Tous racistes ?
72 pages
Français

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Description

Sommes-nous tous racistes ? Posée ainsi, la question se veut provocatrice. Elle l'est. La réponse apportée est que chacun d'entre nous peut aisément devenir raciste, beaucoup plus rapidement que nous pouvons le croire. Cet opuscule présente les mécanismes psychologiques sous-tendant les perceptions et les relations intergroupes menant aux discriminations. Si les processus agissent très largement en automatisme, est-ce à dire que nous ne pouvons pas lutter ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296488267
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tous racistes ?
Du même auteur

Ouvrages

MORCHAIN, P, & SOMAT, A. (Eds, 2010), La psychologie sociale : applicabilité et applications, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
MORCHAIN, P. (2009), Psychologie Sociale des Valeurs, Paris, Dunod, Topos+

Chapitres

MORCHAIN, P. (1998) « Interculturalité et stéréotypes », In J.M. BREUVART & F. DANVERS (Eds), Migrations, Interculturalité et Démocratie (pp. 57-86), Lille, Presses Universitaires du Septentrion, « Sciences sociales ».

SCHADRON, G., & MORCHAIN, P. (2002), « De la jugeabilité sociale à la déterminabilité sociale », In J.L. BEAUVOIS, R.V. JOULÉ, & J.M. MONTEIL (Eds), Perspectives Cognitives et Conduites Sociales (VIII), (pp.145-161), Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

SCHADRON, G., & MORCHAIN, P. (2008), « Déterminabilité et contrôle des influences non conscientes », In R.V. JOULE & P. HUGUET (Eds.), Bilans et Perspectives en Psychologie Sociale, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, pp.139-162.

SOMAT, A., & MORCHAIN, P. (2010), « De la vitalité de la recherche en psychologie sociale appliquée : une introduction », In P. MORCHAIN, & A. SOMAT (Eds), La psychologie sociale : applicabilité et applications, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, pp.7-22.
Pascal Morchain
Tous racistes ?
Petit précis des déterminants psychosociaux
du racisme et de la discrimination

L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http ://www.librairieharmattan.com
diffusion. harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1 @wanadoo. fr

ISBN : 978-2-296-96344-3
EAN : 9782296963443
Ce texte est issu d’une conférence donnée aux Archives Départementales à Rennes (Ille-et-Vilaine) dans le cadre d’une journée de conférences organisée par l’association Universel-Singulier 1 . Il en précise, voire en développe, certains points, en regard des interventions de l’auditoire. Il se veut le plus exhaustif possible, tout en étant le plus concis possible. De ce fait, il est nécessairement incomplet.

Le présent ouvrage n’aurait jamais pu voir le jour sans mes rencontres initiales avec Jean-Pierre Di Giacomo (grâce à qui j’ai découvert la psychologie sociale et dont le souvenir reste très présent en moi) et Georges Schadron. Il ne serait pas non plus en vos mains sans le concours bienveillant d’Anne-Marie Bégué-Simon, médecin et anthropologue (Département de Santé Publique, Université de Rennes 1), alors présidente de l’association Universel-Singulier, et de Thierry Féral, qui en a suggéré la publication. Il ne vous serait pas parvenu, bien sûr, sans tous les professionnels de la chaîne de l’édition.

Je tiens à remercier vivement Mesdames Cécile Camberlin (Moulinsart s.a.), Mathilde Danquechin-Dorval (Hopscotch), Élisabeth Pereira (Candy Hoover France), ainsi que Monsieur Thierry Vincent (Magazine Ché) qui m’ont permis soit de citer un texte, soit d’utiliser du matériel iconographique. Merci enfin à Philippe, de Kharbine-Tapabor, pour les recherches documentaires et les suggestions d’images issues de la colonisation.

Merci enfin au Laboratoire Armoricain Universitaire de Recherche en Psychologie Sociale - Centre de Recherches en Psychologie, Cognition, Communication (LAUREPS-CRPCC, EA 1285) pour son soutien.
1 http ://universel-singulier.org
« Si la relativité se révèle juste, les Allemands
diront que je suis allemand, les Suisses que je suis
citoyen suisse, et les Français que je suis un grand
homme de science. Si la relativité se révèle fausse, les
Français diront que je suis suisse, les Suisses que je
suis allemand, et les Allemands que je suis juif. »

Albert Einstein

Par cette citation d’Albert Einstein, je veux montrer dès l’entrée que les stéréotypes, et la discrimination qui peut en résulter, sont toujours relatifs à un contexte, et ont des fonctions sociales.

En l’occurrence ici, l’auteur pense à juste titre que la validation ou l’échec de sa théorie scientifique aura pour conséquence l’attribution d’une nationalité, d’une confession, d’une étiquette dont la valeur est importante dans une société donnée. Plus généralement il pense qu’on lui attribuera une identité particulière.

Cette attribution d’identité contribuera, d’une manière ou d’une autre, à rehausser la valeur de l’identité d’un groupe social dans son ensemble. Soit le groupe pourra s’attribuer le bénéfice de la réussite, soit (dans le cas de l’échec) il utilisera la comparaison avec d’autres groupes. Dans les deux cas, la résultante évaluative sera, la majeure partie du temps si ce n’est toujours, en faveur de son propre groupe.

On voit aussi dans cette citation une illustration du fait que nous pouvons être catégorisés, ou que nous nous catégorisons nous-mêmes, différemment selon le contexte dans lequel nous nous trouvons, entre autres selon la situation qu’il faut justifier.
Préjugés, Stéréotypes, et Discrimination. Définitions et fonctions
Définitions
Les termes « préjugés » et « stéréotypes » ont souvent, dans le langage quotidien, une connotation péjorative. Personne n’aime ainsi à être décrit comme quelqu’un « à préjugés », tout comme le fait de « développer une pensée stéréotypée » implique, dans le sens commun tout au moins, une certaine rigidité et une certaine fermeture. Mais, disons-le de suite, si les préjugés et les stéréotypes peuvent présenter un contenu négatif, ils ont aussi un contenu positif. Par exemple, dire que les femmes sont douces et relationnelles (ou que les Belges sont des gens sympathiques) relève du stéréotype, mais la douceur, les qualités relationnelles, et la sympathie, sont généralement conçues comme des qualités. Finalement, de quoi parle-t-on quand on parle de préjugés et de stéréotypes ?

Un préjugé est un jugement porté à l’égard-ou à l’encontre de personnes dès lors que ces personnes sont reconnues comme membres d’un groupe ou d’une catégorie. Il s’agit donc de la dimension évaluative d’une attitude. Ce jugement n’implique pas une quelconque interaction avec les personnes concernées. Ainsi, sans les avoir jamais rencontrés, je peux émettre un préjugé concernant les Abitibi-Témiscaminguais 2 . Mais je n’émettrais un préjugé que si la situation le demande (je réponds à une enquête et j’aurais vraiment l’air idiot de ne pas répondre à l’enquêtrice qui est vraiment charmante ; ou encore s’il est de bon ton, socialement, de l’émettre). Comme attitude, le préjugé peut avoir trois dimensions : une dimension affective (« j’aime » ou « je n’aime pas »), évaluative (je trouve « bon », « mauvais », « meilleur » …), et conative (« j’ai l’intention d’agir de telle manière »). Ces trois dimensions ne sont pas forcément liées : je peux en effet bien aimer les maghrébins, les trouver « bien », et ne pas avoir l’intention d’engager un maghrébin. Certains auteurs (voir De la Haye, 1998 ; Sales-Wuillemin 2006) estiment que les trois dimensions du préjugé sont affectif/ évaluatif ; conatif ; et cognitif. Cette dernière dimension renvoie alors aux connaissances que les personnes ont du contenu. Dans ce cas, ces auteurs font clairement référence au stéréotype comme une dimension du préjugé.

Si pour Allport (1954) le préjugé est négatif, pour Saenger dès 1953, un préjugé peut-être favorable, puisqu’il consiste en un jugement de valeur. Si le mot préjugé est souvent connoté négativement, c’est parce que les chercheurs se sont évidemment intéressés aux préjugés défavorables, en raison de leurs conséquences, essentiellement sur les conduites. Les effets des préjugés favorables ne sont pas conçus comme problématiques. Ils semblent de ce fait avoir été nettement moins étudiés, hormis, peut-être, par Rosenthal et ses collègues (1971) dans leurs recherches sur les effets des attentes, dont je parlerai plus loin. Enfin, l’émission du préjugé est sous contrôle de la personne (Devine, 1989).

Qu’est-ce qu’un stéréotype ? Selon Ashmore et Del Boca (1981), le terme « stéréotype » a été formé par l’imprimeur français Didot en 1798. Formé du grec στερεοσ (solide), et T\|/7lOO (caractère), il désigne un bloc obtenu par le moulage d’une page entière d’un ouvrage composée en caractères mobiles, et pouvant servir à plusieurs tirages. Etymologiquement donc, le stéréotype est un terme d’imprimerie, dont le synonyme est « cliché ». En p

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