Conte d hier, aujourd hui
460 pages
Français

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Conte d'hier, aujourd'hui , livre ebook

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Description

Le travail anthropologique de terrain entrepris en Afrique ou la Caraïbe démontre une vitalité de l'oralité à une époque où on la dit morte. La traduction qui est rarement considérée dans le domaine de l'oralité est mise en avant alors que le théâtre et la littérature offrent un espace important où mettre en pratique les techniques de l'analyse critique et comparative. Une auteure de textes littéraires propose aussi sa pertinente réflexion illustrative de l'utilisation qu'elle fait de l'oralité.

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Informations

Publié par
Date de parution 08 janvier 2015
Nombre de lectures 45
EAN13 9782806107503
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright

D/2014/4910/45 978-2-806-12000-7

© Academia-L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-neuve

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
Titre
Hanétha Vété-Congolo








Le conte d’hier, aujourd’hui

Oralité et modernité
Introduction
La faculté de parole n’est-elle pas ce qui distingue l’animal homme des autres types de créatures du monde humain ? Cette faculté ne prend-elle pas une dimension capitale lorsqu’elle affiche la capacité de proposer des signes sensés, symboliques de nature à dire, à parler un discours donc, à se transformer en oralité ?
Cela n’est-il pas la raison pour laquelle l’oralité est sans doute le plus grand Bien de l’homme, l’une des premières propriétés marquant son humanité ? C’est sans doute l’oralité de l’homme qui dit le mieux l’intrinsèque de l’homme, qui le caractérise et en spécifie les différents groupes. C’est aussi elle qui signale que pour autant qu’ils sont distincts les uns des autres par des particularités propres, ces différents groupes humains organisés en société, elles-mêmes se singularisant par la culture, partagent indéniablement, voire irréversiblement, des traits communs. C’est donc elle qui dit que tous les hommes sont des hommes et mène à comprendre que la hiérarchie de race, de classe, de genre est une navrante fabrication d’homme contre l’homme.
Être proche de son humanité, c’est être proche et conscient de soi. Mais c’est aussi de ce fait, regarder et voir l’Autre, pareil ou différent de soi. C’est sans doute vouloir demeurer dans l’humanité.
Pourtant, l’Occident dont l’oralité existe aussi de fait comme toutes les autres parties cardinales du monde, dans sa conception de l’humanité et de sa propre identité, à un moment de son évolution, a lourdement considéré l’oralité comme entrave au développement ou à ce qu’elle a tenu pour de l’« évolution ». Se développer, devenir moderne pour l’Occident a voulu dire, s’éloigner de soi, s’éloigner des termes qui signifiaient son caractère intrinsèque, en particulier son oralité. La notion de développement et de modernité étant devenue une mesure normée et absolue, dès lors, l’oralité, par la force des mécanismes de domination et du système de violence symbolique mis en place, en est venue à être mondialement comprise comme entravante, comme repoussant signe de retard, celui qui caractérise l’homme des grottes de pierres et non l’homme de la cité de gratte ciels bétonnés. Dès lors, les sociétés du monde dont l’oralité était expressive, furent condamnées en tant que primitives à développer.
Mais c’est sans doute l’oralité qui dénote la responsabilité qu’a l’homme envers l’univers humain, voire terrestre.
Être proche de son oralité, être humain donc, ne désoblige et ne s’oppose en rien à ladite modernité.
Cependant, l’humanité étant sans doute irréductible, les oralités du monde se transforment, se régénèrent malgré les périodes d’endormissement et existent bel et bien au XXI e siècle, époque ultramoderne, souvent d’ailleurs à travers le mode d’expression lui ayant été opposé et préféré comme supérieur, l’écrit et son pendant, la littérature.
L’on voit bien le pliement mesuré, productif, créatif et imaginatif des termes de l’oralité auprès des littératures produites dans les pays longtemps considérés par l’Europe et l’Occident en général comme espaces primitifs à développer. Pour ces littératures, l’oralité est une source de vie, oserons-nous proposer, le souffle de vie.
Matrice porteuse et fécondante, elle insuffle la production et la création artistiques dans des domaines variés.
Dans cette monographie de onze contributions, nous proposons de considérer quelques oralités du monde telles qu’elles se sont manifestées autrefois ou se manifestent en partie aujourd’hui en Acadie, en France, en Russie, en Corse, à la Martinique, à Haïti, en Afrique de l’Ouest, en Afrique du Nord, au Moyen Orient et en Amérique Latine dans des disciplines diverses comme la traduction, la littérature, le théâtre, l’anthropologie, l’ethnologie. Il s’agit de montrer combien ces oralités fondatrices, s’originant dans la nuit des temps, demeurent un puits culturel stable et créateur pour les sociétés ancrées dans une modernité exacerbée. Cette considération est cruciale aujourd’hui, car c’est aujourd’hui, bien plus qu’hier, que les termes de vie et d’existence rapides et fugaces, comme le symbolisent des outils comme l’ordinateur, les iPads, l’internet ou Face-book, déterminent une culture, des manières d’être (pré)dominants, de même que des moyens et des modes de communication influents entre hommes.
Il faut souligner plusieurs aspects distinctifs de cette monographie. D’abord, la grande diversité géographique et ensuite, la manifeste diversité disciplinaire à l’œuvre dans cette monographie ancrée dans les sciences humaines et sociales. Pareillement, faut-il mettre en avant le fait que toutes ces oralités diverses sont prises ensemble, alliancées et regroupées dans le même espace de cette monographie. Toutes les parties du monde, notamment des parties peu considérées ordinairement, sont prises en compte dans ce que leurs pratiques orales proposent de singulier ou de fructifiant et de fructificateur. Ainsi, l’oralité antillaise-créole-afro-caribéenne apparaît-elle aux côtés de l’oralité imazhigen, acadienne, bretonne, colombienne, guinéenne, congolaise, orientale, russe ou encore corse. Enfin, doit être relevée la marquante multiplicité des champs de recherche au sein desquels s’articulent les études.
Le travail anthropologique de terrain entrepris en Afrique ou dans la Caraïbe, par exemple, démontre une vitalité réelle de l’oralité à une époque où on la dit, on la croit morte. La traduction qui est rarement considérée dans le domaine de l’oralité est mise en avant alors que le théâtre et la littérature offrent un espace important où mettre en pratique les techniques de l’analyse critique et comparative. D’ailleurs, au-delà des études académiques, une auteure de textes littéraires, propose sa pertinente réflexion illustrative de l’utilisation qu’elle fait de l’oralité pour tisser ses textes. Ainsi, dans « Le conte populaire comme facteur d’identité culturelle chez les deux fondateurs de la littérature russe dite classique : Pouchkine et Gogol », Claude De Grève propose-t-elle de montrer comment les deux monuments de la littérature russe, « […] d’auditeurs de contes populaires, […] sont devenus auteurs de contes [et] comment le conte populaire a pu dynamiser en partie les romans qu’ils considéraient tous deux comme les œuvres de leur vie. » Au bout de sa démonstration, Claude de Grève conclut sur le rôle que joue l’oralité dans la détermination et la représentation de l’identité puisque, « Comme Pouchkine, Gogol avait donc une raison essentielle de faire revivre le conte populaire dans son œuvre maîtresse : promouvoir l’identité culturelle russe. »
Quant à Obed Nkunzimana, comparant les œuvres de Tierno Monénembo et d’Emmanuel Dongala, il analyse la manière selon laquelle « […] ces romanciers exploitent la performance verbale et les ressorts de l’oralité […] comme catalyseur de création littéraire et […] comme instrument de critique et de transformation culturelle et identitaire. » Son article, « Performance verbale et création littéraire : essai sur l’oralité dans deux romans africains » met aussi en avant le discours politique que permet de tenir l’oralité.
Isabelle Choquet et Pierre Dairon, considèrent la question « Quoi c’est ça, un Acadien ? » telle qu’elle est posée dans la littérature de l’Acadienne, Antonine Maillet. Le conte est le choix de l’auteure comme « voix/e du soi ». Selon les deux auteurs de « Antonine Maillet, ( ra)conteuse de l’Acadie », « Maillet place

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