Douche froide

Adèle Martin

Description

Je l'admire et ne veux plus la voir. Je ne sais pas ce qui me rattache encore à elle. Je ne comprends pas. Probablement, j'admire en elle sa liberté d'esclave, même si j'en ai fait les frais. Mettre l'incompréhensible en mots nous en débarrasse-t-il ? Le roman, c'est l'histoire de ce qui se passe quand se rencontrent des gens qui n'auraient pas dû se rencontrer.

Sujets

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 janvier 2016
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782336402086
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Je l’admire et ne veux plus la voir. Je ne sais pas ce qui me raTache encore à elle. Je ne comprends pas. Probablement, j’admire en elle sa liberté d’esclave, même si j’en ai fait les frais. MeTre l’incompréhensible en mots nous en débarrasse-t-il ? Un roman est fait de croisements. Le roman, c’est le récit des rencontres. Mon livre est un livre de rencontres. De personnages. À l’intérieur d’une rencontre intellectuelle. Le roman, c’est l’histoire de ce qui se passe quand se rencontrent des gens qui n’auraient pas dû se rencontrer. Je veux vivre.

Et je vivrai.

Adèle Marin

Douche froide

Illustraîon de couverture : Paris 11 arrondissement, 11 janvier 2015, photographie de l’auteure.

Adèle Marîn

Adèle Marîn DOUCHE FROIDE Roman

Douche froide

Adèle Martin Douchefroide Roman *

© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-08405-3 EAN : 9782343084053

Un jour ce sont des monstres, d’autres jours presque des êtres humains…

Femme et Lindorm, gravure (anonyme)

Tout ce que j’ai depuis longtemps digéré et éliminé comme une ordure, tu me l’apportes comme une nouveauté. Fiodor Dostoïevski

Nous travaillons dans le noir – nous faisons ce que nous pouvons – nous donnons ce que nous avons. Notre doute est notre passion et notre passion est notre tâche. Le reste est la folie de l’art. Henry James

Ce sont nos passions qui esquissent nos livres, le repos d’intervalle qui les écrit. Marcel ProustLe temps retrouvé

I.

29 juillet 2015 L’année avait, on peut le dire, très mal commencé, par une série d’attentats, à Paris. La rencontre chez l’éditeur, prévue le 12 janvier, de tous les auteurs qui avaient publié un livre en décembre avait quand même été maintenue, le grand rassemblement unitaire du dimanche 11 ayant laissé un peu d’espoir quant à la détermination du peuple de France à ne pas se laisser faire. Lors du verre de l’amitié qui avait suivi le débat et la présentation des livres, l’un de mes collègues-au- teurs, malien, avait lancé de façon taquine à l’adresse de l’amie ivoirienne qui m’accompagnait et dont j’avais dans un livre retranscrit le récit de vie : – Alors comme ça, si je com- prends bien, Adèle, c’est votre nègre ?... Occupée plus loin, je ne l’avais pas entendu, mais Salimata m’avait relaté l’anecdote alors que nous rentrions par le dernier métro, un peu ivres, bras-dessus, bras-dessous, riant toutes deux de l’expression, dumotd’auteur – qu’elle n’avait pas compris et que je venais de lui expliquer… Je ne sais pas pourquoi je pense à cela ce matin, m’éveillant. L’idée sans doute que débuter, commencer, dé- marrer un livre représente toujours une sorte de deuil. Le