Etre biculturel : le cas des sourds
164 pages
Français

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Etre biculturel : le cas des sourds , livre ebook

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Description

En tant que membres d'une minorité linguistique et culturelle à l'intérieur d'une majorité d'entendants, de nombreux sourds sont en fait biculturels. Ils côtoient, participent et s'adaptent à la vie de deux cultures (sourde et entendante), même s'il arrive qu'ils s'identifient plus fortement à l'une ou l'autre. Cette diversité des personnes sourdes peut aboutir au rejet de l'une ou l'autre culture, mais souvent aussi à l'acceptation de ces deux mondes. Se pose aussi la question de l'appartenance aux autres cultures (religieuses, ethniques, sexuelles) à l'intérieur de la société.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2007
Nombre de lectures 345
EAN13 9782336255132
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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1, square du Croisic, 75015 Paris www.gers-biling.net


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Etre biculturel : le cas des sourds

François Grosjean
CONTACTAS
SOURDS—ENTENDANTS
N° 2 Mars 2007
La revue Contacts Sourds-Entendants a été fondée par le GERS en 2006 pour être un lieu de diffusion des idées échangées entre Sourds et Entendants ; également pour promouvoir une éducation des Sourds conforme à leurs besoins identitaires, avec le souci constant de leur donner le maximum de chances tant sur le plan culturel que sur celui de leur épanouissement personnel. Le « bilinguisme », français oral / écrit et langue des signes, en est la pierre angulaire.
Tout comme l’accès à la lecture, et à l’oralisation quand cela est possible, le droit de l’enfant sourd à la langue des signes doit être respecté. Cette langue témoigne du génie humain, de sa capacité à générer une langue gestuelle riche et complexe. Pour de nombreux Sourds profonds et sévères, elle représente un besoin vital.
Nous souhaitons aborder ici tout ce qui peut intéresser la surdité des enfants et des adultes, dans un large esprit d’ouverture.
Les propositions de textes sont les bienvenues ; un document rassemblant les normes de présentation est à la disposition des auteurs.
Directrice de la publication : Annette Gorouben Dessin de couverture : Pascal Finjean Infographie : Marc et Martine Renard - Éditions du Fox GERS : 1, square du Croisic, 75015 Paris www.gers-biling.net
© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296033368
EAN : 9782296033368
Sommaire
Page de titre CONTACTAS - SOURDS—ENTENDANTS Page de Copyright Comité de lecture Remerciements Introduction La personne biculturelle : un premier aperçu Fragments d’identité Les jeunes sourds qui voyagent : une occasion pour affirmer une identité Si je trouve ma place dans ma famille, je la trouverai partout ailleurs ... De l’étymologie du signe FRANÇAIS et de quelques autres : genèse des signes et biculturalisme Vers une éducation interculturelle pour les enfants sourds ? Aux sources de la culture sourde Clins d’œil sur les médias, les entendants et les « sourds-muets
Comité de lecture
Yves Delaporte Ethnologue, Directeur de recherche au CNRS
Annette Gorouben Orthophoniste, Présidente du GERS
Dr Jean-Claude Gorouben Pédiatre, Ancien Interne des Hôpitaux de Paris Ex-chef de Clinique
Hélène Hugounenq Doctorante en ethnologie
Dr Elisabeth Zucman Médecin de rééducation fonctionnelle, Présidente honoraire du GPF
Remerciements
Nos remerciements chaleureux à la Fondation Orange pour son appui lors de la réalisation des journées d’études du GERS. La traduction en langue des signes française (LSF) des conférences de la journée du 25 novembre 2006 a été assurée par les interprètes du SILS (Service d’Interprètes en Langue des Signes).
Annette Gorouben


Introduction
À partir du moment où il y a langage, il y a société.
Claude Lévi-Strauss
Au cours de ces trente dernières années, j’ai rencontré de nombreux sourds : des sourds oralisant rejetant les sourds gestuels; des sourds gestuels rejetant les sourds oralisant; des sourds oralisant ayant brusquement déposé leurs prothèses et décidé de ne plus parler alors qu’ils le pouvaient sans effort; des sourds parlant, mais ne comprenant pas, car s’ils pouvaient exprimer, la lecture labiale seule ne leur donnait pas assez de repères; des sourds gestuels désespérés de ne pas pouvoir parler avec leurs enfants entendants et de ne pas les entendre; des sourds pleurant parce que leur enfant était sourd, ou au contraire pleurant parce que leur enfant était entendant…
Bref, une société vivante et disparate, pleine de contradictions, posant question à nombre d’entendants et aux sourds eux-mêmes.
Au cours de ces quinze dernières années, bien des changements sont intervenus qui font que les jeunes sourds de maintenant atteignent des niveaux supérieurs à leurs aînés. La technologie a beaucoup évolué tant en ce qui concerne les moyens de communication (informatique, téléphones mobiles avec SMS, vidéo transmission) que l’arrivée des prothèses auditives numériques plus performantes, des implants cochléaires de plus en plus pratiqués, permettant à de nombreux sourds un meilleur accès à l’oralisation.
La législation donne aujourd’hui aux parents la tâche difficile de faire un choix éducatif dès le diagnostic de surdité, celui-ci intervenant de plus en plus tôt puisqu’actuellement il est expérimenté au lendemain de la naissance. Absurdité dont il faudra bien sortir un jour pour éviter que les uns ou les autres plongent brutalement dans une direction ou une autre selon le premier professionnel de la surdité rencontré au moment du diagnostic. Aussi, parce que ce choix est bien difficile, et que, s’ils ne trouvent pas dans l’orientation qu’ils ont choisie les bénéfices qu’ils en espéraient pour leur enfant, les parents se détournent tout aussi brutalement de leur choix premier pour s’engager dans l’option inverse.
Dans les établissements, on remarque un soudain engouement pour la LSF, le LPC, chacun faisant de tout un peu. Les politiques, dans le dessein de réduire les coûts engendrés par l’éducation spécialisée, poussent vers l’intégration en école ordinaire, en oubliant trop souvent ce que peut vivre un enfant sourd seul dans une classe d’entendants, coupé de ses pairs.
Nous ne discuterons pas aujourd’hui de ces aspects de la vie des parents et des enfants qui feront l’objet du prochain numéro de notre revue.
Le mot « culture » est évoqué actuellement dans tous les milieux, qu’il s’agisse de ce qui caractérise une société (langue, religion, ethnologie, politique), un groupe de professionnels (culture des milieux de l’industrie, de l’éducation, du médico-social), et bien sûr aussi le jardinage et ce qu’on peut faire pousser sur notre terre.
Quand le Professeur Grosjean a proposé une journée sur le thème du biculturalisme, à partir de travaux qu’il mène depuis de nombreuses années, j’ai trouvé que c’était l’occasion rêvée d’aborder un sujet qui traverse non seulement la communauté sourde, mais aussi la communauté entendante, avec tous ces « ismes » destructeurs comme racisme, fondamentalisme, ostracisme, communautarisme.
« Être biculturel » est le titre que nous avons choisi en sachant pertinemment que cette réalité bien particulière qui caractérise le vécu des personnes sourdes n’est pas comparable terme à terme avec celle des entendants. Pourtant, on peut dire qu’être biculturel – aussi bien en surdité que chez les entendants (devenir une « entendante » a été une grande surprise pour moi en son temps) – recouvre l’acceptation de deux ou plusieurs parts de soi-même, complémentaires. Être biculturel, d’une façon générale, ce n’est pas seulement être bilingue, mais c’est être imprégné, d’une façon ou d’une autre, par le milieu dans lequel on baigne, on a été élevé.
Pour les sourds qui, comme nous le savons bien, ont pour la plus grande part des parents entendants, des frères et sœurs et des enfants tantôt entendants tantôt sourds, l’appartenance à ces deux groupes grossièrement déterminés par une particularité sensorielle, la possibilité d’entendre plus ou moins bien, me semble être une évidence. Car comment faire autrement dans un monde entendant où il est inévitable de vivre et de travailler ?
Le tout est qu’ils puissent exister sans rejeter ce qu’ils ont acquis, ce qu’ils sont, qu’ils puissent ne pas laisser se former ces stratifications artificielles entre « vrais sourds » et « faux sourds », sourds LPC versus sourds LSF, Sourds orali

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