En souvenir de l Arbre à palabres
178 pages
Français

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En souvenir de l'Arbre à palabres , livre ebook

178 pages
Français

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Description

Entre les années 1999 et 2003, Emmanuel et Andrée échangent des lettres entre la France et le Burkina Faso. Ils veulent se rappeler le temps où ils s'étaient connus à L'Arbre à palabres, un lieu dans Paris qui permettait aux Africains de faire découvrir aux Européens leur manière de vivre et leurs difficultés. Tous deux partagent leurs expériences et sans le vouloir leur correspondance devient le journal et la chronique d'une époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 41
EAN13 9782296674981
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

E N SOUVENIR DE L ’ARBRE À PALABRES
 
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Payen
 
 
Dernières parutions
 
Alexis KALUNGA, Mes frères, pourquoi vous me faites ça ? , 2009.
Brigitte BERTONCELLO, avec la collaboration de Thomas Samba SARR, Du Sénégal à Marseille. Migration réussie d'un gentleman rasta, 2009.
Bazoumana OUATTARA, Le sacrement constitutionnel, 2009.
Colette LANSON, Professeur Béatrice Aguessy. Une vie de femme(s), 2009.
Bertrand LEMBEZAT, Palabres en pays kirdi, 2009.
Viviane MPOZAGARA, Ghetto de riches, ghetto de pauvres, 2009.
Pascal DA POTO, Mort héroïque, 2009.
Mahmoud BEN SAÏD, La Guinée en marche. Mémoires inédits d'un changement. Volume 2,2009.
Aboubacar Eros SISSOKO, Une enfance avec Bram au Mali, 2008.
Bellarmin MOUTSINGA, La Malédiction de la Côte, 2008.
Daniel GRODOS, Niamey post, 2008.
Kamdem SOUOP, La danse des maux, 2008.
N'do CISSE, L'équipée des toreros, 2008 .
Alain FLEURY, Congo-Nil. A travers les récits des missionnaires 1929-1939, 2008.
Paul Evariste OKOURI, La Sobanga des paradoxes, 2008 .
Chehem WATTA, L'éloge des voyous, 2008 .
Gabriel Koum DOKODJO, Noël dans un camp de réfugiés, 2008.
Louis KALMOGO, Un masque à Berkingalar, 2008 .
Léon-Michel ILUNGA, Le Petit-Château, 2008 .
Der Laurent DABIRE, Chemin de croix, 2008 .
Alain THUILLIER, Du fleuve Komo à I'Oubangui-Chari, 2008.
Sékou DIABY, La force d'une passion, 2008 .
Emmanuel MATATEYOU, Palabres au Cameroun, 2008.
Christophe FARDEL, 365 jours à Sassandra, 2008.
Fatou NDIAYE DIAL, Nerfs en feu, 2008 .
Alain THUILLIER, Vivre en Afrique, 1953-1971, 2008.
Yvonne Ouattara
Jean-Luc Pouliquen
 
 
En souvenir de L'Arbre à palabres
Lettres de France et du Burkina Faso
 
 
 
 
 
© L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanI@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-08547-3
EAN : 9782296085473
 
L’Arbre à palabres était un lieu dans Paris qui permettait aux Africains de faire découvrir aux Européens leur manière de vivre et leurs difficultés. C’était un pont jeté entre l’Afrique et l’Occident, comme il en existe trop peu pour briser les a priori, faire sortir chacun de son quant à soi, et créer une dynamique prometteuse.
C’est là qu’Andrée et Emmanuel se sont connus. L’une poussée par un besoin d’action humanitaire au milieu de sa communauté de référence, l’autre tentant de mêler poésie et pratique sociale au service des plus démunis. C’est là qu’ils ont agi ensemble et créé des liens que le temps et la distance n’ont pas altérés.
Un jour, Andrée a quitté Paris pour aller vivre en Afrique. Emmanuel a poursuivi sans elle, tout en regrettant l’interruption de ce dialogue qui lui permettait une présence accrue auprès des publics avec lesquels il travaillait.
Et puis, par delà la distance, la conversation a pu reprendre, répondant pour l’un et l’autre au besoin de ne pas se replier confortablement sur l’instant présent. Elle a pris alors la forme d’une correspondance, à la fois irrégulière dans son rythme, mais continue par les thèmes qui l’ont inspirée.
En voici présentée une séquence qui commence au moment où Emmanuel s’installe dans ce qui ressemble pour lui à un petit village de Provence, et se termine alors qu’Andrée vient de donner naissance à l’enfant qu’elle désirait depuis si longtemps. Dans l’intervalle quatre années ont passé, on a changé de siècle, de graves événements se sont produits dans le monde. Tous les deux les ont inscrits dans les pages de leurs échanges épistolaires, devenus involontairement le journal et la chronique d’une époque.
Andrée et Emmanuel, sont les personnages que les auteurs de ce livre ont choisis comme protagonistes de cette correspondance. Sans doute auraient-ils pu l’écrire en leurs noms. Mais alors tout ce qui serait passé dans leurs lettres concernant leur vie aurait été à prendre pour argent comptant, plus de place à l’imaginaire. L’échange y aurait perdu en saveur, le plaisir n’aurait pas été le même de tisser des liens entre deux continents sur la seule base du vécu.
 
1999
 
 
Le 27 avril
 
 
Chère Andrée,
 
C'est par Diakité que j’ai appris il y a quelques mois que tu avais quitté la France. Je suis heureux de pouvoir par son intermédiaire renouer le contact avec toi. Un déménagement a occupé toutes mes énergies ces dernières semaines. Mais me voici de nouveau disponible pour pouvoir continuer le dialogue. Vivre replié sur sa propre culture me paraît si triste, si étroit. Tu es d'ailleurs mieux placée que moi pour le savoir, toi que la vie a inscrite au carrefour de plusieurs continents et civilisations.
Tu vas me trouver contradictoire, au moment où je te dis cela, je suis heureux de t’annoncer que ma nouvelle demeure se situe dans une partie ancienne de la ville. Au siècle dernier, ce quartier était encore un village, avec ses artisans : charron, maréchal-ferrant, ses granges à foin, ses étables et ses écuries. Il en reste, au rez-de-chaussée de chaque maison, de grandes portes de bois, ouvrant aujourd'hui sur des remises où perdure une activité manuelle.
Après quinze années passées dans un appartement neuf, ce saut dans l'ancien correspond pour moi à un désir de m'ancrer encore plus profondément dans le pays. Je retrouve une atmosphère, des gestes, des comportements qui me rappellent mon enfance chez mes grands-parents.
Tu sais, les poètes ont une prédilection pour cette période de la vie. Je crois que ce qui fait sa force, c'est qu'on ne se rend pas compte à ce moment-là que le temps passe. On vit dans l’éternité des êtres et des choses. Ensuite, on ne cesse de courir après. Mais je m’égare dans la rêverie et la méditation. Revenons au concret, qu’est-ce qui t’a conduit en Afrique et quelle est ton activité là-bas ?
J'ai encore quelques cartons à déballer. Je te raconterai la prochaine fois où j’en suis de mon côté.
 
À bientôt.
 
Emmanuel
 
Ce 16 mai
 
 
Emmanuel,
 
Je voudrais te faire part de cette douleur qui vit en moi depuis de si longues années. J’en suis même à me demander si elle n’est pas née avec moi. Car elle est toujours là tapie dans l’ombre. Il suffit que quelque chose ne tourne pas rond pour qu’elle resurgisse.
Voici ce qui m'est venu un jour à ce propos :
« Aujourd'hui, je suis loin de tout, si loin, suis-je encore de cet endroit ? J'ai peur qu'on me dise que je ne parle plus cette langue, que je ne comprends plus ces gens. Quand j’y reviens, je ne vois que des changements...
Ici, il y avait une belle maison, avec de magnifiques fleurs jaunes, disposées en grappes. Un parfum de mystère l’entourait… Et, comme dans un cauchemar, ce supermarché à la place.
Je n’y retourne pas souvent. J'ai voué comme une haine à cette terre, à ce brouillard. Pourtant je suis revenue vivre là où est notre origine. L’Afrique est devenue ma maison, mais pas mes racines ! Je les ai ramenées ici pour qu’elles se replongent dans le sol originel, pour que je retrouve mon chemin, pour que ce brouillard se lève à tout jamais. Mais je sais que je suis de là-bas, de cet endroit si beau et si laid à la fois, si gai et si triste, si petit et si immense.
Je voudrais retrouver ma mémoire, guérir ma douleur, devenir ce que j’aurais dû être, quitter cette peau que j'ai portée pendant tant d'années. Celle de la peur, de l’échec, du silence, du désert et du brouillard. »
On ne peut s’ouvrir à la culture des autres qu’en connaissant la sienne et en y adhérant. Je comprends ce désir de s’ancrer...
Il y a eu des flottements à mon retour sur le continent africain. Il y a si longtemps que je n’ai pas foulé le sol antillais. Je sens un manque tenace. J’ai besoin de renouer avec des lieux, des odeurs, cette "éternité" comme tu dis. J&#

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