L'argument culturel dans la thérapeutique

Mamadou Habib Thiam, Pierre-Georges Despierre, Omar Ndoye

Description

Ce travail a été réalisé pour vérifier si la représentation culturelle des maladies mentales était toujours d'actualité chez les patients de la clinique psychiatrique de Fann. Il a ainsi montré que le culturel alimentait toujours le discours des patients, que la croyance aux objets culturels influençait l'éclosion des troubles mentaux et que l'argument culturel atténuait l'angoisse liée à la maladie mentale et donnait un sens à l'événement traumatique.

Sujets

• Anthropologie
• Médecine
• Psychologie
• Sénégal
• Santé
• Psychanalyse
• Ethnologie
• Civilisation
• Afrique subsaharienne
• Psychiatrie
• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2015
• Nombre de lectures: 38
• EAN13: 9782336386904
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Sous la direction de : Pr. Mamadou Habib Thiam Pr. Omar Ndoye Pierre-Georges Despierre

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L’ARGUMENT CULTUREL DANS LA THÉRAPEUTIQUE 3V\FKRSDWKRORJLH HQ $IULTXH   T

P SYCHANALYSEET T RADITIONS

Psychopathologie

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Sous la direction de P R .M AMADOU H ABIB THIAM P R .O MAR N DOYE P IERRE G EORGES D ESPIERRE Sous l'égide de l'IREP Institut de Recherches et d’Enseignement de Psychopathologie Université Cheikh Anta Diop Dakar, Sénégal.

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© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] harmattanͳ@wanadoo.fr ISBN : ͻ͹ͺ-ʹ-͵Ͷ͵-Ͳ͸ͷ͵ͷ-ͻ EAN : ͻ͹ͺʹ͵Ͷ͵Ͳ͸ͷ͵ͷͻ

Photo couvertureP.-G. Despierre, "Clinique de Guérisseur", sud Burkina Fasso.

C OLLECTION P SYCHANALYSE ET T RADITIONS Mamadou Habib Thiam et Omar NDoye Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal

L’ARGUMENT CULTUREL DANS LA THÉRAPEUTIQUE

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P SYCHANALYSE ET T RADITIONS * A tous les pionniers du GRAPPAF Aux Drs. Yves Kaufmant, Anne-Marie Kaufmant sonépouse, et Claude Duprat psychanalyste. * L A RÉDACTION Pierre Georges Despierre, psychanalyste et enseignant. Secrétariat de rédaction Anne Djamdjian, Tél : [phone] Courriel : [e-mail]

Remerciements aux contributeurs

Prof. Mamadou Habib Thiam, Titulaire de la Chaire de psychiatrie, Chef de service et Directeur de l’IREP (Institut de Recherches et d’Enseignement de Psychopathologie), Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal. Prof. Papa Lamine Faye, Chef d'unité au service de psychiatrie, Maître de Conférences agrégé, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.

Prof. Omar NDoye, Psychologue, Psychothérapeute, Maître de Conférences à l’Institut de Recherche et d’Enseignements de Psychopathologie, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal. Prof. Michel Mboussou Chef de service de Psychiatrie, Libreville, Gabon.

Dr. M. Camara Chef de clinique service de psychiatrie hôpital Fann, Assistantàl'UCAD, Dakar, Sénégal. Pierre Georges Despierre, Psychanalyste, Enseignant au DER de Psychologie médicale à la Faculté de Médecine de Paris XII. Écrivain, Rédacteur de "Psychanalyse & Traditions", France. Dr. Reine Dope Koumou Psychiatre, Libreville, Gabon. Dr Benjamin Bihabwa Mahano, D ESS de psychiatrie, Sénégal. Dr. Nathalie Mbenda D ESS de psychiatrie, Sénégal. Dr Ndongo Ndiaye, Psychiatre hôpital Fann, interne des hôpitaux, Sénégal.

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L’autre dans la pathologie en Afrique Dr N. Ndiaye, Pr O. Ndoye, Pr P. L. Faye, Pr. M.H. Tiam

Introduction Ce travail a été réalisé pour vérifier si la représentation culturelle des maladies mentales était toujours d’actualité chez les patients de la clinique psychiatrique de Fann. Il a aussi servi à comprendre le rôle de l’argument culturel dans la psychopathologie des troubles mentaux. Ce travail de recherche a été fait au service de la consultation externe psychiatrique du centre hospitalier national universitaire de Fann de Dakar. Il a porté sur deux cas choisis de façon non probabiliste. Deux entretiens de 45 minutes, espacés de 15 jours, ont été tenus avec chaque patient. L’étude a révélé que le culturel alimentait toujours le discours des patients. Aussi, elle a montré que la croyance aux objets culturels influençait l’éclosion des troubles mentaux. En outre, elle a permis de constater que l’argument culturel atténuait l’angoisse liée à la maladie mentale et donnait un sens à l’événement traumatique. Mots clés: culture, maladie mentale, psychopathologie

Préface

L’Afrique de l’ouest, en particulier le Sénégal, a connu dans l’histoire, des bouleversements successifs : d’abord l’esclavage pendant trois siècles, ensuite la colonisation pendant un siècle et enfin le néocolonialisme. Ce dernier a marqué et continue d'influencer nos sociétés. Cependant, malgré ces nombreuses agressions, les cultures propres à notre pays ont, tant bien que mal survécu et colorent nos rites de passage du baptême à la mort. C’est dans ce contexte, sous le regard du colonisateur, que les premières ébauches d’une assistance psychiatrique occidentale s’étaient implantées entre 1938 et 1960 (Collomb, 1974). Cette assistance consistait, d’abord, à enfermer les malades dans des centres asilaires sans soins médicaux et les garder, ainsi, loin des regards (Diop 1961- Collomb 1974). Dans ces asiles étaient enfermés les malades qui échappaient ou résistaient au traitement traditionnel. En effet, existaient déjà, des villages thérapeutiques où le malade, toujours accompagné de sa famille, bénéficiait de la pratique curative du guérisseur. Ce dernier appartient à la société dans laquelle il exerce. Ses actions thérapeutiques sont variées, elles sont représentées par des incantations, des infusions, des gris-gris, des rituels… Elles visent les différents modèles interprétatifs de la maladie dans le groupe. Ainsi, son action est en accord avec les croyances du groupe qui lui voue confiance et adhère sans résistance à son traitement. Le guérisseur apporte ainsi une cause à la souffrance, laquelle, s’inscrit dans la culture et l’histoire personnelle du sujet. Il propose une solution qui ne «bouche pas tous les trous du discours du patient» (Y. Kaufmant 2001a).

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Il réconcilie le sujet avec lui-même et son entourage à travers 1 des rituels comme leNdoepau Sénégal (O.Ndoye 2010). Depuis 1959 le premier centre psychiatrique occidental fut 2 installé à Dakar plus précisément à Fann . Cette structure sous l’impulsion d’Henri Collomb, professeur en psychiatrie, avait comme objectif de prendre en charge les malades mentaux, grâce aux techniques médicales occidentales. Rapidement, cette psychiatrie se rendit compte, à l’opposé de l’occident, de la fréquence des psychoses aigues et, d’un autre coté, de la rareté des psychoses chroniques en particulier la schizophrénie. Henri Collomb à partir de théories psychosociales plus particulièrement évoquées dans la genèse des troubles mentaux, tenta d’expliquer ce phénomène par les relations étroites entre l’enfant africain et sa mère dans les premières années de sa vie. Un comportement qui s’oppose à ceux qui sont mis en cause dans la schizophrénie. Henri Collomb remarqua aussi que l’homme africain vit en groupe au sein duquel les liens sociaux sont solides et font dire à certains que dans cette organisation le statut prime sur le sujet (Boussat 1976). Le docteur Lambo, au Nigéria en 1954, avait étudié de près ce facteur social dans la société africaine et ceci avait abouti à 3 la création desAro villages(collignon, 1983). De plus, l’importance des thèmes de persécution a été notée dans le délire de ces africains ; ce qui a poussé des auteurs, comme M. Diop (1964) à se pencher sur la signification et la valeur de la persécution dans les cultures africaines en général. Pour lui, « la persécution colore toute la psychiatrie africaine. Vécue, sur un mode délirant, interprétatif ou culturel, elle est explicative à tout

1 Chant et danse d’exorcisme pratiqués surtout par les Lébou 2 Quartier situé à la proximité du centre ville de Dakar et abritant le centre hospitalier universitaire national 3 Les patients sont suivis en hôpital du jour et passent le reste du temps dans une famille d’accueil des villages environnants, dans le souci de maintenir le tissu social du patient.

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