Les objets de l enfance
270 pages
Français
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Description

Dans quelle mesure peut-on dire que l'enfance est un laboratoire des transactions de genre ? Confrontant discours, pratiques et représentations, les articles de ce numéro mettent en scène des expériences ludiques au sein de plusieurs instances socialisatrices, et analysent comment, à travers elles, se construit, s'expérimente et se recompose le genre.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 106
EAN13 9782296450295
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cahiers du Genre49 / 2010
Les objets de l’enfance
Coordonné par Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier
Revue publiée avec le concours xdu Centre national de la recherche scientifique xdu Centre national du livre xdu Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris (CRESPPA), équipe Genre, travail, mobilités (GTM,CNRS– universités Paris 8 et Paris 10)
Directrice de publication Anne-Marie Devreux Secrétaire de rédaction Danièle Senotier Comité de rédaction Sandrine Dauphin, Anne-Marie Devreux, Dominique Fougeyrollas-Schwebel Helena Hirata, Danièle Senotier Comité de lecture Madeleine Akrich, Béatrice Appay, Isabelle Bertaux-Wiame, José Calderón, Danielle Chabaud-Rychter, Isabelle Clair, Virginie Descoutures, Jules Falquet, Estelle Ferrarese, Maxime Forest, Nacira Guénif-Souilamas, Jacqueline Heinen (directrice de 1997 à 2008), Danièle Kergoat, Bruno Lautier, Éléonore Lépinard, Ilana Löwy, Hélène Yvonne Meynaud, Pascale Molinier, Delphine Naudier, Roland Pfefferkorn, Wilfried Rault, Rebecca Rogers, Josette Trat, Pierre Tripier, Eleni Varikas Comité scientifique Christian Baudelot, Alain Bihr, Françoise Collin, Christophe Dejours, Annie Fouquet, Geneviève Fraisse, Maurice Godelier, Monique Haicault, Françoise Héritier, Jean-Claude Kaufmann, Christiane Klapisch-Zuber, Nicole-Claude Mathieu, Michelle Perrot, Serge Volkoff Correspondant·e·s à l’étranger Carme Alemany Gómez (Espagne), Boel Berner (Suède), Paola Cappellin-Giuliani (Brésil), Cynthia Cockburn (Grande-Bretagne), Alisa Del Re (Italie), Virgínia Ferreira (Portugal), Ute Gerhard (Allemagne), Jane Jenson (Canada), Diane Lamoureux (Canada) Sara Lara (Mexique), Bérengère Marques-Pereira (Belgique), Andjelka Milic (Serbie), Machiko Osawa (Japon), Renata Siemienska (Pologne), Birte Siim (Danemark), Angelo Soares (Canada), Diane Tremblay (Canada), Louise Vandelac (Canada), Katia Vladimirova (Bulgarie) Abonnements et ventes Les demandes d’abonnement sont à adresser à L’Harmattan. Voir conditions à la rubrique « Abonnements » en fin de volume © L’Harmattan, 2010 5, rue de l’École Polytechnique, 75005 Paris ISBN : 978-2-296-13764-6 EAN : 9782296137646 ISSN : 1165-3558 Photographie de couverture © Danièle Senotier Site Internet : http://cahiers_du_genre.pouchet.cnrs.fr/
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Sommaire
DossierLes objets de l’enfance
Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier L’enfance, laboratoire du genre (Introduction) Geneviève Cresson Indicible mais omniprésent : le genre dans les lieux d’accueil de la petite enfance Mona Zegaï La mise en scène de la différence des sexes dans les jouets et leurs espaces de commercialisation Sylvie Octobre La socialisation culturelle sexuée des enfants au sein de la famille Eva Söderberg L’héritage de Fifi Brindacier en Suède Sylvie Cromer Le masculin n’est pas un sexe : prémices du sujet neutre dans la presse et le théâtre pour enfants Martine Court Le corps prescrit. Sport et travail de l’apparence dans la presse pour filles Aurélia Mardon Construire son identité de fille et de garçon : pratiques et styles vestimentaires au collège
Hors-champ Virginie De Luca Barrusse Le genre de l’éducation à la sexualité des jeunes gens (1900-1940) Anaïk Pian La migration empêchée et la survie économique : services et échanges sexuels des Sénégalaises au Maroc
Revue internationale des revues Alicia Márquez Murrieta L’Amérique latine et ses revues sur les femmes et le genre Éléonore Lépinard Les revues sur le genre aux États-Unis
Cahiers du Genre, n° 49/2010
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Comptes rendus de thèses — Séverine Sofio.« L’art ne s’apprend pas aux dépens des mœurs ! » Construction du champ de l’art, genre et profession-nalisation des artistes, 1789-1848(Patricia Mainardi) — Marine Cordier.Le cirque sur la piste de l’art. La création entre politiques et marchésCécile Le Bars.Buscatto) —  (Marie ‘Ensemble-séparés’ : les carrières des navigatrices de course au large à l’épreuve du genre(Jacqueline Heinen)
Notes de lecture
— Carol Gilligan.Une voix différente. Pour une éthique ducare ; Joan Tronto.Un monde vulnérable. Pour une politique du; care Patricia Paperman et Sandra Laugier (eds).Le souci des autres. Éthique et politique ducare ; Pascale Molinier, Sandra Laugier et Patricia Paperman (eds).Qu’est-ce que lecare? Souci des autres, sensibilité, responsabilité(Natacha Borgeaud Garciandía, Helena Hirata et Efthymia Makridou) — Laure Bereni, Sébastien Chauvin, Alexandre Jaunait et Anne Revillard.Introduction aux Gender Studies. Manuel des études sur le genre (Rose-Marie Lagrave) — Hélène Yvonne Meynaud.La part de l’étranger.e. Travail et racismePolesi) — Yvonne Guichard-Claudic, (Hervé Danièle Kergoat et Alain Vilbrod (eds).L’inversion du genre. Quand les métiers masculins se conjuguent au féminin… et réciproquement(Laetitia Dechaufour) — Geneviève Pruvost.De la ‘sergote’ à la femme flic. Une autre histoire de l’institution policière (1935-2005); etpolicier. Sexe : fémininProfession : (Jacqueline Heinen) — Roland Pfefferkorn.Inégalités et rapports sociaux. Rapports de classes, rapports de sexes(Xavier Dunezat) — Helena Hirata, Maria Rosa Lombardi et Margaret Maruani (eds).Travail et genre. Regards croisés France-Europe-Amérique latine(Jean-Daniel Boyer) — Michèle Pagès.L’amour et ses histoires. Une sociologie des récits de l’expérience amoureuse(Estelle Couture)
Abstracts
Resúmenes
Auteures
Les Cahiers du Genre ont reçu
Cahiers du Genre, n° 49/2010
L’enfance, laboratoire du genre
Introduction
Ce numéro suit la piste de Simone de Beauvoir qui, en 1949, dansLe deuxième sexe, pour tenter d’expliquer la construction sociale de l’altérité féminine et de la hiérarchisation entre les sexes, soulignait l’efficacité de la culture et de la socialisation familiale pendant l’enfance. Deux décennies plus tard, dans les années 1970, des études consacrées à la construction du mas-culin et du féminin dans l’enfance ont commencé à émerger, à partir tantôt de l’analyse de l’identité, tantôt des stéréotypes liés au sexe, ou encore dans un cadre institutionnel de réalisation de l’égalité des sexes, après la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes de 1979 (CEDEF/CEDAW). Ces recherches présentent comme caractéristiques de se développer principalement dans le champ disciplinaire de la psychologie ou de concerner plus spéci-1 fiquement l’institution scolaire et les matériels didactiques . Deux ouvrages jouent néanmoins un rôle-clé pour la compré-hension du devenir fille ou garçon, en observant de manière globale les environnements matériel et symbolique des enfants, ainsi que le modelage du corps : celui d’Elena Gianini Belotti (1973) sur le conditionnement des petites filles et celui de Georges Falconnet et Nadine Lefaucheur (1977) sur la fabri-cation des mâles. 1 C’est en tant que matériel didactique que la littérature de jeunesse peut être incluse dans les études. Cf. Andrée Michel,Non aux stéréotypes ! Vaincre le sexisme dans les livres pour enfants et les manuels scolaires, compilant des études nationales lancées par l’Unesco à partir de 1981 (Michel 1986).
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Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier
Soixante ans après Beauvoir, ce numéro vise à signifier notre intérêt envers les objets de l’enfance (comme les vêtements, la littérature ou la presse de jeunesse, les activités culturelles ou les jouets, etc.) — en tant qu’ils constituent un laboratoire du genre pour les enfants.
Ce numéro s’appuie sur les perspectives théoriques ouvertes par la sociologie de l’enfance depuis les années 1990. En effet, parallèlement à la valorisation et à la reconnaissance sociales des enfants doués de compétences pour agir et réagir, se développe la sociologie de l’enfance, laquelle décloisonne la sociologie de l’éducation et la sociologie de la famille, et problématise «leurs relations réciproques en s’interrogeant sur l’action même de cet enfant, considéré maintenant comme un acteur à part entière» (Sirota 2006). L’apparition de nouveaux objets, en lien avec les nouvelles technologies, source d’une autonomisation plus pré-coce des enfants (Glevarec 2010), a contribué à ouvrir de nou-veaux questionnements : sur la redéfinition des âges (Galland 2010) ; sur l’évolution du poids respectif des agents sociali-sateurs primordiaux pendant l’enfance, à savoir la famille, les pairs, les médias ; sur l’intersectionnalité des rapports sociaux d’âge, de sexe ou d’appartenance sociale. Cependant, malgré le refus d’une idée d’ «enfance générique» (Chamboredon, Prévot 1973 ; Lignier 2008) afin d’inscrire l’enfance dans un contexte de rapports sociaux dont les enfants ont conscience et dont ils sont partie prenante (Zarca 1999), on constate, dans nombre de recherches, des résistances à penser ces âges de la vie au sein d’un monde structuré par les rapports de domination, notamment de sexe. La conception de l’enfance essentiellement comme période d’apprentissage du devenir adulte, sous l’angle de la psychologisation ou de la pédagogisation, contribue à cette vision enchantée et réductrice de l’enfance (Neveu 1999), à cette «neutralisation sociale». S’y ajoute la croyance vivace d’une différence naturelle des sexes et de son maintien nécessaire, notamment concernant l’éducation des jeunes enfants. Pour certain·e·s, les stéréotypes sexués seraient même, dans l’absolu, nécessaires en tant que repères d’identité et leur disparition déstabilisatrice. Ainsi filles et garçons, dès leur plus tendre enfance, continuent d’être socialisés différemment, en dépit de l’aspiration à l’égalité des sexes (Ferrand 2004).
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L’originalité de ce numéro est double. D’abord nous avons fait le choix de nous décentrer des cadres formels et légitimes de la socialisation — la famille et l’école — pour scruter les formes et interactions ludiques de socialisation. Celles-ci nous ont semblé constituer une entrée heuristique pour «accéder aux processus de construction sociale de la réalité et des identités» (Gaussot 2002, p. 43), d’autant que «de plus en plus tôt, les jeunes tendent à s’émanciper des discours et de la socialisation produits par la famille et par l’école» (Glevarec 2010, p. 28). Ensuite l’enfance dont il est question dans ce numéro est entendue dans sa dimension élargie, du bébé en âge d’aller à la 2 crèche jusqu’au préadolescent de 13 ans environ . En effet, on constate uncontinuum(voire un relais), qui va de la crèche à la préadolescence, notamment par le biais des représentations diffusées par les magazines ou par le contrôle des vêtements. Il s’agit de comprendre comment, à la confluence de plu-sieurs instances socialisatrices — les familles, les institutions, les pairs, les médias — et dans la tension entre dépendance et autonomisation, l’enfance devient un laboratoire des transac-tions de genre, pour les adultes, comme pour les enfants. Le genre s’élabore, s’expérimente, s’éprouve, se recompose, par la transmission et la confrontation des discours, des pratiques, des 3 représentations, différemment selon les classes sociales et s’incorpore. Ainsi la socialisation, «ensemble des processus par lesquels l’individu est construit, on dira aussi formé, modelé, façonné, fabriqué, conditionné, par la société globale et locale dans laquelle il vit» (Darmon 2006, p. 6), est multiple, hétéro-gène, contradictoire, mais la continuité dans le temps et l’espace est assurée par le corps, opérateur majeur et marqueur du genre, de la crèche à l’entrée au collège. Les articles de ce numéro sont le plus souvent issus de tra-vaux originaux (thèses, recherches en cours) qui n’ont que peu ou pas encore fait l’objet de publication. Si nous avons 2 Dans les enquêtes présentées ne figurent aucun cas d’enfants placés en insti-tution tels que des orphelinats. Par ailleurs, l’ensemble des enquêtes s’intéressent aux familles hétérosexuelles. 3 Il ne sera pas question dans ce numéro des différences selon les origines ethniques qui se combinent également avec l’appartenance de classe. En effet, nous n’avons pas eu connaissance de travaux intégrant cette dimension.
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Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier
privilégié la variété des ‘objets’, des espaces et des âges pour concevoir le numéro, cinq thèmes, communs chacun à au moins deux articles, sont à souligner plus particulièrement.
Le premier thème est celui de l’interaction directe avec les adultes qui conditionnent les choix des objets mais également leurs usages. Le numéro s’ouvre ainsi sur l’article de Geneviève Cresson qui a étudié les jeux dans les lieux d’accueil de la petite enfance. Elle illustre, à l’aide des observations menées, à quel point le genre — et la hiérarchie des rôles sexués auquel il renvoie — sont déjà présents dès la prime enfance. Les obser-vations faites semblent indiquer que les adultes — certes de manière involontaire et inconsciente — à travers les lectures, les jeux, les fêtes et déguisements, encouragent plutôt les capacités physiques des garçons, se soucient davantage de l’apparence des filles et favorisent l’ ‘homosociabilité’. Les discours des professionnels de la petite enfance font référence aux besoins de l’enfant et considèrent que les différences de genre vont appa-raître ultérieurement, à l’école ou sont du fait des parents.
Dans ces espaces où les femmes sont en outre largement majoritaires (l’auteure parle de «maisons des femmes»), ce qui conduit d’ailleurs à alimenter les représentations selon les-quelles seules les femmes peuvent s’occuper des enfants en bas âge, une reproduction des rôles féminins et masculins est déjà en œuvre. Dans l’espace privé, l’interaction avec les adultes se caractérise également par l’homosocialisation. Sylvie Octobre, qui analyse la socialisation culturelle au sein de la famille, met en évidence à quel point les interactions autour des loisirs se font le plus souvent entre mères et filles ou entre pères et fils. Les résultats de son enquête, à la fois quantitative et qualitative, montrent clairement que, là aussi de manière précoce, certaines pratiques sont ‘féminines’ et rapprochent activités des filles et des mères (lecture, écoute musicale) tandis que d’autres ‘masculines’, plus proches des pères (jeux vidéo, multimédia), concernent davantage les garçons.
Le rôle joué par les interactions avec les adultes, d’autant plus fréquentes avec le jeune enfant, se différencie quelque peu selon l’appartenance de classe. Le deuxième thème à relever dans les articles est l’articulation entre genre et classe sociale. Sylvie
L’enfance, laboratoire du genre (Introduction)
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Octobre précise que l’appartenance au milieu populaire renforce la socialisation genrée : Les milieux populaires semblent assigner plus fermement et plus précocement les objets à des sexes que ne le font les milieux plus diplômés. Cette observation est corroborée par l’article de Martine Court sur le sport et le travail de l’apparence dans la presse pour filles. En comparant le contenu de deux magazines pour pré-adolescentes — dont l’un s’adresse plus spécifiquement aux milieux populaires — elle montre que les messages médiatiques révèlent des usages différents des corps selon l’appartenance sociale et que la pratique sportive est ainsi quasi absente des thèmes traités par le magazine pour les filles des milieux populaires. Ces derniers sont peut-être encore plus sensibles aux mes-sages commerciaux qui différencient clairement ce qui est dédié aux filles et aux garçons. Le troisième thème du numéro est autour de la mise en scène du genre véhiculée par ceux-là mêmes qui produisent et vendent les ‘objets’ de l’enfance. Mona Zegaï s’intéresse à la manière dont les jouets sont mis en scène dans les espaces de commercialisation et plus particulièrement dans les magazines destinés à encourager leur vente. Ainsi présentés, ces objets, emblématiques de l’enfance, renvoient à des représenta-tions sociales liées à la différence des sexes. L’auteure n’hésite pas à parler de «véritable pédagogie active visant à construire le genredes mondes lexicaux masculins autour de la» : mécanique, de la construction et des combats ; des mondes lexi-caux féminins qui invitent aucare. Les codes visuels réfèrent à l’ordre sexué avec des jouets pour garçons qui misent sur l’activité et l’extérieur alors que ceux adressés aux filles sont axés sur la passivité et l’intérieur. Mona Zegaï montre ainsi à quel point «les mondes ludiques masculins et féminins divergent sur bien des points : type de jeux, lexique, formes et images spécifiques, rapport aux autres, à son propre corps, à l’espace et au temps, au travail productif et reproductif, etc. ». Les mises en scènes du genre sont également l’objet de l’article de Sylvie Cromer, qui fait état des apports de connaissance d’une série d’études menées ces dix dernières années sur les représentations sexuées dans les productions culturelles (littérature, presse et
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Sylvie Cromer, Sandrine Dauphin et Delphine Naudier
spectacles pour la jeunesse). Sylvie Cromer met ainsi en relief le processus de «prééminence d’un masculin à prétention universelle».Il ne s’agit pas tant d’entretenir une vision très classique des rôles masculins et féminins, que, de manière plus subtile, de ‘neutraliser’ le masculin, ce qui «rend moins visible et moins compréhensible la marginalisation féminine». Les rôles principaux sont tenus par des personnages majoritairement masculins, lesquels, en outre, bénéficient le plus des inter-actions avec les autres personnages. Les figures féminines sont présentes principalement parce qu’elles appartiennent au groupe familial. En outre, les personnages de sexe masculin sont davantage présents dans des actions combinant activité profes-sionnelle et espace privé tandis que ceux de sexe féminin restent relativement limités à la sphère intime.
Le quatrième thème est illustré par deux articles qui ques-tionnent le corps des préadolescent·e·s et ses usages genrés. Nous sommes, dès lors, dans les âges où l’imprégnation du genre est déjà faite dans des corps qui se sexualisent physiquement. Aurélia Mardon s’est intéressée aux vêtements des filles et garçons. Comment ces jeunes participent-ils de la reproduction des rapports sociaux de sexe au moment précisément du passage de l’enfance à l’adolescence ? Le vêtement a son im-portance en ce qu’il permet justement de se situer par rapport à ses pairs tout en continuant à subir le contrôle parental. Or «les codes qu’ils[les préadolescents] adoptent viennent tantôt renforcer, tantôt gommer l’identité de genre». Les filles s’ins-pirent de l’univers des ‘stars’ de la chanson, monde idéalisé d’un apprentissage de la séduction. Elles sont, cependant, soumises à cette injonction paradoxale à laquelle ne sont pas soumis les garçons, à savoir dévoiler leur corps pour respecter les codes de la féminité mais ne pas être provocantes pour autant. À l’âge où le corps se transforme et où l’apprentissage de la vie adulte commence réellement, le genre se fait plus insistant encore. Les injonctions normées sont fortes, comme le montre également Martine Court qui analyse le contenu de deux magazines pour préadolescentes entre 8 et 13 ans, l’un à visée plutôt éducative et l’autre plutôt distractive. On y retrouve les mêmes rubriques que dans les magazines féminins traditionnels avec une représentation stéréotypée du rapport que les filles
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