Société, état et territoire en Côte d Ivoire
318 pages
Français

Société, état et territoire en Côte d'Ivoire , livre ebook

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318 pages
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Description

Comment comprendre la Côte d'Ivoire, "terre de convergence" et comme telle, complexe ? Cet ouvrage analyse les phases d'évolution du pays, les résultats majeurs de son développement conduit par l'Etat entrepreneur, et leur marque dans l'espace. La crise importante survenue dans ce parcours est une conjonction de phénomènes qui donnent la mesure des défis, des perspectives ouvertes par le retour à la paix et le nouveau départ.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 72
EAN13 9782336386935
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Antoine Asseypo HAUHOUOT
SOCIÉTÉ, ÉTAT ET TERRITOIRE EN CÔTE D’IVOIREEssai de géographie du développement
Société, état et territoire en Côte d’Ivoire Essai de géographie du développement
Antoine Asseypo HAUHOUOTSOCIETE,ETAT ET TERRITOIREENCOTE D’IVOIREEssai de géographie du développement L’Harmattan
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05830-6 EAN : 9782343058306
INTRODUCTION Pourquoi et comment faire une géographie des rapports entre trois dimensions du développement en Côte d’Ivoire: la société, l’État et le territoire ? Telle est la double question qui se pose au début de cet essai. Les rapports entre la société, l’État et le territoire sont parmi les principaux axes de la lutte contre le sous-développement. Si la thématique paraît intéressante, sa difficulté ne devrait pas être ignorée, en raison de la polysémie des concepts impliqués et de l’extrême diversité de leur expression géographique. Construire une problématiquecomme système d’observation, d’analyse et d’explication du développement, avec des notions s’entraînant les unes les autres, exige non seulement des définitions claires, mais aussi un exposé de leur enchaînement logique. Le schéma ainsi obtenu pourrait servir de guide à la conduite de l’action de développement, de trame à la planification stratégique du territoire. Dans cette perspective, la société«ensemble de personnes formant un tout organiséet (Brunet alii. 1992,Les mots de la géographie457), p devient la porte d’entrée de processus variés, parfois complexes. Cette société va même au-delà pour jouer le rôle detransformateurle dans passage de l’espace, entité terrestre dimensionnée au territoire, espace approprié, maille de gestion, avec ses marques sociétales (géographiques, historiques, culturelles, idéologiques, économiques, etc.) À travers ce schéma, la fonction derégulateur de système revient à l’Etat,«communauté d’hommes fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte pour le groupe, envisagé dans ses rapports avec ses membres, une puissance suprême d’action, de commandement et de coercition »(R. Carré de Malberg, 1921,Contribution à la théorie de l’État, inop. cit.supra). On voit bien pourquoi, alors que les liens directs entre la société et le territoire ne sont pas immédiatement perçus, l’intervention de l’État s’impose du fait de ses fonctions régaliennes plus spectaculaires: police, justice, défense, etc. Il est donc tentant de réduire la question du territoire au pouvoir alors qu’elle va au-delà.
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Mais dans une telle structure peut-on, en bonne logique, engager une politique territoriale en dehors desmessages de la sociétégénéral, et de en l’Etat qu’elle incarne, en particulier ? Assurément non. Voilà pourquoi de nombreux facteurs plus ou moins directement liés à la société et au système de pouvoir ont leur place dans la problématique du territoire et du développement: la démocratie, l’État de droit, la bonne gouvernance, toute chose qui illustre les rapports entre les entités de la trilogie. Introduisons maintenant ledéveloppement -en tant qu’amélioration du bien-être matériel social et culturel, augmentation qualitative de la croissance, mais aussi commevision-au sein de la trame théorique exposée plus haut. Le modèle élémentaire de système socioéconomique ainsi obtenu devient quadrilogique ; ilconduit à faire l’hypothèse que les chances du développement (passage de latrilogieà laquadrilogie) dépendent de la cohérence des rapports Société-Etat-Territoire. Cette exigence de cohérence impose un facteur essentiel au dispositif conceptuel adopté ici, celui de laNationdont l’absence ou la faiblesse doit être nécessairement comblée par «l’activité transformatrice»de l’État. Le conceptd’État-nation qui en découleest d’une fécondité et d’uneopérationnalité exceptionnelles dans la conduite du développement. Eu égardà tout cela, les difficultés particulières qu’éprouvent les pays sous-développés à intégrer le territoire, comme « source et matière » du progrès, à penser l’État et parfois le parti État, sont éclairées, et deviennent plus intelligibles. Dans le cadre de la Côte d’Ivoire, société pluriethnique et plurilinguiste par excellence, la question du territoire acquiert une complexité et une importance stratégique supplémentaires dans ses rapports avec les autres éléments de cette quadrilogie. On se trouve ainsi dans un champ d’expérimentation, au regard des hypothèses implicites et explicites de cet essai. Tout cela étant posé, il reste à se demander comment intégrer le schéma dans la réflexion. Que peut être la « géographicité» d’une telle problématique ? Plusieurs écueils épistémologiques sont à soulever. Celles-ci s’inscrivent dans l’extension des concepts et des thèmes concernés à un nombre très élevé de disciplines des sciences de la société en général, et de la géographie humaine, en particulier. La géographie humaine renferme, elle aussi, une gamme variée de branches dont quelques-unes intéressent
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particulièrement cet essai : la géographie politique et la géographie historique. La géographie politique pourrait être bien cernée par la remarque suivante :«Si une carte politique n’est rien de plus qu’une carte qui fait apparaître les limites des États et de leurs subdivisions administratives, la géographie politique va bien au-delà : elle implique la volonté de prendre en compte la dimension politique des systèmes spatiaux »Brunet et (R. alii. 1993). Le terme « Géographie politique » fut utilisé, pour la première fois, par l’économiste français Turgot qui rédigea, en 1750, un projet de «Théorie de Géographie politique» présenté comme «un traité de gouvernement». On pense que l’effort de formalisation de l’intersection du politique et du géographique avait quelques rapports avec «L’esprit des Lois» de Montesquieu (1748). Toutefois, la géographie politique moderne commence avec la publication de l’ouvrage «Politische Geographie» de Fiedrich Ratzel (1897) qui chercha à élaborer une véritable théorie des relations entre politique et espace. On découvre dans cet ouvrage des concepts nouveaux et séduisants comme celui duRaumsinn (le sens de l’espace), dont quelques peuples disposeraient plus que d’autres, et qui expliquerait leur supériorité en aménagement des paysages et dans la mise en valeur des ressources. Le modèle ratzélien était fortement inspiré de la biologie, car il concevait les États comme des organismes ayant des rapports comparables à ceux des êtres vivants avec la terre. L’une des plus importantes «confusionsréside dans lasémantiques » différence entre de la géographie politique et la géopolitique. À cet égard, Brunet (op.cit.:est sans concession  supra) «La géographie politique n’est pas la « géopolitique », et ne se réduit pas à ce que servent les médias qui ne prolifèrent que par la dramatisation, le spectaculaire et les points « chauds » (guerres et catastrophes)». Selon le dictionnaire de la Géographie de Lévy et Lussault, la géopolitique est laspatiale de la relation entre États, dont« dimension l’enjeu est l’appropriation et le contrôle du territoireet dont le mode d’action fondamental est l’usage, direct ou indirect, de la violence organisée ».
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