Sociologie du devenir
98 pages
Français

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Sociologie du devenir , livre ebook

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Description

En matière de sociologie générale, le constat dressé dans ce livre est radical : la sociologie classique est devenue obsolète. Edifiée au début du XXe siècle, elle aura été une sociologie de l'ordre et de la cohésion sociale. En rupture avec ce type de sociologie, cette proposition de nouvelle sociologie s'appuie sur cinq concepts majeurs : devenir, événement, contre-effectuation, individualité et rapports sociaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296484214
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sociologie du devenir
Logiques Sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collectionLogiques Sociales entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Birgitta ORFALI,L’adhésion à l’extrême droite. Étude comparative en France, Hongrie, Italie et Roumanie, 2012. Arnaud ALESSANDRIN,Aux frontières du genre, 2012. Colette MÉCHIN,La Fabrique des prénoms, 2012.Yris ERTUGRAL,Le désir de maternité et la mort, depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement, 2012. Ulrich BRAND, Michael LÖWY,Globalisation et crise écologique. Une critique de l’économie politique par des écologistes allemands, 2011. Fred DERVIN,Impostures interculturelles, 2011. Anne-Lise SERAZIN,Vies de travail en Loire-Atlantique au XXe siècle. Traversées du siècle, 2011. Jacqueline DEGUISE-LE ROY,Les solidarités à l'épreuve de la Ee pauvreté.Expériences anglaises et françaises auxXIX et XX siècles, 2012. William GASPARINI et Lilian PICHOT (sous la dir. de),Les compétences au travail : sport et corps à l’épreuve des organisations,2011. André GOUNOT, Denis JALLAT, Michel KOEBEL (sous le dir. de),Les usages politiques du football, 2011.Martine CHAUDRON,L’exception culturelle, une passion française ? Éléments pour une histoire culturelle comparée,2011 Philippe ZARIFIAN,La question écologique, 2011.Anne LAVANCHY, Anahy GAJARDO, Fred DERVON (sous la dir.) Anthropologies de l’interculturalité, 2011.
Philippe ZarifianSociologie du devenir Éléments d’une sociologie générale
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96127-2 EAN : 9782296961272
Présentation
Dans son ouvrage consacré à la sociologie de l'expérience, François Dubet dresse le constat d'une crise de la sociologie classique, sociologie incarnée, selon lui, par trois grands auteurs: Durkheim, Parsons et Elias.
Nous reprendrons la caractérisation que Dubet fait de cette sociologie :cadre théorique repose sur une affirmation« ce perçue comme une double évidence : la société existe et elle est 1 composéed’individus» .L’acteur individuel peut être caractérisé par de multiples relations aux autres, maisl’essentiel 2 réside dans le fait qu’il intériorise la société. Chez Durkheim , par exemple, l’acteur est social parce qu’il intériorise l’objectivité de la société, considérée comme un fait, comme une chose. L’autonomie même de chaque individu, dans la société moderne, est le produit de cette intégration.
Dans son ouvrage, Dubet va mettre en question, aussi bien l’idée de« société», qu’il présente comme une inventionréalisée par cette sociologie, que celle d’Il ne les« individu ». abandonne pas pour autant, mais il les pluralise: il n’existe pas « la » société,mais différents types d’institutions et d’organisations, les organisations tendant à prendre le dessus sur les institutions (ces dernières étant avant tout des lieux d’intégration sociale). De la même façon, il n’existe pas «un individu », mais plusieurslogiques d’action –en distingue il troisqui renvoient à des acteurs individuels différents.
1  François Dubet,Sociologie de l’expérience, éditions du Seuil, octobre 1994, p.21. 2 L’ouvrage majeur de Durkheim sur ce point est incontestablement: Les règles de la méthode sociologique, éditions Flammarion, collection Champs, août 1994.
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Plus largement, pour Dubet, cette crise de la sociologie classique exprimeune situation d’éclatement de la discipline, en plusieurs sociologies, qui n’entretiennent aucun lien, ni véritable débat entre elles, aucune de ces théories n’ayant eu le projet, ni la capacité deremplacer l’influence de la sociologie classique, à proposer un nouveau paradigme ayant vocation à instaurer une nouvelle sociologie générale.
On ne peut qu’être d’accord avec ce constat. Mais nous irons plus loin.
Notre position, au sujet de la sociologie classique, est plus radicale. Il faut la considérer, non seulement dans sa méthode, mais dans son objet, on pourrait presque dire : sa préoccupation ème centrale, ce qui a motivé son apparition à la fin du 19 siècle. Or il n’existe pas de doute sur le fait qu’il s’agitd’une sociologie de l’ordre et de la cohésion sociale,que l’on privilégie les concepts de règle, de fonctionou d’habitus. L’ordre peut s’imposer par intériorisation (donc par intégration 3 et socialisation) ou bien par domination, mais l’objet reste le même.Notons que cette préoccupation de l’ordre à instaurer dans la société vient d’un problème considéré comme vif par ces sociologues, en particulierpar Durkheim, celui d’absence ou de déficience de l’ordre, d’anomie. Il est certain que la sociologie classique est autant à prétention scientifique (dire la vérité sur le réel) qu’à visée normative (dire ce qui devrait être). C’esengagéet une sociologie « ». On ne peut d’ailleurs pas la critiquer sur ce point.
Notre désaccord profond est triple :
1.Nous contestons que, dans la réalité d’un univers social, la question de l’ordre soit première. La réalité première,
3  Dubet a parfaitementraison d’observer que la sociologie de Bourdieu est, principalement, une simple inversion de la sociologie classique.
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c’est la transformation, les mutations, le mouvement qualitatif, et c’est cette réalité là qu’il faut étudier et comprendre. Elle entraîne nécessairement ordre et désordre, composition et décomposition. 2.La sociologie ne consiste pas à analyser la société dans son rapport à elle-même. Elle consiste, certes, à cerner les questions dites sociales, mais dans leur rapport à la productionet symbolique matérielle de l’existence humaine, à ce que nous appelons« la production 4 sociale du vivre ». Les êtres sociaux ne vivent pas simplement d’amour et d’eau fraîche ou de liens sociaux ! Si elle ne traite pas de cette question, elle laisse la place entièrement libre à l’économie. Et du même coup, elle se situe en position de faiblesse. Par exemple, qu’est-ce que la sociologie a à dire de la question écologique ? Ou encore, quelle analyse propose-t-elle de la crise durable dans laquelle nous sommes engagés depuis les années 20082009, qu’à tort on présente comme une pure crise économique et financière ? 3.Et, sur un plan normatif, nous privilégions l’émancipation sur la cohésion sociale, émancipation qui engendre nécessairement conflictualité et divisions.
Par ailleurs, et contrairement à Dubet, nous ne pensons pas que la crise de notre discipline se caractérise par son éclatement en diverses théorisations.
Cet éclatement est sans doute temporairement salutaire.
Notre diagnostic est différent : nous pensons que cette crise vientd’une sorte de pourrissement de la sociologie classique,alors qu’elle occupe, institutionnellement, une place toujours
4  Nous avons pour la première fois proposé le concept de « vivre » dans notre livre : Philippe Zarifian,Eloge de la civilité, éditions L’Harmattan, avril 1997.
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dominante. Cela crée une atmosphère assez malsaine, une situation verrouillée, les diverses nouvelles théorisations (par exemple la théorie interactionniste) contournant, en quelque sorte, la forteresse, sans prétention à s’attaquer à une nouvelle sociologie générale. Nombre de jeunes sociologues d’ailleurs se réfugient dans le descriptif: ils font d’excellentes analyses concrètes, impeccables sur le plan méthodologique, dans telle ou telle sociologie spécialisée, mais se gardent bien d’avancer des nouveaux concepts qui auraient valeur de sociologie générale. Seule exception probablement : tout le courant qui, dans le prolongement de l’œuvre de Mauss, est en train, explicitement, de réélaborer une sociologie générale 5 alternative .
Notre propos pourra paraître démesurément ambitieux, mais notre prétention est bel et bien de nous porter sur ce terrain : précipiter la chute de la sociologie générale, non pas en la critiquantce qui est d’un faible intérêt – mais en présentant l’esquisse d’une nouvelle sociologie générale.
Nous ne le faisons pas dans la précipitation : le présent ouvrage synthétise, de manière très condensée, toute une vie de sociologue, aussi bien comme enseignant que comme chercheur, et les concepts que l’on trouvera dans ce livre, nous les avons esquissés dès la fin des années 70. Tout au long de ces presque trente-cinq années, nous avons forgé (et modifié) nos propres concepts, instauré un certain type de lecture du réel et d’écriture. Avec un seul souci : avancer, progresser dans notre tentative, ne pas nous laisser distraire par les modes ou les polémiques. Même si la majorité des livres que nous avons publiés l’a été dans des domaines spécialisés (sociologie du travail, sociologie de la mondialité, et, tout dernièrement, sociologie de la question écologique), notre préoccupation centrale est toujours restée centrée surle renouvellement de la
5  On pourra se référer à Alain Caillé,Théorie anti-utilitariste de l’action: Fragments d’une sociologie générale, éditions La Découverte, mars 2009.
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sociologie générale. Sur la contribution que nous pouvions apporter à ce chantier.
Les5 concepts majeurs, que l’on trouvera dans le présent ouvrage, à savoir :Devenir, Evénement, Contre-effectuation, Individualité et Rapports sociaux(dans une élaboration décalée vis-à-vis de celle de Marx), ne sont absolument pas symétriques de ceux de la sociologie générale dominante. Ils sont autres, parce qu’ils portent un autre regard sur la réalité et sont soutenus par d’autres préoccupations.les avons dites : Nous comprendre les mutations, affronter les questions du vivre, soutenir les émancipations.
On remarquera, bien entendu, que la plupart de ces concepts ont été « importés» de la philosophie. Ce n’est pas un choix volontaire. C’est que nous avons trouvé, dans nos lectures philosophiques, des interrogations et des conceptualisations nettement plus proches de ce que nous cherchions à penser qu’au sein des œuvres de sociologues. Et nous avons emprunté, tordu, reformulé ces concepts dans une visée clairement sociologique !
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