Travail dissimulé et estime de soi
324 pages
Français

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Travail dissimulé et estime de soi , livre ebook

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Description

Loin de se réduire à une stratégie rationnelle de fraude économique, le travail au noir s'explique davantage par la saisie d'opportunités de rémunération, non déclarées et donc illégales. En améliorant la performance sur le marché du travail, ces pratiques confèrent une certaine estime sociale à ceux qui y recourent. Elles s'exposent toutefois à des sanctions pénales et à une plus grande vulnérabilité en l'absence de protections sociales.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2014
Nombre de lectures 18
EAN13 9782336363301
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jérôme HEIM






Travail dissimulé et estime de soi

Une sociologie du rapport moral
face aux règles formelles








Conception et dynamique des organisations
PUBLI-THÈSES
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-71341-0
Remerciements
Ce livre, issu de ma thèse de doctorat, n’aurait pu être achevé sans le concours de nombreuses personnes. Je tiens à remercier ici mon ami Patrick Ischer avec qui j’ai œuvré sur la recherche sociologique à l’origine de ce travail ; le Professeur François Hainard qui m’a engagé sur cette enquête et qui m’a dirigé dans la rédaction de cette thèse ; Gaël Curty pour ses recommandations théoriques et ses conseils avisés ; les membres du jury de thèse, Florence Weber, Stéphane Rossini et Olivier Voirol, pour leur lecture et leurs critiques pertinentes ; mes collègues et amis avec lesquels j’ai pu partagé mes interrogations, en particulier Amaranta Cecchini, Hugues Jeannerat, Marc Tadorian, et le professeur Olivier Crevoisier ; Maryline Sutterlet de l’Institut de sociologie pour les démarches administratives lié à mon engagement au sein de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel grâce à un soutien financier du Fonds national suisse de la recherche scientifique ; Alain-Max Guénette, professeur à la Haute école de gestion Arc, pour son accueil favorable et inconditionnel à la publication de ce travail de doctorat. Ma gratitude va également à mon épouse Juliane Roulet Heim, ainsi qu’à nos enfants Selma, Milo et Till, pour leur soutien et leur patience. Merci aussi à ma famille et à mes amis de m’avoir soutenu dans la réalisation de ce travail. Enfin, je suis particulièrement reconnaissant envers les personnes qui ont accepté de témoigner de leur parcours de vie avec autant de sincérité. Je leur dédie ce travail.
Table des matières Couverture 4e de couverture Titre Copyright Remerciements Table des matières Introduction PREMIERE PARTIE : PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE Chapitre 1 : La Loi sur le Travail au Noir en Suisse 1. Problèmes de définition 2. Favoriser la régularisation par la répression Chapitre 2 : Les raisons d’un recours au travail dissimulé 1. Un rapport particulier aux règles 2. Le travail dissimulé comme tactique Chapitre 3 : Le modèle de la lutte pour la reconnaissance 1. La reconnaissance d’amour 2. La reconnaissance juridique 3. La reconnaissance d’estime sociale 4. Dynamique de la lutte pour la reconnaissance Chapitre 4 : Le développement des sociétés modernes selon une perspective normative 1. Les Trente-Glorieuses et le compromis social-démocrate 2. Révolution néolibérale et valorisation de l’employabilité 3. La transformation des politiques sociales en Suisse Chapitre 5 : Problématique de recherche 1. Insatisfactions professionnelles et économiques vécues comme des dénis de reconnaissance motivant le recours au travail dissimulé 2. Le travail dissimulé, une tactique ambivalente visant une reconnaissance d’estime sociale Chapitre 6 : Méthodologie 1. Présentation de la population rencontrée 2. Posture épistémologique 3. L’entretien comme épreuve de justification et recherche de reconnaissance DEUXIÈME PARTIE : DÉNIS DE RECONNAISSANCE À L’ORIGINE DU TRAVAIL DISSIMULÉ Chapitre 7 : Dénis de reconnaissance dans le rapport au travail 1. Insatisfactions vis-à-vis des rapports sociaux au travail 2. Contraintes économiques et légales pesant sur la satisfaction au travail 3. Le stigmate de l’inemployabilité Chapitre 8 : Dénis de reconnaissance par rapport au revenu du travail 1. Insatisfactions vis-à-vis du revenu du travail et des protections associées au statut professionnel 2. Précarités du statut d’indépendant 3. Difficultés à remplir des obligations financières 4. Stigmate de la dépendance financière 5. Privations dues à des prestations sociales jugées insuffisantes ou à un bas salaire Chapitre 9 : Justifications du travail dissimulé et attentes de reconnaissance juridique TROISIÈME PARTIE : LA RECONNAISSANCE AMBIVALENTE DU TRAVAIL DISSIMULÉ Chapitre 10 : L’utilisation et le contournement des règles 1. Une absence de protections légales 2. Une reconnaissance juridique rompue Chapitre 11 : L’utilisation des rapports sociaux 1. Concurrence déloyale et autres ambiguïtés Chapitre 12 : L’utilisation de soi 2. Une tentative de réalisation de soi sans garantie CONCLUSION Bibliographie Adresse
Introduction
Ce livre est issu d’une thèse de doctorat 1 poursuivant l’investigation du recours au travail dissimulé qu’une équipe de l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel (Heim, Ischer, et Hainard, 2011) a mené de 2007 à 2010 à l’occasion de l’introduction de la nouvelle Loi suisse sur le Travail au Noir (Conseil fédéral suisse, 2005). Face au renforcement des moyens légaux de lutte contre ce type de pratiques économiques non déclarées, la recherche entreprise visait à comprendre les circonstances et les motivations qui conduisent des personnes, bénéficiant de toutes les autorisations nécessaires pour travailler officiellement, à exercer un travail au noir. Il s’agissait ensuite d’analyser, d’une part, les démarches mises en œuvre par les individus pour accéder et organiser ces activités et, d’autre part, les apports de ces pratiques pour ceux qui s’y adonnent autant que les inconvénients pouvant les amener à y renoncer. Enfin, l’objectif principal de cette enquête consistait à saisir dans quelle mesure certaines activités rémunérées et non déclarées constituent des stratégies individuelles de lutte contre la précarité économique et la désaffiliation sociale. Parmi les observations réalisées, une des plus importantes concerne l’encastrement du travail au noir dans l’économie dite formelle. Premièrement, les modes d’organisations de ces pratiques dissimulées sont également mobilisés dans le cas d’une activité déclarée, démontrant que le travail au noir relève moins d’une économie souterraine régie par des règles qui lui seraient propres que d’un jeu avec les règles institutionnelles, respectant certaines et en contournant d’autres. Deuxièmement, cet encastrement s’observe aussi au niveau des raisons de recourir à un travail au noir qui se révèlent souvent similaires aux motivations à exercer un travail déclaré. S’il viole la loi, un travailleur au noir tend en effet à se conformer aux normes informelles en matière d’employabilité, c’est-à-dire la capacité à s’adapter aux exigences évolutives du marché du travail et à s’insérer sans cesse dans de nouveaux projets professionnels (Boltanski et Chiapello, 1999 : 169).

À partir de ces conclusions et poursuivant des investigations de l’Institut de sociologie sur la précarité économique débutées il y a plus de vingt ans (Crevoisier, Hainard, et Ischer, 2007 ; Hainard, Nolde, Memminger, et Micheloni, 1990 ; Hainard et Plomb, 2000), ce livre cherche à approfondir la question de la relation particulière aux règles institutionnelles et aux normes informelles du monde du travail contemporain qu’entretiennent les personnes qui exercent un travail dissimulé. Compte tenu de l’encastrement des pratiques économiques non déclarées dans l’économie dite formelle, comment expliquer le choix d’une activité illégale tel que le travail au noir plutôt que tout autre travail officiel ? Si l’enquête à l’origine de cette thèse de doctorat rapportait une diversité de circonstances et de motivations à contourner la loi, deux constats se sont progressivement imposés à la relecture des entretiens. Tout d’abord, les récits du parcours scolaire et professionnel des personnes contiennent tous la description de déceptions ressenties vis-à-vis de l’exercice d’une formation, d’un emploi salarié, d’une activité indépendante ou du manque de possibilité pour y accéder. Ces déceptions sont liées aux différentes contraintes qui pèsent sur les attentes personnelles en termes de satisfactions à effectuer une activité spécifique et de ressources financières procurées par cette activité pour subvenir à des besoins matériels et symboliques dans la vie privée. Toutes ces expériences désagréables sont alors ressenties comme des formes d’

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