Le cheval - De la suprématie au déclin
130 pages
Français

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Le cheval - De la suprématie au déclin , livre ebook

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Description

Le cheval a été le moteur de l’économie du XIXe siècle, au sens propre comme au sens figuré.
L’homme lui doit une large part des progrès accomplis au cours de ce siècle : le cheval était partout, dans l’agriculture, le transport des personnes, l’industrie, les services intermédiaires les plus divers... Il a continué son bonhomme de chemin sur une partie du XXe siècle dans certains secteurs, mais l’arrivée du chemin de fer, puis celle du moteur à explosion, ont mis à mal sa suprématie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 21
EAN13 9782813816528
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0070€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un ballet bien réglé…
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Introduction
e Si le cheval était roi au cours du XIX siècle, ses pouvoirs ont régressé et son domaine a fortement rétréci. Les progrès techniques sont passés par là. À l’aide essentiellement de cartes postales anciennes, nous nous proposons de suivre son itinéraire entre 1800 et la date de son effacement, date qui n’est pas la même selon les secteurs de la société. e Dans les conflits armés, jusqu’au début du XIX siècle, le cheval a été l’instrument des conquêtes territoriales. Force de frappe pour les Scythes, les Assyriens, etc., capacité de rapidement se déplacer utilisée en réserve chez les Grecs et les Romains, la cavalerie est devenue la « machine de guerre » des e peuples venant de l’est qui ont envahi l’Empire romain à partir de la fin du II siècle (les Goths, les Huns, e etc.). À partir de l’an 630, les cavaliers de l’islam ont conquis d’immenses territoires. Au XIII siècle, l’armada chevaline de Genghis Khan a placé la Mongolie à la tête d’un immense empire. Au cours de la période médiévale, la guerre était menée en Europe par les chevaliers montés sur des chevaux lourds. À la Renaissance, la cavalerie était devenue un élément parmi d’autres sur le champ de bataille car l’artillerie pointait le bout de ses canons. Mais les chevaux demeurèrent déterminants dans les mouvements des armées jusqu’à ce que la puissance de feu des armes automatiques, précédant de peu l’arrivée des blindés, ôte toute vélléité à la cavalerie. Aperçu en 1870, le progrès des armements stoppa net les prétentions des cavaliers au début de la première guerre mondiale. Cette évolution sera abordée dans un premier paragraphe. Dans l’agriculture, le cheval n’a pas toujours été l’auxiliaire du paysan. Demandant plus de soins que les bœufs, il a mis du temps à les remplacer. Les progrès dans l’attelage (apparition du palonnier, pièce mobile fixée à l’avant du véhicule et à laquelle les traits sont attachés), dans le ferrage et pour les outils e tractés ont imposé sa suprématie dans le monde agricole du XIX siècle. En 1894, deux millions de chevaux s’activaient, mais la mécanisation de l’agriculture progressait. Cette dernière, l’exode rural et le remplacement progressif du cheval par la machine allaient de conserve, mais l’animal a résisté selon la tâche, l’aisance financière et l’âge de l’exploitant jusque dans les années 1950. Ce « troisième bras » de l’agriculteur pour la traction se retrouve dans tous les secteurs de l’économie. Cependant, quand bien même cette fonction est identique, dans la mesure où les engins tractés ne sont pas les mêmes, les prestations des chevaux seront abordées dans trois paragraphes, l’agriculture, le déplacement des voyageurs et les divers autres secteurs. Pour se déplacer à plusieurs, les hommes de pouvoir n’avaient à leur disposition qu’une charrette bâchée, avec des roues indépendantes, sans suspension, et pour sièges des banquettes suspendues aux ridelles, avant que n’arrive d’Italie le premier carrosse. Celuici reçut des améliorations (roues avant directrices, ressorts de suspension). Louis XIV en fit un véhicule de luxe qui perdura pour les e familles royales régnantes. Un transport public pour voyageurs se met en place à la fin du XVIII siècle, avec la possibilité d’obtenir des chevaux frais auprès de relais. Alors qu’il peine à porter 150 kilos sur son dos, un cheval de gabarit moyen tracte 750 kilos. Encore fautil qu’il soit correctement harnaché. La bricole était le harnais utilisé pour les voitures hippomobiles. Pour diverses tractions que nous évoquerons, le cheval était aidé par un collier, une armature en bois rembourrée avec du crin ou de la paille contenus dans une enveloppe de cuir. Ainsi, portant au niveau des épaules, l’effort est multiplié.
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Notre aperçu des interventions du cheval ne prétend nullement à l’exhaustivité : il y manque, entre autres, le débardage en forêt, le puisage de l’eau en Provence avec la noria, sa participation dans les fêtes équestres, les corsos, etc. Mais nous n’oublierons pas d’évoquer les métiers tout autour du cheval (§ 5) ni son partenariat avec l’homme dans les loisirs (§ 6). La proximité du cheval et de l’homme a impacté la société. Parmi les manifestations de cette connivence, notons la forte imprégnation de la langue, avec des expressions comme « un remède de cheval », « enfourcher son cheval de bataille », « piaffer d’impatience », « ne pas être un mauvais cheval », « lâcher la bride à quelqu’un », « avoir le pied à l’étrier », « tirer à hue et à dia »… et des dictons tels que « À cheval donné, on ne regarde pas les dents ». L’homme a essayé de communiquer avec son compagnon de travail. Les chevaux de trait sont conduits à la voix. Plusieurs interjections leur sont connues :« hu o » pour les faire avancer,« hue »pour les faire aller à droite,« dia »pour aller à gauche et un long« woooooo »pour les arrêter. Les équidés ont assimilé ces onomatopées qui ne sont pas les mêmes dans toutes les langues. En fait, ils obéissent par habitude, après un apprentissage, ayant associé un mot et un signe ou une action (par exemple : rênes tirées à gauche etdia). Il en est de même pour les chevaux de selle qui connaissent « au pas »,« au trot »,« au galop »,« ho, ho »,« là », etc. Les apprentis cavaliers en équitation sont parfois surpris de n’avoir rien demandé alors que le cheval a obéi à la directive orale du moniteur et anticipe donc l’action des rênes ou des jambes. La mécanisation et la motorisation ne se sont pas implantées au même moment pour tous les e secteurs d’activités : la machine à vapeur date du XVIII siècle, le moteur à explosion et la bicyclette e e de la fin du XIX siècle et le moteur électrique du XX siècle. Aussi, si à partir de 1860 le chemin de fer affecte les transports hippomobiles de voyageurs, si 1906 peut être retenu pour marquer la disparition totale des chevaux dans le secteur des déplacements et leur abandon pour toutes sortes de traction, si 1914 sonne le glas de la quasitotalité des équidés dans l’armée, le cheval fait de la résistance dans l’agriculture et certains secteurs isolés tels que le halage des péniches ou des trains de wagonnets dans les mines de charbon. Notre époque le confime dans les divertissements : courses, équitation, spectacles, etc., tandis que quelques passionnés s’acharnent à détecter pour les chevaux de trait des emplois leur convenant dans certains secteurs. Une trajectoire peu commune pour cet animal qui a si bien servi l’homme.
Une voiture pressée d’arriver…
Le cheval, acteur privilégié des armées
e Au début du XIX siècle, le passé glorieux des chevaux militaires perdure, s’amplifie même avec Napoléon qui diversifie sa nombreuse cavalerie (il y ajoute les chevaulégers) et professionnalise la traction de l’artillerie (jusqu’en 1800, les conducteurs étaient des charretiers civils).
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Le Premier Empire
Reconstitution à Sisteron, en 1922, du passage de Napoléon à son retour de l’île d’Elbe, le 4 mars 1815. Le cheval est l’instrument de ses conquêtes de l’Empire. À son apogée, la cavalerie compte 140 000 éléments. Napoléon impose le cheval arabe comme race de base pour améliorer les chevaux français, crée six haras en 1806, puis 23 en 1813, chacun supervisant des dépôts qui mettent à disposition plus d’un millier de géniteurs au total. Les Écoles vétérinaires de Lyon et d’Alfort sont chargées d’étudier les croisements les plus favorables. Entre 1805 et 1815, les pertes en chevaux sont estimées à 500 000 (moitié tués, moitié réformés). Selon Constant, son valet de chambre, « l’Empereur montait à cheval sans grâce et je crois qu’il n’y aurait pas toujours été très solide si l’on n’avait mis tant de soin à ne lui donner que des chevaux parfaitement dressés. Il n’était pas sur ce point de précautions que l’on ne prît. »On les accoutumait à la souffrance : coups de fouet, tirs de pistolet dans les oreilles, agitation devant les yeux, obstacles jetés dans les jambes, etc. Napoléon ne connaissait que le galop, souvent à vive allure. Les écuries impériales géraient jusqu’à 500 chevaux de selle pour son seul usage, répartis entre ses nombreuses résidences. Parmi les nombreux chevaux dont l’Histoire a retenu les noms, citons Tauris qu’il montait lors de la campagne de Russie, pendant le séjour, et à son retour de l’île d’Elbe, et à Waterloo.
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Le général Ney entraînant les cuirassiers au combat, selon Louis Vallet. Hussards, chasseurs et chevaulégers constituent la cavalerie légère, dragons et lanciers la cavalerie de ligne, cuirassiers et carabiniers la grosse cavalerie. Surnommés familièrement les « gros frères », les cuirassiers forment l’élite, portant casque et cuirasse à l’épreuve des balles, un sabre et deux pistolets.
DansLes Misérables, Victor Hugo décrit ainsi la charge à Waterloo :« Ils étaient 3 500. Ils faisaient un front d’un quart de lieue. C’étaient des hommes géants sur des chevaux colosses.[…] Pêlemêle de casques, de cris, de sabres, bondissement orageux des croupes des chevaux dans le canon et la fanfare, tumulte discipliné et terrible ; làdessus les cuirasses, comme les écailles sur l’hydre[…]. »
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Le Second Empire
Très friand d’apparat, Napoléon III apprécie les revues militaires où ressort la majesté du cheval. Cidessus, les dragons de la cavalerie impériale chargeant à cheval, mais il leur arrivait de combattre à pied.
L’importance de la cavalerie baisse avec l’amélioration des armes à feu. Dans les tableaux peints postérieurement à la bataille, l’étatmajor qui se déplace à cheval a le plus souvent la part belle. Cidessus, l’attelage d’artillerie anglais a belle allure.
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Pendant la guerre francoprussienne de 1870, la précision des fusils et de l’artillerie rend les charges de cavalerie inutiles. Les vaines charges héroïques des « cuirassiers de Reichshoffen » puis celles des lanciers, le 6 août, contre le tir nourri des Prussiens embusqués à Morsbronn en sont l’exemple. Le 16 août 1870, la dernière grande bataille de cavalerie en Europe se déroule à MarslaTour (Rezonville) où les cuirassiers, dragons et uhlans prussiens affrontent les cuirassiers français dans ce qui est appelé la« chevauchée de la mort ». Évocations par l’image française cidessus et germanique cidessous.
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e Le cheval a longtemps été l’auxiliaire des forces du maintien de l’ordre. Au début du XX siècle, lors des manifestations (crise des inventaires, émeutes viticoles en Champagne et en Languedoc, grèves dans les bassins miniers…), on rassemble les brigades pour mettre fin aux troubles, mais on fait aussi appel aux régiments de cavalerie (dragons, hussards, cuirassiers) qui doivent se déplacer par le chemin de fer (voir cidessus) et affronter parfois durement la colère des manifestants (cidessous). Les incidents du 6 février 1934 marquent la fin du maintien de l’ordre à cheval, exceptions faites de quelques opérations ponctuelles.
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