Léon Jouhaux
896 pages
Français
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Description

Cette biographie commémore les 60 ans de la disparition de Léon Jouhaux, figure majeure du syndicalisme en France au XXe siècle. Constructeur de la CGT, il en est élu secrétaire général en 1909 et y reste jusqu'en 1947. Il est également le fondateur de la CGT Force Ouvrière et l'une des figures centrales du BIT et de l'OIT, où il s'emploie à combattre la présence fasciste dès 1919 et fait fuir la délégation nazie en 1933. Il est le premier syndicaliste à obtenir le prix Nobel de la Paix.

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Date de parution 01 octobre 2014
Nombre de lectures 33
EAN13 9782336357522
Langue Français
Poids de l'ouvrage 21 Mo

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Extrait

Gérard da Silva
LÉON JOUHAUX Une vie de combat pour le syndicalisme libre et indépendant
Secrétaire général de la CGT, 19091947 Président de la CGTFO, 19481954
LÉON JOUHAUX
Une vie de combat pour le syndicalisme libre et indépendant
Mouvement social et laïcité Collection dirigée par Marc Blondel, Gabriel Gaudy, Jean- Marc Schiappa, Jean-Jacques Marie et Gérard da Silva
Déjà publié Gérard da Silva,Histoire de la CGT FO et de son UD de Paris,1895-2009, 2009 Jean-Marc Schiappa,Une histoire de la Libre Pensée, 2011 Jean-Marc Schiappa (dir.),Pour la défense de la Révolution française,1789-e 2009, 220 anniversaire, 2012 Gérard da Silva :Histoire de la Fédération des Employés et Cadres,1893-2013, 2013
Gérard da Silva LÉON JOUHAUX
Une vie de combat pour le syndicalisme libre et indépendant Secrétaire général de la CGT,1909-1947 Président de la CGT-FO,1948-1954
LePortrait de Léon Jouhaux, peint par C. Le Breton en 1950, a été offert à Jouhaux par le Groupe des Travailleurs, puis au BIT (juin 1951). Il est actuellement exposé au siège de l’OIT, au R2 Sud. C’est à la demande et suite à une démarche de Marc Blondel que ce portrait (le détail du visage) figure en couverture du présent livre. Que le BIT en soit remercié et J.Rodriguez pour les informations sur ce tableau. © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04208-4 EAN : 9782343042084
Hommage à Marc Blondel Léon Jouhaux est toujours vivant et c’est pour le signifier que ce livre m’a été commandé, en juillet 2009, par Marc Blondel, à la suite d’un colloque consacré à Jouhaux, à Aubervilliers. Il m’avait d’ailleurs demandé une brève note biographique concernant Jouhaux, avant ce colloque. Il avait insisté sur un point, à savoir que j’apporte des documents indiquant comment Jouhaux avait fait échec à la présence de Ley, du Front National du Travail du Troisième Reich, au Bureau International du Travail. Assurément un grand moment dans la vie de Jouhaux et d’un certain poids pour l’obtention du prix Nobel de la Paix en 1951. Ce qui était singulier et frappant, lors de ce colloque commémoratif, c’est que nombre d’intervenants avaient fait des interventions à tout le moins inamicales, dont certaines étaient assez proches de « l’air de la calomnie ». C’est ainsi qu’est née l’idée de ce livre, au cours d’une conversation téléphonique. Il y avait certes eu une biographie de Jouhaux, publiée il y a plusieurs décennies. Mais Marc, qui avait joué un rôle éminent au BIT, n’était pas satisfait du quasi-silence, dans cette biographie, concernant les multiples interventions de Jouhaux au BIT, en étant un des pères fondateurs. Faut-il préciser que nous eûmes bien des conversations à propos de ce livre et que Marc m’avait assuré, lors de notre dernière conversation téléphonique, qu’il allait m’en faire parvenir la préface…Ce livre paraît, comme prévu, pour les 60 ans de la disparition de Jouhaux. C’est, d’abord et avant tout, la biographie du militant, avec ses camarades. C’est aussi une histoire de la CGT et de la CGT -FO, celle du syndicalisme de la Charte d’Amiens. Il me semble, in fine, pouvoir établir un parallèle entre Jouhaux et Blondel, dans des situations historiques, il est vrai, différentes. Mais le rapprochement est autorisé par l’intérêt de l’un pour l’autre, étant entendu que c’est en tant que président des Amis de Léon Jouhaux que Marc Blondel avait souhaité ce livre. Tous deux sont des figures de lutteurs sachant être pragmatiques, quand cela est nécessaire, tout en conservant toujours le point de vue de classe des travailleurs et des travailleuses. Tous deux avaient rencontré (et tel n’est le cas ni de Bothereau, ni de Frachon) des événements sociaux et revendicatifs majeurs ( mai- juin 36 pour l’un ; novembre - décembre 1995 pour l’autre) et avaient été à la hauteur du rapport de force propre à l’événement. Tous deux comprenaient qu’ils avaient un mandat à respecter et qu’il s’agit de maintenir le rôle du syndicat pour l’éternelle marche en avant de la justice sociale, que développer l’instrument de lutte des travailleurs, c’est aussi la démocratie, c’est la dimension réelle du syndicalisme. Plus que jamais, avec Hugo : «Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent». Et nous entendons Marc toujours nous dire : «militer c’est être rebelle» Ce livre est dédié à Marc Blondel, le camarade, le rebelle, l’homme
Introduction
Cette biographie de Léon Jouhaux, c’est aussi l’histoire de la CGT de la Charte d’Amiens, dont il fut secrétaire général de 1909 à 1947, avant de la continuer, comme président de la CGT-FO, de 1948 à sa mort, en 1954. C’est aussi l’histoire de la France de cette époque. Sinon que la figure de Jouhaux est de stature internationale, comme fondateur et animateur du Bureau International du Travail, s’opposant au fascisme et y mettant en fuite, en 1933, Ley, le représentant du Front du Travail du Troisième Reich, ayant l’illégitime impudence de prétendre représenter les travailleurs allemands, dont les syndicats venaient d’être liquidés. Il s’agit aussi d’achever une trilogie, dont le principe est de faire l’histoire du syndicalisme de la Charte d’Amiens, sous l’angle confédéral et départemental(Histoire de la CGT-FO et de son Union départementale de Paris- 1895-2009, L’Harmattan, 2009), sous l’angle fédéral (Histoire de la Fédération des Employés et CadresL’Harmattan, -1893-2013, 1 2013), pour finir , sous l’angle biographique, avec la vie de la principale figure du syndicalisme en France, Léon Jouhaux. Écrire la biographie d’un homme public, c’est dépasser le cadre de l’individu qui fut, en 1895, employé de la manufacture d’allumettes d'Aubervilliers, de 1909 à 1947, secrétaire général de la CGT, de 1948 à 1954, président de la CGT-FO, de 1919 à 1945, Vice-président de la Fédération Internationale des Syndicats Libres (puis de la FSM de 1945 à 1948), de 1949 à 1954, Vice-président de la Confédération Internationale des Syndicats Libres, de 1919 à 1954, Président du Groupe Ouvrier au Bureau International du Travail, de 1946 à 1954, Vice-président du Conseil d’administration du BIT, de 1947 à 1954, Président du Conseil économique et social et, en 1951, prix Nobel de la Paix. Ce qui a impliqué, au plan méthodologique, de suivre la biographie de ce militant, année après année, mais en élargissant le point de vue à d’autres options que la sienne pour, en interaction, la mieux comprendre. Pour des périodes aussi difficiles que les deux guerres mondiales, en particulier, l’ensemble des positions est donné et pas seulement de Jouhaux, allant de l’extrême dans l’Union sacrée (Yvetot, Hervé) à l’opposition la plus nette (sans croire que les « extrêmes » existent, puisqu’il s’agit du résultat d’une modélisation)…Il en est de même pour ceux qui choisissent la Résistance (Jouhaux, Bothereau, Saillant, Pineau…) et la partie munichoise de Syndicats qui compose, entre Belin et Dumoulin, la base aussi constante que limitée des syndicalistes auxquels Vichy et le Troisième Reich font appel durant quatre ans. C’est qu’il n’est liberté et liberté de choix que conditionnée (à commencer socialement). Une fois le choix traduit en acte, sa dynamique sociale est plus forte que l’individu qui choisit et dont l’identité est toujours en constitution, par
1 Et préciser que chacun des trois dépasse les 2 200 000 signes et le présent les 240 000.
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lien avec les autres (vivants ou morts, seuls ou en groupes sociaux). Il n’est pas de « moment premier », mais un processus permanent d’acclimations, où l’identité de chacun n’est qu’un point d’équilibre et, si possible, d’harmonie et de synthèse, avec de rares moments supposés « libres ». Liberté conditionnée, le choix étant socialisé et pas un état de la subjectivité, irréductible à celui qui choisit. Pour Jouhaux, le choix ce sera de maintenir un cadre : celui de la Charte d’Amiens (d’où le seul vrai reproche le concernant, et qui est, en 1914, de ne pas l’avoir constamment respectée). Pour cette raison, on pourra suivre, en filigrane, le parcours de militants de même génération que Jouhaux, en particulier Monatte, la rectitude même, et Dumoulin, l’opportunisme constant. Ainsi, on comprendra l’évolution de la CGT dite confédérée en suivant l’histoire de 15 ans de la CGTU communiste, et ses débats dont Jouhaux n’est jamais absent, jusqu’à ce que cette tendance prenne le pouvoir, dès 1945. Ce qui implique, également, autant qu’il est possible, que c’est par documents et par citations de ces documents (issus des archives syndicales, des archives nationales ou départementales, des archives de la préfecture de police, de la presse conservée à la BNF…) que l’approche de chacun, le contexte et la marge de choix sont donnés (ou l’absence de marge), dans la relation constante entre ce qui est dit et la pratique sociale effective. La constance d’une telle approche, de la restitution chronologique des faits tels que la mémoire archivée permet de les appréhender conduit à éviter les habituels mirages de l’histoire comme « récit », qui appartiendrait à une forme de « fiction », sous prétexte de confondre temps et chronologie et documentation avec inspiration et à ne jamais prendre le commentaire pour un fait. A fortiori quand le récit d’une vie, celle de Jouhaux, en la matière, se confond avec celle d’une communauté, qui est, a minima, la CGT, puis la CGT-FO : tant il est vrai que l’individu autosuffisant n’existe pas, mais est un « animal social » (depuis l’enfance) dans la Cité. Se référer à la chronologie (fait attesté pour l’approche archéologique par la datation au carbone 14), c’est éviter la prétendue question des « origines », du contrat « primitif », du moment « premier » avec sa « causalité libre » (et toute la métaphysique afférente). C’est tenter de restituer un processus, sa chronologie, son irréversibilité, dans lesquels la biographie (ou l’histoire d’un groupe humain) est comprise. Il ne peut être question, en conséquence, de penser à une « histoire fictive ou, si l’on préfère, une fiction historique entrecroisant le style historiographique des biographies au style romanesque des 2 autobiographies imaginaires ». Une telle approche est celle de l’œuvre reçue et lue, non pas de son propre processus d’écriture, dont le principe diffère, tant la page blanche commande à la fiction (et l’instance du texte, du poème à révéler…), tandis que le matériau, pour l’histoire, est un donné à rechercher et à restituer. Une telle confusion n’est pas possible, car, dans le processus d’écriture, la différence est absolue : si, au niveau de la réception, on peut
2 P.Ricoeur,Soi-même comme un autre, p.138, Seuil –Point, 1996
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confondre un vrai et un faux Rimbaud, du point de vue de la création artistique, il n’y a pas de confusion possible entre le créateur et son pasticheur. Ici, la masse des documents, des références et des notes ne peut donner lieu à la moindre confusion, par la méthode, le traitement et la mise en évidence explicite des sources qui sont données et ne peuvent être repensées par l’auteur. Autre illusion, celle qui voudrait qu’existe un imaginaire « point de vue de l’historien », par lequel une manière d’objectivité surplombante pourrait être autoadjugée à l’auteur, mieux à même de comprendre, voire de juger, que les acteurs sociaux eux-mêmes. Pure illusion narcissique, c’est seulement la méthode de travail qui permet de contrôler et de recouper les informations données et fait la différence. Il ne s’agit pas juger, mais de donner à comprendre et d’autant plus que le matériau donné, sous la forme multiple des types d’archives, n’en demeure pas moins lacunaire, jamais exhaustif. Il faut donner à lire les parties significatives des archives et renvoyer, dans la chronologie, à 3 leurs sources contrôlables , tant il est vrai qu’un tel travail « n’engage, selon son 4 étymologie première, à rien d’autre qu’à la « recherche » » . Il est alors possible de dire de ce livre : la parole est à Jouhaux. Elle l’est d’autant plus que se référer autant que faire se peut à sa parole, à ses écrits permet de les apprécier dans le lien constant à la pratique sociale de l’allumettier d’Aubervilliers devenu prix Nobel de la paix, à la condition qu’il soit compris dans le débat d’idées et les initiatives permanentes qui furent le cadre de sa vie essentiellement militante. Tel est le cadre du présent travail, dont l’auteur est militant syndicaliste depuis 40 ans, en cette année 2014. Ce livre n’aurait pas vu le jour sans la demande expresse, dès juillet 2009, de Marc Blondel, président des Amis de Léon Jouhaux. Je le remercie de son soutien, de la préface et des sources originales apportées. Je ne saurais assez souligner l’importance cruciale de nos entretiens, au cours de ces années, autour de Jouhaux et au-delà. À lui, les remerciements premiers et la reconnaissance définitive qui va, en sus du débat intellectuel et historique, à la fraternité. Je remercie Jean-Claude Mailly d’ avoir suivi l’évolution de ce livre et l’avoir soutenu. Je remercie Pascale Rubin, Nathalie Raes et Amélie Guilbaud, du Centre de Documentation Ventejol de la CGT-FO, pour leur aide précieuse. Je remercie Jean-Jacques Marie et le Cermtri pour l’accès à de rares numéros de la Révolution Prolétarienne. Je remercie Anna Biondi et Jacques Rodriguez pour l’accès généreux aux archives du BIT. Je remercie Claudine Schalck, mon épouse, pour l’échange constant et le partage qui éclairent la vie. Une pensée pour ma sœur Danièle, disparue à 19 ans, il y a 45 ans, et à nos parents, Éva et Manuel.
3 Précisons que l’ensemble des termes soulignés dans le livre l’est dans l’original. 4 Marc Bloch,Apologie pour l’Histoire, p.31, Colin, 1974
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