèves coraniques de l’aube à la nuit avancée, en les contraignant souvent à accomplir des trajets pénibles pour atteindre les points stratégiques, sièges de leurs activités, à partir des misérables banlieues où ils habitent, entassés dans des concessions malpropres.
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