L amère patrie
70 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'amère patrie , livre ebook

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70 pages
Français

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Description

De la nostalgie d'une compagnie aérienne vilipendée à celle d'un pavillon hospitalier débaptisé, en passant par l'horreur d'un commissariat à la solde de policiers véreux, avec une escale dans un bureau de vote risible et un arrêt sur les coupures intempestives des routes. Voilà la balade à laquelle nous convie Edouard Elvis Bvouma dans sa seconde publication.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 39
EAN13 9782296802278
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’amère patrie
Écrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Dernières parutions

Roger FODJO, Les Poubelles du palais , 2011.
Jean FROGER, La Targuia , 2011.
Pierre LACROIX, Au chevet de l’Afrique des éléphants. Fable , 2010.
Jeanne-Louise DJANGA, Le gâteau au foufou , 2010.
Dina MAHOUNGOU, Agonies en Françafrique , 2010.
Elise Nathalie NYEMB, La fille du paysan , 2010.
Moussa RAMDE, Un enfant sous les armes et autres nouvelles , 2010.
Raymond EPOTÉ, Le songe du fou , 2010.
Jean René Ovono Mendame, La légende d’Ébamba , 2010.
Bernard N’KALOULOU, La Ronde des polygames , 2010.
Réjean CÔTE, La réconciliation des mondes , A la source du Nil , 2010.
Thomas TCHATCHOUA, Voyage au pays de l’horreur , 2010.
Eric-Christian MOTA, Une Afrique entre parenthèses. L’impasse Saint-Bernard (théâtre), 2010.
Mamady KOULIBALY, Mystère Sankolo , 2010.
Maxime YANTEKWA, Survivre avec des bourreaux , 2010.
Aboubacar Eros SISSOKO, Moriba-Yassa. Une incroyable histoire d’amour , 2010.
Naïma BOUDA et Eric ROZET, Impressions et paroles d’Afriques. Le regard des Africains sur leur diaspora , 2010.
Félix GNAYORO GRAH, Une main divine sur mon épaule , 2010.
Philippe HEMERY, Cinquante ans d’amour de l’Afrique (1955-2005) , 2010.
Narcisse Tiburce ATSAIN, Le triomphe des sans voix , 2010.
Hygin Didace AMBOULOU, Nostalgite. Roman , 2010.
Mame Pierre KAMARA, Le festival des humeurs , 2010.
Alex ONDO ELLA, Hawa… ou l’Afrique au quotidien , 2010.
Arthur SCAMARI, Chroniques d’un pays improbable , 2010.
Gilbert GBESSAYA, Voyage dans la société de Bougeotte , 2010.
Édouard Elvis B VOUMA


L’amère patrie


Nouvelles
Du même auteur


L’Épreuve par neuf. Roman , L’Harmattan, 2009.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54291-4
EAN : 9782296542914

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Toutes les vérités que l’on supprime deviennent empoisonnées.
Friedrich Nietzsche , Ainsi parlait Zarathoustra
REQUIEM POUR L’OPEP
Jamais. Mais alors, jamais de mémoire de camerounais, chef de leur Etat n’avait subit pareille humiliation…
Il paraît que ce jour là, le président de la République avait quitté la réunion plus tôt que prévu. En queue de poisson.
Il était pourtant parti pour un séjour d’une semaine, dans ce pays qu’il aimait comme une seconde patrie. Il souhaitait en effet, subtiliser quelques jours à son calendrier surchargé, pour se défaire un temps soit peu de ses exigences présidentielles, et, se libérant de la raison officielle de son voyage, se donner un temps de repos sur les plages ensoleillées de la cité balnéaire. Mais, le président avait ipso facto oublié son projet de détente et s’était retiré sur le champ.
L’idée à sa genèse n’était pourtant pas si mal que ça ! Les chefs d’Etats membres d’ Air Afrique , s’étaient réunis dans la capitale sénégalaise en vue d’initier la création d’une chaîne hôtelière accolée à la multinationale. À l’ordre du jour de cette rencontre de grande envergure, il y avait aussi en bonne place, la nomination d’un nouveau directeur général. L’honneur de présider aux destinées de la compagnie aérienne africaine plaisait évidemment au Cameroun qui était d’un apport considérable pour celle-ci. Le Cameroun en effet, était le seul pays qui mettait à la disposition d’ Air Afrique , en plus de hauts cadres formés à l’école européenne, trois aéroports de classe internationale, plus un quatrième en aménagement pour l’accueil des moyens porteurs. En plus de tout ceci, il offrait aussi un bâtiment de neuf étages dans la capitale économique ainsi qu’une agence régionale dans la capitale politique. Bien avant le voyage, le président avait eu la prudence de mettre au préalable son homologue sénégalais Léopold Sedar Senghor, hôte de la rencontre, au courant de ses ambitions. Celui-ci l’avait assuré de son soutien total et indéfectible, autant que de celui d’autres chefs d’Etats présents à Dakar.
Après un copieux petit-déjeuner au Palais des Hôtes entre hommes d’Etats, la réunion avait débuté avec les exigences protocolaires qui siéent à de telles occasions. Souhaits de bienvenu, discours, remerciements, congratulations, applaudissements etc. Vint enfin le moment tant attendu : l’élection du nouveau directeur général. Les candidats prolixes défilèrent devant le pupitre. Le chef de la délégation camerounaise introduisit le candidat de son pays et son curriculum élogieux. Celui-ci se présenta à son tour à l’assemblée et énonça brièvement son plan d’action au cas où il serait élu, sous les ovations nourries du collège électoral…
Mais quand au dernier moment contre toute attente, le président ivoirien Félix Houphouët Boigny brandit la candidature d’un de ses compatriotes, Léopold Sedar Senghor par solidarité sous-régionale s’est dédit à la surprise générale en s’alignant officiellement derrière « Le vieux ». L’ivoirien Aoussou Koffi fut désigné directeur général d’Air Afrique et Ahmadou Ahidjo en aurait avalé sa chéchia.
Le président Ahidjo qui aux dires de ses proches, était souvent prêt à en venir jusqu’aux mains s’il le fallait quand l’honneur de son pays était bafoué, ulcéré, s’était levé sur le champ. Ivre de rage, il avait quitté Dakar avec toute sa délégation au grand dam de ses pairs africains. « Ils m’ont pris pour une bille ! » avait-il rugit du bas de la passerelle avant d’embarquer sur le vol spécial qui le ramenait vers son pays.
Durant les quatre heures de temps que durait le vol Dakar-Yaoundé, il n’avait cessé de murmurer sa rage, maudire la sournoiserie et l’hypocrisie humaine. Il s’en voulut même d’avoir été naïf à ce point.
Lorsque le commandant de bord de sa voix fluette annonça l’atterrissage et que le Pélican, l’avion présidentiel, entama sa descente sur Yaoundé, le président se surprit à sourire. Il s’en fallut même de peu pour qu’il éclate de rire. Rire de sa bêtise et de son emportement ridicule d’il y avait quelques heures. Etait-ce le retour au bercail qui avait fait germer de son esprit cette idée merveilleuse qui lui imposait à présent cet air joyeux ? C’était sans doute un sursaut d’orgueil patriotique qui avait pris le dessus sur l’ire.
Dès qu’il sortit du salon d’honneur de l’aéroport, les journalistes se bousculant pour avoir l’exclusivité de l’incident de Dakar, furent surpris de découvrir un homme détendu et guilleret, un malicieux sourire sur ses lèvres noircies par le tabac. Les nouvelles qui leur étaient parvenues étaient-elles de l’intox ? Ou alors, le président dont on connaissait par ailleurs l’irascibilité et la rancune tenace avait-il déjà pardonné à ses homologues ? Il resta placide. Il n’explosa pas de rage. Il ne fit point de commentaires. D’un flegme qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors, il leur tint sans atermoiements ce propos resté dans les anales : « J’ai décidé de doter le Cameroun d’une compagnie nationale de navigation aérienne… »
Expertise, engineering, étude de faisabilité, chantier… vol inaugural ! Quelques mois plus tard, Cameroun Air Lines était né !
Lors du vol inaugural, le président Ahidjo dès que l’appareil se posa sur le tarmac de l’aéroport de Yaoundé, attendit au bas de la passerelle, la descente de l’équipage du Boeing 707 long courrier, équipage – fait rare à cette époque – entièrement camerounais. Il se dirigea vers le commandant de bord, lui sourit, le félicita et dit pour conclure cet instant plein de solennité et d’émotion : « J’ai créé cette compagnie pour vous. Faites en bon usage. »
Faites-en bon usage ! Et comme pour illustrer la marque de confiance sous-jacente à cette consigne, le président n’hésita pas à mettre ses deux avions personnels, le Pélican et l’Hirondelle à la disposition de la compagnie nouvellement créée.
Parmi les avions

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