Le Cameroun septentrional en transition
352 pages
Français

Le Cameroun septentrional en transition , livre ebook

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352 pages
Français

Description

Réflexions pluridisciplinaires, les articles de cet ouvrage procèdent d'une analyse des problématiques usuelles sur la partie septentrionale du Cameroun. Les sites d'observation portent sur le politique, le corps, le religieux, la santé, l'urbanisation, le développement local, le pouvoir traditionnel, la femme et la dynamique de migrations des communautés.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296485570
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LECAMEROUN SEPTENTRIONAL
EN TRANSITION
Alawadi Zelao, Bouba Hamman (éds.) LECAMEROUN SEPTENTRIONAL
EN TRANSITION
Perspectives pluridisciplinaires
Préface de Fabien Eboussi Boulaga
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96458-7 EAN : 9782296964587
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Comité scientifique
Pr. Fabien EBOUSSI BOULAGA (Academia Africana) Pr. HAMADOU ADAMA (Université de Ngaoundéré) Pr. Laurent-Charles BOYOMO ASSALA (ESSTIC-Université de Yaoundé II) Pr. Janvier ONANA (Université de Douala) Pr. Pierre FONKOUA (ENS-Université de Yaoundé I) Pr. BOUBA MBIMA (Université protestante d’Afrique centrale) Pr. John SIMO MOPE (Université catholique d’Afrique centrale) Pr. David SIMO (Université de Yaoundé I)
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Préface
Le « Nord » est-il une contrée exotique, la terre mythique de ceux qui le réduisent en un archipel administratif et touristique avec ses légendes et ses clichés minéralisés, ses images obscènes ?
Les études qui suivent interdisent de prendre ce parti facile qui est celui d’une ignorance « crasse et supine », par conséquent coupable. En s’intitulant « Le Cameroun septentrional en transition », elles interpellent notre responsabilité et notre engagement. Elles traitent de ce qui est une partie de notre pays, de sa structure, en interaction avec toutes ses autres composantes et sans laquelle il ne serait pas ce qu’il est et ne deviendrait ce qu’il doit devenir.
Il ne convient pas de presser ce titre de façon à le quereller longuement comme si l’ouvrage devait en être le commentaire et l’amplification ou la « démonstration » ou son « argumentation » détaillée. Il pourrait faire espérer un traitement synthétique et « compréhensif » de ce septentrion dans la perspective choisie et qui est désignée comme « transition ». Au gré des horizons d’attentes divers, chacun peut, sur ce portail d’accueil ambigu qu’est un intitulé, avoir des pressentiments, des craintes ou des espoirs dont la suite confirmera ou infirmera le bien-fondé, qu’elle justifiera ou démentira en fournissant matière et arguments permettant de les instruire et d’en juger. Ainsi se rendra-t-on rapidement compte que la diversité des thèmes n’a pour unité manifeste que celle de leur « localisation », que le terme de transformation est utilisée fréquemment au lieu de celui de transition, dont le « concept » ne fait pas l’objet d’une définition ni d’un usage quelconques.
Cependant, je le prends comme la formule inductrice de mes réflexions générales ou de mes vues cavalières afin de leur faire remplir la fonction « apéritive » d’une préface, qui est littéralement unhorsd’œuvre. Il est, en l’occurrence, une invitation à lire ces textes passionnément, pour en tirer ce qu’ils contiennent d’essentiel, en procédant à leur lecture avec l’accompagnement des questions vivifiantes et constructives suivantes : que nous donnent-ils à connaître ou à penser ? Quelles directives ou orientations d’action positives, neuves ou correctives nous intiment ou nous suggèrent-ils ? Que nous donnent-ils à espérer ? Ces questions se chevauchent, se recoupent, se font écho et ne sont peut-être que les facettes : qu’est-ce qu’être « Camerounais » ? Je ne dis pas que ces textes les contiennent ou devraient les contenir sous ces formulations, qu’ils nous en proposent ou devraient nous en proposer des réponses déterminées. Je parie sur leur force d’induction pour nous pousser à aller plus loin, dans la connaissance et la clarté.
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1- Espace, lieux et historicités L’expression de « Cameroun septentrional » réfère sans équivoque à la somme d’entités administratives occupant un espace aux limites distinctes et bien définies. Cet espace ainsi découpé correspond-il à celui qui est vécu par ses populations ou mieux qu’elles font : a) à travers leurs comportements faits de déplacements et une structuration selon des pôles où vont et reviennent des flux de biens et d’informations ; b) à travers les représentations qu’elles s’en font en termes de distance ou de proximité, en termes d’affinités et de différences, d’attachements forts ou faibles, de simple fait ou de valeur chargée de symboles et c) à travers la perception différenciée et hiérarchisée que ses composantes en ont à partir chacune de son espace-temps, c’est-à-dire de son lieu et de son historicité propre ? Au premier coup d’œil jeté sur la table des matières de cet ouvrage, on comprend immédiatement que nous n’avons pas affaire à quelque caricaturale « région naturelle », schématiquement caractérisée par son climat, son sol et son relief, ses hommes produits et déterminés par les conditions de cet environnement physique. Les multiples objets abordés obéissent à des logiques différentes, qu’il faut démêler pour mieux apprécier la valeur ou le poids spécifique de chacune dans les interactions, les croisements et les influences réciproques qui constituent leur coexistence en un champ de tension et d’activité.
2. National, infranational, transnational ou supranational (Le plan national) Le titre marque ladominance des objets et de la logique étatique et administrative que sont, rituellement la politique de stabilité et de démocratisation (élections, multipartisme, « nominations représentatives »), le développement économique, social et culturel de la nation. Le discours de l’État national-administratif qui met cette conceptualité en œuvre peut proliférer, devenir omniprésent et vicieusement autoréférentiel. Sa grille de mots talismans et de mantras fait écran entre ce qui se donne à l’expérience ou se propose au savoir et à l’intelligence qui l’analyse, l’explique et le construit en objet de connaissance. L’obstacle épistémologique insurmontable où se brisent d’innombrables « travaux et recherches » de plusieurs générations peut être défini comme suit : a) les découpages opérés par l’État national-administratif sont des objets de connaissance avec effets rétroactifs sur un passé qui le contenait ou le préparait. Ils ne font que répéter leur péché originel, l’arbitraire de leur création du dehors ; b) les notions de base du discours national sont, en général, des mots d’ordre ou des signaux de pouvoir ; on se fourvoie en les prenant pour des concepts analytiques ou des concepts opératoires. Il serait facile de donner des exemples des Charybde et Scylla de ce régime discursif.
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(Le plan infranational)
Le changement d’échelle d’analyse est la constitution d’autres objets de connaissance comme le terroir, l’ethnie, la famille. C’est s’obliger à introduire la culture dans la compréhension des formes territoriales variées, comme la relation de la vie matérielle d’un groupe donné à son organisation sociale, à ses héritages historiques et à sa capacité d’exploiter des environnements impropres à l’occupation humaine au regard d’autres groupes. La vigilance épistémologique signale deux écueils à éviter : a) faire de ce niveau quelque chose de massif et d’inférieur déjà disqualifié par le niveau supérieur national ou voué à être supplanté ou absorbé par lui sans reste ; b) en faire un objet isolé, qui existerait en dehors d’institutions de même niveau et de niveaux différents (État, économie mondialisée des flux de savoirs, d’informations, d’objets et d’images).
(Le supranational et le transnational)
Les deux niveaux précédents sont débordés et traversés par des phénomènes transnationaux et des instances supranationales. Ce sont des religions, des appartenances à des régions, des forces, des coopérations transfrontalières. L’analyse peut gagner à distinguer, voire à opposer le transnational et le supranational. Le résultat recherché serait de récuser tout enfermement dans le temps et l’espace et d’aiguiser le regard pour lire le tout dans la moindre partie, pour accéder à la complexité comme « réalité ».
Pour finir, je reviens aux auteurs. Qui sont-ils ? D’où parlent-ils ? Je salue ces universitaires qui augmentent notre connaissance du septentrion. Je leur souhaite de devenir de manière plus audacieuse et décisive une universitéduNord, en vivant de rechercher et detrouversolutions à ses problèmes des vertigineux, en symbiose avec ses villes et ses villages, ses entreprises, en un bond en avant prodigieux qu’« évoquait » timidement le terme de « transition ». La gouvernance universitaire signifie : devenir l’université d’un lieu et de communauté en gérant les intérêts et les attentes de toutes ses parties prenantes que sont les enseignants, les étudiants, les personnels, mais aussi les édiles, les planteurs, les industriels, le simple habitant et cette présence omniprésente que nous nommons le génie du lieu à invoquer, à susciter et à inventer dans son incontournable originalité au sein d’une économie « transrégionale » de la connaissance. Dans ce cas, le Nord, c’est nous tous ensemble !
Fabien EBOUSSI BOULAGA, Directeur de Terroirs (Revue africaine de sciences sociales et de philosophie)
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