Lambézellec : Naissance et développement d une commune industrieuse
186 pages
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Description

Jadis commune à part entière, Lambézellec est devenu, en 1945, un quartier de la ville de Brest. Dans la plupart des livres d’histoire, les données statistiques, politiques, économiques ou sociologiques concernant la municipalité déchue sont désormais presque systématiquement assimilées à celles de Brest. L’objet de ce livre est de participer à la réparation de ce préjudice en montrant que Lambézellec ne fut pas seulement cette banlieue de Brest sans pouvoir, sans autonomie, simple extension extra-muros du grand port. Elle fut bel et bien une commune, certes dépendante économiquement de son puissant voisin, mais capable d’actions, de décisions originales portées par des administrateurs, des industriels, des clercs, des militants associatifs souvent brillants et populaires. Lambézellec fut, il y a quelques décennies de cela, la deuxième commune la plus peuplée du Finistère, une des plus industrialisées du département, une des principales bases américaines en Europe pendant la première guerre mondiale, mais aussi la première ville française à anticiper la loi Goblet en laïcisant une école dès 1878. Après Bellevue et Saint-Marc, André Hascoët poursuit avec ce nouvel opus ses passionnantes monographies des quartiers brestois.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 18
EAN13 9782813816306
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0072€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire
Introductione L’ère Bouët ou l’âge d’or de la première moitié du XIX siècleUne commune originale, bicéphale et fortement liée à Brest                     Une commune agricole prospère                                   L’émergence d’une spécificité industrielle                               Une période de modernisation de l’équipement public                        Une période de progrès sanitaires.                                  Fêtes et distractions                                          Bilan d’une ère prospère                                       e Au milieu du XIX siècle, une période de crisesCrises politiques                                             Crises de subsistance et paupérisation                                 Crise financière et appauvrissement de la commune                         La question des églises                                         Une première annexion                                        Le retour incertain de la prospéritéAprès 1857, le retour de la prospérité symbolisé par passage de l’Empereur           L’ablation d’un secteur vital                                      Une reprise rapide et remarquable                                   La modernisation et l’amélioration des conditions de vie                      L’âge d’or des loisirs interdits                                     L’affirmation d’une commune industrielle                              Nouvelles églises, nouvelles écoles, symboles de croissance retrouvée               Une commune républicaine et laïque qui s’affirme (18781914)La situation depuis le milieu du siècle, un contexte d’opposition idéologique            La grande rupture de 1878                                      Une période d’alternance politique et idéologique                          Une commune « acquise à la république », une époque conflictuelle               
7
9 10 15 17 19 26 27 32
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La recherche d’apaisement dans une atmosphère de tensions sociales              85 Le retour définitif de la gauche                                    90 Des quartiers à forte identité                                     91 De nouvelles écoles, reflet des turbulences                             97 Une période de progrès (18781914)101 La modernisation de la commune                                  102 L’apparition de nouveaux loisirs et distractions                           109 Une période de crises économiques et sanitaires                          112 Lambézellec, banlieue industrielle de Brest                             118 Lambézellec pendant la première guerre mondiale123 La guerre au quotidien                                        124 La vie continue                                            126 Pontanézen, une cité américaine à Lambézellec                          127 Des tensions qui se développent                                   134 Les trafics des derniers mois                                     136 Lambézellec dans l’entredeuxguerres139 Une commune socialiste et engagée                                 139 Les loisirs comme outil de propagande politique et idéologique                  147 Une période de crises et de bouleversements sociaux                       155 Les progrès se poursuivent toutefois                                 159 L’avènement de nouveaux loisirs et distractions                           164 Vers le Grand Brest                                          174 La fin d’une ville177 Les maires de Lambézellec180 hie Bibliograp181 Sources182 Remerciements183 Crédits photographiques184
Introduction
1 Le passÉ lointain de LambÉzellec demeure obscur . L’origine même du nom de la commune, citÉ pour la première fois vers 1330 dans le compte des bÉnÉ fices du diocèse de LÉon, reste un mystère. Peu de traces anciennes ont d’ail leurs subsistÉ, quelques monuments mÉgalithiques attestÉs par la toponymie et d’anciens textes, le secteur de Quizac dont la terminaison en « ac » tÉmoigne de la pÉriode galloromaine, tout comme la chapelle SaintGuÉnolÉ dont les fouilles ont mis au jour des cÉramiques, dont une sigillÉe, et des fondations antÉ rieures au bâtiment mÉdiÉval en sont les rares vestiges. CrÉation monastique du haut Moyen Âge, la commune Était essentiellement boisÉe comme l’indiquent les noms de nombreux villages tels que Kergoat, CoatarGuÉven ou encore e Loscoat. Au XVII siècle, les limites de la paroisse de LambÉzellec atteignent les portes du château de Brest, avant que l’extension des remparts dÉcidÉe par Vauban ne produise une première amputation de territoire. e  Mais c’est au XIX siècle que LambÉzellec, qui dispose encore d’une façade maritime et dont le territoire s’Étend jusqu’à la place de la LibertÉ, vit les plus grands bouleversements de son histoire. MalgrÉ les malheurs et les annexions successives qui la touchent alors, la commune continue de prospÉrer, renforçant son caractère ouvrier et industriel. Pourtant, LambÉzellec connaît la frustration d’être l’une des principales villes du Finistère, mais sans disposer d’aucune recon naissance, ne seraitce que de redevenir cheflieu de canton. À la diffÉrence de SaintPierre, situÉ de l’autre côtÉ de la Penfeld, ou de SaintMarc, relativement ÉloignÉ de Brest, LambÉzellec a toujours ÉtÉ en contact direct avec le grand port, constituant ses faubourgs, ce qui contribue à entretenir une impression de dÉpendance. Ce sentiment l’incite à valoriser ses grands hommes, comme les deux maires Bouët, dont la notoriÉtÉ dÉpasse largement les frontières com munales, ou à essayer de se montrer plus rÉpublicain ou plus socialiste que son puissant voisin, comme en 1878 en devenant la première municipalitÉ de France à laïciser une École ou encore en demeurant l’ultime bastion socialiste de l’agglo mÉration brestoise à la veille de la seconde guerre mondiale. Toutefois, c’est plutôt le fatalisme qui semble gÉnÉralement prÉvaloir : les Édiles savent dès e le XIX siècle que l’indÉpendance de LambÉzellec est appelÉe à s’Éteindre, ce que
1. Les origines de LambÉzellec ont ÉtÉ notamment ÉtudiÉes par Bernard Tanguy :Les Cahiers de l’Iroisen° 153, janvier 1992.
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confirment rÉgulièrement les annexions territoriales et finalement le rattache ment à Brest en 1945.  Commune bicÉphale, moitiÉ rurale, moitiÉ urbaine, ouvrière et paysanne, française et bretonne, pieuse et laïque, son histoire est le reflet de ces oppositions et de ces paradoxes.
L’ère Bouët ou l’âge d’or de e la première moitié du XIX siècle
Le monument Bouët au cimetière de Lambézellec. (Dessin à la plume de Martine Kerdraon.)
e Au dÉbut du XIX siècle, LambÉzellec est minÉ par les querelles engendrÉes par la RÉvolution, les chroniqueurs parlent d’une pÉriode d’anarchie durant laquelle Guillaume AllÉgot, premier maire de la commune, la gère sans grande ambition, favorisant l’accession d’un homme providentiel, pour l’heure simple conseil ler municipal, JeanMarie Michel Alexandre Bouët. Politiquement libÉral, cet homme de caractère, normand de naissance mais dÉvouÉ à sa terre d’adoption,
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est à l’origine d’une longue ère de prospÉritÉ. En 1821, un conseiller municipal souligne qu’avant sa nomination comme maire de LambÉzellec en 1808, la com mune ne possÉdait ni archives, ni presbytère, ni mairie, l’Église n’Était pas pavÉe, l’État des clochers Était dÉplorable, les chemins demeuraient impraticables, le cimetière situÉ au cœur du bourg Était source d’infections et les cloaques envi ronnaient les secteurs les plus peuplÉs. Bouët ne s’est pas contentÉ de rÉsoudre ces problèmes, il a modernisÉ LambÉzellec en encourageant la prÉsence de sagesfemmes qualifiÉes, en favorisant l’inoculation de la vaccine, en crÉant une École d’enseignement mutuel et en appuyant le dÉveloppement de vastes usines et de fermes modèles. Pour conclure son Éloge, ce conseiller estime que Bouët a transformÉ la commune en«une des plus belles et des plus florissantes de 2 l’arrondissement».  Aussi excessif que puisse sembler ce plaidoyer, il est pour l’essentiel partagÉ par les observateurs qui s’accordent à considÉrer LambÉzellec comme une belle commune, vaste et populeuse selon le gÉographe OgÉe, le voyageur Marlin ou 3 encore le chroniqueur Brousmiche . Ce dernier attribue ce rÉsultat à Bouët, par lant du«produit de la volonté forte et soutenue de l’homme éclairé qui est à la tête de 4 l’administration municipale»et conclut :«Il y a du progrès en tout à Lambézellec .»À la mort de ce maire exemplaire, son successeur estime que, sous son adminis 5 tration, LambÉzellec a acquis«le nom de commune modèle».  Si la magistrature de Bouët correspond incontestablement à une pÉriode de grands progrès, durant laquelle la commune se modernise et s’agrandit, il existe toutefois quelques points noirs, en particulier la puissance envahissante du voi sin brestois et une pauvretÉ qui reste endÉmique.
Une commune originale, bicéphale et fortement liée à Brest
Loin d’être une commune homogène, LambÉzellec se rÉpartit en trois ensembles bien distincts. Sur une population totale de 6 300 âmes en 1818, seules 450 per sonnes habitent le cheflieu, le reste des habitants Étant soit dissÉminÉ entre des hameaux et des fermes (3 500), soit agglomÉrÉ dans la banlieue urbanisÉe de Brest, les glacis, les faubourgs, Kerinou et le MoulinàPoudre (2 350). Comme le souligne alors JeanFrançois Brousmiche :«Lambézellec est, comme on peut le voir, une commune hors lignes ; c’est une exception dans le Finistère ; c’est la ville et la campagne réunies. C’est une commune qui, par le voisinage de Brest, voit s’effa cer l’empreinte ancienne, disparaître de son sol les vieux usages, les vieilles mœurs
2. DÉlibÉration du conseil municipal, 5 juillet 1821. 3. JeanFrançois Brousmiche connaît particulièrement bien LambÉzellec pour y avoir ÉtÉ percepteur de 1811 à 1828. 4. JeanFrançois Brousmiche,Voyage dans le Finistère, Morvran, 1977. 5. Correspondance, 8 dÉcembre 1838.
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e L’èreBouëtouLâgedordeLapremièremoitiéduXiXsiècLe
Femme de Lambézellec.
même. Sa population augmente, son industrie s’agrandit, se développe. Encore quelques années et les fau bourgs de Brest seront une ville que, peutêtre, les fortifications joindront à son aînée.»raison de cette En influence, le mode de vie commu nal se rapproche de celui de Brest, les trois quarts des habitants parlent le français et un quart sait le lire. GÉnÉralement, ils s’habillent de bonnes Étoffes et de draps achetÉs à Brest, portent des souliers en ÉtÉ, des sabots en hiver et ne vont pas pieds nus ; l’usage de bas et chaus settes est gÉnÉral :«L’habillement de la paysanne de Lambézellec se rapproche de celui des riches artisans 6 des villes .»De grandes diffÉrences existent toutefois entre les plus ruraux et les plus urbains. Les faubourgs, au pied des murs de Brest, sont peuplÉs majoritairement d’ouvriers pauvres qui ne peuvent se loger à Brest, les loyers y Étant trop ÉlevÉs. Ces habitants des glacis sont peu apprÉciÉs du maire de LambÉzellec qui dÉclare :«La population de cette commune près de Brest fait qu’elle renferme dans un rayon de 1 000 à 1 200mètres des murs, tous les gens sans aveu et les ouvriers mal famés qui sortent de la ville, le plus souvent sans avoir payé leur propriétaire, y restent six mois et puis disparaissent pour y être remplacés par d’autres qui ne valent pas mieux. Comment faire supporter des 7 charges à un si grand nombre d’individus toujours prêts à lever le pied ?»  Quant à la partie rurale, elle est absolument Étrangère à la partie urbanisÉe des faubourgs, tant en ce qui concerne les mœurs que le mode de vie. Le conseil municipal estime d’ailleurs que l’influence nÉfaste de Brest, qui se rÉpand sur la seconde, doit rester contenue par la première :traditions et les usages qui« Les assurent la félicité des familles, et forment une digue à la corruption que produit le 8 voisinage des grandes villes …». Une remarque de l’Écrivain et historien AndrÉ Chevrillon confirme à bien des Égards ce contraste :«Une bonne fée de Brest
6. C. MalteBrun,Précis de géographie universelle, 18451847. 7. Lettre de JeanMichel Bouët au sousprÉfet, 20 juin 1818. 8. DÉlibÉration du conseil municipal, 7 mars 1826.
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qui était de mes amies[…] voulut bien mettre à ma disposition un modeste manoir qu’elle possédait aux environs de la ville[…]un manoir à vrai dire bien délabré[…].Il était situé à Quizac[…]en pleine Arcadie, dans cette campagne de Brest qui était, de mon temps, pleine de douceur et de verdure[…]c’est vraiment là que j’ai connu la Bretagne, la vraie, avec tout son charme d’aïeule que rien n’avait atteint jusqu’alors. Je vivais en cette Thébaïde, avec mes livres et mes rêves, dans la plus parfaite tran quillité[…]j’avais pour voisins des paysans léonards, tout simples et primitifs, et qui vivaient à quelques centaines de mètres de Brest, sans rien connaître de la ville. En 9 marge de la civilisation …»  La majoritÉ des habitants vit cependant à l’heure de Brest et, comme le sou ligne Brousmiche, lui doit sa prospÉritÉ :«Lambézellec est la plus riche commune rurale du Finistère. Ce n’est pourtant pas à la fertilité du sol qu’elle doit le rang éminent qu’elle occupe ; c’est à la proximité de la grande ville et à l’industrie de ses habitants.»Cette remarque est confirmÉe par le maire Pierre Tartu en 1828 :« L’existence de Lambézellec est dépendante de celle de la ville de Brest.»Le lien entre les deux com munes est avant tout Économique, parce que d’une part beaucoup d’habitants travaillent comme ouvriers du port et que, d’autre part, une proportion impor tante de l’industrie et de l’agriculture de LambÉzellec est destinÉe à l’approvi sionnement de son puissant voisin. En contrepartie, Brest tend à considÉrer LambÉzellec comme une dÉpendance. La Marine y possède ainsi deux Établisse ments, une buanderie installÉe en 1837, immense usine où le linge est blanchi à la vapeur, et un hôpital de 1 250 lits Établi sur un terrain de PontanÉzen donnÉ par Louis XVI en 1780. LocalisÉ«à une lieue de Brest, dans un site marécageux 10 et insalubre», ce dernier, qui accueillait auparavant les chaînes de forçats, se retrouve dans les annÉes 1830 pratiquement abandonnÉ. Il n’est plus utilisÉ que pour le traitement des malades vÉnÉriens ou comme hôpital d’appoint, notam ment en 1832 lors de l’ÉpidÉmie de cholÉra. Dans ces conditions, la Marine envisage même de vendre les locaux qui, faute d’entretien rÉgulier, menacent ruine et nÉcessiteraient de grands frais de remise en État en cas de guerre ou de grande ÉpidÉmie.
Le voisinage de Brest implique une prÉsence militaire pesante à LambÉzellec et de frÉquentes frictions avec les civils. En 1821, de nombreuses plaintes sont ainsi dÉposÉes contre des soldats de la garnison de Brest qui, souvent accompagnÉs de prostituÉes, dÉvastent les cultures et jouent aux jeux de hasard malgrÉ les inter dictions rÉgulièrement rÉpÉtÉes par leur hiÉrarchie. Mais c’est surtout dans les zones les plus urbanisÉes, à la frontière des deux villes, que les tensions sont les plus vives. D’un côtÉ, les officiers se plaignent rÉgulièrement de ne pouvoirma nœuvrer ou simplement circuler sur la place du Roi de Rome. Certains jours de
9. AndrÉ Chevrillon,La Bretagne d’hier, 1888.
10. Jacques Cambry,Voyage dans le Finistère, 1836.
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e L’èreBouëtouLâgedordeLapremièremoitiéduXiXsiècLe
Un culte particulier, souvenir des « vieilles mœurs »
La chapelle SaintGuénolé. (Dessin à la plume de Louis Le Guennec.)
« Je ne veux pas sortir de Brest sans faire part encore d’une autre anecdote assez singulière. Il s’agit d’un saint ; mon intention n’est pas de scandaliser les uns, ni de fournir aux autres des réflexions impies :“Il fallait donc vous taire, me dira-t-on peut-être ; pourquoi parler d’un saint qui est l’objet d’un culte public ?” Eh bien ! J’aurai le courage de le dire le culte de ce saint est un outrage à l’honnêteté publique, à la décence et à la pureté évangélique ; il n’est donc pas de la religion ; c’est une superstition monstrueuse. Quel est donc ce saint ? Ce n’est ni dans Fréret, ni dans Voltaire que j’en ai lu le nom et les attributs ; je l’ai vu de mes yeux, je l’ai touché de mes mains, ainsi que cinq à six personnes présentes avec moi. Au fond du port de Brest, au-delà des fortifications, en remontant la rivière, il existe une chapelle, auprès d’une fontaine et d’un petit bois qui couvre la colline, et dans cette chapelle était une statue en pierre, honorée 11 du nom de saint . Si la décence permettait de décrire Priape, avec ses indécents attributs, je peindrais cette statue. Lorsque je l’ai vue, la chapelle était à moitié démolie et découverte, la statue en dehors étendue par terre et sans être brisée, de sorte qu’elle existait en entier et même avec des réparations modernes, qui me la firent paraître encore plus scandaleuse. Les femmes stériles ou qui craignaient de l’être, allaient à cette statue et, après avoir gratté ou raclé ce que je n’ose nommer, et bu cette poudre infusée dans un verre d’eau de la fontaine, ces femmes s’en retournaient avec l’espoir de devenir fertiles. »
J.-B. Harmand,Anecdotes relatives à quelques événements remarquables de la Révolution, 1814.
11. Il s’agit bien entendu de la fontaine SaintGuÉnolÉ, à Quizac, dont une partie de l’Édifice et la fontaine subsistent encore de nos jours.
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La buanderie de la Marine. (Dessin à la plume de Martine Kerdraon.)
marchÉ, il arrive même que des hommes ivres s’Écroulent à leurs pieds pendant les manœuvres et souvent les insultent. De l’autre côtÉ, beaucoup de commer çants protestent contre des militaires qui, sur le marchÉ des glacis, piÉtinent des marchandises, dÉtÉriorent les Étals et parfois tirent, effrayant les chevaux qui risquent de s’emballer et de provoquer un accident. La soldatesque reprÉsente un autre sujet de querelles : en 1850, le repos public est nuitamment troublÉ, entre les glacis et la route nationale de Paris, par des hommes de l’infanterie de Marine qui exigent par la force l’ouverture des dÉbits de boissons. La modeste police de LambÉzellec est bien Évidemment impuissante à contrôler ces hommes armÉs et nombreux. La situation se complique encore à l’arrivÉe de l’escadre pour hiver nage car les marins se joignent alors aux fantassins…  Mais les conflits ne sont pas uniquement physiques. Beaucoup d’habitants de LambÉzellec sont agacÉs par les prÉrogatives de l’armÉe qui l’autorisent à rÉglementer de façon drastique les constructions dans les zones de glacis et les zones de dÉfenses. Les infractions sont nombreuses et les particuliers, qui sont poursuivis par le gÉnie des fortifications, l’accusent d’abus de pouvoir et d’arbi traire. Le maire JeanMichel Bouët, luimême agacÉ par l’omnipotence militaire, remarque qu’«il est de notoriété que ces soidisant redoutes ne sont que des masses de terre élevées en grande partie en 1793 et 94, au plus fort de la Terreur et pour amuser le peuple pendant qu’on faisait couper les têtes à Brest. Elles n’ont jamais été
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