La Yole volante
136 pages
Français

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La Yole volante , livre ebook

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136 pages
Français

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Description

Innocent Dieudonné Bienvenu a gagné la course de yoles dimanche dernier, face à de vieux loups de mer, avec son embarcation "Espoir et Dignité" et un équipage digne de la cour des miracles. Les mauvaises langues prétendent avoir vu sa yole décoller des vagues et planer comme une frégate par-dessus les concurrents. L'annonce de la prochaine course, la fameuse "Bois debout", suscite un vent de folie parmi les pêcheurs. Après une chute en forêt, Innocent se retrouve à l'hôpital. Pourra-t-il participer à "Bois debout" ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 57
EAN13 9782296654617
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Yole volante


Roman
Lettres des Caraïbes
Collection dirigée par Maguy Albet

Déjà parus

Nathalie ISSAC, Sous un soleil froid. Chroniques de vies croisées, 2008.
Raphaël CADDY, Les trois tanbou du vieux coolie, 2007.
Ernest BAVARIN, Les nègres ont la peau dure, 2007.
Jacqueline Q. LOUISON, Le crocodile assassiné, 2006.
Claude Michel PRIVAT, La mort du colibri Madère, 2006.
Danielle GOBARDHAN VALLENET, Dumanoir, l’incroyable destinée, 2006.
Max DIOMAR, Flânerie guadeloupéenne, 2006.
Le Vaillant Barthélémy ADOLPHE, Le papillon noir, 2006.
Christian PAVIOT, Les fugitifs, 2006.
Danielle GOBARDHAN VALLENET, Les enfants du rhumier, 2005.
Philippe Daniel ROGER, La Soulimoune, 2005.
Camille MOUTOUSSAMY, J’ai rêvé de Kos-City, 2005.
Sylvain Jean ZEBUS, Les gens de Matador. Chronique, 2005.
Marguerite FLORENTIN, Écriture de Griot, 2005.
Patrick SELBONNE, Cœur d’Acomat-Boucan, 2004.
Danielle GOBARDHAN VALLENET, Le secret du Maître rhumier, 2004.
Marie-Flore PELAGE, Le temps des alizés, 2004.
Pierre LIMA de JOINVILLE, Fetnat et le pistolet qui ne tue pas, 2004.
Christian PAVIOT, Les Amants de Saint-Pierre, 2004.
Henri MELON, Thélucia, 2004.
Max JEANNE, Un taxi pour Miss Butterfly, 2003.
Eric PEZO, Passeurs de rives, 2003.
Jean-Pierre BALLANDRY, La vie à l’envers, 2003.
Jean-Claude JOSEPH, Rosie Moussa, esclave libre de Saint-Domingue, 2003.
Monique SEVERIN, Femme sept peaux, 2003.
Eric PEZO, Passeurs de rives, 2003.
Marcel NEREE, Le souffle d’Edith, 2002.
Josaphat LARGE, Les terres entourées de larmes, 2002.
Gabriel DARVOY, Les maîtres-à-manioc, 2002.
Gabriel Cibrelis


La Yole volante


Roman


L’Harmattan
© L’H ARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’ÉcoIe-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-05544-5
EAN : 9782296055445

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A mon Créateur et à toute ma famille.
A tous ceux qui croient en moi et qui m’encouragent.
Une pensée pour mes parents et particulièrement pour ma maman.


Merci à tous.


L’espoir est cette goutte d’eau qui porte en elle la promesse du ruisseau,
de la rivière bondissante, des chutes grandioses et même de l’océan profond.

G C
1 L’enfant au prénom composé.
L’homme dont tous parlaient se révélait être un mystère. Un mystère qui avait pourtant un nom : Innocent Dieudonné Bienvenu Cétout. Et quel nom ! Le père appela ainsi son dernier enfant pour lui souhaiter la bienvenue sur cette miette de terre jetée sur la planète Terrible, sur cette île amnésique de son nom. Le nouveau-né reçut de sa mère le prénom Dieudonné (c’est-à-dire donné par Dieu). Après douze filles, un garçon était sans nul doute un cadeau divin. Son treizième enfant de surcroît. Or, depuis longtemps, le chiffre 13 possédait une influence mystérieuse sur les esprits superstitieux. Il racontait une équation magique dont la résolution pouvait être le bonheur ou le malheur. Dans le cas de cette naissance, l’espérance d’une vie comblée.
Une grande fierté se lisait dans les yeux des parents comblés. Ils avaient enfin conçu le mâle tant espéré. Ce mâle garantissant leur descendance, la transmission de leur nom aux générations futures. Ce fils porteur d’espoir, la relève lorsque la fatigue des ans se manifesterait. Celui qui reprendrait efficacement le flambeau, celui à qui l’on passerait le témoin. Des bras supplémentaires pour tirer les sennes, réparer les nasses, pour aller prélever la manne au gré des mers. Une grande sœur l’appela Innocent à cause de son visage angélique et de son sourire pur. Il réagit à ces syllabes. Alors Innocent lui resta, sans qu’il ne perde l’avantage des autres prénoms. Son père décida donc d’accoler les trois afin d’en faire un seul, l’unique sur cette île sans nom. Innocent Dieudonné Bienvenu, ces trois mots firent de lui un être protégé par la main divine, un être prédestiné à faire le bien et à réussir dans la vie.
C’était là l’essentiel de la pensée de sa mère affalée sur le lit, les chairs encore endolories par le long accouchement. Elle décolla le petit corps de son sein et l’éleva vers le ciel dans un profond recueillement. La mer se déploya en amples ondulations vers la plage voisine, accentuant son ressac. Les alizés changèrent de direction, remontèrent plein nord en tirant des bords à proximité de la modeste demeure de pêcheur. Ils s’adoucirent à ses abords et pénétrèrent dans la pièce où le magnifique bébé était maintenant porté à bout de bras. Ils tournoyèrent langoureusement autour de lui, caressèrent de manière attentionnée ses cheveux épars, puis manquèrent de l’emporter dans une farandole surnaturelle. Ce jour resta gravé dans la mémoire des anciens car jamais une pêche n’avait été aussi miraculeuse. Les filets craquèrent sous l’abondance des prises, les bateaux regagnèrent la plage difficilement, tant ils étaient chargés. La mer fut d’une telle générosité qu’elle attira durant des semaines et des mois les pêcheurs d’autres communes, d’autres îles. On raconta même que des pêcheurs du Levant profitèrent de la prodigalité de la mer.
Chacun bénit la naissance de l’enfant, inscrivant sa venue dans les annales des gens de mer. Dès lors, l’enfant fut considéré comme l’ami de la nature, de la mer et des vents. Avant qu’il ne marche, son père l’initia à la nage. Il s’aventura seul dans les fonds marins, sur la barrière de corail. Les avertissements de sa mère inquiète n’obtenaient aucun écho. L’enfant dansait avec les bancs de poissons, s’agrippait aux carapaces des tortues, caressait les congres sous les rochers, s’aventurait hors de l’anse, poussé par des dauphins curieux. Très tôt, le langage de la mer et de ses habitants n’eut plus de secret pour lui. A peine adolescent, il disparaissait toute une matinée en laissant sa mère affolée accompagnée de Céliane, une voisine née quelques jours après lui. Il réapparaissait l’après-midi, enivré de vertiges marins, un sourire niais sur le visage.
Avec un vieux pêcheur, il réalisa sa première embarcation : un radeau de quatre troncs. Il se révéla un marin hors pair avec une connaissance intuitive des lieux où proliféraient les espèces. Bien des fois, il revint sur la plage avec d’étonnants spécimens.
C’est le don de la mer, aimait-il dire à la picorée.
Son père décida de lui soumettre des commandes : trois ou quatre langoustes par ci, une étoile de mer pour décorer une maison par là, des crabes pour le fameux dombré de ciriques , quelques oursins blancs.
Rapidement, son loisir se transforma en activité lucrative et rapporta suffisamment afin de nourrir la famille entière : son père et sa mère, trois sœurs enkystées à la maison avec leurs gosses, une tante éloignée. La générosité du garçon déborda aussi chez les voisins. A cette époque, l’on pratiquait le troc. Quelques poissons frais déposés chez la voisine, deux avocats reçus juste avant de déjeuner, un gâteau coco de fin d’après-midi partagé dans tout le quartier, un bol de riz au lait apporté par un fils souriant, sans compter le chocolat au lait que confectionnait Adomanise, le dimanche matin. Au moins, chacun recevait une bouchée du pain au beurre qui l’accompagnait.
Le père Cétout, satisfait de son fils, décida donc de partager son temps entre les coups de senne épisodiques et une activité où le jeu et le sport se mariaient admirablement. Une activité appelée course de yoles . Il prit même le temps de raconter son histoire à son fils.
Lorsque son propre père (Franc-Eric) était descendu au village, abandonnant son lopin de terre pour la pêche, celui-ci jura qu’un beau jour la vie serait plus douce pour lui et sa lignée.
Il avait rêvé de participer aux courses de canots et d’envoyer tous les jours ses enfants à l’école percer le mystère des mots et des chiffres. Il ne réalisa jamais son souhait de régate car nourrir trois enfants sans femme lui avait alors accaparé toute sa vigueur. Même si l’Oncle Bertin l’avait énormément aidé, il ne monta sur un bateau autrement que pour aller arracher son pain quotidien à la mer. Le père d’Innocent, lui aussi, avait vu les anciens de la commune tirer bénéfice de cet exercice. Il avait alors fait le vœu d’accomplir le désir avor

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