Rien ne va plus
81 pages
Français

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Rien ne va plus , livre ebook

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Description

Rien ne va plus est un arrêt sur image. Une roulette de casino qui tourne en une course folle sous les regards fixes des personnages. Les protagonistes de ces huit nouvelles frôlent les illusions, caressent les rêves. De grands pantins naïfs, adorablement séducteurs, traversent les pages tandis que des femmes dotées d'un caractère pragmatique bouleversent l'aujourd'hui par leur délicieux cynisme. Une galerie de portraits qui vaquent autour de la Méditerranée et jouent avec le hasard.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296688148
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RIEN NE VA PLUS
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-10444-0
EAN : 9782296104440

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Muriel AUGRY


RIEN NE VA PLUS
Nouvelles


L’Harmattan
Ouvrages publiés :
Essais :
Le cosmopolitisme dans les textes courts de Stendhal et Mérimée ,
Genève-Paris, éd. Slatkine, 1990, Prix de l’Académie française « Roland de Jouvenel » 1991.
Voyage d’une femme de lettres en Haute Egypte,
édition critique de Les Pays lumineux, Louise Colet, éd. Cosmopole, Paris, 2001.

Poésie :
Les lendemains turquoises ,
éd. Marsam, Rabat, 2010.
PREFACE
L’art de Muriel Augry

La nouvelle, c’est l’art de prendre le réel à contre-pied. C’est un éventail de ruses pour débusquer l’inattendu. L’on voit apparaître, par magie, le singulier au cœur même de ce qui semblait, a priori, sans relief. L’inattendu, Muriel Augry en fait l’épicentre de son œuvre.
Les nouvelles qui composent Rien ne va plus sont une plongée dans le quotidien, un examen de l’éphémère, une exploration de ce qui se trame à deux doigts de nous, à la surface des choses, et qu’on ne voit pas tant cela nous concerne puisque vous et moi, prenez garde, sommes les protagonistes de ce délicieux livre. Je dis délicieux mais attention cela ne se croque pas comme de la guimauve, vous voilà prévenus, cela peut faire grincer des dents, tant nous ressemblent ceux dont il est question ici. Et de manière troublante. On ne se demande même plus si c’est nous dont il s’agit. C’est nous ! D’où l’étrange sentiment qui s’empare du lecteur au fur et à mesure qu’il met ses pas, et d’abord sans se méfier, dans ceux des héros que l’auteur choisit d’examiner de près en nous prenant, qui plus est,… à témoin !
Ainsi donc, l’espiègle doctoresse Augry dissèque nos relations d’êtres bien vivants. On ne se méfie d’abord pas, car cela commence par un « Mauro, mets la table ! » ou « Il est bientôt midi, le facteur, bien que peu matinal dans ses tournées, sera passé depuis désormais une heure ». Mais il faut se méfier de ce calme apparent. Il cache ce que seules les tempêtes savent cacher avant de sévir. De nombreux personnages en font l’expérience, comme Gianni, Carla et ce pauvre Claude qui découvre ce que nul d’entre nous ne voudrait se voir contraint de découvrir. Mais aussi Blat, héros malgré lui, Hélène, Véronique, Latifa, Kader. Rien que de l’anodin au départ. Mais cela dissimule dans ses plis, comme le linge bien rangé, des mystères insoupçonnés. Les choses prennent une autre forme, lorsque l’auteur entreprend de déplier le linge. Prenez cette Nunzia, « un bout de femme d’un mètre cinquante qui mène à la baguette deux gaillards aussi larges que hauts ». Et qui fait cela joyeusement, ne s’offusquant jamais de la médisance prompte à faire feu de tout bois, et s’offre de surcroît le luxe de n’être jamais désavouée par ses deux hommes qui trouvent très naturel d’obéir à cette maîtresse femme qui règne en tyran exemplaire sur son foyer. Tout l’art de la nouvelle est là.
Il y a du rire et de l’absurde. Des clins d’œil à Marcel Aymé et à Buzzatti. Et une foule de lieux. Le Maroc, la France, l’Italie… On se balade dans l’espace. Mais la littérature n’est-elle pas d’abord une balade où l’esprit, en maître des lieux, fait le guide.
Il y a du brio, avec l’air de ne pas y toucher. C’est que l’auteur aux commandes connaît bien son affaire. Elle sait avec peu de choses, et une grande économie de moyens, produire du merveilleux. Si les mots sont ceux du quotidien qui semble chevillé au corps de notre auteur, la langue est d’une grande élégance dans sa précision… Il n’y a pas d’effets inutiles. L’auteur n’a que le souci d’aller à l’essentiel.
La nouvelle, mais on le sait, est un art majeur. Ardu. Plus difficile qu’il n’y paraît. Ce n’est pas un court roman. J’avoue être un lecteur insatiable de nouvelles et un auteur, hélas, inaccompli de cet art que je tiens pour l’égal des autres genres littéraires. Je m’y suis risqué quelque deux ou trois fois avant de le laisser à ceux qui sont pourvus de talent pour en faire bon usage.
Il faut avoir dans son arsenal un œil que ne requiert pas le roman. Muriel Augry possède cet œil et cela me console de mes infortunes. Sa fausse légèreté et son implacable ironie sont un vrai délice. Mais plus que tout, cette concision qui lui permet de rendre compte en peu de mots d’événements complexes qui à d’autres demanderaient d’interminables échaffaudages, est un régal.
C’est que notre auteur a été à bonne école. Lectrice de Mérimée – qu’elle continue de fréquenter assidument – et de Hemingway, elle a su faire sien leur héritage. Le lecteur, comblé, aime à se laisser transporter dans les méandres de la pensée malicieuse de l’auteur. Il aime à se perdre dans son dédale. Mais d’où sort-elle tout cela ? s’entend-il se demander souvent. Il chemine dans ses pages, en se laissant guider par la maîtresse des lieux, la fée du logis qui le conduit où il convient d’emmener son hôte. Elle sait par quels détours il convient d’emmener le visiteur pour que celui-là tire le plus grand parti de sa visite de ses terres sises sous l’autorité d’une Ariane qui se plaît à dévider le fil de ses histoires, en regardant, amusée, son lecteur.
Muriel Augry nous montre, au détour de chaque nouvelle, qu’elle a plus d’un tour dans son sac. Un sac qui, je parie, n’a pas de fond et nous réserve, pour l’avenir, d’autres surprises encore.

Mustapha Kebir Ammi
AUGURI
S’il est une parole que l’on ne peut se permettre d’ignorer en Italie, c’est le terme « Auguri » mot de passe magique, véritable « Sésame ouvre-toi » qui n’ouvre aucune porte, ne permet rien, mais sans lequel on ne peut vivre.
Du Nord au Sud, aucune région n’échappe à son emprise ; de janvier à décembre, aucun mois n’est exempt de son écho, il est présent à toutes les grandes occasions de l’existence dont il officialise l’avènement : naissance, baptême, communion, fiançailles, mariage. Il participe autant au domaine religieux que civil. Il est impossible de trouver en ce pays exubérant quelqu’un qui n’ait pas eu droit à un retentissant « Auguri » quand il a été reçu à un examen ou qu’il a obtenu une promotion… Félicitations, compliments, meilleurs vœux, souhaits sincères, autant de traductions possibles pour un terme qui n’en mériterait aucune vu sa charge émotive.
Juliette, résidant depuis cinq ans en Italie s’était d’abord amusée de l’usage immodéré d’une telle expression, puis s’était lassée de ce qu’elle considérait comme une pauvreté linguistique ou pire une paresse de la part des utilisateurs d’une langue qui était d’une richesse insoupçonnée. Elle ne pouvait plus entendre prononcer « Auguri » sans ressentir des démangeaisons de toutes sortes… Surtout depuis quelques jours, car elle était persuadée que ce maudit « Auguri » était à l’origine de son récent licenciement, n’ayant voulu claironner aucun « Auguri » lors de la naissance du petit Falchinetti, fils tant attendu du patron.
Il s’agissait pour elle d’une manifestation de rébellion instinctive mais aussi d’un signe de décence, ayant été jusqu’à l’été dernier la maîtresse de Gianni Falchinetti. Quant à la promotion dont il lui parlait depuis bientôt un an et pour laquelle il envisageait son transfert dans une autre ville italienne, il n’en avait plus été question, lorsqu’elle lui avait avoué qu’elle-même attendait un enfant. D’un autre.
Le grand Falchinetti, le séducteur Falchinetti, s’était aussitôt métamorphosé en un père de famille prévenant, soucieux des réelles difficultés auxquelles une jeune mère est confrontée. Fort de sa récente expérience familiale, il incarnait non pas Dieu le père on reste toujours un peu timor

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