Le terrain et son interprétation
247 pages
Français

Le terrain et son interprétation , livre ebook

-

247 pages
Français

Description

Les enquêtes, leurs compte-rendus, leurs interprétations, les méthodes font la richesse de cet ouvrage. L'interrogation porte l'art, la littérature, le journalisme, la science. Les auteurs s'interrogent aussi sur la signification de pratiques professionnelles et sur les petites communautés : celle des chercheurs dans leurs laboratoires, mais aussi celles des sportifs, des forestiers, des maréchaux-ferrants, des pécheurs de corail, d'un petit village africain, et de petites communautés aux Etats-Unis.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2006
Nombre de lectures 213
EAN13 9782296143524
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait




PRÉSENTATION

Francis Farrugia

En 1957 Georges Gurvitch fonde le premier « Groupe » de
Sociologie de la connaissance. À ce sujet, Jean Duvignaud me
1précise : « il fonde ce Groupe en pensant que la sociologie de la
connaissance est plus importante que la sociologie elle-même,
c’est-à-dire que la manière de connaître les choses est plus
importante que le positivisme. Il voulait que la sociologie ne soit
pas seulement la recherche de faits positifs, mais une méthode de
compréhension proche de Husserl ».
C’est le travail de ce « Groupe » – animé à la suite de Gurvitch
(après une interruption) par Ansart, Duvignaud, Namer, et
moimême – qui se perpétue dans les activités du Comité de Recherche
« Sociologie de la connaissance » de l’AISLF, fondée elle aussi par
Gurvitch.
Certains auteurs de ces écrits sont membres du CR 14, d’autres
non. Tous ne sont pas sociologues, certains étant philosophes,
ethnologues, psychologues, d’autres biologistes, spécialistes des
sciences de l’éducation, ou épistémologues. Tous se sont
cependant reconnus dans l’esprit de la sociologie de la
connaissance, tel qu’il apparaît dans le chapeau de présentation des
activités de ce groupe : « Le CR 14 est ouvert à la multiplicité des
courants qui traversent cet univers de recherche, s'attache à
promouvoir et à développer la sociologie de la connaissance. Il
s'efforce de réunir des chercheurs d'horizons différents autour du
projet d'élucidation des diverses formes de conscience, de
connaissance et de représentation qui constituent la trame de la vie
individuelle et collective. Il s'interroge sur la nature, l'origine, le
pouvoir, la fonction, les modes de production, de reproduction et
de diffusion des savoirs de toutes sortes, mais questionne aussi les

1. Entretien avec Francis Farrugia datant de janvier 2000.
10 Francis FARRUGIA
instruments du connaître dans leur aptitude à mettre en œuvre des
opérations de "catégorisation" à tout "palier en profondeur" et dans
tout registre de l'existence. La connaissance est appréhendée dans
sa multidimentionnalité : objet, instrument, sujet, et se voit corrélée
fonctionnellement aux divers cadres sociaux, politiques, et
institutionnels qui en constituent les conditions empiriques de
possibilité ».
Les diverses contributions ici rassemblées respectent cet esprit
interrogatif, interprétatif, généalogique, historiciste et critique à la
fois, et font porter leurs investigations sur plusieurs objets, tous
appréhendés à partir des connaissances qui en sont l’émanation.
Mais ces connaissances sont également symptômes – pour une
lecture herméneutique – des dynamiques sociales,
institutionnelles, économiques et politiques en cours.
Les 15 et 16 mai 2003 s’est tenu à Besançon un colloque
pluridisciplinaire international De l’interprétation, coorganisé par le
LASA-UFC (Laboratoire de Sociologie et Anthropologie de
l’Université de Franche-Comté) et le Comité de Recherche 14
(Sociologie de la connaissance) de l’AISLF (Association
Internationale des Sociologues de Langue Française). Les textes de cet
ouvrage procèdent de ces travaux, mais aussi des recherches
menées depuis par le LASA et le CR 14.
Le présent ouvrage Le terrain et son interprétation, s’applique à
l’interprétation des formes esthétiques et textuelles, ainsi qu’à
l’interprétation dans la socio-anthropologie des communautés et
des professions. Un autre ouvrage dans la même série Sociologie
de la connaissance : L’interprétation sociologique, présente l’autre
volet de ce questionnement sur l’interprétation ; il porte sur
l’épistémologie, les méthodes et les théories de la connaissance. Il y
est question d’Aristote, Kant, Whitehead, Dilthey, Smith, Polanyi,
Weber, de Durkheim, Mannheim, Nietzsche, Marx, Freud, Elias,
Schütz, Halbwachs, Kuhn, Holton, Popper, Taylor, Feyerabend,
Ricoeur, Bourdieu, Boudon, Giddens, ainsi que de la construction
de la connaissance, de l’objectivisme et du subjectivisme, de la
controverse expliquer/comprendre, du néo-positivisme, de
l’erreur cognitive, de la rationalité située, du statut de la
description, mais aussi des interprétations et des significations
politiques, économiques et sociales.
Par ailleurs, ces deux ouvrages font suite à un précédent livre
collectif, publié en 2002 chez le même éditeur, intitulé La
connaissance sociologique, et ils donnent comme lui, la parole aux
sociologues qui contribuent par leurs productions à construire la
sociologie de la connaissance d’aujourd’hui. Présentation 11
L'accent est mis dans tous ces travaux théoriques et empiriques,
sur les stéréotypes interprétatifs, sur les activités de catégorisation,
de classification, de signification, de symbolisation, de typification,
mais aussi de modélisation et de théorisation, ainsi que sur les
« cadres de la connaissance » interprétative qui interviennent dans
les opérations de production et d'appréhension de la réalité à tous
les niveaux de signification envisagés.
Au-delà des divers terrains d'investigation : économiques,
politiques, éthiques, esthétiques, philosophiques, émotionnels,
éducationnels, professionnels, historiques, techniques ou
scientifiques, etc., l'attention se porte sur les opérations conscientes
ou inconscientes d’interprétation de toutes sortes et de tous degrés,
ordinaires ou savantes, qui impliquent et présupposent de
multiples et complexes opérations de construction et de
déconstruction de la réalité considérée.
Le questionnement des auteurs de cet ouvrage, qui font la
sociologie de la connaissance d’aujourd’hui, porte aussi sur « la
vérité », « l’objectivité », « l’authenticité » des connaissances
produites par la transposition scientifique de la réalité, par son
interprétation savante. Un certain nombre de questions font retour
dans tous ces développements en dépit de la variété de leurs
points d’application, malgré la diversité des objets et des terrains
d’investigation : l’interprétation est-elle falsification ou
manifestation de vérité ? Peut-on atteindre aux « choses mêmes » comme
le prétend la phénoménologie, ou bien butte-t-on toujours sur de
l’inconnaissable en soi-même, et ne rencontre-t-on que des
représentations ? Peut-on éviter de convoquer systèmes, théories et
paradigmes ? Et si l’on se refuse à interpréter, peut-on éviter
l’inscription dans la répétition ?
La question des représentations et des « visions du monde », de
la construction historique des instruments d'appréhension de la
réalité, la question aussi de leur légitimité, et de leur justification,
est bien entendu au centre de ces problématiques. Le chercheur en
sciences sociales est confronté à des processus de réification,
d'idéologisation, de rationalisation, de méconnaissance, de
reconstruction déformante, de falsification de la réalité, qui
demandent pour être compris à être objet d'une interprétation
scientifique réfléchie, que nous voyons ici opérer.
Université de Franche-Comté
LASA-UFC



AVANT-PROPOS
La connaissance comme interprétation
Pour une sociologie critique et perspectiviste
de la connaissance

Francis Farrugia


« Que les choses puissent avoir une nature en soi,
indépendamment de l'interprétation et de la subjectivité, c'est
une hypothèse parfaitement oiseuse ; elle supposerait que
l'interprétation et la subjectivité ne sont pas essentielles,
qu'une chose détachée de toutes ses relations est encore une
chose. Inversement, le caractère apparemment objectif des
choses ne pourrait-il pas se réduire à une différence de
degré à l'intérieur du subjectif ? (...) L'objectivité serait une
fausse catégorie et une fausse antinomie à l'intérieur du
1subjectif ? »
Nie

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents