Risque Algérie et stratégies de développement
116 pages
Français

Risque Algérie et stratégies de développement , livre ebook

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116 pages
Français

Description

L'Algérie dispose d'atouts considérables tous secteurs confondus. Mais le bilan après 50 ans d'indépendance est décevant : nombreux échecs, système bloqué, risques imminents d'explosion fondent la spécificité algérienne. Pour tenter de répondre à la problématique du risque Algérie, l'ouvrage analyse les étapes de son développement et pose les bases d'une démarche prédictive.Ceux qui détiennent le pouvoir auront-ils la volonté de faire évoluer la société vers plus de liberté, de transparence, de justice ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 17
EAN13 9782296488236
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RISQUEALGÉRIEET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT1830-2030
Notes de Conjoncture Dirigée par François Manga-Akoa En ce début de siècle où l’évolution exponentielle des nouvelles technologies de l’information et de la communication révolutionne tous les secteurs d’activité et du savoir, tout en contractant l’espace et le temps, l’information élaborée est plus que jamais une matière première stratégique. La collection «Notes de Conjoncture» produit et propose à ses lecteurs des ouvrages sectoriels et régionaux spécifiques pour répondre aux besoins des acteurs économiques, des décideurs politiques, militaires et diplomatiques. Ces notes relèvent non seulement de l’analyse des risques, de la réglementation, mais aussi de la prospective. Elles prennent en compte tous les aspects qui peuvent affecter l’environnement économique et institutionnel d’un pays. Déjà parus: Gwendal DURAND,Al Qaïda au Maghreb islamique : réalité ou manipulation ?,2011.S. DENANTES-TEULADE,Malabo, Guinée-Equatoriale. Le nouvel eldorado pétrolier de l’Afrique, 2009. STRATEGICO.,Bénin 2009, 2009. STRATEGICO.,Algérie 2008, 2008. STRATEGICO.,La République démocratique du Congo 2008, 2007. STRATEGICO.,Guinée Conakry 2008, 2007. STRATEGICO.,Niger 2008, 2007.
Seddik LARKÈCHERISQUEALGÉRIEET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT1830-2030
A ces Français, Algériens et étrangers, juifs, catholiques, musulmans et autres qui ont donné leur vie pour que l’Algérie soit libre et indépendante. © L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96165-4 EAN : 9782296961654
L’Algérie est un grand pays qui a obtenu son indépendance à la force de son idéal révolutionnaire, grâce à une lutte armée de près de huit années. Elle dispose d’atouts considérables tous secteurs confondus, et en particulier d’une population instruite qui souhaite dans sa grande majorité apporter une contribution au développement de cette nation. Le bilan après cinquante années d’indépendance est très décevant car elles ont été traversées par de nombreux échecs, où l’on constate un système bloqué, sans projet de société. Depuis plus de vingt ans, des émeutes récurrentes s’expriment, prouvant le malaise profond que vit la société algérienne avec à la clé des dizaines de milliers de morts. Aujourd’hui, la situation est encore plus délicate car des signaux forts nous montrent la possibilité à tout moment d’une explosion radicale de la société algérienne. C’est cette combinaison de facteurs positifs, négatifs et de risques imminents d’explosion qui fonde la spécificité algérienne et par prolongement notre problématique. Aborder la question algérienne est toujours un exercice délicat, à la fois sujet à de nombreuses polémiques mais aussi sujet complexe car de nombreuses variables doivent être appréhendées dans des imbrications multiples, où l’accès à la véritable information est faible. Passé ces obstacles, c’est faire le choix d’affronter le contenu réel de ce pays avec ses aspects positifs, négatifs et troubles dont la lecture n’est jamais manichéenne. Pour tenter de répondre à la problématique du risque Algérie, nous tenterons dans une approche chronologique de comprendre les étapes successives de son développement, avec les ruptures qui ont été opérées et qui ont marqué durablement cette nation, tout en mettant en exergue les acteurs en présence et en particulier les jeux de pouvoir y afférents.
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Nous ne nous limiterons pas à une approche analytique du risque Algérie mais tenterons de poser les bases d’une démarche prédictive afin de ne pas être un simple observateur des faits passés et présents.
I. LA MATÉRIALISATION DU RISQUE ALGÉRIE L’ampleur et l’intensité de la tragédie que vit l’Algérie depuis près de vingt ans ne peuvent être sous-estimées. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont trouvé la mort depuis le début du conflit en 1992. Des milliers d’autres ont « disparu » après avoir été emmenées par les forces de sécurité et plusieurs centaines de milliers ont été blessées à la suite d’actes de violence ou ont eu la douleur de perdre un proche.Aucune catégorie de la société algérienne n’a été épargnée par cette crise au cours de laquelle les atteintes les plus atroces aux droits humains ont été commises par les terroristes, mais aussi les forces de sécurité et les milices armées par l’État.Dans ce cadre, le système judiciaire algérien souffre d’un manque persistant de transparence. Au début des années 2000, les autorités algériennes ont pris plusieurs mesures dans l’intention déclarée de rétablir la paix et de parvenir à une forme de réconciliation nationale grâce à la loi sur la concorde civile. Des milliers de membres de groupes armés ont bénéficié d’une amnistie. Toutefois, la population algérienne ignore la manière dont ces mesures ont été appliquées et les autorités semblent toujours incapables de fournir les données chiffrées à ce sujet ou refusent de le faire. Les organisations non gouvernementales déplorent l’impunité dont les membres des forces de sécurité, des milices armées par l’État mais aussi des groupes terroristes continuent à bénéficier, sachant que certains semblent être responsables d’homicides et d’actes de torture d’une rare violence. À l’étranger, les positions sur la crise algérienne divergent.
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Sur le plan politique, les autorités françaises, par l’intermédiaire de leur président de l’époque François Mitterrand, avaient qualifié d’anormal l’arrêt du processus électoral, puisqu’il freinait la démocratie. Cette position officielle était doublée d’une position officieuse, celle de continuer à soutenir le cartel de généraux qui avait stoppé le processus démocratique tout en lui demandant d’épargner le sort de son ancien allié, le colonel Chadli. Il est à préciser que les deux hommes ont toujours eu d’excellentes relations. Il ne faut pas oublier que le colonel Chadli a souvent été considéré en Algérie comme le « parti de la France », en opposition avec son prédécesseur le colonel Boumediene. On a souvent reproché au colonel Chadli d’avoir été dans l’armée française jusqu’à la fin er 1956 alors que l’insurrection nationale date du 1 novembre 1954. La France expose une position délicate. Elle considère que le risque politique est toujours présent en Algérie, en particulier à cause du nombre d’attentats qui remettent en cause fondamentalement la sécurité des ressortissants étrangers. Dans une autre direction, elle reconnaît l’énorme marché que peut constituer l’Algérie pour les entreprises françaises. Face à cette double appréciation, il semblerait qu’il y ait une position officielle incitant fortement à la prudence pour les investissements français en Algérie où les entreprises seraient plutôt encouragées à uniquement exporter leurs produits (S. LARKECHE, 2000). Par ailleurs,une position plus officieusesemble s’exprimer aujourd’hui en termes de motivations.Elle consisterait à continuer à conseiller les entreprises françaises sur l’importance de l’Algérie, afin de ne pas « se faire détrôner » sur ce marché par la concurrence internationale (chinoise, turque ou américaine).
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Concernant l’investissement français en Algérie, il reste toutefois faible eu égard aux énormes possibilités entre les deux pays. Pour les Américains, l’appréciation du risque Algérie est floue dans la mesure où sa position diplomatique n’est pas clairement établie. Les États-Unis ont toujours eu une position prudente vis-à-vis des nations musulmanes et par prolongement des acteurs relevant de l’islam. Des intérêts importants sont en jeu : économiques grâce au pétrole avec des pays comme l’Arabie saoudite et le Koweït, mais aussi géostratégiques comme c’est le cas avec l’Égypte qui lui permet de gérer une « zone-tampon » au Moyen-Orient, facteur déterminant dans les rapports de force en présence. En ce qui concerne l’Algérie, les États-Unis ont toujours considéré qu’il fallait négocier avec le pouvoir islamiste jusqu’à même tolérer sur son sol un représentant officiel du FIS aux États-Unis. Depuis les évènements du 11 septembre 2001, une certaine forme de radicalisation des États-Unis s’est enclenchée contre les mouvements terroristes, en particulier la lutte contre l’ennemi matérialisée par « l’axe du mal », principalement composé de nations ou d’organisations musulmanes. La question est de savoir si l’ex-FIS est un mouvement pouvant être déclaré comme terroriste. Pour l’instant, la réponse est négative dans la mesure où cette organisation n’est pas répertoriée comme telle. L’appréciation particulièrement bienveillante du risque Algérie par les Américains semble être fortement liée à l’ambition de vouloir occuper activement le terrain avec l’objectif de « détrôner » l’influence de la France sur ce pays. Concrètement, les États-Unis semblent se donner les moyens d’occuper le terrain économique algérien grâce à un des plus importants volumes d’investissement direct étranger dans ce pays.
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Plus précisément, l’US Eximbank (assurance de crédit du gouvernement américain) explose ses crédits « Algérie » depuis le début des années 2000 avec des volumes de plus de cinq milliards de dollars depuis cette période. Nous confirmons que le risque politique algérien semble être apprécié d’une manière dynamique par les autorités américaines. Selon cet acteur, l’analyse doit d’abord être focalisée sur l’économique car selon lui, c’est la crise qui a poussé certains acteurs à se radicaliser. La présence de firmes américaines s’explique principalement parce que des opportunités existent et que les firmes gèrent efficacement le risque Algérie. La position américaine tend à accorder une place essentielle à la dimension économique, tout en ne négligeant pas la situation sécuritaire. Ce positionnement, où l’économique prend une place décisive, expliquerait en grande partie la présence de certaines sociétés américaines en Algérie. Ceci est particulièrement vrai dans des domaines comme les hydrocarbures, où les États-Unis ont largement remplacé la présence française qui était auparavant dominante (S. LARKECHE, 1998). Les agences de notation comme Moody’s, Frost & Sullivan, Standard and Poor’s, Beri, s’accordent à préciser l’importance du risque politique Algérie, tout en reconnaissant la vitalité de ce marché. Les conseils aux investisseurs sont plutôt orientés vers une démarche prudente sur ce marché. La réalité micro-économique algérienne où les firmes américaines sont fortement présentes et la position des autorités nationales (Eximbank et ambassade) semble plus optimiste que les diverses agences de notation. L’appréciation du risque Algérie doit être insérée dans une double vision : une approche axée sur la sphère économique et une approche concernant la sphère politique.
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