Madame la ministre et moi
204 pages
Français

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Madame la ministre et moi , livre ebook

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Description

C'est l'histoire d'un journaliste révolté par la manière dont son pays est gouverné ; il décide de militer pour l'avénement d'une démocratie véritable en rejoignant un mouvement d'avant-garde. Le journaliste devient ministre et croit naïvement qu'il tient l'occasion d'œuvrer pour une société plus juste…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2007
Nombre de lectures 150
EAN13 9782336269511
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrages du même auteur
— Le fils aîné, Roman (1982), Editions Silex (Paris) ;
— Le Mariage de Tinga, Nouvelle (1985), Editions Silex (Paris) ;
— Adama ou la force des choses, Roman (1987), Editions Présence Africaine (Paris) ;
— Le Retour de Yembi, Roman (1995), Editions Clé (Yaoundé).
Madame la ministre et moi

Pierre-Claver Ilboudo
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296037991
EAN : 9782296037991
Sommaire
Ouvrages du même auteur Page de titre Page de Copyright Chapitre I Chapitre II Chapitre III Chapitre IV Chapitre V Chapitre VI Chapitre VII Chapitre VIII Chapitre IX Chapitre X Chapitre XI Chapitre XII Chapitre XIII Chapitre XIV Chapitre XV Encres Noires
Chapitre I
Nous attendions Salam dans son salon en devisant.
L’autre jour, au téléphone, il n’avait pas été très bavard. Il m’avait dit : “Seydou, je t’appelle pour t’informer qu’il y aura une réunion du comité central chez moi dimanche prochain, à quinze heures précises.” Comme pour éviter de me donner l’occasion de lui poser la moindre question, il avait enchaîné aussitôt : “Ecoute, je te laisse car je dois appeler les autres membres du comité.” Il avait effectivement appelé les autres membres du comité, puisqu’ils étaient tous là. Mais ils avaient tous eu droit au même message laconique, énigmatique. Personne n’avait eu le temps de le questionner.
Et maintenant que nous étions tous au rendez-vous auquel il nous avait conviés, lui-même n’y était pas, du moins pas encore.
Nous nous perdions donc en conjectures.
C’était notre première réunion depuis la fin de la Révolution.
Mine de rien il y avait plus de quinze ans que notre groupe existait. Avant la Révolution, nous nous réunissions tous les quinze jours chez Salam, notre secrétaire général. Nos réunions nous permettaient d’échanger des informations et d’analyser la situation politique et socio-économique du pays. Nous allions à nos réunions comme d’autres allaient dans les bars : religieusement. C’est la Révolution qui nous a réellement fait prendre conscience de notre existence en tant qu’entité politique en nous invitant à envoyer un représentant au Conseil national de la Révolution. Nous avons donc envoyé Salam nous représenter. Cela nous a galvanisés. Nous avons vécu en direct ce qu’on appelle maintenant “les années de braise”.
Les responsables de la Révolution avaient expliqué sur tous les tons que pendant plus de trente ans les partis politiques traditionnels qui ont occupé le devant de la scène se sont contentés de polémiquer entre eux au lieu de développer le pays. Non seulement celui-ci n’avait pas avancé mais il avait reculé sur tous les plans. C’est pour cela que la Révolution a décidé d’associer les petits partis progressistes à la gestion du pays.
Tout naturellement, les hommes de bonne volonté ont pensé que le pays allait enfin décoller, car ces petits partis clandestins, volubiles et agités qui ont de tout temps réclamé la parole parce qu’ils avaient quelque chose de nouveau à proposer tenaient enfin l’occasion de faire leurs preuves.
Malheureusement, des contradictions n’ont pas tardé à se faire jour entre les petits partis progressistes au sein du Conseil national de la Révolution. Et graduellement ces différentes formations d’avant-garde se sont retournées les unes contre les autres et se sont mises à s’entre-déchirer. C’était l’histoire du serpent qui se mord la queue. Et de fil en aiguille le front patriotique tout neuf, composé de toutes les tendances pro-révolutionnaires, s’est fêlé, s’est lézardé puis s’est disloqué. Cela a donné un spectacle improbable, incompréhensible.


La porte du salon s’ouvrit soudain, offrant le passage à Salam. Chacun de nous poussa un soupir de soulagement.
— Je suis sincèrement navré de vous faire attendre, dit-il. Si j’étais marié, ma femme m’aurait accusé d’abandon de domicile, car j’ai déserté ma maison depuis ce matin. Théoriquement c’était pour une petite course de rien du tout ; en fait j’ai tout fait sauf la petite course en question.
— C’est vrai, il n’y a pas de petite course à Ouagadougou, dit Hamadé, dès qu’on met le pied hors de chez soi, on est généralement happé par une multitude de choses à faire. Pour ce qui est de ton retard à la réunion, tu es tout excusé car nous ne nous sommes pas ennuyés ; il y a longtemps que nous nous sommes vus ! Nous avions tant de choses à nous dire !
— Vous êtes trop bons, dit Salam en s’asseyant. Mais figurez-vous que comme pour aggraver ma faute, je ne suis pas en mesure de vous offrir à boire. Si ma mémoire est bonne, cela fait au moins un an et demi que nous ne nous sommes pas réunis, il aurait fallu marquer cela d’une pierre blanche, mais voilà, la fin du mois est passée il y a longtemps, les temps sont durs et l’argent rare. Quelqu’un disait l’autre jour qu’il ne s’est pas encore remis de la dévaluation du franc cfa. Il racontait comment avant la dévaluation il titubait et comment celle-ci est venue lui faire un croc-enjambe qui l’a envoyé à plat ventre à terre. Je suis dans la même situation.
— N’oublie pas que nous sommes tous logés à la même enseigne, intervint Noëlie, la seule femme du groupe. Il y a également un fonctionnaire qui disait l’autre jour que le salaire est si modique et les imprévus si nombreux que les vingt-cinq derniers jours de chaque mois sont un véritable chemin de croix.
— Cela me console de savoir que je ne suis pas seul dans le dénuement, dit Salam. Vous voudrez par ailleurs me pardonner d’avoir involontairement organisé et entretenu le mystère autour de l’objet de cette réunion. Si mes propos ont été si énigmatiques l’autre jour au téléphone quand j’ai appelé chacun de vous, c’est pour des raisons que vous n’allez pas tarder à comprendre. Je vais donc commencer par réparer ce dernier préjudice en allant droit au but. Voilà, j’ai convoqué cette réunion pour qu’ensemble nous prenions une décision importante. En effet, au début de la semaine, la secrétaire du Premier ministre m’a appelé au téléphone et m’a dit que son patron souhaitait me rencontrer. J’étais tellement intrigué que j’ai abandonné mon cours pour aller le voir. Comme vous le savez, depuis que la Révolution a pris fin en queue de poisson, nous nous sommes tenus à l’écart de tout. Quand je suis arrivé dans le bureau du Premier ministre, il m’a dit ceci : “Dans le cadre du cheminement de notre pays vers la démocratie, le chef de l’Etat m’a chargé de vous sonder pour savoir si votre formation serait disposée à travailler avec nous.” Je lui ai demandé des éclaircissements et il m’a informé que le chef de l’Etat a l’intention d’associer les formations progressistes à la gestion du pays en leur confiant des responsabilités gouvernementales. Je vous ai donc convoqués pour que nous réfléchissions ensemble et décidions librement de la conduite à tenir. Comme vous pouvez le voir, ce n’est pas le genre de chose qui se discute au téléphone.
Un long silence suivit la déclaration de Salam. La proposition était totalement inattendue. Au bout de quelques instants, Ernest le trésorier demanda la parole et dit :
— Je m’attendais à tout sauf à une proposition de ce genre. Je pense a priori que ce n’est pas une mauvaise chose qu’on ait pensé à nous. Cela prouve que nous comptons. Malgré tout, je pense qu’il ne serait pas prudent de foncer tête baissée. Il faudrait plutôt chercher à savoir si la propostion nous est faite de bonne foi et quelles sont les motivations réelles du chef de l’Etat.
— Je suis d’accord avec toi, dit Salam. Il faut que nous soyons prudents. Pour ce qui est des motivations réelles du chef de l’Etat, il ne sera pas facile de les percer à jour. Quant à la question de savoir si la proposition nous est faite de bonne foi, j’avoue que je ne sais pas non plus. Ce que je peux dire par contre, c’est que je me suis renseigné discrètement, et apparemment la même proposition a été faite à d’autres groupes. Voilà ce que je peux dire pour l’heure. Cela ne répond sans doute pas à tes questions mais c̵

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