L EXPOSITION A L UVRE
382 pages
Français

L'EXPOSITION A L'UVRE , livre ebook

-

382 pages
Français

Description

Alors que les expositions ont connu un essor sans précédent, que connaissons-nous au juste de leur nature et de leur fonctionnement ? commet permettent-elles non seulement de présenter des objets mais encore de faire comprendre des savoirs ? D'où tiennent-elles leur opérativité symbolique ? Quelle place occupent-elles dans la vie de notre société ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2000
Nombre de lectures 276
EAN13 9782296404342
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

(Ç)L'harmattan, 1999
ISBN: 2-7384-8725-4L'Exposition à l' œuvre
Stratégies de communication
et médiation symboliqueCollection Communication et Civilisation
dirigée par Nicolas Pelissier
Comité de lecture: Benoît d'Aiguillon, Olivier Arifon, Christine Barats, Philippe Bouquillion,
Agnès Chauveau, Pascal Lardellier, Philippe Le Guem, Tristan Mattelart, Cécile Meadel,
Arnaud Mercier, Dominique Pagès, Paul Rasse.
Design des couvertures: Philippe Quinton
La collection Communication et Civilisation, créée en septembre
1996, s'est donné un double objectif. D'une part, promouvoir des
recherches originales menées sur l'information et la communication
en France, en publiant notamment les travaux de jeunes chercheurs
dont les découvertes gagnent à connaître une diffusion plus large.
D'autre part, valoriser les études portant sur l'internationalisation de la
communication et ses interactions avec les cultures locales.
Information et communication sont ici envisagées dans leur acception
la plus large, celle qui motive le statut d'interdiscipline des sciences
qui les étudient. Que l'on se réfère à l'anthropologie, aux
technosciences, à la philosophie ou à histoire, il s'agit de révéler lal'
très grande di versi té de l'approche communication nelIe des
phénomènes humains.
Cependant, ni l'information, ni la communication ne doivent être
envisagées comme des objets autonomes et autosuffisants. Leur étude
montre que toute société a besoin d'instances de médiation et qu'ils
constituent des composantes à part entière du processus de
civilisation. Or, à l'Ouest, à l'Est, au Nord et au Sud, ce processus
admet des formes souvent spécifiques, parfois communes, mais
toujours à découvrir.
La collection "Communication et Civilisation" comporte deux séries
spécialisées: et Technologie" et "Communication en
pratiques" .
Dernières parutions
Michel MATHIEN (sous la direction de), Médias, santé, politique,
1999.
Michèle de BUSSIERRE, Cécile MÉADEL, Caroline
ULMANNMAURIA T (éds), Radios et télévision au temps des "événements
d'Algérie" (1954-1962), 1999.
Caroline ULMANN-MAURIAT, Naissance d'un média: histoire
politique de la radio en France (1921-1931),1999.
Ion DRAGAN (éd.), La communication du politique, 1999.JEAN DAVALLON
L'EXPOSITION
À L'ŒUVRE
Stratégies de communication
et médiation symbolique
L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-6, rue de l'École Polytechnique 55 rue Saint-Jacques
Montréal (Qc) - Canada H2Y 1K975005 Paris - FranceIntroduction
u DÉPART: l'idée que l'exposition proposerait un mode deA réception de ce qui est exposé, qu'il s'agisse d' œuvres d'art,
de machines, de textes scientifiques, d'objets ethnologiques ou de
produits commerciaux. Elle se distinguerait ainsi de l' œuvre d'art
en ce qu'elle serait non pas réflexive, mais transitive. À la
différence de celle-là, elle ne se montrerait pas, elle montrerait. Mieux,
même: elle serait au service de ce qu'elle montre. Non seulement
elle montrerait des « choses », mais toujours indiquerait comment
les regarder. L'exposition pourrait être ainsi abordée comme un
média. N'est-ce pas en effet la caractéristique des médias que de
présenter simultanément un contenu et un vecteur technique qui
propose une manière d'appréhender ce contenu?
Cette façon d'aborder l'exposition était fortement influencée
par des travaux antérieurs sur l'annonce publicitaire: l'exposition
n'était pas sans rappeler en effet ce média dont la fonction sociale
est aussi de « présenter» des objets. Certes, dans l'exposition
culturelle, la présentation n'a pas une visée commerciale. Mais
l'exposition commerciale (pensons aux salons ou à la vitrine de
magasin, par exemple) n'assure-t-elle pas le continuum entre les deux
formes d'exposition? À tel point qu'un instant j'ai pu avancer
l'idée que le développement des expositions que l'on constatait
dans le début des années quatre-vingt en France correspondait
7L'exposition à l'œuvre
peut-être à l'émergence d'une nouvelle forme de publicité: « une
publicité, écrivais-je alors, qui porte sur des services ou des
produits remarquables moins par leur fabrication en grand nombre que
par leur qualité, voire leur- relative rareté. Une telle publicité,
répondant à des exigences économiques et sociologiques
différentes, serait obligatoirement elle-même différente: s'adressant à
un plus petit nombre, portant sur des produits dans lesquels le
travail - comme valeur humaine et pour tout dire comme "création"
- apparaît et détermine la valeur. C'est dans une telle publicité
donc - que l'on pourrait nommer "publicité sociale" pour la
distinguer de l'autre [la publicité commerciale] et souligner ses
rapports avec une "économie sociale" - que viendrait prendre place
l'exposition comme média. » (Davallon, 1983a.)
À vrai dire, je ne suis pas sûr aujourd'hui que cette notion de
publicité sociale possède une quelconque pertinence. Parler de
« sociale », au sens entendu ci-dessus, c'est en effet
présupposer une forme d'opérativité unique pour toutes les
expositions. Or, sur ce point, les analyses qui ont suivi ont montré qu'il
était plus pertinent de rechercher les différences que les
ressemblances. Les enjeux, les usages, les stratégies et les effets d'une
exposition de la mémoire ne sont pas les mêmes que ceux d'une de produits commerciaux, ou que ceux d'une exposition
d'art ou encore d'une exposition documentaire. Même si nous
laissons soigneusement de côté la connotation promotionnelle que le
terme publicité peut comporter, pour ne lui conserver que
l'acception plus serrée de rendre public, de « publiciser », une telle
désignation risque de réduire le fait d'exposer à une dimension
seulement instrumentale. L'analyse du fonctionnement de l'exposition a
très rapidement montré que l'enjeu symbolique de l'acte même de
mettre en exposition allait bien au-delà d'une simple publicisation
de l'objet (Davallon, 1986 *).
L'intérêt du rapprochement avec la publicité se situait donc
ailleurs: en ce qu'il avait l'avantage de mettre clairement en
lumière ce qui caractérise le fonctionnement médiatique de l'
expoRepris ici dans le chapitre 6, « La mise en exposition ».*
8Introduction
sition. Le réglage de la réception n'était-il pas en effet un des
processus les plus marquants de la communication publicitaire? La
forme même de l'annonce préfigurait la lecture en mettant en place
une matrice de signification: l'annonce est un dispositif
énonciatif qui installe et guide le spectateur moins vers un sens, comme on
le croit parfois, que vers l'existence d'un sens, puis vers des séries
de significations possibles qui font système 1. Elle fournissait ainsi
l'exemple d'un objet qui, à travers la relation qu'il instaure avec un
récepteur, produit de la signification. Sous cet angle, la
connaissance du fonctionnement de l'annonce publicitaire apportait un
éclairage sur celui de l'exposition; mais à l'inverse aussi l'
exposition ouvrait un questionnement sur ce qu'était un média. Le ton
était donné.
PEUT-ON CONSIDÉRER L'EXPOSITION COMME UN FAIT
DE LANGAGE?
Une exposition est avant tout un objet issu de la mise en œuvre
d'une technique. Elle est un artefact. À ce titre, elle répond donc à
une intention, c'est-à-dire à un but ou à une volonté, de produire un
effet. La chose est difficile à nier. Toute la question est de savoir ce
qui est visé par cette intention ou, si on veut, quelle est la fonction
assignée à l'exposition.
Un objet qui résulte d'opérations techniques
Pour tenter de répondre à la question de la fonction assignée à
l'exposition, on peut se référer aux catégories habituellement
reconnues; j'évoquais plus haut les expositions d'art, les
expositions de sciences et techniques, les commerciales, les
expositions traitant de la mémoire, etc. Selon cette catégorisation,
certaines expositions viseraient à (i

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