Sociologie critique de la politique de la ville
254 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Sociologie critique de la politique de la ville , livre ebook

-

254 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Pour avoir été longtemps au centre des discours officiels, la politique de la ville n'en a pas moins été méconnue. Ses origines et ses finalités réelles sont restées d'autant plus opaques qu'elle a réussi à faire parler ceux qui l'ont étudiée avec son propre langage. La posture critique de l'auteur lui permet d'éviter cet écueil en renouvelant les interprétations et en se démarquant de toute visée évaluative. La mise en oeuvre des dispositifs locaux ont été laissés de côté au profit du mouvement d'ensemble de cette action publique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 66
EAN13 9782336283593
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland
Chômage, exclusion, globalisation... Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions
François BÉNARD, Nous retournerons à l’école quand elle ira mieux ! , 2005.
Gaspard-Hubert LONSI KOKO, Un nouvel élan socialiste, 2005
Marie-Carmen GARCIA, William GENIEYS, L’invention du pays cathare, 2005.
Daniel CUISINIER, Energie et transport, 2005.
Cyril LE TALLEC, Les Sectes ufologiques 1950-1980, 2005.
Henri GUNSBERG, L’Ogre pédagogique. Les coupeurs de têtes de l’enseignement, 2005.
Michel ADAM, L’association image de la société, 2005.
J.P. SAUZET, La personne en fin de vie. Essai philosophique sur l’accompagnement et les soins palliatifs, 2005;
Victor COLLET, Canicule 2003. Origines sociales et ressorts contemporains d’une mort solitaire, 2005.
Nicole PERUISSET-FACHE, La modernisation de l’Ecole, 2005.
A. Léon COLY, Vérité de l’histoire et destin de la personne humaine, 2005.
Bernard SERGENT, La Guerre à la culture, 2005.
Frédéric COUSTON, L’écologisme est-il un humanisme ? , 2005.
Harold BERNAT-WINTER, Prométhée déchaîné. Qui a peur de l’individu ?, 2005.
Stéphane RULLAC, Et si les SDF n’étaient pas des exclus ?. Essai ethnologique pour une définition positive, 2004.
Thierry DEBARD et François ROBBE (sous la dir.), Le caractère équitable de la représentation politique, 2004.
Sociologie critique de la politique de la ville
Une action publique sous influence

Gérard Chevalier
© L’Harmattan, 2005
9782747584685
EAN : 9782747584685
Sommaire
Questions Contemporaines - Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland Page de titre Page de Copyright Introduction I. Une action publique en désarroi II. L’enfant de Vichy et de mai 1968 III. Genèse d’un militantisme d’Etat IV. L’impossible réforme du discours social urbain V. Les facteurs sociaux d’une réussite idéologique VI. La politique saisie par la morale Conclusion Références citées
Introduction
Pour paraître lointaine aujourd’hui, la vision hégelienne de l’Etat moderne est toujours bien vivante. Les idées de rationalité, d’impartialité et de légalité démocratique guident encore le sens commun, y compris savant, lorsqu’il s’intéresse à l’action publique. Elles tracent les contours d’un appareil indépendant des intérêts sociaux et capable de résoudre les problèmes nés de leurs affrontements. Sous peine d’apparaître comme une simple paraphrase des discours officiels, l’analyse des politiques publiques ne peut s’amorcer qu’en remettant cette image en question.
La politique de la ville a longtemps rendu cet impératif de rupture particulièrement improbable, car elle a eu entre autres particularités d’être très « bavarde ». Elle a suscité une masse d’interventions officielles, de rapports, de bilans, d’évaluations et de réflexions de toute nature, vraisemblablement sans exemple dans l’histoire de l’Etat. Mais cette action publique a surtout réussi à faire parler ceux qui l’analysaient avec son propre langage. Pour représenter une constante de l’activité institutionnelle, ce travail de légitimation a trouvé, parmi les intellectuels, de multiples relais disposés à en reproduire le code en toute bonne foi. C’est dire que la posture critique annoncée en titre ne relève pas d’un parti pris politique ou d’un penchant pervers. Elle s’impose ici plus qu’ailleurs, comme un instrument nécessaire d’objectivation.
Une autre difficulté de la politique de la ville tient à son caractère paradoxal. Quoi de plus étrange en effet, que cette politique qui semble n’entretenir aucun lien nécessaire avec le domaine d’activité que désigne son appellation : l’urbanisme ? Embrassant tout à la fois le logement, l’action sociale, l’insertion des jeunes, la sécurité, la justice, la culture et l’emploi, on conçoit sans peine qu’elle aurait pu être menée sous une autre enseigne. Et l’assignation de cette transversalité au registre de l’ urbain ajoute encore à son opacité, en entraînant les analyses dans des voies sans issue.
La démarche pratiquée ici s’est attachée à éviter ces écueils en se démarquant de toute visée évaluative. La mise en œuvre des dispositifs, leurs réussites ou leurs échecs locaux ont été laissés de côté au profit du mouvement d’ensemble de cette action publique. Cette intention a été poursuivie suivant un cheminement progressif et empirique. Plutôt que d’avancer d’emblée une théorie de l’objet et d’énoncer des hypothèses, elle s’appuie sur une recension analytique des mesures annoncées et des lois votées entre 1990 et 2001. Sur cette base, sont posées trois questions auxquelles les développements suivants s’efforcent de répondre.
Ce choix pourra peut-être déconcerter certains lecteurs attachés à la problématisation introductive des faits. Sauf à se convaincre de la notoriété du sujet ou à prendre le parti de n’écrire que pour les initiés, il faut toutefois considérer que les politiques publiques ne peuvent être abordées sans préalable descriptif. Dans le cas étudié, l’enchevêtrement des évolutions de fond et des décisions de circonstance impose d’étendre ce réquisit à l’histoire de la planification urbaine pour y rechercher certaines réponses. Du point de vue de la perspective d’analyse, le recul temporel déplace l’attention vers les facteurs politiques et culturels qui ont contribué à la réussite idéologique de cette action publique et à son déclin. Il permet d’élargir l’approche cognitive des politiques publiques, en révélant des intérêts et des processus sociaux qui mettent en question l’idée d’une construction collective des normes d’action.
A cet égard, il convient d’ajouter que ce livre ne peut se défendre d’une ambition de synthèse et de renouvellement des interprétations. Venant après de nombreux autres travaux sur ce thème, il en mêle certains résultats aux éléments apportés par des enquêtes antérieures 1 , par les textes et les déclarations officiels, par les articles de presse et par des sources documentaires diverses.
I. Une action publique en désarroi
Les deux « balayages » proposés dans ce chapitre n’ont pas pour vocation d’écrire l’histoire détaillée de la politique de la ville. Au-delà de la nécessité de planter le décor, ils présentent l’intérêt de faire apparaître des tendances sur lesquelles un questionnement peut être fondé. A ce titre, les mesures ou les textes mentionnés valent moins par le sens contextuel que leur confère la forme narrative, que comme indicateurs, voire comme symptômes, d’un fonctionnement politique.

Les illusions du centralisme
La politique de la ville s’est nourrie de mises en scènes spectaculaires et d’effets d’annonce, souvent conçus en réponse à l’événement. Après les flambées de violence d’octobre 1990 dans les banlieues lyonnaise et parisienne, furent organisées les Assises nationales de la mission Banlieues 89. Au cours de cette manifestation qui se déroula le 4 décembre à Bron (Rhône), F. Mitterrand tint à marquer en personne la détermination du gouvernement dans la lutte contre « l’exclusion urbaine », en annonçant l’instauration d’une « unité de commandement » et la nomination d’un ministre d’Etat. Cette nouvelle impulsion sera concrétisée par un séminaire interministériel tenu le 7 décembre et à l’issue duquel M. Rocard annoncera la réforme de la répartition de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) versée chaque année aux communes depuis 1979, la préparation d’une loi anti-ghettos (Loi d’Orientation pour la Ville, LOV) et diverses mesures telles que le développement des régies de quartiers, la délégation de stagiaires de l’ENA dans les agglomérations difficiles et la formation de 400 animateurs sociaux parmi les jeunes des cités. Afin d’asseoir l’autorité du futur ministre et de la Délégation interministérielle à la ville (DIV) créée en octobre 1988, face aux municipalités et aux autres ministères impliqués, les participants à ce séminaire décidèrent également le détachement de fonctionnaires chargés d’assister les préfets dans treize départements pilotes. Ces treize sous

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents