La République suppliciée
249 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La République suppliciée , livre ebook

-

249 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Le République suppliciée ou le récit du paradoxe du bien qui engendre le mal. Dans Tongolo, principale ville de La République des Makondjis, une république qui ne manque pas d'imagination pour détruire ou brûler tout ce qu'elle peut produire de bien, les manoeuvre politico-judiciaires ont précipité Tuby Dangaye, une étoile montante de la vie publique, dans la cellule la plus noire de la tristement célèbre geôle de Saragba, pour des raisons extraordinairement obscures...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 53
EAN13 9782296803190
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La République suppliciée
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan


Dernières parutions

N°341, N’do CISSÉ, Les cure-dents de Tombouctou , 2011.
N°340, Fantah Touré, Des nouvelles du sud , 2011.
N°339, Harouna-Rachid LY, Les Contes de Demmbayal-L’Hyène et Bodiel-Le-Lièvre , 2010.
N°338, Honorine NGOU, Afép, l’étrangleur-séducteur, 2010.
N°337, Katia MOUNTHAULT, Le cri du fleuve , 2010.
N°336, Hilaire SIKOUNMO, Au poteau , 2010.
N°335, Léonard MESSI, Minta , 2010.
N°334, Lottin WEKAPE, Je ne sifflerai pas deux fois , 2010.
N°333, Aboubacar Eros SISSOKO, Suicide collectif Roman , 2010.
N°332, Aristote KAVUNGU, Une petite saison au Congo , 2009.
N°331, François BINGONO BINGONO, Evu sorcier. Nouvelles, 2009.
N°330, Sa’ah François GUIMATSIA, Maghegha’a Terni ou le tourbillon sans fin , 2009.
N°329, Georges MAVOUBA-SOKATE, De la bouche de ma mère , 2009.
N°328, Sadjina NADJIADOUM Athanase, Djass, le destin unique , 2009.
N°327, Brice Patrick NGABELLET, Le totem du roi , 2009.
N°326, Myriam TADESSÉ, L’instant d’un regard , 2009.
N°325, Masegabio NZANZU, Le jour de l’éternel Chants et méditations , 2009.
N°324, Marcel NOUAGO NJEUKAM, Poto-poto phénix ? 2009.
N°323, Abdi Ismaïl ABDI, Vents et semelles de sang , 2009.
N°322, Marcel MANGWANDA, Le porte-parole du président , 2009.
N°321, Matondo KUBU Turé, Vous êtes bien de ce pays. Un conte fou , 2009.
N°320, Oumou Cathy BEYE, Dakar des insurgés , 2009.
N°319, Kolyang Dina TAÏWE, Wanré le ressuscité , 2008.
N°318, Auguy MAKEY, Gabao news. Nouvelles , 2008.
N°317, Aurore COSTA, Perles de verre et cauris brisés , 2008.
N°316, Ouaga-Ballé DANAÏ, Pour qui souffle le Moutouki , 2008.
N°315, Rachid HACHI, La couronne de Négus , 2008.
N°314 Daniel MENGARA, Le chant des chimpanzés , 2008.
N°313 Chehem WATTA, Amours nomades. Bruxelles, Brumes et Brouillards , 2008.
N°312 Gabriel DANZI, Le bal des vampires, 2008.
N°311, AHOMF, Les impostures , 2008.
Adolphe PAKOUA


La République suppliciée
Du même auteur

Le fétiche des anges, L’Harmattan, 2009.


© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54376-8
EAN : 9782296573768

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
La police de la parole est la guillotine
de la pensée et du progrès.


A cette génération d’enfants paumés qui,
Comme Ulysse,
Doivent s’accrocher
A la dure réalité du mât,
Pour échapper aux illusions de la passion,
A la passion de l’autorité et à la paranoïa.
Prologue
Saison des pluies 1960.

L’enfant naquit un peu plus de douze mois après que son père eut définitivement fermé les yeux au monde.
Des côtes de Loire-Atlantique en passant par les Açores, le vent de la délivrance avait soufflé vers les terres du sud où les hommes, encore zébrés des stigmates des chaînes qui les avaient neutralisés et qu’ils avaient traînées des décennies durant, trépignaient d’enthousiasme sur les sons exaltants des tam-tam, des balafons, des cithares, des gombis et autres instruments qui, jusqu’alors, n’avaient propagé dans les airs que des notes craintives, plaintives et lugubres, des notes voilées et faussement dociles, les bouillonnements de bulles d’eau chaude asphyxiés par le couvercle d’un faitout de plomb.
Des groupes musicaux modernes avaient surgi des profondeurs des quartiers, pour ajouter à ce concert de sons traditionnels, des sonorités nouvelles, expression d’un monde qui renaissait des cendres de ses ancêtres, vacciné d’un sang nouveau.
Le vent avait soufflé de l’océan Atlantique, et la grosse horloge des collines de Gbazabangui surplombait les pierres dans lesquelles étaient enracinés les arbres d’une forêt verdoyante et giboyeuse. Miracle de la nature, diriez-vous. Des arbres enracinés dans des pierres !
Gbazabangui était cette chaîne de collines pierreuses, verdoyantes et giboyeuses. Une singularité digne d’abriter les esprits.
Les sons des tam-tam, des balafons, des cithares et des gombis, mêlés aux airs de Vibro-Mayos, s’échappaient des bars bondés et des quartiers populaires, et se répandaient dans la ville, renvoyés en échos par les génies de Gbazabangui, pour être partagés par les villages.
I
U n silence de mort plongea l’hémicycle pendant un long moment dans une atmosphère d’impatience générale. Puis, de sa voix de stentor et telle une main qui dévoile à un public avisé une création artistique, le Président rompit le suspens :
Mesdames et messieurs, les charges retenues contre l’inculpé étant irrémissibles et compte tenu des peines prévues par la loi, au nom du peuple, la cour condamne monsieur Tuby Dangaye à quinze ans de prison ferme.
Puis, jetant un coup d’œil impérieux en direction des hommes en uniforme kaki, fortement armés de fusils mitrailleurs et encadrant l’accusé, il ajouta aussitôt :
Gardes, le prisonnier est à votre disposition. La séance est levée.
Le verdict lui sembla invraisemblable. Comme un zinc qui s’arrache tout d’un coup de la piste, elle sentit le sol se dérober sous ses pieds, et eut l’impression que le ciel lui tombait dessus. Dans un élan indescriptible, elle poussa un de ces cris propres aux bêtes sauvages, un cri aussi fauve que celui qui s’échapperait de la gorge déployée d’un sanglier touché en plein cœur par la lance du chasseur. Un cri inhumain dont l’écho plaintif couvrit le Palais de justice tout entier, avant de devenir une note déchirante, une note tout simplement humaine.
Puis, du fond de ses entrailles endolories et comme si sur l’instant elle avait perdu tout son souffle, elle se mit à gémir :
« Mama m’bi kui aweo, Mama m’bi kui aweo {1} … ! »
Ce fut tout ce qu’elle put dire avant de perdre connaissance et de s’affaisser sur le sol humide de l’hémicycle.
C’était le dernier procès de la journée.
Les gardes s’étaient emparés de l’homme, qu’ils avaient embarqué dans le fourgon qui servait de liaison entre la Centrale de Saragba et le Palais de justice, avant qu’en silence, la tête baissée, l’auditoire ne quitte l’hémicycle.
Et lorsqu’elle fut installée dans la voiture réquisitionnée pour la conduire au centre hospitalier, ce fut dans une lueur de lucidité fugitive qu’elle vit l’arrière du fourgon, juste au moment où l’affreux véhicule s’éloignait avec son homme.
Puis des jours s’écoulèrent, qui lui donnèrent le sentiment qu’on l’avait enchaînée et jetée aussi en prison.
Aux confins de cette rocambolesque histoire et de ce procès forgé de toutes pièces, qui ouvraient devant elle un horizon assez obscur, une parenthèse dont la configuration était assez floue, elle s’était prise à jeter un regard attentif dans le rétroviseur de leur vie commune. Et dans ce flash-back fertile en expédients, qui lui redonnait du souffle et de l’espoir, elle était allée à la source de leur aventure et y avait trouvé le moyen de remonter et de tuer le temps.
C’était, il y avait une dizaine d’années, elle se souvenait encore de ces moments comme s’ils ne dataient que d’hier.
Et à cette époque, il venait lui transmettre les messages de Péntchoky.
Avant cela, il venait chez elle, plutôt chez son frère aîné Bénard, chez qui elle habitait. Et ensemble, ils passaient des heures et des heures à tailler des bavettes.
Il était si gentil, si sociable, si ouvert et si vrai que personne ne pouvait se défier de lui, pas même Bénard, qui veillait sur elle comme un vrai chien de garde.
Et il venait régulièrement toutes les semaines, toutes les semaines avec les messages de Péntchoky. Des messages imbibés du sang qui se dégageait jour et nuit du cœur brisé du pauvre garçon : le sang de la flamme intérieure qui le consumait, le torturait et le paralysait au point de le rendre incapable de faire lui-même la déclaration qu’il lui adressait par son intermédiaire.
Et il jouait le facteur avec une sincérité, une loyauté et une

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents