Mithilâ
226 pages
Français

Mithilâ , livre ebook

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226 pages
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Description

Autour de Madhubani, en Inde du Nord, les femmes peignent, dit-on, depuis toujours. Dans la plaine du Gange qui s'étend au pied de l'Himalaya, les mères enseignent à leurs filles l'art du dessin comme prière. Jusqu'à ce jour, le fil ne s'est pas rompu, mais une mutation déterminante s'opère dans le sillon de la pratique ancienne où se succédaient, presque à l'identique, les représentations divines... Leurs portraits, réunis ici, témoignent de la profonde aventure qu'elles commencent à vivre. (Illustrations en couleur).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 septembre 2013
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336324470
Langue Français
Poids de l'ouvrage 16 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mîtîlâ L’onneur des femmes
Mîtîlâ. L’onneur des femmes Martîne Le Coz
Mithilâ ’onneur des emmes
Du mme auteur :
Aux Édîtîons Mîcaon :
• La Tour de Wardenclye, ou la prodigieuse invention de Nikola Tesla, roman grapîque, 2011 • L’Homme électrique, roman, 2009 • Le Jardin d’Orient, roman, 2008 • Hosana!2003
Cez d’autres édîteurs :
Romans : • La Reine écarlate, Abîn Mîce, 2007 • Nos lointains et nos proches, Abîn Mîce, 2004 • Céleste, e Rocer (Prîx Renaudot 2001) • Le Nègre et la Méduse, e Rocer, 1999 • Le Briquet, e Rocer, 1997 • Léo, la nuit, e Rocer, 1997 • Les Conïns du jour, e Rocer, 1996 • Journal de l’Autre, e Rocer, 1995 • La Palette du jeune Turner, e Rocer, 1993 • Le Pharaon qui n’avait pas d’ombre, e Rocer, 1992 • Gilles de Raiz, ou la confession imaginaire, e Seuî, 1989
Essaîs : • Catherine d’Alexandrie ou la philosophie défaite par la foi, e Rocer, 1998 • Gilles de Rais ignoble et chrétien, Opéra, 1995
Textes poétîques : • Signe de ferveur noir, ommage À Oîvîer Debré, ’Oreîe du oup, 2010 • La Couronne de vent, dessîns de Racîd Koracî, A Manar, 2009 • La Pierre et le soue, potograpîes de Georges Buscînî, Farrago, 2004 • Le Rire de l’Arbre au milieu du jardin, e Rocer, 2000 • La Beauté, e Rocer, 2000 • Le Chagrin du zèbre, e Rocer, 1998
Dessîns et peîntures : e • Visages des voyageurs, portraits d’écrivains du XX siècle, textes de Joë Scmîdt, e Rocer, 2002
Documents : • Turner et les peintres, coectî, Téérama ors-sérîe, 2010 • Hypnose et graphologie, e Rocer, 1993
©2013, Mîcalon Édîteur 9, rue de l’École-Polytecnîque – 75005 Parîs www.mîcalon.fr ©2013, L’Harmattan 16, rue des Écoles – 75005 Parîs www.edîtîons-armattan.fr ISBN : 978-2-343-01510-1
Martîne e Coz
Mithilâ ’onneur des emmes
’Harmattan / Mîcaon
… C’est la même brosse qui nous a peints. Nous avons pour père le même et unique Créateur Et, de ce fait, les facultés divines que nous recelons Sont inïnies.
Gândhî Mes expériences de vérité
 Ees sont pauvres et meurtrîes. Broyées par eur tradîtîon et ’embaement de a macîne mondîae, ees sont en danger, maîs eur peînture est peut-tre toute-puîssante.
 Comment rendre ommage aux emmes du Mîtîá ? à eur œuvre encore souvent coectîve et anonyme ? Je suîs aée dessîner une À une cees quî dessînent depuîs toujours pour que nos îgnes et nos coueurs se rencontrent. a densîté de nos écanges nous aît ressember aux vases acîmîques dont es cos s’entrecroîsent : emme d’îcî, emme de À-bas, nos rendez-vous nous transorment en verseuses jumees pour une îrrîgatîon mutuee. Maîntenant que nos vîsages se sont apprîvoîsés et que nous partageons ’eau, e pînceau et es îmages, je peux aîre e portraît des Matîs et e eur ofrîr, avec e tracé de eurs noms.
 Voîcî Maásundarî, Duarî et Aba, Urmîa et Amrîta… Ce îvre eur est dédîé. ï s’ouvre aux ommes aussî, pour qu’îs regardent ces créatrîces înépuîsabes, et qu’îs es reconnaîssent.
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 Dans ’une des contrées es pus désérîtées de ’ïnde du Nord, depuîs toujours, dît-on, es emmes peîgnent, es emmes seues. Dans a paîne du Gange quî s’étend au pîed de ’Hîmaaya où se serrent cans et amîes sous ’armature des brancages de eurs maîsons, autour d’un arbrîs-seau sacré caque jour Leurî et encensé, es emmes enseîgnent À eurs Ies ’art du dessîn comme prîère. De mère en Ie jusqu’À ce jour, e I ne s’est pas rompu, es coueurs vîbrent, mutîpes ou cîces, végétaes et anîmaes. Jeunes Ies et vîeîes emmes ranîment sur es murs de pîsé a geste des grandes Igures du pantéon îndou. Ees y répandent des torsades de Leurs et des moîssons provîdentîees, que es vents se renversent sur ees ou que a puîe es déave, sempîterneement. a poudre de santa et e noîr de umée - des noîrs pensîs, des ocres auvîaux - écatent, gorîeux, dans es astuces géométrîques d’un traît înassabe et ardî. e pîsé ne uî ofre pas un support moutonné. On a broyé a paîe avec ’argîe, on ’a encaîouté comme on pouvaît, on ’a comprîmé : c’étaît pour e îsser et jeter À des pîrouettes de poîssons, des pîtrerîes d’oîseaux et des corbeîes de myro-boans pas pus gros que des roupîes. Sur e mur de eur maîson, sous e toît en auvent, derrîère es pîîers de boîs, es emmes ne traquent pas e vîde comme s’î s’agîssaît d’une nudîté menaçante maîs ’empîssent de euîes myrtîormes et de boues compactes de coueurs - des sîmpîcîtés de euîes, des înnocences de ruîts nées de a erveur recueîîe quî a précédé a saîsîe du pînceau.  es médîtantes conjurent es présences îndésîrabes, maîs eur dernîer enant sur es bras, ees îgnorent a posîtîon du otus : e petît accrocé À eur Lanc, ees paquent es taons au so et, sou-daîn, droîtes d’abord et sévères, ees dessînent. Tout est À, contenu dans e sîence de ce sîmpe début. Et voîcî ’oraîson venue du ond de ’Hîstoîre îndîenne sans commencement nî In.  Avec e traît quî court sans s’épuîser pendant des sîèces, e dessîn des emmes du Mîtîá ance par-dessus es temps une étonnante yperboe qu’î nous est encore donné de contemper. Dans cette pratîque mîénaîre, sujets et motîs se répètent, sur esques ees n’ont pas posé de regard crîtîque jusqu’À une époque récente. Queque cose es dépassaît, qu’ees transmettaîent presque sans y toucer pour ne pas attenter au sacré. Maîs une mutatîon détermînante s’înscrît maîntenant dans une connaîssance quî voyageaît, préservée, au I des génératîons. ïmprégnée de symboîsme tantrîque et antée par Krîsna, e dîeu À a peau beue, cette tradîtîon îndoue se travaîe en œuvre pour ’avenîr en întroduîsant au cœur du dessîn une înterrogatîon umaîne radîcae.
 Nous tenterons dans cet ouvrage d’en témoîgner ensembe, emmes peîntres du Mîtîá et emme peîntre d’îcî, par ’écrîture et par e dessîn.
 Ma premîère rencontre avec ’art du Mîtîá remonte À ma jeunesse. J’avaîs vîngt ans quand a curîosîté m’a conduîte vers ’exposîtîon d’une petîte coectîon présentée À Tours. J’étaîs dans ’îgno-rance de cette cuture partîcuîère. es dessîns étaîent posés À terre, d’une orce presque terrîbe. e traît net et noîr sans retouce, a orme rance, styîsée pus que nave, es sujets autement tragîques traîtés avec une ormîdabe aacrîté… Tant de vîgueur, venue du bout du monde secouer
’éégance tourangee « ton sur ton » ! Admîratrîce de ’Angaîs Artur Rackam, je souaîtaîs deve-nîr îustratrîce. Sî j’étaîs sûre de mon traît, je ne prenaîs aucun rîsque avec es coueurs, tenues cez mon modèe dans ’économîe d’un rapport d’ocres, de bruns et de noîrs. J’y ajoutaîs toujours un beu sombre et dîscret. ïcî, ma coueur préérée sautaît aux yeux, es rouges et es jaunes s’apparen-taîent À ceux d’un Mîro camantAidez l’Espagneou présentant, en guîse delinga,Sa Majesté. Pour a îgne, par exempe, sonPaonde ace ou ’esquîsse de sonSerpent enrouléauraîent pu prendre pace auprès du dîeu îndîgo aux pîeds écarates, de son épouse Rádá À a tte cîtron, et de ’épouvantabe Ká-a-noîre dressée sur des pîeds roses. ’art du Mîtîá a pu tre rapprocé de ’art crétoîs, je ’aî u pus tard, pour ses proIs aux grands yeux et ses nez poîntus. Ce jour-À, son expressîonnîsme porteur d’une sorte de détermînatîon împacabe m’a sîdérée. J’étaîs rappée d’un coup venu de pus aut.  es dessîns dévoraîent ’espace, peîn À craquer. Des pages À ond bîstre ou banc, bordées de rîses Loraes ou géométrîques, surgîssaîent de mystérîeux motîs répartîs dans des structures compexes. e coupe y tenaît une pace d’onneur sous orme umaîne ou anîmae, ou par e trucement symboîque dulingaévoqué pus aut compété par eyoniémînîn.  J’aî aceté e grand caîer de reproductîons À a dîsposîtîon du pubîc et suîs aée ensuîte À a découverte de Vîsnu, Bramá et Sîva À orce de ectures, gavanîsée par ces dessîns puîssants sî éoîgnés de mes goûts. Tout cea ut remîsé ensuîte, jusqu’au jour où ’ouvrage d’Yves Véquaud est arrîvé À a maîson, bîen des années pus tard.
 ïnîtîée par cet auteur, ’îstoîre des îens noués entre a France et e Mîtîá est aîte de sentîments ardents. à partîr de Véquaud, pusîeurs exposîtîons ont été organîsées îcî et À, queques conérences. Notre premîère réérence reste sonArt du Mithilâ,pubîé en 1976 aux Presses de a Connaîssance. Proesseur de ettres, auteur de queques îvres et du texte quî accompagne es potos îndîennes d’Henrî Cartîer-Bresson, Véquaud a découvert e Mîtîá en 1970 en se rendant À Kátmándu - ce quî reste au nord-est de ’ïnde de ’ancîen royaume de Mîtîá correspond pour nous au dîstrîct de Madubanî, dans ’État du Bîár peu amène aux tourîstes, sînon aux aentours de a céèbre Bodgayá, où Boudda vécut ’ïumînatîon. ï est retourné cînq oîs sur pace, et e potogrape Édouard Boubat ’y a suîvî : nous uî devons de précîeux cîcés, notamment des œuvres de Stá Dev et de Gánga Dev, quî comptent parmî es représentantes céèbres de eur art. Ses potogra-pîes compètentL’Art du Mithilâoù sont reproduîts pus de soîxante-dîx dessîns et peîntures d’un caractère admîrabe.
 Véquaud a organîsé une premîère exposîtîon des peîntures du Mîtîá en 1973 au musée de ’Homme de Parîs. Au prîntemps 1975, ors de ’Année înternatîonae de a Femme, î a découvert ’ensembe de sa coectîon au musée des Arts décoratîs. Deux cents œuvres dessînées et peîntes par es emmes du Mîtîá urent, À cette époque, dévoîées au pubîc au Pavîon de Marsan du paaîs du ouvre. Dans son sîage, une autre exposîtîon ut montée au musée des Beaux-Arts de Caen, d’avrî À maî 1977. Yves Véquaud a servî ’art du Mîtîá toute sa vîe : dans e cadre de a présenta-tîon des Magîcîens de a Terre, en partîcuîer, quî rassemba en 1989 au Centre Pompîdou et dans a Grande Hae de a Vîette des artîstes contemporaîns, pour a premîère oîs sans dîscrîmînatîon entre ’avant-garde et ’art trîba ou rîtue. ’automne suîvant, e centre d’art contemporaîn Ray-mond Barbos organîsaît À Mont-de-Marsan une nouvee exposîtîon.  Véquaud n’est pus, maîs en 2012, dans es vîages de Rantî et de Jîtwarpur, près de Madubanî, son nom souève toujours ’émotîon et a reconnaîssance.
 H. Perdrîoe a donné en juîn 2010 une conérence sur ’art du Mîtîá au Musée du quaî Brany, À Parîs. Deux moîs pus tard, en août 2010, ’Espace Asîa Parîs présentaît dans ’exposîtîon « Au-deÀ des murs », sur ’înîtîatîve de a potogrape Deîdî von Scaewen, une coectîon de peîntures
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