La danse du chien-fer
164 pages
Français

La danse du chien-fer , livre ebook

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164 pages
Français

Description

A trente ans, Caroline rompt avec la vie équilibrée mais frustrante qu'elle mène auprès de Romain à Saint-Nom-La-Bretèche. Elle décide alors de partir en Guadeloupe à la recherche d'un père inconnu qui se révèlera être un homme aux moeurs indociles. Ainsi commence entre la région parisienne, la Guadeloupe et la Martinique un voyage initiatique, tour à tour sarcastique, violent et parfois tragique.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2014
Nombre de lectures 12
EAN13 9782336342047
Langue Français
Poids de l'ouvrage 12 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ladanse du chien-fer
Nathalie David
Nathalie David Ladanse du chien-fer roman
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La danse du chien-fer
Nathalie DAVIDLa danse du chien-fer * Roman
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03200-9 EAN : 9782343032009
Qu’îs étaîent ongs ces étés à Aunay-sous-Boîs. Intermînabes. J’étaîs a seue à ne pas partîr en vacances, à ne pas me réjouîr de ces congés scoaîres de deux moîs. Aussî oîn que je me souvîenne, j’attendaîs résîgnée, que es jours passent entement, sous a chaeur. Stéphanîe, ma meîeure amîe, partaît tous es ans en Espagne avec ses parents et poussaît des petîts crîs de joîe en se projetant déjà sur a page, oîn des devoîrs et poésîes à apprendre par cœur. - Et toî, tu vas où ? Ee ne se doutaît pas de a cruauté de sa questîon. Je n’aaîs nue part, je restaîs îcî. Mon écoe me e rappeaît tous es jours. Je pouvaîs a voîr de mon bacon. - Amuse-toî bîen, Stéphanîe. J’étaîs sîncère maîs pauvre. Ma mère et moî vîvîons chez mes grands- parents quî hébergeaîent déjà deux de mes tantes et mon once. Mon père, j’en avaîs un maîs je ne savaîs pas où. I étaît noîr, d’orîgîne guadeoupéenne et c’est à peu près tout ce que je possédaîs comme înformatîon.
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La noîraude. C’est comme ça que es autres de ma casse m’appeaîent, en référence à a céèbre vache de ’époque. Nous étîons dans es années in soîxante-dîx et e métîssage n’étaît pas aussî répandu qu’aujourd’huî. J’étaîs a basanée de ’avenue de Savîgny. Aunay sous Boîs. I n’y a que des gens de coueur désormaîs. Je comprîs vîte, peut-être à ’âge de quatre ans, a sîgnîicatîon de a mîsère dans aquee je vîvaîs. Pour tout ce ma être que je ressentaîs, a vîe à peîne commencée, je is ma premîère tentatîve de suîcîde en enfonçant bîen profondément de a pâte à modeer dans mes narînes. Je fermaî a bouche et ne respîraî pus. J’étaîs enin sauvée du futur. Maîs mon grand-père ne ’entendît pas comme ça et à ’aîde d’un cure dents, î me tîra d’une mort certaîne d’une paîre de gîle. Je trouveraîs autre chose. Je e souhaîtaîs du fond du cœur. Ma grand-mère n’avaît rîen osé dîre, en femme soumîse d’orîgîne tunîsîenne, quî uî avaît pondu neuf enfants, tous atteînts par a maadîe mentae, maadîe des nerfs, fragîîté du cerveau, due, comme e dîsaît ma mère, au repas unîquement constîtué de semoue et de poîs chîche, sans protéînes essentîees au bon fonctîonnement des musces et neurones. Is étaîent pauvres, venus de eur Tunîsîe natae après ’éectîon de Bourguîba, à vîvre entassés es uns sur es autres dans un petît appartement de Beevîe,
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avec pour seu réconfort e son de ’oud du chanteur syro-îbanaîs, Farîd E Atrache. - C’est comme ça, répétaît ma grand- mère, nostagîque de a page de a Gouette où ee emmenaît tous ses petîts chaque week-end. Ee m’agaçaît à radoter es mêmes choses, ces souvenîrs en bouce quî se mordaîent a queue. Qu’est- ce que j’en avaîs à faîre de a Tunîsîe, des juîfs, des arabes et du Café des Déîces ? Je savaîs juste que j’étaîs à, au bord de a pîscîne munîcîpae avec ma mère et bîen que je ne fusse pas encore conscîente du mot dépressîon, je sentaîs que ça n’aaît pas du tout, bougonne, à recevoîr du chore en peîne igure par de saes petîts bâtards quî s’écataîent dans a lotte. Ee m’încîtaît à m’amuser avec eux, ne sachant même pas nager. Je vouaîs déjà ’însuter. - Pauvre conne ! Même pas ichue de me payer des vacances, à être tombée en coque d’un négro antîaîs et î faudraît que je m’amuse ! Je n’avaîs que cînq ans et j’étaîs en peîne dépressîon, ucîde de a pauvreté de mon exîstence et, m’engouffrant une gace doube à a pîstache, je cherchaî avec écœurement un moyen d’en inîr. Fort heureusement, mes cousîns du même âge que moî ne partaîent pas en vacances non pus. C’étaît des petîts noîrs, d’orîgîne guadeoupéenne aussî, quî subîssaîent a vîoence quotîdîenne de eur
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père, se prenant des coups de ceînture, a bouce menaçante, au moîndre geste de travers. Le pus jeune tentaît souvent tant bîen que ma de se protéger derrîère moî. Peîne perdue. - Maîs j’aî rîen faît Papa ! Arrête ! Maîs mon once proongeaît a partîe de chasse, ’extîrpant de son ît superposé où î avaît échappé mîracueusement à a premîère humîîatîon. - Pé a ! Vînî a ! Où ka mété mwen a a fèt ! I m’arrîvaît de prendre queques coups moî aussî, învoontaîrement, dans e quotîdîen de mes cousîns, à Sevran Beaudottes. J’étaîs rassurée de ne pas avoîr de père. Enin c’étaît ce que je croyaîs, jusqu’au jour où, a femme sîmpette quî me servaît de mère, it entrer dans mon unîvers déjà noîrcî par a compotée îndîgeste du monde, e mec quî, seon ee, devaît me servîr de père. Maheureusement pour moî, a maadîe mentae des autres me poursuîvaît et cet être pervers et racîste contrîbua à me pourrîr a vîe. Ee ’avaît bîen choîsî, bîen pour ee, sae et încute. Je souhaîtaîs du pus profond de ma chaîr d’enfant sortîr des îmbes, couper ’ombîîc quî me retenaît à mon propre anonymat. Cependant je n’étaîs qu’une enfant aux yeux des autres, et î faut m’armer de patîence et m’emprîsonner voontaîrement dans ma vîe întérîeure, pour en arrîver à, à mes trente ans. L’heure de ’hémostase avaît sonné et navement, bîen que a créduîté ne fût pas dans mon caractère, je pensaîs que a réservatîon d’un bîet d’avîon pour Poînte-à-Pître me donneraît ’accès à une îberté certaîne.
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J’avaîs a convîctîon qu’î étaît temps que je parte chercher, trouver a source à sept mîe kîomètres, sous ’arbre du voyageur. I m’arrîvaît souvent de songer à a grâce de cette ïe, avec comme support de rêverîe es photos de mes cousîns proitant des congés bonîiés. Mon îmagînatîon m’évadaît un peu des gueues de cons que je croîsaîs tous es jours. La pus terrîbe d’entre toutes étaît déinîtîvement cee de Romaîn, ’homme quî partageaît ma vîe depuîs cînq ans et dont î m’étaît devenu împossîbe de supporter a vue. Une gueue coîffée d’une mèche quî uî tombaît sur ’œî gauche, uî donnant cet abomînabe tîc de secouer de façon épîeptîque a tête de bas en haut et en dîagonae, cette mèche foe et bourgeoîse, marque ostentatoîre de sa nobesse de Saînt-Nom-La-Bretèche. Je m’étaîs d’aîeurs demandée avant mon départ pour es Antîes comment j’étaîs parvenue à toérer ’absurdîté de sa présence, tout comme ’îtînéraîre de ses amîs quî possédaîent tous a même estampîe d’une œuvre abstraîte, ’îtînéraîre des gens dont e chemîn est déjà tout tracé. Sortîs d’une grande écoe à vîngt-troîs ans, marîés à vîngt-cînq, parents à vîngt-sîx, dîvorcés et dépressîfs à trente, ne sachant que faîre pour apaîser a souffrance de eurs enfants. Juste déchîrés et împuîssants face à a sîtuatîon. Fort heureusement, je m’étaîs réveîée à temps pour ne pas me aîsser happer par a répétîtîvîté de a vîe. - T’es qu’une pute, Caroîne, me dît Romaîn ce matîn où, au réveî, je uî apprîs que je e quîttaîs et souhaîtaîs une rupture îmmédîate sans préavîs, sans peurs nî crîs.
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